Importance des rejets radioactifs liquides La règle fondamentale résultant de l'arrêté du 10 août 1976, prise pour la protection de la santé publique, limite l'activité supplémentaire apportée par les rejets liquides aux valeurs suivantes: - 0,8 Bq/1 (20 pCi/l) pour l'ensemble des radioéléments autres que le tritium, le potassium 40 et le radium, - 80 Bq/1 pour le tritium. Dans ce cadre, les limites des rejets radioactifs liquides, telles qu'elles existent actuellement, soit pour une centrale de 2 x 1300 MWé 80 TBq/an (2160 Ci/an) pour le tritium et 1,1 TBq/an (30 Ci/an) pour les autres éléments, sont fixées pour assurer l'innocuité des rejets après leur dispersion dans l'eau du fleuve. Dans ces limites qui permettent de couvrir tous les cas rencontrés en exploitation de la centrale en conditions normales, l'exploitant prend toutes les dispositions pour que les activités rejetées soient aussi basses que possible. A titre d'exemple, pour l'année 1985, les statistiques font ressortir les valeurs moyennes suivantes, calculées sur les 30 tranches 900 MWé en exploitation industrielle:
Arrêtés
Moyenne 1985 Pourcentage
Accumulation des radioéléments hors
chaîne alimentaire
Nota: Les calculs sont effectués en considérant une situation où l'équipement libre s'est établi entre les apports et les sorties (entraînement par l'eau, absorption par les végétaux, décroissance naturelle,...). Cet équilibre est atteint au bout de quelques mois de fonctionnement régulier de la centrale. Vulnérabilité des cuves de stockage
des effluents radioactifs
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Il existe autour de ces réservoirs un système de détection et de rétention des fuites constitué par: - l'absence de calorifuge qui permet un contrôle visuel des fuites extérieures éventuelles des réservoirs, - l'installation des tuyauteries de liaison venant des BAN et des tuyauteries de brassage et de rejet dans des galeries visitables, permettant la détection et la collecte vers des puisards des fuites éventuelles, - un cuvelage étanche autour des réservoirs, avec muret de rétention permettant de collecter les fuites vers un puisard. Compte tenu des dispositions de sûreté décrites ci-dessus, cette capacité de rétention n'a pour objet que de retenir et collecter les fuites minimes qui pourraient se produire sur les vannes en exploitation ainsi que les eaux de pluie pouvant être contaminées par ces fuites. En cas de difficulté, il existe également la possibilité de transférer le contenu d'un réservoir T fuyard vers un réservoir de santé S, après toutefois accord de SCPRI. Volume et fréquence des rejets radioactifs
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Les
rejets d'acide borique d'une tranche REP de 1300 MWé (voir aussi
Gazette
N°98/99 - 1989)
1 - LE TERME SOURCE
1.1 - Les rejets d'acide borique
1.1.1 - Les productions exceptionnelles
1.1.2 - Les quantités rejetées L'efficacité du traitement par évaporation peut être estimée à 10: l'évaporateur retient les 9/10 de l'acide borique qu'il traite. Avec cette hypothèse, la concentration de l'effluent dans le réservoir «T» de rejet est d'environ 300 ppm. La quantité d'acide rejetée annuellement est de l'ordre de 6.300 kg par tranche, à laquelle il faut ajouter le rejet exceptionnel provenant du transfert visé ci-dessus: 315 kg (3150/10), soit un montant total de 6.615 kg/tranche. (suite)
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Si l'activité des effluents ou les indisponibilités de l'évaporateur font qu'aucun traitement n'est pratiqué, les rejets totaux d'acide seraient de 66 150 kg/tranche. L'expérience d'exploitation des tranches de 900 MWé montre que la réalité se situe à mi-chemin entre ces deux extrêmes. Les rejets d'acide borique d'une tranche de 1300 MWé s'élèvent donc à 34.000 kg/an. Les autorisations de rejets d'effluents radioactifs liquides étant accordées pour la vie de la centrale, les quantités demandées sont donc des enveloppes maximales. I1 a donc été fait l'hypothèse que, dans un même réservoir, on cumule sans traitement sur évaporateur les rejets normaux (teneur 3000 ppm) et la vidange d'un réservoir de stockage d'acide borique concentré à 42.000 ppm, ce qui conduit à une concentration de 7.200 ppm et à une quantité à rejeter arrondie à 5 000 kg. I1 faut toutefois noter que, dans la pratique, la quantité d'acide la plus fréquemment rejetée dans le milieu récepteur est de l'ordre de 200 kg pour une vidange d'un réservoir «T». Elle correspond au cas où l'effluent est rejeté après retraitement (soit plus de 80% des rejets). Si la prédilution de 500 imposée par le SCPRI aux rejets des réservoirs «T» n'est pas un facteur limitant du temps de vidange, le flux maximal d'acide sur 24 h est donc de 5.000 kg, ce qui correspond à un flux de 2.000 kg en 2 h, le débit maximal de vidange étant égal à 150 m3/h. 1.2 - Les concentrations maximales ajoutées
au milieu récepteur
2 - L'IMPACT DES REJETS D'ACIDE BORIQUE
