Encore une Gazette sur
la démocratie.
Dans la société française il y a un problème de fond: l'absence de dialogue - C'est une impasse - Que se passe-t-il? Il se passe que le capital de crédibilité d'organismes tels que CEA, EDF, COGEMA, ANDRA s'est fortement dévalué auprès des populations. Nous avons affaire à un dialogue de sourds. Les experts (ou les représentants) des organismes n'arrivent pas à comprendre pourquoi leurs propositions sont systmatiquement rejetées. Les populations n'accordent plus le moindre crédit à ces propositions. Pas facile pour ces services techniques! En effet les politiques ne les aident guère car ils se gargarisent de promesses qu'ils s'empressent d'oublier. Ils affirment «les populations seront souveraines» et à la suite de mascarades de consultations, on ne tient pas compte des avis exprimés. Manifestement, cela ne va pas. La recherche des sites de stockage des déchets nucléaires a été, à nouveau, un révélateur de ces malaises. L'éternelle question se pose à nouveau avec acuité: comment se prend une décision en France? Sur quels critères? Et là, force est de constater l'inertie des (mauvaises) habitudes et la puissance des lobbies. A l'occasion du colloque sur «LE SERVICE DE L'ETAT» qui s'est tenu en mai 1985, un certain nombre de constatations ont été énoncées. Par exemple celle-ci: «...On assiste depuis une dizaine d'années à une double dégradation: d'une part l'administratif et le politique s'interpénètrent de plus en plus (les pouvoirs ont tendance à nommer les responsables de l'administration en fonction de leurs opinions et les fonctionnaires, à envahir la sphère politique dans les cabinets ministériels et au Parlement). D'autre part, la fonction publique avec sa croissance tentaculaire, sa centralisation, sa rigidité, sa tendance à vouloir gérer l'économie et contrôler la société civile, ne répond plus aux besoins d'initiative, d'innovation, de communication d'une société moderne...» (Le Monde 12-13 mai 85). Cette analyse rend complètement démodée cette espèce de définition des hauts-fonctionnaires. «... Fascinante continuité du service public, grâce à ces «caméléons de qualité», dont on ne sait s'il faut admirer l'opportunisme cynique ou la vertu marmoréenne qui les rend invulnérables aux passions politiques... » (Le Monde 12-13 mai 85). Après tout, il existe des textes de loi (il manque parfois les décrets d'application). Et si on les appliquait, cela changerait vraisemblablement la face des choses. Il nous faut profiter au maximum de la loi de décentralisation pour essayer une fois de plus de grignoter un peu de terrain. Cela ne va pas être aisé car la loi a plus tendance à créer des potentats locaux qu'à donner un poids à l'avis des citoyens. Il ne faudrait pas oublier que la plupart de ces potentats peuvent très bien ne pas être réélus. Alors, profitons-en. Faisons-les s'engager sur des questions essentielles, et par écrit s'il vous plaît. (suite)
|
suite:
Mais même dans ce cas, nous retombons dans la question: qui décide? Par exemple nous avons pu lire à propose du site de BRENNILIS qui pourrait être envisagé pour le site de stockage géologique profond: «... Après avoir montré son embarras sur le choix à faire et les conséquences de l'implantation d'un centre de stockage souterrain de déchets nucléaires, il (le maire de Brennilis) a demandé que l'ensemble de la population concernée soit consultée. Proposition qui a recueilli hier l'unanimité. Un seul obstacle, et de taille: pour une implantation présentant un intérêt national, la décision appartient au Premier Ministre. Ainsi le veut la loi...» Donc les choses ne sont pas simples: à qui doit-on s'adresser? Nous n'avons pas la réponse, mais ce n'est pas une raison pour se décourager. Nous continuons à vous diffuser de l'information. Nous persistons à penser que seule la résistance civile peut faire évoluer (dans le bon sens!) la démocratie. Tant pis si nous sommes, si vous êtes considérés comme d'agaçants moucherons. Il ne faut pas se laisser aller à la lassitude. Même des petits groupes, pacifiques mais décidés, ont réussi à faire plier une aussi puissante structure que l'armée au Larzac ou le CEA à St-Priest. Souvenez-vous, au Larzac, une centaine d'agriculteurs a réussi à mettre en échec la puissante armée. Quelle leçon. Ils ont su s'écouter les uns les autres et forcer l'administration et les hommes politiques à les écouter et surtout à les entendre. Quant à St-Priest, c'est le petit «collectif des Bois noirs» qui a tenu face au puissant CEA; en l'occurence l'ANDRA, et a forcé le pouvoir à abandonner un projet, le seul projet jusqu'en 1984, de centre de stockage de déchets. Si pour eux, aujourd'hui, la remise en état de leur environnement, de leur rivière, se heurte à la mauvaise volonté de la COGEMA, ils n'ont qu'à se rappeler le temps qu'il a fallu, au Larzac, pour que l'armée remette en état et rétrocède les terres achetées pour l'extension du camp. Sur le plan institutionnel nous n'avons pas gagné grand chose. La seule chose fut la mise à l'oeuvre de la commission Castaing, tentative réussie de contre expertise. Et si elle a été mise au placard c'est peut être aussi parce que nous n'avons pas su la défendre. Par ailleurs, il y a bien quelque lois et décrets qui peuvent nous permettre de mieux défendre notre environnement. Tous ces textes ne seront que ce que nous en ferons, en les utilisant. Continuons notre harcèlement et n'oublions pas que nous avons affaire à forte partie, une partie qui oeuvre à plein temps et guette nos moindres signes de défaillance. Bon courage à tous p.1
|