EXTRAIT INFO URANIUM
Haute-Vienne
Succès de deux recours en annulation (Voir Info-U n°17, p. 11 - n°18, p. 9/10 - n°20, p. 17) Par arrêté du 14 janvier 1986,
le préfet de la Haute-Vienne avait autorisé la Cogéma
à ouvrir les mines d'uranium à ciel ouvert de La Vauzelle
130 et 127 et de Peny 348, sur la commune de Compreignac (20 km au Nord
de Limoges), dans la concession de St Sylvestre. Ces mines concernaient
des gisements de taille très modeste puisqu'elles devaient produire
respectivement 64 t, 17 t et 35 t d'uranium. Le préfet avait ensuite
pris 2 arrêtés d'autorisation d'occupation de terrains au
bénéfice de la Cogéma en raison de l'opposition de
certains propriétaires. Le premier, du 3 mars 86, autorisait la
Cie minière à occuper une parcelle de 15 ares appartenant
à Anna Elsink, à La Vauzelle. Le second, du 6 mars 86, autorisait
la Cogéma à occuper 2 parcelles de 25 a et de 18 a, biens
de la section de La Vauzelle.
Annulation de l'arrêté du 3 mars 1986 autorisant la Cogéma à occuper une parcelle de 15 à 50 a appartenanl à A. Elsink (suite)
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suite:
Entre-temps, les mines de La Vauzelle 127 et de Peny 348 ont été exploitées! L'exploitation de la première, qui s'est faite sans toucher à la propriété d'A. Elsink (grâce au sursis à exécution), s'est achevée fin 87. L'excavation a été immédiatement rebouchée et une partie a été recouverte de terre végétale. Des arbres ont été plantés. Mais 2 bassins de décantation subsistent. L'exploitation de la seconde mine s'est terminée fin 88: aucun réaménagement n'a été effectué. Seule la mine de l.a Vauzelle 130 n'a pas encore été exploitée en raison de difficultés provoquées par la déviation d'une route qu'elle nécessite.Dans la présente affaire, l'arrêté a été affiché à la mairie de Compreignac le 20 janvier 1986. Le délai (de 2 mois) pour former un recours partait donc du 20 février 86; il expirait le 20 avril 86. C'est pourquoi le TA a jugé recevable le mémoire ampliatif envoyé par l'association requérante et enregistré au greffe du TA le 28 mars 86. 3) Le moyen retenu par le TA pour justifier l'annulation de l'arrêté du 14 janvier 1986 est l'insuffisance de l'étude d'impact au regard de l'importance des travaux et de leurs incidences prévisibles sur l'environnement (réf. décret du 12 octobre 1977 pris pour l'application de la loi du 10.07.1976 sur la protection de la nature - Art. 2). Plus précisément, les juges ont estimé insuffisantes: - l'ANALYSE DES EFFETS SUR L'ENVIRONNEMENT, en ce qui concerne la radioactivité pendant les travaux et la radioactivité résiduelle pouvant affecter le milieu ambiant à partir des stériles stockés APRÈS exploitation (absence de données chiffrées et comparatives précises). - les MESURES POUR REMÉDIER AUX CONSÉQUENCES DOMMAGEABLES DU PROJET SUR L'ENVIRONNEMENT (pas suffisamment précises et détaillées pour éclairer le public sur l'état prévisible du site après la fin de l'exploitation). 4) L'insuffisance de l'étude d'impact avait également été le moyen retenu par le Conseil d'Etat, le 7 mars 1986, pour confirmer l'annulation de l'autorisation implicite d'ouverture des travaux miniers de la mine d'uranium de Montulat (Haute-Vienne) - Recours FLEPNA (voir dossier «Comment lutter contre les mines d'uranium» - 3e partie - 3-4-1- e/ et encadré). Le Conseil d'Etat avait notamment jugé insuffisantes l'ANALYSE DES EFFETS SUR L'ENVIRONNEMENT (notamment pour ce qui concerne la radioactivité) et les MESURES POUR CONTRÔLER ET PRÉVENIR LE RISQUE LIÉ À LA RADIOACTIVITÉ. On constate donc que l'ÉTUDE D'IMPACT est bien souvent le talon d'Achille des compagnies minières. Malheureusement, faut-il le rappeler, elle n'intervient que dans la phase ultime de la procédure administrative conduisant à l'ouverture d'une mine. Il serait plutôt (et plus tôt) souhaitable de pouvoir obtenir l'annulation des titres miniers (PER, PEX, concession), chose qui, du moins jusqu'à présent, s'est révélée presque impossible. N'hésitez pas à les contacter et à vous abonner à leur bulletin. S'adresser à: Réseau-Uranium, 7 rue de l'Auvergne, 12000 RODEZ. p.23
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Voici les extraits du dossier
Stop-Nogent. Vous pouvez commander l'ensemble du dossier pour 30 F + 10,90
F de port. Ce dossier fait le point sur le travail de surveillance exercé
par le comité sur la centrale de Nogent. C'est du bon travail.
