Nous habitons un monde où
le pouvoir étend constamment le champ de ses prérogatives,
lequel recouvre de moins en moins celui de ses compétences. En dehors
de l'exécution des «affaires courantes» - la gestion
au quotidien des effets pervers des politiques passées -, le temps
dont il dispose se raréfie. Source d'angoisse et d'autoritarisme.
Aussi, plus l'objet concerné par une décision est à
la fois nouveau et important, moins le dirigeant politique est à
même d'en étudier et apprécier les implications. C'est
finalement à l'aune de critères anciens, d'abord idéologiques,
qu'il va le plus souvent fonder son jugement en quelques minutes.
L'art du conseiller, ou autre expert, d'aucuns diraient du technocrate, est donc tout de travestissement: - présenter la chose sous l'habillage rassurant des catégories familières; - provoquer des stimuli agréables; - dicter les mots et les arguments qui, répétés à l'opinion avec le concours des publicistes, produiront des effets analogues; - et rabaisser à un niveau «technique» (donc inintéressant) ce qui, traduit en termes concrets, c'est-à-dire en termes d'enjeux sociaux et politiques, pourrait susciter questions et controverses. Un mythe se construit, nourri de réalisations techniques sublimées. Souvent le contestataire consent à s'ébattre sur le terrain des dirigeants: à l'entreprise qu'il refuse il oppose un pendant tout aussi technocratique, son contre-projet; rarement il dénonce le travestissement de la réalité dont procède l'histoire officielle du changement. Vaincu, il se donne ainsi un air complice dans le malentendu. Pour l'illusion de pouvoir devenir acteur? |
C'est à l'histoire de la reconquête
mythique de l'indépendance énergétique de la France
au cours des vingt demières années que nous allons consacrer
les quelques lignes qui suivent. Où l'on constatera, peut-être
avec surprise, la grossièreté étonnamment efficace
du subterfuge utilisé, simple artifice comptable, sorte de faux
en écriture décliné sur tous les modes, y compris
celui de la contre-expertise technocratique. Une contre-expertise, sous
influence, comme subjuguée par la propagande de la partie adverse!
L'exception française
p.5b
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Cette façon de faire voir
s'avéra particulièrement favorable aux ambitions de l'électricien
quand le prix du pétrole quadrupla à l'automne 1973.
D'un côté elle permettait de plus que doubler la place accordée à l'électricité dans les bilans par rapport au service réellement rendu. De l'autre elle suggérait que la substitution d'un uranium «national»[3] au pétrole «arabe» s'imposait à l'évidence comme le moyen providentiel pour à la fois renforcer la consommation d'énergie et restaurer l'indépendance nationa1e[4]. Voilà qui répondait admirablement aux obsessions des élites politiques, administratives et syndicales du pays. De concert avec des contestataires inclassables, quelques économistes tentèrent de rompre le charme, sans succès aucun, tant le désir d'espoir tétanisait alors toute capacité intellectuelle, jusques et y compris celle requise pour vérifier des règles de trois. Ainsi, seule une minorité[5] d'esprits avertis semblait avoir conservé la manie (antipatriote?) d'exiger des chiffres qu'ils mesurent la réalité physique et non qu'ils servent à maquiller un bilan. A lire les publications et rapports diffusés à l'occasion du vingtième anniversaire du programme d'EDF, cette minorité est en voie d'extinction. Que des revues aux prétentions critiques et à l'indépendance reconnues, telles Alternatives économiques ou Les cahiers de Global Chance, aient adopté la façon de présenter du ministère de l'industrie et d'EDF en dit long sur l'ampleur de la victoire des nucléocrates. Scruter le monde par le truchement de verres déformants ne procure, en l'occurrence, de maux de tête à personne, enfin presque... On en arrive à se demander si quelqu'un sait de quoi il parle, les bilans statistiques les plus extravagants agrémentent les rapports, sans susciter la moindre objection. Un comble. Ils servent en effet de base de travail et de référence aux premiers experts «contestataires» en activité, pour illustrer leurs contrepropositions. Déontologie et tactique
