La recherche des sites de stockage de surface pour les déchets nucléaires met en évidence, une fois de plus, les contradictions entre les intentions exprimées par les «politiques» et la réalité quotidienne. Les intentions sont un étalage de grandes idées: décentralisation, pouvoir local, transparence de l'Etat, démocratisation... La réalité, qui n'a guère changé depuis plusieurs décennies si ce n'est de tout temps, est le pouvoir régalien de l'administration centrale, laquelle est d'abord aux ordres des grands groupes de pression constitués par les corps de l'Etat, avant d'être aux ordres du pouvoir politique. Sans vouloir mettre en doute systématiquement la loyauté des hauts fonctionnaires, il faut bien se rendre à l'évidence: les ministres passent, eux, ils restent. Ils sont les yeux et les oreilles du cabinet du ministre, alors que voulez vous, il peut y avoir des cas de surdité! Et même un cabinet de ministre n'est pas à l'abri du phagocytage. En 1981, lorsque M. Dreyfus, fraichement nommé ministre de l'Industrie, constitua son cabinet, il faillit commettre un crime de lèse-mineur, ne s'étant pas adjoint d'ingénieur du corps des mines. Heureusement, le Conseil général des Mines veillait, et, grâce à quelques coups de téléphone, cette situation impensable fut évitée. Donc, dans une structure aussi bien ordonnée, que voulez-vous que devienne le pouvoir local? Dès que la loi de décentralisation fut votée, transférant, en principe, un énorme pouvoir aux conseils régionaux, on mit en place des voies de contournement. Ce furent par exemple les programmes d'intérêt général (PIG: est-ce de l'humour bilingue?!), de définition suffisamment floue, permettant de faire un peu n'importe quoi, en passant outre au pouvoir local. Ouf! l'Administration centrale était sauvée. Napoléon avait failli se retourner dans sa tombe. Mais il ne faut jamais acculer les gens au désespoir. Il faut leur laisser des voies de recours. Si on est doué, on s'arrange pour que ce soit des voies de garage. |
Les recours devant les tribunaux administratifs, devant le Conseil d'Etat sont parmi ces voies, des aboutissements sublimés. Après un délai fort long, le plaignant est généralement débouté pour des raisons d'intérêt national, et lorsque par miracle la plainte aboutit, une dernière pirouette de l'Administration permet de reprendre l'avantage (voir Gravelines Gazette nucléaire N°48/49). Une autre façon de faire rêver et se défouler les gens consiste à leur dire: voyez comme nous sommes prêts au dialogue. Nous vous laissons consulter le dossier du projet, vous notez vos remarques sur un registre et à l'issue de cette enquête publique, un avis motivé sera émis par le Commissaire enquêteur. Cette procédure avait encore des lacunes. La loi de juillet 1983 sur la démocratisation des enquêtes publiques va corriger certaines aberrations. Par exemple, le commissaire enquêteur ne pourra plus être partie prenante dans le projet. Il fallait oser le dire. Mais au fait, à quoi sert cette enquête publique? - à assurer une large diffusion de l'information très bien. - à permettre aux «citoyens» d'émettre des remarques encore mieux. Mais après? Le pétitionnaire répond à vos questions. Il répond ce qu'il veut, car à ce niveau il a le dernier mot. Le commissaire enquêteur écrit un joli rapport racontant comment la séance de psychothérapie de groupe s'est passée, il émet un avis qui est personnel, s'en va toucher ses vacations, et c'est fini. Cet avis est en général favorable. Dans quelques cas rarissimes, il émettra un avis défavorable qui ne sera rien d'autre qu'un élément versé au dossier. J'ai déjà vu un rapport où le commissaire enquêteur écrivait: «Compte tenu que la construction de l'installation a été autorisée par l'arrêté du... , il est impensable de ne pas émettre un avis favorable à l'autorisation de rejets dans l'environnement par cette installation». A la limite, cela fera remonter d'un cran le niveau de l'instance qui prendra la décision. p.2
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De toute façon, cela va
se terminer par un arrêté préfectoral ou un décret
en Conseil d'Etat et ce sera bouclé. Imaginez un projet déposé
par un service public ou par un industriel. Au moment où l'Administration
décide de mettre ce projet à l'enquête, vous pouvez
dire que c'est cuit. Toutes les instances administratives ont déjà
analysé, fait modifier, statué. Il y a déjà
un long travail d'effectué, travail d'où sont singulièrement
absents tous ceux qui auront à supporter le projet.