Monsieur le Premier Ministre,
Comité Stop-Nogent
Note sur la balise de Nandy
L'EDF, l'AFBSM (Agence Financière de Bassin Seine Normandie) et la Lyonnaise des Eaux ont co-financé l'implantation d'une balise de mesure en continu de la radioactivité de l'eau de Seine sur le site de Nandy situé à 5 km en amont du pompage de l'usine d'eau potable de Morsang-sur-Seine. Cette balise «COBENADE 800» d'un coût de 300.000 francs permet de mesurer, d'après le constructeur Merlin Gerin Provence, les rayonnements g et b totaux, y compris le tritium. (suite)
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suite:
Nous avons appris, début juillet, que cette balise avait mesuré un niveau de 200 Bq/l du 29 juin midi au 1er juillet midi. Le bruit de fond de Seine étant de 0,05 à 0,2 Bq/l hors tritium et de 15 Bq/l en tritium. L'arrêté interministériel du 25 août 1987 autorise EDF Nogent-sur-Seine à une contamination maximale en moyenne quotidienne de 0,8 Bq/l hors tritium et 80 Bq/l en tritium. Les limites autorisées ont donc été largement dépassées et aucune sanction n'a été prise à l'encontre d'EDF. Aucun autre laboratoire n'a pu vérifier ce dépassement car ils sont équipés d'un appareil de mesure de rayonnements en b total hors tritium prêté par le SCPRI, et le tritium constitue 99% des rejets d'une centrale nucléaire. EDF, l'Industrie, la Santé, les entreprises d'eau potable ont, dans l'affolement, livré des versions tant contradictoires que mensongères sur cette contamination. Ce fait est inadmissible et nous en avons tenu informée l'une de vos collaboratrices, Madame Guilaine Sens. La balise dont nous faisons référence est un outil remarquable pour la surveillance de la radio-activité des rivières. Si le prototype de Nandy semble souffrir de quelques défaillances de son système de déclenchement d'alerte dues à l'humidité, cet instrument reste fiable dans ses mesures et peut permettre un contrôle indépendant du SCPRI, d'EDF et de l'IPSN, son implantation à l'aval de chaque site nucléaire en France est donc vivemement souhaitée (une vingtaine). Cela permettrait de surveiller non seulement les dépassements de rejets autorisés, après dilution en instantané, mais aussi d'effectuer par calcul une estimation de la quantité de radio-activité rejetée annuellement en rivière par les sites nucléaires. Encore faut-il que ces balises soient gérées d'une manière transparente. Ci-joint un dossier édité par notre association concernant la pollution de l'EDF de Nogent/s et la surveillance de cette centrale. ANNEXE 1
1 - Les prélèvements
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L'activité de ces plantes
en Césium 137 et 134 varie de quelques dizaines de Becquerels par
kilo sec en 1986 et 1987 (Tchernobyl) à plus de 100 Bq/Kg sec en
octobre et décembre 88 en aval du site, pour descendre à
nouveau à quelques dizaines de becquerels en mars et à moins
de 4 Bq/Kg sec en juin 89.