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Il est donc indispensable de considérer les quantités réellement consommées (comme sur les factures de gaz et d'électricité...) et produites pour démontrer en toute clarté qu'on aurait pu faire autrement, ne pas faire appel à l'électricité pour chauffer un logement ou une porcherie industrielle, pour prouver d'où vient la différence, ce qu'elle implique et autorise. Plus généralement il est impossible de mettre en concurence deux stratégies distinctes sans une représentation neutre, bête-ment objective, de leurs performances respectives. Rétablir la vérité des représentations constitue à toute première évidence la tâche préalable du contestataire. Démarche parfois difficile qui peut mettre en péril son précaire statut de contre-expert officiel, s'il a réussi à l'acquérir, au «profit» de celui de dissident beaucoup plus suspect et ingrat, surtout dans un pays réputé «démocratique en toutes choses». Imagine-ton un Sakharov argumentant doctement sur les rapports de juristes brejnéviens ou sur les diagnostics de psychiatres officiels de la plus vaste des démocraties populaires? Bref les poissons ne sont pas seuls à gober les hameçons. Pourquoi tep et pas keu?
Les fabuleuses prouesses du système énergétique
national: la part du rêve
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La performance est jolie. Mais
le spécialiste n'aura pas manqué de remarquer au détour
d'un tableau qu'une certaine proportion de l'électricité
a servi à enrichir de l'uranium pour le compte d'électriciens
étrangers et qu'une autre est exportée. Il établira
sans difficulté que l'ensemble représente une bonne douzaine
de ces fameuses Mtep électriques, tant et si bien que la quantité
d'énergie finale mise à disposition des usagers nationaux
et étrangers de notre système énergétique atteint,
exploit digne des héros Grecs, 197 Mtep. D'où un rendement
de conversion global corrigé[7], surhumain, surnaturel même,
de
89,6%!! Stop! se dit notre homme. Serait-il possible que nos brillants techniciens aient réussi à contourner le fameux principe de Carnot-Clausius? Qu'ils soient donc à deux doigts de réaliser le miracle du mouvement perpétuel, par exemple en couplant un turbo-alternateur sur une grosse résistance électrique plongée dans la chaudière qui l'alimente en vapeur, et que ça marche... presque? Non, bien sûr. L'expert qu'il est rapproche le seul chiffre de 61 Mtep, annoncé comme la consommation primaire des centrales nucléaires hexagonales, de celui de leur rendement, 30 %. Faisant fi de la tep électrique, il en déduit que la quantité d'énergie fmale produite par ce moyen doit être inférieure à 18,3 Mtep. Alors, sans même tenir compte des autres pertes - pertes en ligne, autoconsommation des centrales et de l'industrie du raffinage, pertes dans les centrales thermiques classiques etc. -, il conclut provisoirement que l'énergie finale distribuée ne saurait excéder 220 - 43 = 177 Mtep (d'où un rendement certainement inférieur à 80%). Ayant fait son deuil de vivre un rêve éveillé, cet énergéticien conscient va chercher son plaisir dans le rétablissement de la cohérence des bilans énergetiques français. Objectif modeste dont il attend de ramener à ses justes proportions l'image de réussite de la stratégie suivie depuis une génération. Enfin, il espère que ce travail débouchera sur une nette amélioration des performances promises par les scénarios Détente, le petit côté positif de sa contribution au débat. Une gageure: mettre un peu de cohérence dans
les bilans