Et lorsqu'on va passer à l'enquête publique, ce n'est pas pour voir ce travail rejeté par des «bouseux», des gens qui prétendent connaître leur cadre de vie, leur patrimoine, des gens insensibles au chant de sirène de l'intérêt supérieur de la nation et qui ne voient que le TGV dans leurs vignes ou un centre de stockage de déchets (radioactifs ou non) sur leurs points de captage d'eau. De toute façon, l'enquête publique, vue du «côté du manche», n'est que la phase préalable indispensable, avant la déclaration d'utilité publique qui permettra les expropriations. Toute la procédure d'enquête publique n'est qu'un attrape…couillon et après démocratisation, ce n'en sera guère qu'un... démocratisé. Nous préférions la franchise cynique de d'Ornano qui avait déclaré «les enquêtes publiques ne sont pas destinées à remettre en question un projet, mais à en faciliter l'insertion sociale» Revenons à notre point de départ, la recherche des sites de stockage de déchets radioactifs. Au risque de me faire lyncher, je dirai que c'est un problème d'importance secondaire comparé aux pluies acides, à la disparition des ressources en eau potable,et même aux déchets industriels (dioxines, par exemple). Mais on comprend mieux l'ampleur «injustifiée» qu'il prend lorsqu'on réalise que le groupe de pression de l'industrie nucléaire, ce lobby militaro-industriel contrôlé par le tout-puissant corps des Mines, se heurte à des oppositions locales au niveau de petites communes rurales de quelques centaines d'habitants, sans pouvoir mettre en avant de façon crédible l'urgence nationale, l'intérêt supérieur du pays. Ah, comme le spectre du prochain hiver difficile à passer était une aide efficace pour placer des centrales nucléaires! Une première remarque: d'habitude, pour implanter un site nucléaire, le CEA, EDF ou l'entreprise quelle qu'elle soit (SOMANU à Maubeuge, CFC à Tricastin...) recherche discrètement un site, même si les caractéristiques géologiques doivent répondre à de sévères critères, fait passer le projet au crible des services de l'Administration avant de le faire paraître en public, sous forme de consultation des élus locaux, peu avant la mise à l'enquête. Au moment où la rumeur s'en saisit, le projet est déjà ficelé. Or, ici on a annoncé la présélection de 6 ou 7 sites pour un choix définitif de un ou deux. Pourtant ce n'est pas le manque de zones géologiques aptes à recevoir un centre de stockage qui posait problème, puisqu'on recense plusieurs centaines de structures ad-hoc. Alors pourquoi cet abandon des anciennes mauvaises méthodes qui avaient fait leurs preuves? Serait-ce lié à un paramètre psychologique nouveau le temps. Pour une centrale, le promoteur parle de 20 à 30 ans d'exploitation, de démantèlement puis de banalisation des terrains. Même si les deux dernières étapes sont à considérer avec circonspection, nous sommes loin des trois siècles minimum d'attente avant banalisation d'un site de stockage de déchets de faible activité (et courte période). On a l'impression que les promoteurs du nucléaire ont mauvaise conscience. Une série d'erreurs psychologiques en a découlé. (suite)
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suite:
Le discours d'Auroux en juin 1984 parlant de concertation, de possibilité d'acte de candidature, a fait croire aux gens qu'ils allaient pouvoir donner leur avis au niveau présélection et qu'on les écouterait. S'ils pouvaient se porter volontaires, ils devaient pouvoir aussi refuser. Logique? Pensez-vous! Et puis il y a dans ce même discours la carotte inattendue les 5 M.F. par an par site. Comment, tant d'argent pour une «décharge publique», pour quelque chose d'improductif, présenté sans nuisance, c'est louche. Enfin, il ne faut pas minimiser le comportement stupide de l'ANDRA, musclée et sûre d'elle. L'agence a organisé des réunions d'information d'où étaient exclus les habitants des communes voisines. Mais le pire a été sa perte de crédibilité technique, en particulier à Neuvy-le -Roi. Le terrain, sur le plan de l'hydrogéologie était pourri, non conforme aux critères recherchés. Il était aisé de se faire à peu de frais une réputation de sérieux. il aurait suffi que des techniciens honnêtes et responsables remercient le maire de sa proposition en ne la retenant pas pour des raisons de structure géologique pour qu'ils apparaissent crédibles aux yeux des gens qui ne demandaient qu'à croire des scientifiques. Au lieu de cela, ils s'entêtèrent jusqu'à ce qu'une consultation locale amène le maire, en février, à retirer sa candidature, et ils durent se résoudre à abandonner, mais de mauvaise grâce, en traînant les pieds. Ils apparurent donc comme des rigolos capables de placer leur projet n'importe où et, moyennant du béton, d'espérer que cela tiendra 300 ans! Cette consultation de Neuvy-le-Roi n'était pas la première. Nous vous avons déjà donné dans la Gazette nucléaire N°64/65 les résultats des «sondages» effectués dans le canton de Soulaines (Aube) dès décembre 1984. A la même époque, dans l'Indre, les maires des communes des cantons de Neuvy-St-Sépulcre et de Bélâbre organisaient aussi des «sondages» puisque le mot «vote» ne semble pas légal. Les résultats de ces consultations sont grosso modo à 70% contre avec un fort taux de participation. Aussi quelques conseils municipaux comme ceux de Tilly, Lignac par exemple décidèrent de valider ces «sondages» pour respecter la volonté de la population et émettaient des voeux pour que l'administration compétente respecte la décision prise. Cette fois, c'en est trop, l'administration ne peut supporter pareille audace. Le 30 janvier une délégation d'habitants du canton de Bélâbre, reçue par la directrice de cabinet du préfet de l'Indre, s'entend dire:
p.3
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- que la commission locale qui serait mise en place aurait pour but de faire passer l'information et pourrait même se transformer en «commission de gestion du centre de stockage»
«Art. IX La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l'oppression de ceux qui gouvernent».Et si la loi ne protège plus (pas), il ne reste que la violence ou le désespoir: C'est le désespoir qui a gagné et un habitant de Lignac, Monsieur Joseph Braun, s'est lancé dans une grève de la faim qu'il n'a cessé que 21 jours plus tard, après que Renon, administrateur du CEA ait déclaré le 26 mars à propos des sites de stockage que «L'Indre est pour le moment tenu en réserve» (suite)
