La dernière brochure* découverte
sur le sujet (SGSN n°417) me remplit d'une admiration sans borne pour
son ou ses rédacteurs. Reprendre sans frémir toujours les
mêmes clichés est le signe d'une constance certaine. Force
d'ailleurs est de constater que le ou les auteurs ont après tout
raison puisque leur message simpliste (simplet) est accepté tel
quel. Alors pourquoi changer de refrain? Méfiez-vous bonnes gens,
les générations passent et celles qui viennent sont moins
faciles à convaincre!
Tout y est: de la découverte de la radioactivité (1896) à la crise mondiale de l'énergie de 1973 en passant par la radium et le neutron (le tout en 10 lignes). Et, comme je pense très sincèrement que ces images d'Epinal sont devenues malheureusement l'Histoire de France, pourquoi faire mieux! Consternant!! Sur le même registre, on continue à enfoncer les clous: la France possède peu de charbon, peu de gaz mais des gisements d'uranium «significatifs». D'où nucléaire tu es notre sauveur et le surgénérateur l'ultime panacée, d'autant plus que la France a tout développé de la mine au stockage des déchets en passant par l'enrichissement et le retraitement. Qu'il y ait eu des commissions explicitant les lacunes techniques de cette approche. Qu'il y ait eu des rapports demandant une autre politique énergétique, qu'importe, ce ne sont que des amusements. Lé slogan «cause toujours» n'a pas fini d'être le bon. La présentation du programme de construction de réacteurs a dû être inspirée directement par EDF et les constructeurs, du moins est-ce ce qu'on pense à la lecture d'un tel pavé! Vive la standardisation et surtout construisons des réacteurs, toujours plus. Quant à l'assurance qualité, un peu de modestie, sinon les générateurs de vapeur, les pressuriseurs, les filtres vont avoir envie de se venger! Evidemment, on peut toujours se vanter du centralisme de l'administration française mais on pourrait éviter d'en faire autant avec EDF, Framatome et Alsthom parce que ce n'est pas vraiment sûr que cela aide le programme mais ça favorise sûrement les cachotteries. A propos du cycle du combustible, on doit reconnaître que le texte anticipe bien puisque, écrit en février 1990, on y parle déjà de Melox dont le décret a été signé en mai 1990. Le ou les rédacteurs ont une boule de cristal! Quant aux partenaires du nucléaire, le seul absent est bien sûr le client. Qu'a-t-il à dire n'est-ce pas? Il doit acheter et se taire. Tout ce qui précède, allez-vous me dire, est hors sujet puisqu'on est censé parler contrôle et organisme de contrôle. Mais je suis volontairement hors sujet parce qu'il faut bien planter le décor sinon personne ne peut comprendre le scepticisme des non officiels face au sublime montage dont la brochure officielle que je commente est un exemple, brochure elle-même hors sujet mais officiellement, ce qui lui donne tous les droits. Par contre, moi je dois me cantonner dans le genre «gentil scientifique» sinon je suis de «mauvaise foi». Eh bien non. On nous octroie certes la parole, mais à quoi sert la parole puisque, de toute façon, quand nous pouvons enfin parler, toutes les décisions sont déjà prises. (suite)
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Je n'en voudrais pour dernier exemple que le «Livre Blanc» que nous annonce le Ministre de l'Industrie, j'aimerais savoir quel domaine n'est pas déjà bouclé: contrat de vente de KWh, de retraitement, production de combustible au plutonium, contrat pour le EFR, etc. Reprenons le cours de la brochure et entrons
dans le vif du sujet: «la sécurité nucléaire
en France».