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En revanche, s'il s'agit d'applications très indifférenciées, car de bas niveau énergétique, comme les usages thermiques, alors c'est l'énergie utile qu'il conviendrait de retenir dans les bilans. Afin de simplifier l'exposé de notre tentative de mise en perspective, qui ne prétend pas être un exercice comptable «au centime près», et parce que les corrections à apporter ne joueraient qu'au premier ordre (la plupart des applications thermiques ont un rendement supérieur à 85%, alors que celui de la chaîne électrique stagne autour de 30%), on exploitera les chiffres des énergies mises à disposition. Cette manière de faire ne convient pas pour l'énergie solaire directe: celle-ci contribue plutôt à réduire les besoins d'achat d'énergie grâce à une action d'investissement technologique à l'interface entre l'environnement et l'usager, au même titre que l'amélioration de l'isolation d'un logement. C'est pourquoi la rubrique «énergies renouvelables» ne concerne que l'hydraulique et la biomasse. Mises à part ce qui touche à l'électricité, ces règles de calcul sont celles utilisées dans les documents officiels. Il nous suffit donc de rectifier les bilans spécifiques au vecteur électrique et d'intégrer les corrections dans les autres bilans pour atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé. Les deux tableaux ci-après résument les résultats de l'opération[9]. Il s'y confirme très concrètement l'importance démesurée attribuée officiellement à l'électricité dans la consommation finale, 36,9% contre 18,5% en réalité (tableau 1, col. 4 et 6) et l'impact sur les statistiques du mode de calcul de l'énergie primaire absorbée par la production d'électricité (tableau 2. col. 7, 8 et 9). Les chiffres officiels des rubriques colonnes affectées par l'artifice comptable en vigueur sont inscrits en caractères normaux, tous les autres en caractères gras. Tableau 1:
(*) export = solde (export - import) d'électricité + service d'enrichissement exporté Tableau 2:
(*) thermique classique pétrole / charbois + cogénération (£) cette donnée est erronnée. Le nucléaire exporté semble décompté pour le calcul de la consommation primaire d'électricité, ce qui met la "tep nucléaire" à 5.144 kWh (on aurait dû trouver 69,7 Tep). ($) hydraulique, 57,1 TWh, + renouvenable 1,1 TWh. (±) calculé sur le total pétrole + charbon + gaz naturel: 136,8 Tep. p.7
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Les rendements réels du
système électrogène et de l'ensemble du dispositif
énergétique nationaux ne sortent pas indemnes de la confrontation
avec la réalité physique: réduction des deux tiers
pour le premier et d'un tiers pour le second (tableau 2, dernière
ligne).
On observe en particulier que, dans la réalité, l'électricité satisfait 18,5% des besoins énergétiques en engloutissant 43,3% de toute l'énergie primaire consommée, et non pas les respectivement 36,9% et 37,5% que suggère la statistique officielle. La perspective est tout autre... Enfin, notre manière de comptabiliser les énergies renouvelables peut prêter le flanc à quelques objections. Pourquoi, par exemple, compter pour zéro s'il y en avait de substanciels, les apports solaires directs et pas de même ceux, bien qu'indirects, de la biomasse ou de l'énergie hydraulique? Les raisons sont écologiques et techniques. L'exploitation de l'énergie hydraulique suppose la réalisation d'ouvrages permettant d'accumuler artificiellement une grande quantité d'énergie potentielle. Aussi perturbe-t-elle le dessin et le cours des fleuves, favorise-t-elle la concentration de polluants dans leur lit, occasionne-t-elle mille troubles à la flore et à la faune aquatiques et fait-elle parfois peser un risque grave sur les populations habitant en aval. Compter à sa vraie valeur l'énergie hydraulique transitant dans ces ouvrages permet de rappeler l'existence de tels détriments et de les chiffrer, au même titre que faire apparaître la vraie valeur de la consommation d'énergie primaire des centrales nucléaires et thermiques classiques donne la mesure des pollutions thermiques et chimiques associées à leur fonctionnement. Le rendement de la photosynthèse est beaucoup plus faible, d'au moins un facteur dix, que celui des procédés techniques de captage de l'énergie