Les radiocobalt, qui étaient négligeables dans les rejets liquides des réacteurs graphite gaz et en faibles proportions dans ceux de Chooz, sont devenus importants avec le développement de la filière PWR. Le cobalt 58 qui résulte essentiellement de la corrosion des générateurs de vapeur (le nickel de l'alliage est entraîné par l'eau du circuit primaire et transformé en cobalt 58 par irradiation dans le cœur du réacteur) est devenu un radioisotope prépondérant. Mais dans la documentation accessible, le rapport du cobalt 58 au cobalt 60 reste dans tous les cas inférieur à 10 (Réf., par exemple: L. Foulquier, Bilan des études sur les transferts en eau douce - communication présentée à la journée scientifique du 2 juin 1987 organisée par la Société Française de Radioprotection du Sud-Est). Alors que dans les fontinales de Nogent-sur-Seine ce rapport atteint la valeur 60. Il faut remarquer que c'est la chimie de la plante et du milieu qui gouverne les phénomènes d'assimilation et de rejet par les végétaux. Or le cobalt 58 et le cobalt 60 ont les mêmes propriétés chimiques... Les fontinales ont la particularité d'accumuler les métaux, radioactifs ou non. Ce sont donc de bons indicateurs-enregistreurs qu'il ne reste qu'à cueillir et analyser par spectrométrie b. Contrairement à ce qui a été dit, ces plantes ne sont pas une spécialité du site de Nogent-sur-Seine. Elles ont les mêmes particularités que les mousses terrestres. On en trouve en grande quantité dans beaucoup de cours d'eau en France. Elles sont peu sensibles à la pollution, et sont analysées dans les points zéro radioécologiques réalisés par l'IPSN sur les sites de centrales nucléaires en construction. La présence de Cobalt 58 en très grande quantité par rapport au Cobalt 60 dans les fontinales en aval du site d'EDF Nogent-sur-Seine révèle une corrosion inhabituelle dans le circuit primaire d'un des deux réacteurs. Le cobalt 58 est produit par activation neutronique du nickel 58 dans le cœur du réacteur. Ce nickel est en suspension dans l'eau du circuit primaire après avoir été arraché par les contraintes thermiques et hydrauliques sur les métaux corrodés. II. Surveillance de l'eau
(suite)
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suite:
Mais l'arrêté interministériel du 25 août 87 autorisant les rejets d'effluents radioactifs liquides par EDF à Nogent-sur-Seine indique une limite de 0,8 Bq/litre après dilution (hors tritium) en moyenne quotidienne rejetée, et de 80 Bq/litre pour le tritium. Le «bruit de fond» mesuré par cette balise d'octobre à décembre 88 est de 2 Bq/litre en g et 12 Bq/litre en b, avec une pointe d'une durée d'une heure de 5 Bq/litre en g et de 60 Bq/litre en b les 25 novembre et 25 décembre 1988. Les indications de cette balise, outil de haute technologie et très coûteux, révèlent un très large dépassement des autorisations de rejet d'EDF pendant 48 heures. La quantité rejetée totale peut être estimée pour un débit moyen de la Seine de 25 m3/seconde à 500 milliards de Becquerels (y compris le tritium) et ne dépasse pas l'autorisation annuelle des rejets, mais le seuil instantané en moyenne quotidienne a bien été dépassé. Pour information, la RFA a fixé un seuil annuel de rejet à 3 curies par réacteur contre 15 curies en France (550 milliards de becquerels), hors tritium. Les informations non officielles recueillies par le Comité Stop Nogent-sur-Seine indiquent qu'à cette occasion, l'usine