Sûreté des installations
Radioprotection
Information
p.25
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Les acteurs gouvernementaux
- Il y a le Comité Interministériel de la Sécurité Nucléaire (CSIN) et son Secrétariat Général (SGCSIN), «gardien de l'esprit des lois en matière de sécurité nucléaire», tout un programme mais Tchernobyl l'a montré incapable de la moindre initiative. Comme on ne peut que progresser à partir du niveau où l'accident Russe nous a permis de le placer, attendons le prochain accident pour juger. Cependant, compte tenu de ce qui se passe actuellement, le pire est à craindre. - Il y a le ministre de l'Industrie en la personne du Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (SCSIN), service qui s'appuie sur l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire, service du CEA mais qui a maintenant une structure un peu plus large à sa tête. En plus il y a une nouvelle structure dont je vois mal le rôle civil: le Service de Protection et de Contrôle des Matières Nucléaires (SPCMN). - Il y a le ministère de la Santé par le SCPRI (bref, ce passage, y aurait-il quelques problèmes?). - Il y a le ministère de l'Intérieur: Sécurité Civile en information préventive. - Il y a l'environnement qui contresigne toutes les décisions et qui peut s'appuyer sur le SCSIN. - Il y a le ministère du Travail, celui de l'Equipement, celui de l'Agriculture, celui des Finances, celui des Affaires Etrangères... ouf! Et alors me direz-vous, tout va bien le nucléaire est la préoccupation de tous. Justement trop de monde nuit pour être efficace. Car qui décide réellement, qui a le pouvoir? Si on examine chaque cas litigieux, on s'aperçoit que le CEA, en particulier et EDF, dans les autres cas ont un peu trop tendance à définir eux-mêmes les règles et à ne jamais les respecter eux-mêmes. Cette façon de procéder a pu être acceptée pendant des années, mais n'est plus de mise en 1990, avec 60 réacteurs et autres gadgets à surveiller - sources, appareils radio, etc.-. Les acteurs territoriaux
Les organismes consultatifs
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L'Information - Les Commissions Locales d'Information (CLI) - Les enquêtes publiques. La documentation. - Les initiatives locales. Conclusion Je trouve navrant de rassembler cette série
d'informations dans un document, destinée à qui au fait?
Aux ministères, au public? Ce type de brochure représente
ce qu'on voudrait (peut-être) mais sûrement pas ce qui se passe.
Qui plus est, il ne traite pas du sujet que le titre permettrait d'attendre:
la sécurité. En fait, il traite de la sûreté,
ce qui n'est pas le même sujet. La sécurité
c'est ce que l'on doit faire pour minimiser les conséquences, la
sûreté c'est ce que l'on doit faire pour éviter l'accident.
Les deux approches sont nécessaires et complémentaires. A
mélanger les genres, on ne clarifie pas.
p.26
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Les directives du Conseil de 1980 et 1984
En 1980, en ce qui concerne la radioprotection des travailleurs et de la population vis-à-vis des activités de l'industrie nucléaire, le Conseil des Communautés Européennes a publié le 15 juillet 1980 une Directive modifiant les normes antérieurement admises. En 1984, le Conseil publiait le 3 septembre une nouvelle Directive modifiant certains points de la Directive de 1980. Dans le préambule, le Conseil justifiait les modifications apportées aux normes en se référant aux Recommandations de la CIPR: «considérant que le Comité économique et social, dans son avis du 7 juillet 1983, a estimé nécessaire de modifier aux articles 9 et 12 la directive 80/836/Euratom les limites annuelles de dose fixées pour les cristallins, afin de tenir compte des dernières recommandations de la Commission internationale de protection radiologique...» Cette référence explicite aux recommandations de la CIPR montre bien que le Conseil accepte pleinement les recommandations de cette instance internationale et accepte de modifier les directives données aux états membres de la Communauté suivant l'évolution des recommandations de la CIPR. L'évolution des normes de la CIPR pour la protection
du public
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Ainsi, entre 1977 et 1985, la limite annuelle d'équivalent de dose admissible pour le public est passée de 5 millisievert (0,5 rem) à 1 millisievert (0,1 rem). En 1977 dans sa publication 26, la Commission reconnaissait que la limite annuelle admissible devrait en toute rigueur être fixée à 1 mSv (0,1 rem) (article 119). Cependant, elle fixait cette limite à 5 mSv (0,5 rem) en déclarant (article 120) que l'on pouvait s'attendre à un facteur de réduction supérieur à 10 si les expositions aux radiations sont peu nombreuses et n'entraînent qu'une exposition faible à l'extérieur des groupes critiques. Ces hypothèses s'avérèrent de moins en moins évidentes au cours du temps et en 1983, dans sa Déclaration de Washington la Commission tout en maintenant la limite admissible à 5 mSv (0,5 rem) indiquait «que pour des expositions répétées sur de longues périodes il serait prudent de réduire cet équivalent de dose effectif engagé à 1 mSv pour chaque année d'exposition sur la durée de la vie». Ceci correspond, sans être explicité, aux situations accidentelles avec rejets de produits radioactifs sur de larges territoires. Cette limite de 1 mSv (0,1 rem) n'était cependant pas présentée d'une façon très contraignante. En 1984, dans sa publication 42, la CIPR reprend d'une façon un peu plus précise sa formulat ion de 1983 mais ne recommande pas