du rayonnement solaire, qu'ils soient thermiques, biochimiques ou photovoltaïques. Les surfaces requises pour la satisfaction d'un besoin donné varient en proportion. Il n'est donc pas faux de dire que le coût écologique des techniques solaires directes, du moins terrestres, est quasi nul. Leur mise en oeuvre ne requérant que des surfaces en général déja utilisées à des fins de logement ou d'infrastructure tertiaire ou industrielle. Ce n'est évidemment pas le cas de l'exploitation intensive de la biomasse, qui entre en concurrence avec la production de nourriture ou le développement et la conservation de réserves biologiques variées. Reconnaissons cependant qu'il serait souhaitable de comptabiliser les apports des filières solaires directes en énergies finales, afin qu'une incitation d'ordre statistique vienne conforter les avantages évidents qu'elles procurent. Cette ultime remarque renvoie immédiatement à la question de la définition du taux de couverture des besoins énergétiques en suggérant le caractère inapproprié d'une évaluation à partir des consommations d'énergie primaire qui prévaut actuellement. Seul un calcul basé sur les énergies finales évite, nous allons le voir, les effets pervers d'une problématique poussant à tous les dérapages idéologiques, et donc, politiques. L'indépendance peau de chagrin
(suite)
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A ce sujet la phraséologie officielle joue sur deux ambiguités: - parler d'énergie consommée, sans préciser si c'est à la source ou par l'usager final, alors que la comptabilité est établie en énergie primaire; - user d'équivalences qui confinent à la supercherie. Comment soutenir une évaluation defacto en énergie primaire du taux de couverture des.besoins dès lors que la stratégie mise en oeuvre s'appuie sur un procédé à faible rendement, la filière nucléaire? En effet une telle règle coduit[3] à présenter la chaleur perdue (en l'occurrence presque les trois quart de l'énergie primaire nécessaire) comme un besoin économique. Plus le rendement d'un procédé est faible, plus sa généralisation serait idéologiquement souhaitable! Bref, une prime morale à la pollution... Pour redonner un sens au concept de taux de couverture des besoins, alias d'indépendance énergétique, nous allons procéder en deux temps: - d'abord le calculer sur les énergies finales «vraies» - correction technico-économique -; - puis, après une discussion de l'origine des matières premières consommées - correction politique - retrouver la traduction chiffrée du sens commun attaché au mot indépendance. Ces calculs porteront sur les résultats des années 73 et 90. Les valeurs trouvées seront utilement comparées aux chiffres officiels, respectivement 22,5 et 48%. Le tableau 3 infra présente la correction technico-économique. On remarque que la place prise par l'uranium dans les approvisionnement énergétiques joue un rôle décisif dans l'évolution des chiffres. On constate aussi que le déclin des activités minières et l'épuisement du gisement de Lacq ont réduit sensiblement la participation des combustibles d'origine hexagonale au bilan. Plus anecdotique, la hausse fictive extrême du taux de couverture où conduirait une interprétation «politically correct» de la consommation primaire réelle des centrales électronucléaires. Comme attendu, un raisonnement sur l'énergie finale réelle démontre à contrario l'intérêt politique des pratiques comptables autorisées. Tableau 3 : Taux de couverture
(1Tep = 106tep)
p.8
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Il nous reste à parachever
la besogne en discutant la signification du mot «national»
dans les bilans énergétiques concoctés par le ministère
de l'industrie. Nous abordons là le domaine subjectif des appréciations
politiques. Puisque tout y est relatif notamment à la raison du
plus fort, nous procéderons par comparaison avec le traitement de
situations analogues, soit dans le passé soit dans d'autres pays
qui, d'une certaine façon, portent l'autorité de la tradition.