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Un adjoint de Malvy (Secrétaire d'Etat à l'Energie) recevant des habitants de Lignac ainsi que le gréviste de la faim avait bien montré à la fois le mépris des libertés locales et l'utilisation bien comprise du piège à gogo de l'enquête publique: «Aucune décision encore prise par l'ANDRA qui rendra ses conclusions avant la fin de l'année. C'est après seulement qu'une enquête d'utilité publique sera décidée qui permettra aux municipalités et aux populations intéressées de donner leur avis. Quoi qu'il en soit, l'ANDRA ne peut s 'engager à renoncer à un site d'intérêt national parce qu'une partie de la population y est opposée...».Enfin, il ne faut pas être trop injuste. La nouvelle loi sur les enquêtes publiques apporte tout de même quelque chose: ce sont les études d'impact plus complètes et plus détaillées. La preuve d'ailleurs que c'est un progrès, c'est le temps mis pour sortir les décrets d'application et l'hostilité du ministère de l'Industrie à étendre les dispositions aux installations nucléaires et en particulier les Mines. Finalement, cette loi nouvelle est destinée à l'administration qui pourra bloquer un projet en phase d'instruction pour insuffisance d'études d'impact. L'administration, avec cette loi se dote des moyens de remplir ce qu'elle considère comme sa mission mais ne laisse pas échapper une miette de son pouvoir discrétionnaire. Alors c'est vrai que pour le citoyen, toujours impitoyablement brimé, ce n'est pas très satisfaisant et ça laisse un goût amer. Il pourra s'informer, il pourra écrire sur un registre, il pourra manifester, il pourra... rien: ce qui lui semble mauvais lui sera imposé au nom de l'intérêt supérieur (de qui? de la Nation pardi, elle a bon dos!) De toute façon, ne rêvons pas, la loi ne s'applique pas encore, alors l'analyse que l'on peut faire de ce qui se passe en ce moment n'est pas triste: - En direct des sites prospectés:
- Les mines:
«La région est essentiellement composée de garrigues»Enfin, je vous invite à lire le dossier préparé par ceux qui, déjà échaudés par la Société Mokta, n'ont pas du tout envie de continuer à être les dindons de la farce. p.4
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Cholet
- Présence de 80 personnes le
jour où l'ANDRA, le BRGM et la Commission locale d'information étaient
sur le terrain du Carnier pour l'inauguration des sondages.
(suite)
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suite:
A l'issue d'une réunion à la sous-préfecture, des renforts des services d'ordre seront détachés sur le site mercredi matin. Selon les techniciens, la reprise des travaux ne peut être en effet différée. Mais les opposants annoncent de leur côté une réplique de nature non violente. (AFP 212250 mai 85). Contact:
L'Aube (Michel Mels, 7, rue Louis Pasteur, 10200 Bar-sur-Aube) Résumé des articles de journaux
traitant de l'éventuelle implantation d'une poubelle nucléaire
à Soulaines.
La Vienne Ce département était soi-disant en réserve mais on commence tout de même à prospecter dans le coin de Montmorillon ainsi qu'à Persac.
Les habitants se sont tout de suite émus
en apprenant qu'ils pouvaient être choisis. Ils ont donc créé
des comités de défense et ils organisent des réunions
d'information.
p.5
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Voici donc le dossier préparé par les comités locaux: I. Le projet de mine et d'usine de
Les faits: A la suite d'explorations, un permis d'exploitation
de 5 ans pour une mine d'uranium a été délivré
le 22.3.1976 par la préfecture de la Lozère à la Compagnie
Industrielle et Minière, devenue ultérieurement la Compagnie
Française de MOKTA. Il porte sur une superficie de 14,5 kilomètres
carrés et contient notamment le site au-dessus et à l'ouest
du hameau du Cros, commune des Bondons (voir carte générale
en annexe). Une galerie d'exploration y a été forée.
Le permis a été prolongé jusqu'au 6.4.1986 par arrêté
préfectoral du 22.10.1981 (pièces jointes 1 et 12).