encore d'une façon explicite et contraignante la limite annuelle admissible de 1 mSv (0,1 rem). En 1985, dans sa Déclaration de Paris, la Commission explicite clairement sa nouvelle limite d'équivalent de dose: «Le point de vue de la Commission est désormais que la limite principale est de 1 mSv par an». Elle définit une «limite subsidiaire» de 5 mSv par an pendant quelques années à condition qu'on ne dépasse pas en moyenne sur la vie la limite principale annuelle de 1 mSv. En 1987, dans sa Déclaration de Côme, la Commission confirmait la modification introduite en 1985. Il faut signaler aussi qu'elle modifiait sensiblement son concept d'acceptabilité. Elle mentionnait que les limites annuelles d'équivalent de dose «doivent indiquer, pour les niveaux de risque, les bornes qu'il faut considérer comme inacceptables». Ainsi la limite de 1 mSv (0,1 rem) acquiert un caractère très contraignant. Il est évident, à la lecture des textes publiés par la CIPR, que depuis 1985 cette Commission considère que la limite d'équivalent de dose pour le public est de 1 mSv par an. p.27
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Les directives du Conseil pour la protection
de la population
Le Conseil précise dans sa directive
du 15 juillet 1980 dans l'article 12: «Dans le cas d'exposition
globale de l'organisme, la limite de dose est fixée à 5 mSv
(0,5 rem) par an».
En résumé
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Les risques liés à l'irradiation des fœtus in utero ne sont pas pris en compte. Ces risques cependant existent et la CIPR dans sa publication 49 de juillet 1986 en fait une analyse détaillée. Dans sa déclaration de Côme en 1987 (voir annexe), la CIPR attire l'attention sur le risque de retard mental grave pour les enfants ayant été irradiés in utero. Ce rique est particulièrement important pour les fœtus âgés de 8 à 15 semaines. Cet effet est sans seuil: «La CIPR a publié un document important estimant une dose seuil zéro de causalité de ces effets durant les 8 à 15 premières semaines». Rappelons le concept de retard mental grave défini par la CIPR : «il implique un individu qui ne peut pas formuler de phrases simples, ne peut effectuer des calculs arithmétiques simples, ne peut prendre soin de lui-même, est placé dans une institution» (CIPR 49, page 37). La Déclaration de Côme (1987) de la CIPR ne prend malheureusement pas en compte ce risque qu'elle vient de reconnaître et qui manifestement fait partie des détriments importants que le rayonnement peut causer. La CIPR et le Conseil ont prévu une procédure spéciale pour la radioprotection des femmes enceintes quand elles font partie des travailleurs exposés au rayonnement. Rien n'est envisagé pour une protection spécifique lorsque les femmes enceintes sont simplement membres du public. Il serait néanmoins du devoir du Conseil des Communautés d'examiner rapidement ce problème et de présenter des directives pour la protection des fœtus en cas d'accident nucléaire avec rejets de produits radioactifs dans l'environnement, que ce soit dans les territoires proches de l'accident lorsqu'il faut évacuer ou confiner les populations ou loin de l'accident sur des territoires contaminés. Roger BELBÉOCH
Ce texte a été commenté devant
l'ensemble des parlementaires verts européens le 7 juin 1990 dans
l'espoir de les voir prendre une initiative pour la révision des
Directives du Conseil des Communautés Européennes.
GSIEN Il a également été diffusé aux participants du séminaire organisé par la Commission du Conseil des Communautés Européennes concernant la comparaison de l'impact sur l'environnement de trois accidents nucléaires majeurs, Kychtym, Windscale, Tchernobyl (Luxembourg 1-5 octobre 1990). p.28
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Les limites d'équivalent de dose pour le public dans la publication 26 de la CIPR (1977) (articles 118, 119, 120, 122) 1977: Publication 26 (arlicles 118, 119, 120, 122)
Annexe II Evolution des limites d'équivalent de dose pour le public dans les publications de la CIPR après 1977 1983: Déclaration de Washington
1984: Déclaration de Stockholm
1984: Publication 42
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1985: Déclaration de Paris A la suite de sa réunion de Paris, la Commission déclare: «Limites de dose pour les membres du public». Le point de vue de la Commission est désormais que la limite principale est de 1 mSv (100 mrem) par an. Cependant, il est admissible d'utiliser une limite subsidiaire de dose de 5 mSv (500 mrem) par an pendant quelques années à condition que l'équivalent de dose efficace annuel moyenné sur une vie ne dépasse pas la limite principale de 1 mSv par an... Les limites d'équivalents de dose efficace s'appliquent à la somme de l'équivalent de dose efficace résultant de l'irradiation externe pendant 1 an et à l'équivalent de dose efficace engagée résultant de l'incorporation de radionucléides durant cette année. 1987: Déclaration de Côme
Annexe III Le risque de retard mental grave d'après la CIPR (extrait de la Déclaration de Côme. 1987) Le risque de retard mental
Les cimetières de l'atome
p.29
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Réponse à l'article
paru dans
Le journal international
de médecine
N°149, semaine du 28 février
au 6 mars 1990
Il est tout à fait inexact
de dire que la Commission de la Hague détient des informations relatives
à l'Enquête de morbidité par cancers réalisée
en 1984 et 1985 dans le département de la Manche. Cette Commission
n'a jamais été le dépositaire et encore moins le propriétaire
des données.