de Morsang-sur-Orge de la Lyonnaise des Eaux, qui gère la balise de Nandy, a déclenché un exercice d'alerte. En pareil cas, la procédure consiste à effectuer des prélèvements d'eau qui sont analysés en quantité par radioélément pollueur, ceci afin de déterminer si le pompage d'eau de Seine doit être interrompu. Il est actuellement impossible d'obtenir les résultats des analyses effectués par la Lyonnaise, ni ceux effectués mensuellement par la SAGEP (Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris) ou la CGE (Compagnie Générale des Eaux), ni ceux en possession du SEDlF (Syndicat des Eaux de l' Ile-de-France), qui ne disposent pas ailleurs à l'instar du Laboratoire d'Hygiène de la Ville de Paris que d'un appareil de mesure en b total hors tritium prêté par le SCPRl, pas plus que les courbes de relevés de la balise de Nandy depuis sa mise en service. 99% des rejets radioactifs d'une centrale étant constitués de tritium, on peut juger de la fiabilité des analyses réalisées par les entreprises d'eau potable. Seul le Laboratoire d'Hygiène de la Ville de Paris (LHVP) a consenti à fournir un relevé détaillé au Comité Stop Nogent-sur-Seine, pour la période de septembre 87 à décembre 88. Le LHVP effectue mensuellement des prélèvements en huit points (Montereau, Corbeil, Ivry, Paris-LouisPhilippe, pont de Suresnes, Bougival, Poissy, Bonnières). Les mesures, faites uniquement en b total hors tritium, indiquent pour cette période un bruit de fond évoluant entre 0,05 Bq/litre et 0,2 Bq/litre, provenant pour la moitié, voire les deux tiers, de potassium 40 (naturel). Les bulletins mensuels du SCPRl indiquent de 12 à 15 Bq/l en tritium (qui est un émetteur b pur) dans l'eau de Seine avec des pointes à 30 sur les années passées. La balise de Nandy est le seul instrument de mesure indépendant du SCPRl (Service Central de Protection contre les Rayonnements lonisants, Ministère de la Santé) à pouvoir déceler en permanence un dépassement des seuils de rejets autorisés de radionucléides. On peut légitimement s'étonner de ce que la Lyonnaise des Eaux et l'Agence Financière de Bassin, co-propriétaires de cet outil, ne soient pas immédiatement intervenues auprès d'EDF. p.25
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III. La passivité des organismes
de surveillance
Le SCPRI, organisme de contrôle des sites EDF au plus haut niveau, n'a quant à lui rien révélé, préférant calomnier la CRII-Rad par voie de presse et par message sur son répondeur téléphonique avant de reconnaître une contamination des fontinales de quelques centaines de becquerels... par kilo frais en cobalt 58. La pollution par le Cobalt 58 doit être visible dans les analyses spectrométriques g effectuées régulièrement par le SCPRI et EDF sur les sédiments de rivière en aval du site. Or, les résultats de ces analyses ont disparu depuis plus d'un an des rapports mensuels du SCPRI consultables par tous dans les bureaux de l'hygiène des DDASS. Les mesures effectuées par EDF en autocontrôle (1.100 à Nogent en 1988) ainsi que l'intégralité de celles effectuées par le SCPRI et l'IPSN demeurent confidentielles dans l'attente d'un décret du Premier Ministre. Pour M. Bernard Peyraud, chef de la centrale de Nogent: «On peut déduire beaucoup trop de choses de ces chiffres-là...». Bien qu'il refuse de communiquer ces résultats et qu'il se dise dans l'incapacité de comparer les rejets de Nogent à ceux des centrales du même type (interview paru dans le Parisien du mercredi 5 juillet, édition de Seine et Marne), M. Peyraud n 'hésite pas à déclarer à FR3 (samedi 1er juillet): «Je peux attribuer cette interprétation, soit à une mauvaise connaissance que peuvent avoir ces personnes (comité Stop Nogent) soit, s'ils ont une bonne connaissance, à une mauvaise foi associée à une manifeste volonté de désinformation.»