Aspects écologiques du projet Ces aspects sont très alarmants. Le projet menace de défigurer une région touristique encore admirablement préservée, située dans la zone périphérique du Parc National des Cévennes: voir son emplacement sur la photo de couverture du dépliant édité par l'Office de tourisme de la Lozère (pièce n. 11). (suite)
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suite:
Le village des Bondons connaît actuellement un renouveau certain concrétisé par l'installation de plusieurs jeunes agriculteurs, d'artisans, et par la réouverture de l'école publique en septembre 1984. Contrairement à ce qu'affirme la MOKTA (pièce n. 3), la végétation à l'emplacement des sites est très variée, comprenant prairies et chataigneraies et non garrigues; il est hors de question qu'elle puisse être reconstituée en un an après remblaiement éventuel de 3 millions de tonnes de déchets, comme il est affirmé p. 9. Quelles sont d'ailleurs les garanties de remblaiement en cas de liquidation de la MOKTA? La suppression directe d'une partie des terrains exploités serait très dommageable à plusieurs agriculteurs de Bondons et de Cocurès, communes où le terrain exploitable est particulièrement crucial. Le risque de pollution des eaux est important. Une pollution a été constatée dans des bassins et rivières en aval des mines d'uranium et usines de traitement du Limousin (La Gazette nudéaire N°41/42, 1981, p. 18, numérisation à venir). Aux Bondons, la situation surélevée des installations (où la possibilité d'infiltrations d'acide sulfurique et produits radioactifs est reconnue par la MOKTA (pièce n. 3, p. 6), et les violentes pluies orageuses de septembre occasionnent des risques supplémentaires évidents, notamment pour le hameau du Cros. En tout état de cause, l'atelier déverserait dans le Tarn, en supposant que l'acide sulfurique ait été bien neutralisé, 600 mètres cubes par heure chargés à 2 g/litre de sulfates. Les effets sur l'alimentation en eau, la baignade et la pêche à la truite, très active dans ces eaux non encore polluées, ne peuvent pas être négligeables. Aspects économiques du projet L'estimation des réserves en minerai
faite par la MOKTA (pièce n. 3, p. 2) est éminemment incertaine,
de l'aveu même de cette société, étant donné
l'extrême complexité du site. La teneur supposée du
minerai est inférieure à celle des minerais exploités
dans le limousin par la COGEMA (en moyenne 2.000 ppm). L'eau nécessaire
au traitement n'est pas abondante et manque en été. Les commurncations
sont souvent très difficiles en hiver en Lozère, à
l'altitude des sites.
Conclusion Il parait éminemment regrettable de défigurer un site touristique exceptionnellement bien préservé et une économie locale en amélioration, mais encore fragile, par la réalisation d'un projet aberrant car étudié à la hate et certainement non rentable. le 7 mai1985
James Lequeux p.6
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du Conseil municipal de la Commune des Bondons (Séance du 14 décembre 1984) L'an mil neuf cent quatre vingt quatre et le
quatorze décembre à vingt heures trente, le Conseil municipal
de cette commune régulièrement convoqué, s'est réuni
au nombre prescrit par la loi dans le lieu habituel de ses séances
sous la présidence de Monsieur Eugène Durand, maire.
Objet: Gisement d'uranium du Cros Monsieur le Maire rappelle au Conseil municipal
la délibération de cette assemblée en date du 16 décembre
1979 relative à cet objet.
(suite)
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suite:
6. que cette note prévoit le traitement du minerai par système de lixiviation et propose à cet effet trois emplacements. Quel que soit l'emplacement choisi, le commun des mortels comprend très bien que l'emploi de l'acide sulfurique, par exemple, ne sera pas sans danger pour l'environnement. Les fortes pluies que connaît à l'automne le versant sud du Mont Lozère ne manqueront pas d'entraîner soit dans les vallées du Bramont, des Combes et de Malaval, soit dans les vallées du Briançon et du Tarn, quantité de boues radioactives ou non imprégnées d'acide sulfurique, dévastatrices de la flore et de la faune aquatiques, entraînant l'impossibilité d'utiliser l'eau tant pour les personnes que pour les animaux, l'impossibilité d'irrigation, l'impossibilité de baignades avec toutes les conséquences qui en découlent pour le tourisme dans la vallée du Tarn. Enfin le Conseil municipal estime qu'au fil des ans s'est réalisé un consensus de rejet de cette exploitation de la part de la quasi-totalité de la population de la commune. Ce constat établi, le Conseil municipal
décide:
Demande:
En outre, le Conseil municipal:
p.7
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Ainsi que nous vous l'avons déjà expliqué, il existe actuellement plusieurs commissions auprès des sites nucléaires. Ces commissions, dont la composition a été précisée par une circulaire du Premier Ministre, sont généralement des commissions d'information. Ce ne sont pas des commissions de contrôle sauf peut être la Commission de Fessenheim qui dans son texte de création précise le contrôle du fonctionnement sans d'ailleurs entrer dans le détail des moyens d'où une impossibilité à exercer ce contrôle. En ce qui concerne les autres commissions: La Hague, Creys-Malville, Civaux, Nogent, Flamanville, elles ont pour mission l'information. Nous vous avons entretenu des difficultés rencontrées à Civaux où finalement des membres ont démissionné, estimant ne pas pouvoir remplir leur mandat. Il existe un autre type de commission: celle de St-Priest la Prugue, commission qui doit «veiller» à ce que l'abandon du site se fasse dans de bonnes conditions. Là aussi le fonctionnement n'est pas simple car les experts sont extérieurs à la commission et travaillent en envoyant des rapports: le dialogue est assez réduit entre experts et les réunions sont une lutte d'influence entre la COGEMA et les associations de défense. Or, pas d'illusion, l'ancien exploitant de la mine (la COGEMA) n'a qu'une envie: partir en dépensant le moins possible. Finalement, l'apparition des commissions est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Une bonne, - parce que effectivement, elles peuvent servir pour l'information des populations, - parce qu'elles peuvent transmettre les questions, - parce qu'elles peuvent intervenir, demander des explications. Une mauvaise, - parce qu'elles peuvent servir d'alibi - parce que, sans moyen, elles ne peuvent pas remplir leur rôle. C'est pourquoi dans le cadre d'une commission qui a un budget, un conseiller scientifique permanent, la «Commission permanente près l'établissement La Hague», nous allons vous transmettre copie des courriers sur le problème des enquêtes publiques. Vous allez pouvoir juger que ce n'est pas très simple et que les commissions ont encore du pain sur la planche pour arriver à faire un travail correct. Mois après mois, les lettres se succèdent et le moins qu'on puisse dire, c'est que cela ne résoud pas vraiment les problèmes. Finalement, que reste-t-il? Un dossier incorrect a été soumis à la population. Que répond-on? 1. que EDF ou la COGEMA font de bons dossiers... Mais ce n'est pas ce qui est demandé. Ce qui est demandé c'est: qui vérifie le dossier et qui se permet de faire mettre à l'enquête un dossier incorrect; 2. que le SCPRI vérifie. Toujours idem, si le SCPRI vérifie, alors il est responsable de cette information tronquée, ce qui, organisme officiel ou pas, laisse planer des doutes sur sa volonté de présenter un dossier correct aux populations 3. le commissaire enquêteur agresse la commission. Il la juge coupable de «négligence» dans l'information pour avoir omis de réclamer des éléments supplémentaires ne figurant pas dans les dossiers soumis à enquête. Alors là bravo! Non seulement il faut lire les dossiers présents, mais extrapoler sur ceux absents. Ce n'est plus de l'information mais ça relève de la cartomancie. C'est pourquoi la lettre que M. Ancellin a écrite au nom de la commission garde son entière actualité (voir Gazette N°62/63) et la nouvelle lettre toujours soutenue par la commission est également justifiée: qui au niveau administratif accepte les dossiers d'étude d'impact et qui donc laisse passer ces dossiers erronés et tronqués? (suite)
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suite:
Le Secrétaire d'Etat auprès du Ministre du Redéploiement Industriel et du Commerce Extérieur chargé de l'Energie Monsieur DARINOT
Objet: Remarques de la Commission Spéciale
et Permanente d'In¬formation près l'Etablissement de la Hague
sur les dossiers d'enquête publique relatifs aux rejets d'effluents
radioactifs.
Président de la Commission Spéciale et Permanente d'Information près l'Etablissement de la Hague 5, rue Vastel 50100 CHERBOURG Réf..: Votre lettre du 16 octobre 1984. Monsieur le Président, Vous avez attiré mon attention sur
les remarques formuées par certains membres de votre commission
sur les dossiers qui avaient été soumis à l'enquête
publique en 1983 pour autoriser les rejets des effluents radioactifs des
extensions de l'Etablissement de la Hague et vous m'avez fait part de votre
souhait que ces remarques soient prises en compte lors d'enquêtes
publiques futures, notamment celles relatives aux rejets de la centrale
nucléaire de Flamanville.