L'organisme officiellement déclaré comme responsable de leur exploitation est le Comité Technique Régional de Cancérologie (Président Dr. Robillard). Seul le CTRC est habilité à prendre la décision de reprendre éventuellement ces données pour une exploitation partielle par cantons. Bien que cela ne fasse pas partie de sa mission principale, la Commission d'Information de la Hague (ci-joint son règlement intérieur et sa composition) a pris la décision de consacrer une partie de son temps à la promotion d'un Registre des cancers dans la Manche, et ceci de façon ininterrompue depuis 1983. C'est la Commission qui est à l'origine de la réalisation de cette enquête, dont les résultats, publiés en 1986, ont été largement diffusés. Quelques exemplaires du rapport sont encore disponibles. Les principaux résultats montrent une surincidence des cancers de 1'œsophage dans certains cantons au Sud du département et, chez l'homme, une surincidence des cancers, toutes localisations confondues, dans l'arrondissement de Cherbourg. Cette zone fortement industrialisée présente, en particulier, un excès de cancers bronchiques masculins de 45% par rapport à la moyenne départementale (standardisation indirecte sur l'âge). Les difficultés d'une nouvelle exploitation partielle des données sont les suivantes: - Cette enquête est terminée depuis fin 1985 et, par conséquent, aucune structure n'est chargée du suivi et de la mise à jour des données. Il faut savoir qu'une enquête permanente est à même de découvrir des cas incidents se rapportant à une année déjà explorée (en 1986 ou 1987, on aurait pu encore retrouver des cas de 1979, 1980 et 1981 ayant échappé à l'enregistrement de 1984-85). - Après concertation avec le Dr. Tuyns du Centre International de Recherche sur le Cancer, et le Dr. Robillard, directeur du Registre des Cancers du Calvados, l'équipe chargée de l'enquête n'avait pas jugé pertinent de présenter les résultats pour des unités géographiques de taille inférieure à l'arrondissement; ceci en raison des trop faibles effectifs attendus en 3 ans pour une analyse significative par cantons. (suite)
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- On sait que l'exhaustivité et la fiabilité du recueil ne sont pas optimales lors de la période de démarrage de ce type de travail et qu'elles s'améliorent avec le temps (grâce à l'expérience acquise et à la sensibilisation accrue du corps médical). - A ces considérations s'ajoute la notion de la plus ou moins grande fréquence de la maladie. Si l'on peut tenter une approche géographique fine pour les cancers dont l'incidence est élevée, cela est d'autant plus hasardeux que le cancer est plus rare. En ce qui concerne les hémolymphopathies malignes (localisations 169 et 196 selon la Classification Internationale des Maladies), elles ne représentent que 5% de l'ensemble des cancers (basocellulaires de la peau et cancers in situ exclus) chez la femme, et 6% chez l'homme. Il existe donc des problèmes techniques rendant quelque peu illusoire l'utilisation de ces données dans le cadre précis de l'étude de l'incidence des leucémies autour du site de la Hague entre 1979 et 1981. A ce sujet, il faut rappeler qu'il n'est pas toujours judicieux d'exploiter des données pour un objectif non prévu au départ. L'objectif de cette enquête épidémiologique étant de faire le point sur l'ensemble des cancers dans la Manche, elle n'est pas forcément adaptée à l'étude des leucémies de l'enfant dans un secteur géographique restreint. C'est pour ces raisons que nous œuvrons pour la poursuite de ce travail sous la forme d'un Registre permanent des cancers ou de toute autre enquête ad hoc. Dr. A. Collignon, Mr B. Cauvin, Dr. J. Robillard
Commentaire: Le Docteur Collignon a souhaité la publication
de celle mise au point qui permet de comprendre les difficultés
des enquêtes épidémiologiques et qui précise
que la Commission de la Hague ne retient pas l'information. En effet, celle
enquête a été payée en partie par la Commission
et suivie par elle mais le registre ne dépendra pas de la Commission,
et les données actuelles n'en dépendent pas davantage.