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2.2 - Sur l'agriculture
2.2.1- Le bore en agriculture - Besoins et toxicité Le bore est présent à l'état naturel dans l'eau et la solution du soi sous la forme neutre H3BO3. Ce n'est qu'au- dessus de pH 9,2 que la forme H3BO3 domine. H3BO3 est retenu par les argiles et les polyhydroxydes de fer et d'aluminium. En revanche, il migre rapidement dans les sols sableux de faible pH. Le bore est un élément indispensable à la croissance des plantes. Dans les sols sableux ou limoneux des climats tempérés, on observe des déficiences en bore que l'on corrige en apportant les engrais à raison de: - 1,2 à 3,2 kg/ha pour les plantes ayant des besoins élevés en bore (légumineuses, betteraves) - 0,6 à 2 kg/ha pour les autres cultures. Dans les vergers, on a recours à des traitements foliaires à raison de 0,2 kg/ha en vaporisant des solutions de bore contenant 550 mg/1. Les quantités de bore présentes naturellement dans les sols (7 à 80 ppm) ne provoquent aucun phénomène de toxicité. On ne rencontre de toxicité que si les engrais boratés sont appliqués en quantité trop importante ou si l'eau d'irrigation est trop riche en bore. Les phénomènes de toxicité sont corrigés par le chaulage (apport de Ca). Pour les eaux d'irrigation, la tolérance des différentes cultures est présentée dans le tableau ci-joint. Toutes les cultures supportant des concentrations inférieures à 0,3 mg/1. Les cultures céréalières sont sensibles à des concentrations de l'ordre de 2 mg/1; la betterave, plus résistante, n'est sensible qu'à des concentrations dépassant 4 mg/1. Ces ordres de grandeur correspondant à des concentration moyennes dans l'eau sur toute la période d'irrigation. Lorsqu'il s'agit d'apport discontinu, les tolérances des cultures sont beaucoup plus élevées. Ainsi, sur le mais, en application unique, il faut apporter 1,12 kg/ha sur les plantules pour constater une diminution de rendement. Si l'on considère que cet apport est effectué lors d'une irrigation de 30 mm (durée 4 à 5 h environ), cela correspond à une concentration moyenne dans l'eau d'irrigation de 3,7 mg/1. Pour le petit pois, il faut 5 kg/ha en apport unique pour constater une diminution de rendement (soit 16,7 mg/1 dans 30 mm d'eau d'irrigation). 2.2.2 - Impact des rejets en bore d'une centrale
nucléaire
(suite)
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suite:
Tolérance des cultures au bore apportée par l'eau d'irrigation CULTURES SENSIBLES
Pamplemousse des plus sensibles
CULTURE SEMI-TOLÉRANTE
Patate douce des
plus sensibles
CULTURES TOLÉRANTES
Carotte
des plus sensibles
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2.3 - Sur la vie aquatique
Le bore ne présente des effets toxiques sur la vie aquatique qu'à de fortes concentrations. Ces valeurs sont à rapprocher des concentration maximales rejetées sur 2 heures: 13,9 mg/1 en acide borique ou 2,3 mg/1 en bore. Ainsi SHEETS (1957) et HERMANN (1959) rapportent que la perturbation de la microfaune impliquée dans les mécanismes d'autoépuration de la matière organique n'apparaît qu'à partir de concentration en acide borique de l'ordre de 500 mg/1. Les doses létales pour le poissons sont encore plus élevées. Dans le tableau ci-dessus, il apparaît qu'il faut maintenir un poisson au moins pendant 18 heures dans une eau contenant environ 6 g/1 d'acide borique pour constater la mortalité de 50% des individus testés. Commentaire GSIEN
En conclusion:
Dans tous les cas une réduction importante des rejets semble la solution la plus simple. Remarque sur le §1.2
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suite:
Les rejets de phosphates Les réservoirs «T» Les phosphates peuvent avoir trois origines: 1 - L'acide phosphorique utilisé pour la décontamination de matériels ou le nettoyage des circuits, lorsque ceux- ci sont nécessaires. 2 - La vidange d'une file du circuit de refroidissement des circuits auxiliaires de la chaudière nucléaire (100 m3 conditionnés 500 g/m3), ce qui a lieu au plus une fois par an et par site. 3 - Les fuites du circuit de refroidissement des auxiliaires de la chaudière nucléaire, collectées dans des puisards. La concentration maximale, cas 1 et 2, est de l'ordre de 150 g/m3. Elle est atteinte une fois par an et conduit à un rejet de 110 kg en 24 h. (45 kg en 2h), soit la quantité contenue dans un réservoir T. La concentration la plus probable, cas 1 est de l'ordre de 50 g/m3 avec une quantité rejetée d'environ 40 kg en 24 h. Compte tenu de l'expérience acquise, cette valeur est largement estimée. Les réservoirs «Ex»
Les quantités annuelles rejetées
Commentaires sur les rejets de phosphates
Les conséquences des rejets de phosphates sur le milieu récepteur
p.21
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Conclusions