Martin MALVY
p.8
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Monsieur le Président
Monsieur le Président,
de la Commission Spéciale d'Information près l'Etablissement de la Hague 5, rue Vastel 50100 CHERBOURG Le Conseiller scientifique de votre Commission,
Madame le Docteur Bardoux, a bien voulu me faire parvenir, pour information,
copie de:
JJ. BARON
Président de la Commission d'Enquête publique sur les demandes d'autorisation de rejets d'effluents liquides et gazeux présentées par la COGEMA. (suite)
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suite:
Cherbourg, le 14 février1985
J. ANCELLIN
Membre de la Commission d'information auprès de l'Etablissement de la Hague Monsieur le Président
Monsieur le Président,
de la Commission Spéciale d'information près 1'Etablissement de la Hague 5, rue Vastel CHERBOURG Je ne puis laisser sans réponse la
lettre du 11 janvier 1985 de M. Baron, Président de la Commission
d'Enquête publique concernant le site de la Hague, qui vous a été
adressée et dont la copie m'a été transmise par le
Dr. Bardoux.
J. ANCELLIN
p.9
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Force est de constater qu'une fois de plus un service public, enfin un service alimenté par des fonds publics la COGEMA se place au-dessus des lois. L'établissement «Centre de retraitement» a dû, dans le cadre de l'extension des installations de retraitement, réactualiser les autorisations de rejets UP2-800; UP3A; STE 3... A l'occasion de l'enquête publique, un problème épineux fut soulevé: la toxicité chimique de l'effluent radioactif. En effet, lorsqu'une porcherie industrielle ou n'importe quelle activité s'installe et va rejeter ses effluents, l'Administration lui tombe dessus pour réglementer ses rejets dans l'environnement et, soulignons-le, c'est UN BIEN. Nous avons tous en mémoire les ravages consécutifs à des déver-sements intempestifs d'huiles, de résidus d'usines et même des déchets de villes. La procédure qui était instruite portait bien sur la radiotoxité des rejets. L'innénarrable Professeur Pellerin fut ferme, l'arrêté ministériel ne portera que sur la radiotoxité. Quant à l'impact chimique, ce sera au préfet de réglementer. Une même sauce soumise à deux règlements, c'est la meilleure façon de procéder pour ne plus savoir qui fait quoi. Evidemment, l'arrêté pour les rejets radioactifs a été signé et publié au Journal Officiel. Par contre, on attend toujours l'arrêté préfectoral!! D'autant plus qu'à cette occasion on a réalisé que la Hague fonctionnait depuis dix ans sans autorisation... Or cet effluent, radioactif certes, contient en prime des tas de produits chimiques. Ce n'est pas la toxicité chimique des produits radioactifs qui est seulement en cause mais surtout la toxicité du jus qui le contient. |
En particulier il y a ce fameux tributylphosphate (TBP) qui sert à l'extraction du plutonium et de l'uranium. La Commission Castaing avait soulevé ce lièvre et peu de réponses ont été apportées à ce jour à ses questions. Les quantités rejetées ne sont pas vraiment connues et seules des estimations sont faites. On trouve des phrases de ce genre: «Les mesures effectuées sur les effluents A de l'usine actuelle ont montré que leur teneur moyenne en TBP était de 28 mg par litre et ont permis d'évaluer le rejet annuel à 1,44 tonnes...»Or la COGEMA s'appuie sur un facteur de dilution de 5.l05 à proximité immédiate du point de rejet pour dire: «ceci fait tomber la concentration à 0,1 microgramme/l». Donc conclusion, c'est négligeable. L'inconvénient, c'est que ce qui compte, c'est la concentration dans le rejet. Le rôle de la réglementation est justement de fixer le taux de dilution. p.10b
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Quant aux études qui ont
été faites pour déterminer la toxicité du rejet,
c'est non pas des prélèvements, des études in situ.