... Michel Chevalet, journaliste à TF1, vulgarisateur scientifique, et représentant des journalistes au Conseil Supérieur de Sûreté et d'Information sur le Nucléaire, minimisait l'information au journal de 20 heures le 2 juillet et reprochait à «un organisme privé» et «non officiel» de n'avoir pas communiqué les résultats aux journalistes". Or la rédaction de TF1 fut la première à être informée des analyses détaillées le jeudi 29 juin. Ceci a conduit la CRII-Rad à demander un droit de réponse. ANNEXE II
Il aura fallu l'intervention du Comité Stop Nogent auprès des médias pour qu'EDF daigne informer ces derniers des problèmes techniques décelés sur le circuit primaire du réacteur de la tranche n°l, et compléter le message du téléphone vert de la centrale (05.37.94.27), ainsi que le SCSIN (Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires, Ministère de l'Industrie) le message sur 36.14 MAGNUC. I - Le pressuriseur
(suite)
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suite:
En fonctionnement normal, le pressuriseur permet de maintenir une pression de 171,5 fois la pression atmosphérique dans le circuit primaire afin d'empêcher l'eau (caloporteur et modérateur neutronique) de bouillir. L'incident est actuellement classé à l'échelon 1 de l'échelle de gravité qui en comporte six. Les services de sûreté et EDF n'ont pas encore pris de décision sur ce problème. Il serait inacceptable de redémarrer le réacteur sans un traitement en totalité de ce défaut. La fissure indique une faiblesse du métal qui pourrait alors lâcher dans l'avenir sous les 171,5 bars de pression habituelle. Il en résulterait une chute de la pression du circuit primaire, et l'eau portée à 320°C se vaporiserait en quelques instants, laissant le cœur à découvert en plaçant le réacteur potentiellement en situation d'accident hors dimensionnement. II. Les tubes des générateurs de vapeur
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Les pollutions non radioactives de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine I. Thermiques
II. Chimiques
III. La surveillance des rejets
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Un autre contrôle est effectué une fois par an sur deux
jours par les services de la navigation fluviale. Il fut constaté
qu'à chaque contrôle de ce service, la centrale était
à basse puissance.
Ce service est censé effectuer 12 contrôles par an, plus des contrôles inopinés. N'ayant pas reçu le financement nécessaire, une seule vérification annuelle est effectuée. La surveillance des effluents chimiques au contact de la radioactivité
(bore, lithine, acide oxalique, E.D.T.A., hydrazine)
Bref, EDF semble disposer d'une grande liberté pour tout ce qui concerne les pollutions. p.27a
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A l'automne 1987, un an après
la création officielle de notre association, dix huit mois après
la catastrophe de Tchernobyl, le premier réacteur de la centrale
de Nogent-sur-Seine entrait en fonctionnement. Notre objectif initial n'était
donc pas atteint.
