La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°107/108, avril 1991
DES DECHETS, ENCORE DES DECHETS

numérisée par Alain Vérignon

EDITORIAL / SOMMAIRE


     Le déchet reste une actualité brûlante, on le rencontre partout.
C'est pourquoi cette Gazette va vous offrir un festival. Nous allons reprendre aussi bien les "déposantes" que ce qui se passe à la Hague. Nous n'aurons pas bouclé le dossier mais pour une prochaine fois nous vous re-servirons les mines et surtout un point sur Tchernobyl.
     La lecture de tous les différents rapports, notes, est assez édifiante. On part on général dans des envolées lyriques sur les classes de déchets A, B, C. Puis on annonce les quantités qui vont être produites pour les années à venir, puis les moyens pour les juguler: les A dans le site de Soulaines (remplaçant le Site Manche qui est plein), les B entreposés, on ne sait pas très bien où (sites de mines, la Hague, Cadarache...), les C vitrifiés, entreposés à la Hague et Marcoule.
     Bien et alors arrive la question: on fait du nucléaire depuis 1950, qu'a-t-on fait des déchets jusqu'à ce jour puisque les règles qu'on vous assène ne datent que de 1985?
     Alors là on rentre dans un cycle transparence-dissimulation parfaitement rodé et on finit par ne plus savoir du tout de quoi on parle. Car ne vous leurrez pas, les déposantes existent et pour savoir ce qu'elles contiennent, il y a gros à parier que cela restera inconnu.
     Il existe également la Hague (site Cogema de retraitement) et le site Manche (site Andra). Les deux contiennent tout et n'importe quoi mais sont on règle.
     La règle, c'est quoi exactement? De l'avis officiel, la seule règle manquante est celle qui permet de déclarer un déchet non radioactif. 
Pour tout dire, si on s'oriente sur la voie CEA et SCPRI qui
consiste à ne définir qu'un contenu massique, il y a gros à parier qu'en l'an 2000 on va avoir à traiter une série de déposantes du type Saint-Aubin et qu'on aura bien du mal à savoir ce qu'elles contiennent puisqu'on ne tient pas de comptabilité de déchets "non radioactifs".
     Il y a également une pierre d'achoppement: le devenir des déchets étrangers. En effet, la Hague retraite du combustible étranger (allemand, japonais, suisse...) et on est sensé renvoyer les déchets chez le propriétaire. Bien sûr, on ne renvoie pas le gaz, ni les rejets liquides. Il n'y a que les solides qui peuvent éventuellement repartir. Pour le moment, on renverra sûrement (peut-être) les verres. Quant aux autres, les fameux déchets B, moins radioactifs mais plus volumineux, c'est moins clair encore:
     1) on les garde faute d'un emballage adéquat et accepté par le pays propriétaire,
     2) on négocie une équivalence on déchets C (verres), cela fait moins de voyages, certes plus dangereux mais en terme de probabilité moins de voyage, plus de radioactivité égale plus de voyages, moins de radioactivité (dixit les matheux).
     Il y a aussi les mines: Que fait-on d'un site qui n'est plus exploité? Dans la prochaine Gazette, vous aurez un début de réponse avec un articfo de Info-Uranium.
     Il y a également tous les entreposages sur le site Hague, sur le sité Marcoule, sur le site Cadarache, sur tous les sites militaires. On aimerait plus de transparence sur les quantités, sur les formes physico-chimiques. Bien sûr, on a pondu des arrêtés, des règles mais comment les appliquer à titre rétroactif? Pas facile de récupérer des fûts crevés contenant des magmas infames de composition mal connue. Et que dire de la récupération de boues on vrac ou de terres épandues?
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     Actuellement, nous croulons sous les rapports, les protestations de bonne foi. A l'avenir, tout sera propre, nickel, les événements des premières années n'existeront plus. Bon, acceptons l'augure mais restons vigilants, gardons notre capacité de questionnement sinon la dérive sera rapide.
     Regardez les ventes d'armes. Pendant la guerre en Irak, on se disait prêt à "moraliser" ce juteux commerce, à (enfin) éviter de vendre sans avoir réfléchr aux conséquences.
     Le cessez le feu, à peine signé, qui se souvient d'avoir envisagé de ne plus vendre d'armes?
     Evidemment, ces ventes servent à remonter la balance commerciale. Alors que le prix soit lourd à payer pour les pays ou les armées, les vendeurs n'en ont rien à faire. Les vendeurs d'armes sont rois au royaume de l'imprévoyance. Et nos gouvernements ne font guère d'efforts pour contrôler ce type d'activité.
     Pire, nous donnons de fausses illusions à des peuples qui se font massacrer pour que règne le précaire équilibre qui nous convient. Que les peuples dits riches et civilisés rougissent d'avoir permis le massacre des Kurdes. Il est vrai que la politique mène à tout, même à se renier. Soyons vigilants tous et toutes sur
tous les fronts, ce n'est pas facile mais c'est le prix à payer.
     J'oubliais de vous le signaler: l'anniversaire de Tchernobyl arrive. Nous vous ferons une grosse Gazette sur le sujet car ce qui se passe là-bas est toujours aussi problématique. Il nous faut prendre la mesure de cotte contamination et être conscient que rien n'est comme les modèles. C'est pour cela qu'il nous faut intervenir encore et encore pour que notre avis soit pris en compte pour établir des niveaux d'acceptabilité ou plus exactement les niveaux à ne jamais atteindre.

     A très bientôt à tous. Bonne lecture.

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SOMMAIRE
EDITO
Les "déposantes": Ittevile; Saint-Aubin
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques: sites de stockage du CEA
Commission la Hague
Site de stockage de la Manche (quelques documents); on écrit au GSIEN
Reprise et conditionnement sur le site de la Hague (avis du SCSIN); Site "Hague", documents SCSIN

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