Les rejets annuels des phosphates pour les deux tranches de la centrale de Nogent peuvent être estimés à 2.400 kg. Les flux maximaux rejetés sur 2 h et 24 h sont respectivement de 95 kg et 185 kg. Ils correspondent à la vidange simultanée d'un réservoir T et d'un réservoir Ex. I1 apparaît donc que les rejets de phosphates n'ont pas d'influence significative sur la qualité des eaux. En outre, EDF exploite actuellement 42 tranches nucléaires à eau sous pression dont tous les rejets, notamment ceux de phosphates, sont similaires du fait de la standardisation des installations. Or, les programmes de surveillance mis en œuvre sur chaque site n'ont pas détecté de modification du milieu récepteur, en particulier pour les centrales en bord de Loire, fleuve sujet à des risques d'eutrophisation. On peut donc conclure à l'absence d'impact des rejets de phosphates. Rejets d'ammoniaque (extraits)
Les rejets annuels
Concentration ajoutée au milieu récepteur
et impact
Conclusions
(suite)
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Les rejets d'E.D.T.A L'origine des rejets L'E.D.T.A (éthylène diamine-tétracétique) est un produit utilisé pour la décontamination de matériels. Son usage est relativement limité puisque la quantité annuelle consommée par an et par tranche est de l'ordre de 25 kg en moyenne. Néanmoins, le flux maximal rejeté sur 2 h est estimé à 15 kg. Si l'on fait l'hypothèse que le débit du fleuve est de 20 m3/s, le pic de concentration que l'on obtiendrait avec les rejets maximaux serait de l'ordre de 0,1 mg/1. L'impact des rejets
Conclusions
Commentaire GSIEN
Débit de la Seine
Les rejets d'hydrazine et de morpholine
p.22
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Les rejets vers les réservoirs
«T»
En fonctionnement normal, les purges des générateurs de vapeur sont recyclées au condenseur après avoir subi un traitement d'épuration. Toutefois, après les arrêts de tranche, ces purges sont dirigées pendant quelques heures vers les réservoirs «T» pour éviter la saturation des systèmes de traitement. Quelque fois par an, les réservoirs «T» contiennent donc de l'hydrazine et de la morpholine. Dès qu'un réservoir est rempli, il est isolé et son contenu brassé pour obtenir une homogénéisation. Pendant cette opération, l'eau est aérée, ce qui dégrade l'hydrazine dont les rejets sont négligeables. Le rejet maximal de morpholine correspond au remplissage complet d'un réservoir par les purges des générateurs de vapeur: 4,5 kg. Les rejets vers les réservoirs «Ex»
L'hydrazine
La morpholine
Les concentrations maximales ajoutées pour un débit de 20 m3/s L'hydrazine
La morpholine
Les quantités annuelles rejetées
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suite:
Impact des rejets d'hydrazine L'hydrazine ne figure pas dans la liste des paramètres dont les teneurs sont normalisées par les différentes normes françaises ou européennes (eau de boisson, eau de baignade, vie piscicole.. .). L'oxydation rapide de l'hydrazine se fait suivant la réaction: N2 H4 H2O + O2 = 3H2O + N2 (hydrate d'hydrazine) (Sous certaines conditions, excès d'hydrazine, il peut se former des traces d'ammoniaque). L'action toxique de l'hydrazine se situe à ces deux niveaux: - I'abaissement des teneurs en oxygène de l'eau, qui peut conduire à la mort des espèces les plus dépendantes de ce facteur pour leur survie, - compétition dans les phénomènes de nitrification et inhibition de ces réactions par action sur les populations bactériennes responsables. Toxicité vis-à-vis des micro-organismes
aquatiques
Toxicité vis-à-vis des poissons
Impact des rejets de morpholine
Conclusions
p.23
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Commentaire GSIEN sur les rejets
d'hydrazine et de morpholine
Hydrazine Dans la mesure où il est recommandé de réduire si c'est possible les rejets chimiques, les rejets d'hydrazine devraient être nuls puisque ce corps peut être détruit par addition d'eau oxygénée. Pour l'hydrazine il est indiqué: - flux maximal sur 24 h: 15 kg - flux maximal sur 2 h: 10 kg Pour un débit de la Seine de 20m3/s et après dilution totale on obtient les concentrations de 0,008 mg/l sur 24 h et 0,07 mg/l sur 2 h. Pour deux tranches on a bien sûr le double. I -I1 ne s'agit pas des limites imposées par la réglementation mais des conditions évaluées par l'exploitant. 2 - De toute évidence entre le point de rejet et l'endroit où la dilution sera totale, la concentration est beaucoup plus élevée. Dans la cave la concentration est 200g/m3 (200 mg/l). En supposant une réduction d'un facteur 10 par oxydation pendant le stockage on arrive au point de rejet à une concentration de 20 mg/l soit 40 fois la valeur totale indiquée pour certains poissons. On peut donc s'attendre à des problèmes sur la faune aquatique. |
EDF cite les autres centrales
mais ne donne aucun rapport. L'expression employée «modifications
significatives» ne permet pas d'affirmer «l'innocuité
des rejets» puisqu'il n'y a aucun élément permettant
de comprendre ce que l'on compare.
Morpholine
Conclusion
p.24
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