p.30
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le nouveau Président du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l'Information nucléaires Dans Le Monde du 15 novembre 1989, M.
le Professeur Tubiana (et aussi membre du Comité médical
de l'EDF) découvre et dénonce les groupes de pression qui
faussent les institutions démocratiques:
(suite)
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L'évocation de l'efficacité des méthodes d'information nazies avait de quoi inquiéter. Mais qui était ce ministre Giraudoux? Le Canard Enchaîné du 9 août 1989 fait quelques rappels historiques. Monsieur Jean Giraudoux, en 1939, était Ministre de l'Information et à ce titre grand maître de la censure. Le Canard a particulièrement souffert de ses ciseaux. Le ministre Giraudoux y gagna ce titre: «Chef Suprême de la censure: M. Jean Ciseaudoux». Ainsi Monsieur Tubiana en ce qui concerne l'information sur l'énergie nucléaire, ne laisse le choix qu'entre le mensonge à la nazie ou la censure. Pour lui, la première option semble plus efficace que la seconde, sans que dans son texte de 1977 il explicite clairement le choix qu'il fait entre les deux techniques d'information! Le Pr M. Tubiana fait évidemment partie de l'Organisation Mondiale de la Santé, aussi nous joignons des extraits d'un rapport de l'OMS de 1958 consacré aux «questions de santé mentale posées par l'utilisation de l'énergie atomique à des fins pacifiques» (voir page 32). Parmi le groupe d'études ayant rédigé ces perles, on trouve M. Tubiana. Ainsi, celui que le gouvernement vient de nommer le 30 octobre 1990 Président du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l'Information nucléaires, après avoir déclaré son admiration pour l'efficacité de la propagande nazie pour «informer» la population, a de tout temps considéré l'énergie nucléaire comme absolument sans danger en dehors des problèmes de santé mentale. Enfin, signalons que l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AlEA), organisme de promotion de l'énergie nucléaire dans le monde, a reconnu la qualité de ses sercices en l'utilisant comme consultant depuis 1960. Nommer ce promoteur inconditionnel de l'énergie nucléaire est une véritable provocation. Le pouvoir politique entend certainement tester par cette nomination la capacité critique des Français, des représentants politiques, des média. Ceci est important pour savoir comment il sera possible de manipuler l'opinion en cas de crise nucléaire. p.31a
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ou le matamore du rayonnement Au cours de la réunion du 22 juin 1988
du Comité Central d'Hygiène et de Sécurité
du CEA, le docteur Lafuma, chef du Département d'action sanitaire
de l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire
a déclaré: «Je suis prêt à prendre
200 rems pour sauver quelqu'un car je sais que l'on pourra me sauver, il
n 'y a pas de risque». Puis il a ajouté: «On
n'a pas là une dose importante».
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Il est vrai que pour un responsable du CEA qui s'attend peut-être
à des accidents graves dans les centrales françaises, il
pourrait être tentant de cultiver de la viande à rem,
inconscient des dangers! Si lui, un haut responsable, déclare qu'il
serait (conditionnel) éventuellement prêt à recevoir
les 200 rems, les travailleurs n'ont aucune (ce n'est pas un conditionnel)
raison de refuser de se faire irradier.
Le facteur de risque pour la radioinduction d'un cancer mortel, d'après les publications récentes de la fondation RERF d'Hiroshima qui a la charge du suivi des survivants des bombardements atomiques de 1945, est égal à 17,5.10-4 par rem. Comme dans son cas il s'agirait d'une irradiation aiguë en une seule prise, il n'y a pas lieu d'appliquer les facteurs de réduction que le CIPR adopte dans les cas d'irradiation chronique à faible débit de dose. Pour les 200 rems que le Dr Lafuma considère comme parfaitement acceptable, le risque de cancer mortel radioinduit serait de 35%. La probabilité qu'il aurait de mourir d'un cancer serait doublée. En réalité, si on tient compte du fait qu'il n'est plus très jeune, le risque cancérigène réel est encore bien plus élevé. p.31b
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