Malgré l'effet Tchernobyl, la «mobilisation de masse» fut un échec. 600 personnes seulement sur le Pont Neuf à Paris, pour commémorer le premier anniversaire de cette tragédie. Une centaine d'antinucléaires à l'entrée du site de Nogent-sur-Seine, début juillet 1987, pour protester par un lâcher de ballons contre le démarrage du premier réacteur. On n'arrête pas, en France, un projet de 20 milliards de francs en fin de construction! Par ailleurs, notre intervention sur l'enquête d'utilité publique de rejets d'effluents radioactifs par EDF Nogent-sur-Seine n'a pas eu de résultat immédiat; les commissaires enquêteurs préfèrent biaiser dans leurs réponses aux questions que nous leur posions dans notre dossier de 90 pages, et taire les résultats du point zéro radioécologique réalisé par l'IPSN de 1986 ainsi que ceux de la SETUDE sur la dispersion radioactive en cas d'accident. Cette attitude intolérable dans un pays qui se prétend démocratique, loin de nous faire renoncer à notre objectif, nous amène à envisager d'autres moyens d'actions. C'est ainsi que nous innovons, en décidant de mettre la centrale de Nogent-sur-Seine sous «haute surveillance» (une expression ironique, à l'époque, de l'un des grands chefs de la centrale...)... Puisqu'on nous refuse l'accès aux points de référence officiels, nous commençons par effectuer des prélèvements pour l'établissement par le laboratoire indépendant de la CRII-Rad, de notre propre point de référence. Celui-ci nous permettra de suivre l'évolution de la radioactivité autour de Nogent-sur-Seine. Ce qui a pour effet immédiat de nous ouvrir les portes d'EDF, sur intervention du Directeur de l'Energie du Ministère de l'Industrie, afin que nous puissions consulter les points zéro officiels établis par l'Institut de Protection et de Sûreté Nuclèaire du CEA pour le compte d'EDF! Mais nous ne renonçons pas pour autant à établir le nôtre. Il est déjà engagé... el la souscription que nous avons lancée pour payer les analyses effectuées par la CRII-Rad connaît un grand succès auprès de nos concitoyens qui nous envoient leur participation financière de toute la France. Ce qui donne une idée de la confiance désormais accordée, par un grand nombre d'entre eux, aux grands manitous du nucléaire, pro- ou para-... |
Parallèlement, nous menons une activité
plus classique: informations, sous des formes diverses, en direction de
l'opinion publique, formation de nos militants dans le domaine des techniques
et de sûreté nucléaire, avec l'aide de la CRII-Rad
et du GSIEN, et dans celui de l'énergie, avec l'appui de l'ADERIF.
Nous sommes ainsi mieux armés pour affronter aujourd'hui les experts
officiels.
Cette stratégie difficile et parfois ennuyeuse porte aujourd'hui ses fruits. Les échantillons d'une mousse aquatique, les fontinales, que nous avons prélevés et fait analyser par la CRII-Rad et l'ACRO ont révélé une forte contamination en cobalt 58 de 500 Bq/Kg sec à l'automne 88, de 2.500 Bq en mars 89 et de 4.100 Bq en juin 89. Les médias ont fait un large écho à cette information, en particulier Le Parisien et la presse locale de Nogent-sur-Seine. A plusieurs reprises, les membres de Stop Nogent ont été sollicités par presque toutes les chaînes de télévision (TF1, A2, FR3, la 5, M6). Nous avons ainsi contribué à faire savoir au public qu'une centrale en fonctionnement normal rejette de la radioactivité et pollue... Et que, s'il existe bien des organismes officiels rémunérés par les contribuables pour assurer la radioprotection, ces derniers n'ont pas accès aux résultats du travail de ces institutions officielles (ce qui est donné au public est en effet si mince et si peu fiable qu'il est impossible de leur faire confiance). Sans doute, le vœu de transparence prôné par le Premier Ministre le 25 avril dernier représente un progrès objectif. Mais il est bien certain aussi que si Stop Nogent n'avait pas effectué des contrôles réguliers sur les mousses et autres «botanisteries», nul n'aurait rien sur des rejets inusuels d'EDF Nogent-sur-Seine et de la pollution radioactive de la Seine. Car le nucléaire a cet avantage de «polluer proprement», c'est-à-dire que sa pollution ne se voit pas. Or le système de surveillance est conçu pour éviter les catastrophes, mais de façon à ce que les défaillances des réacteurs ne soient pas révélées au public. Pourtant ces défaillances peuvent être à l'origine d'incidents plus sérieux. C'est ainsi qu'un contrôle de radioactivité effectué régulièrement permet de faire ressortir que les centrales ne sont pas surveillées d'aussi près qu'on tend à le faire croire. p.27b
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Le 19 août 1989
Lettre Publique à Monsieur le Directeur de la centrale nucléaire
de Flamanville.