C'est en fait l'application d'un modèle qui permet une étude
«spatio-temporelle».
«La dilution à proximité de l'émissaire a été établie par une résolution spatio-temporelle de l'équation de diffusion-advection par une méthode de Monte Carlo»On voit mal comment une étude avec modèle sortirait autre chose que ce qu'on a rentré dans le programme. Quant à la fin de la note, c'est encore plus génial: «Rappelons à ce sujet que des données complémentaires seront fournies par l'étude demandée il y a quelques mois par la COGEMA au laboratoire de radioécologie marine...»Il me semblait que le Centre de la Hague fonctionnait depuis 1966. Il a fallu vingt ans pour demander une étude, pas mal dans le genre. De toute façon, la note justificative de la COGEMA est un modèle du genre. Le calcul donne toujours raison à la COGEMA, le calcul permet de suivre les effluents. En ce qui concerne des rejets, ce ne sont pas de calculs dont on a besoin, mais de mesures. Voici d'ailleurs encore d'autres études (!!): - Conclusion d'une étude confiée au Service d’Etudes Appliquées de Protection Sanitaire:La COGEMA a même réussi à mettre de son côté le conseiller technique de la Commission d'Information de la Rague. Pourtant, lors des réunions de la Commission, il a été répété à l'envi que la source COGEMA ne pouvait pas suffire comme source d'information. En ce qui concerne les rejets chimiques, la COGEMA veut échapper à la réglementation et ne se prive pas d'écrire des documents mais ces documents ne prouvent rien du tout. Il est clair que le document COGEMA précise: «J'ai l'honneur de vous transmettre le dossier justifiant que nos rejets sont de nocivité négligeable et remplissent les conditions d'exemption mentionnées à l'article 5 de l'arrêté du 13mai1975».Mais ceci n'est pas une preuve, c'est seulement une phrase pour faire plaisir. En fait, la réglementation est précise: le critère adopté pour savoir si un rejet doit être réglementé ou non, c'est la quantité avant rejet, le rôle de la réglementation étant justement de définir le taux de dilution, le flux du rejet ou les mesures de dépollution à prendre avant rejet. Bien entendu tout ceci se fait sur la base des effets sur l'environnement. (suite)
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suite:
Nous rappelons qu'il ne peut pas être répondu à ceux qui s'inquiètent auprès de la Commission de la Hague, sur la seule base des documents COGEMA. Le conseiller technique de la Commission devrait pourtant être alerté, car nous avons plusieurs fois constaté les lacunes (pour être poli) des documents COGEMA, et la nécessaire obligation de recouper les sources d'information. En l'occurrence il s'agissait là de s'enquérir de l'arrêté du 23 mai 1975, et de ne pas s'arrêter aux seules affirmations du pétitionnaire. Pourquoi me direz-vous s'occuper des rejets chimiques de la Hague? Eh bien parce qu'un rejet est un tout et qu'il convient de s'intéresser à toutes ses nuisances potentielles. Il n'est pas possible que les lois sur l'environnement soient toujours contournées, bafouées. Et c'est pour cela que nous saluons l'action entreprise par Manche-Eco1ogie qui s'est justement saisi de ce problème de rejets chimiques et a introduit un recours. La Haye du Puits, le 7 mai 1985
Objet:
Monsieur le Président
Recours contre l'Administration pour absence d'autorisation et de réglementation concernant les «effluents chimiques» associés aux éléments radioactifs rejetés en mer par les installations de la COGEMA sur le site de la Hague. Monsieur le Président, Nous avons l'honneur de vous exposer les
faits suivants:
p/Manche-Ecologie:
4, rue du Pressoir,
C. GUILBERT Président 50250 la Haye du Puits p.11
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