Objet: Demande de transparence de l'information à propos d'une fuite au générateur de vapeur tranche II. Monsieur le Directeur,
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Quelles auraient été les conséquences
potentielles des rejets à l'atmosphère et la contamination
du circuit secondaire s'il s'était agi d'une rupture d'un tube de
générateur de vapeur comme il s'est produit aux EtatsUnis
(centrale de Mac Guire 1 du 7-3-89)?
Par ses relevés et ses comptabes, le SCPRI le sait. Mais le SCSIN, la sûreté nucléaire a-t-elle été mise au courant? Depuis quand? Puis-je savoir si une visite a été faite sur le faisceau durant l'arrêt de tranche? Partielle ou complète? Ce cas devient courant sur les tranches de 900 Mégawatts plus anciennes, mais ici la tranche de 1.300 Mégawatts ne fonctionne que depuis quelques années. N'y a-t-il pas des problèmes techniques particuliers à ces générateurs de vapeur et ces réseaux tubulaires? Et ne fait-on pas des paris techniques en attendant l'incident avant de contrôler et d'intervenir? J'ose espérer que des contrôles plus fréquents et exercés par des organismes externes au producteur d'électricité pourront être effectués à l'avenir. J'ose une fois de plus espérer plus de transparence de l'information: celle-ci est la base de tout bon fonctionnement de la démocratie. Veuillez croire, Monsieur le Directeur, à mes sentiments distingués. Didier ANGER
p.28a
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- Ce qu'elle est,
- Ce qu'elle a déjà fait (en 88 et 89), - Ce qu'elle se propose de faire en 1990 en association avec des élus et des habitants de la région. Qu'est-ce que l'ACIRAD?
Travaux déjà réalisés par l'ACIRAD en 88
et 89
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Carottage le 23 juin 89.
Analyses de prélèvements réalisés en novembre 87 et en octobre 88 en Forêt d'Orléans: chanterelles, bolets, pieds de mouton, trompette des morts. Mesures effectuées par la CRIIRAD par spectrométrie gamma. Publication de deux numéro d'ACIRAD-INFOS. Principaux articles: - Résultats des analyses faites - Dossier champignons - Compte rendu d'un voyage en zone interdite de Tchernobyl en 1988 - Effets de la radioactivité sur la santé. Relations publiques: rencontre avec Messieurs les Directeurs de la DRAE, de la DRASS, de l'Office Régional de la Santé et les Municipalités de St Jean de la Ruelle, d'Orléans et de Meung sur Loire. Signature d'un contrat d'analyses avec la ville d'Orléans, visant à effectuer le point zéro de celle-ci (états des lieux de la contamination, évaluation de l'impact sur l'environnement d'un montant de 50.000 F). p.28b
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Programme ACIRAD 1990
1) Analyses: - Points de référence par communes et dans le voisinage des Centrales de Dampierre et St Laurent. Huit communes sont pressenties: La Chapelle St Mesmin, Meung sur Loire, Fleury les Aubrais, Orléans, Saran, St Jean de la Ruelle, St Jean de Braye, Semoy. - Contrôle en continu de la radioactivité de l'air sur l'ensemble de la Région Centre. Mise en place et gestion d'une première balise dans chaque département et d'une Centrale commune de gestion. L'ACIRAD s'adresse pour la réalisation de ce projet aux six conseils généraux et au conseil Régional. 2) Information et Formation:
Orléans, le 23.10.89
Monsieur le Rédacteur en chef,
Veuillez trouvez ci-joint un communiqué que nous aimerions voir publier dans le prochain numéro de votre revue. L'ACIRAD (Association pour le Contrôle et l'Information sur la Radioactivité) a été créée le 5 mai 1988 à Orléans. En aval de Belleville et Dampierre, sous les vents dominants de St Laurent, la région Centre est particulièrement exposée aux risques en cas d'accident dans l'une ou l'autre de ces centrales. C'est pourquoi l'ACIRAD propose de mettre en œuvre un système indépendant de contrôle de la radioactivité. Il s'agit de prélever et d'analyser régulièrement des échantillons d'eau, de sol, d'air ou de produits alimentaires et de mettre à la disposition du public les informations recueillies. L'ACIRAD a déjà signé un contrat avec la municipalité d'Orléans afin d'effectuer un point de référence de la radioactivité sur cette commune. Avant la réalisation prochaine d'importants travaux dans les centrales de Saint Laurent et de Belleville, nous souhaitons réaliser un point de référence pour connaître le niveau de radioactivité dans l'environnement de ces centrales et pouvoir ensuite par comparaison mesurer l'impact d'éventuels rejets. Pour réaliser ce projet, nous lançons une souscription, chaque analyse revient à 200 F. Ces prélèvements faits par des scientiques de notre association, seront analysés par la CRIIRAD Montélimar à laquelle nous sommes affiliés. La CRIIRAD (Commission pour la Recherche et l'Information Indépendantes sur la Radioactivité), laboratoire indépendant, a révélé en 1986, contrairement aux informations officielles, les retombées du nuage radioactif de Tchernobyl. En espérant que vous puissiez intégrer notre communiqué lors de la prochaine parution de votre publication, veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, l'expression de nos sincères salutations. Le Président de l'ACIRAD Centre
COMMUNIQUÉ Afin de lancer une souscription pour réaliser ce projet, l'ACIRAD organise un forum sur le thème «Centrales nucléaires: risques et rejets radioactifs en orléanais». De nombreux intervenants participeront à ce débat: M. Rivasi et le Dr Stoesser de la CRIIRAD, H. Octor du Comité Stop Nogent et A.-M. Pieux-Gilède du GSIEN. Vous ne pouvez vous déplacer, mais vous désirer nous aider, envoyez vos dons à l'ordre de l'ACIRAD Centre, CCP n° 269156 B La Source, en précisant «Opération radioacti-vérité». ACIRAD Centre, 3 rue Maurice
Berger, 45000 Orléans.
(suite)
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suite:
(COMITÉ EUROPÉEN CONTRE SUPERPHÉNIX) La centrale nucléaire Superphénix
de Creys-Malville est le seul surgénérateur prototype
de dimension industrielle construit dans le monde. Il est financé
et exploité par la France, l'Italie, la RFA, les Pays-Bas, la Belgique
et la Grande-Bretagne, regroupées dans la société
européenne NERSA.
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A la suite d'un problème mécanique
non encore identifié, un incendie a détruit, jeudi soir,
la partie classique de la première tranche de la centrale de Vandellos,
au Sud de Barcelone. Les exploitants ont été privés
pendant plusieurs heures du système de refroidissement de ce réacteur
de la filiére uranium naturel graphite-gaz (UNGG). Les autorités
espagnoles précisent cependant qu'aucun employé n'a été
blessé dans l'incendie et qu'il n'y a pas eu de rejet radioactif
dans l'environnement.
Alors que le cœur du réacteur a maintenant
pu être refroidi. des voix s'élèvent du côté
des organisations écologistes pour réclamer la fermeture
de cette tranche mise en service en 1972. Le porte-parole du ministère
de l'industrie a déclaré qu'il était prématuré
d'évoquer l'hypothèse d'une fermeture de Vandellos-I. Le
responsable de la tranche a estimé de son côté qu'il
n'y avait aucune raison de fermer cette installation.
Deux des quatre turbosoufflantes qui permettent
le refroidissement du réacteur de 500 MW de Vandellos-I ont été
détruites par l'explosion. Les deux autres turbosoufflantes se sont
également trouvées indisponibles, noyées par le débordement
du poste d'eau et les quantités déversées par les
pompiers pour maîtriser l'incendie. La compagnie Hifrensa qui exploite
ce réacteur de technologie française a été
l'objet de vives critiques de la part du gouverneur civil de Tarragone.
Les autorités lui reprochent d'avoir été prévenues
plus de trente minutes après le début de l'incendie.