Deux arguments servent pour l'essentiel à justifier le parti-pris d'une image à 100% nationale de l'électricité nucléaire. Le premier concerne la faible part du coût de la matière première uranium dans celui du kWh; Le second évoque la forte proportion des achats dans la zone franc pour ce qui touche aux importations de cet uranium. Aucun de ces arguments, particulièrements spécieux, faut-il le souligner, ne résiste à l'analyse. En effet considérons le premier et appliquons-le à une situation similaire: l'évolution jusqu'en 1973. Le prix du pétrole était fortement orienté à la baisse,entraînant dans son sillage une baisse tendantielle du coût de l'électricité. A aucun moment il n'a été question de revendiquer une qualité de plus en plus nationale à l'électricité sortant des centrales therrniques, ni à EDF, ni ailleurs dans le monde. L'uranium jouit donc bien d'un attribut idéologique sans précédent, celui d'être national parce que relativement peu cher à l'achat mais coûteux à utiliser. Le second est encore plus facile à réfuter. Il est bien connu que les achats de pétrole s'effectuent pour la plupart en dollars. A aucun moment le département de l'énergie des Etats-Unis n'a songé à exploiter cette réalité géopolitique pour accorder un label national à l'électricité sortant des centrales thermiques américaines brûlant du pétrole. La sécurité de ces approvisionnements ne lui en est, par ailleurs, pas apparue mieux garantie. Est-ce à dire que la confiance manifestée par les responsables français dans la sécurité des approvisionnements en uranium provenant de la zone franc trahirait la certitude du maintien du contrôle de Paris sur ses ex-colonies? Admettons, mais il faudrait alors "dénationaliser" les importations en devises autres, qui portent actuellement sur environ un quart des achats d'uranium à l'étranger. Ce point n'est pas à l'ordre du jour, on s'en doute. Imaginons un instant que la méthode fasse école. On pourrait alors faire profiter les statistiques de son application aux consommations d'essence des automobiles made in France pour autant que la part de la matière première pétrole est elle aussi négligeable dans le prix du carburant rendu à la pompe et, par voie de conséquence dans le prix de revient kilométrique (de l'ordre de 1 à 2%, soit à peu près autant que la part en devises d'un kWh nucléaire: 2,7%). Comme le coût de l'énergie est globalement marginal pour toute production industrielle à bonne valeur ajoutée et pour la plupart des usages faisant appel à des dispositifs élaborés, rien n'interdirait par extension de décréter que toute l'énergie, ou presque, consommée en France par des équipements d'origine nationale mérite le label «national»! Voilà une indépendance particulierement bon marché, et bienvenue en ces temps où la majorité de nos concitoyens doutent de leur pays et de son avenir de grandeur... On voit bien à quel genre de gymnastique curieuse devraient se livrer nos élites si le débat énergétique voulu par le gouvernement s'emparait de cette question assez symbolique. Le persiflage est facile. Liquidons la question en appellant un chat un chat et voyons où cela nous fait tomber. (suite)
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suite:
Le tableau 4 rectifie l'image d'indépendance du système énergétique français. Elle en ressort même plutôt laminée, ce qui n'a rien de bien inquiétant quand on sait le peu d'importance que revêt concrètement ce critère... sauf, bien entendu, quand il est retenu pour imposer à la collectivité le financement d'une plaisanterie aussi pharaonique et dangereuse qu'un programme nucléaire avec la Hague et Superphénix en prime payante. Ce tableau reprend les items du précédent, excepté les deux colonnes 1973 et 1990 des consommations primaires officielles. Les valeurs affectées par le changement de point de vue sur la qualité nationale sont soulignées. Tableau 4: Taux de couverture
D'où provient le gain de 8,6 points
entre 1974 et 1990? Certainement pas de l'amélioration de la qualité
nationale du courant électrique distribué, avec 8,41 Tep
d'origine nationale pure souche, soit 47,2% de la consommation, les résultats
de 1973 étaient meilleurs en valeur absolue comme relative que leurs
homologues de 1990, 8,33 Tep et 31,3%. Ainsi le secteur sensé contenir
le flot visqueux de pétrole arabe puis prendre la tête de
la croisade destinée à rétablir la chère et
pure indépendance nationale n'a su que céder au charme douteux
de l'uranium africain: qui veut faire l'ange fait la bête...
Dommage, ç'aurait pu être encore plus
probant
p.9
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L'exercice se limitera ici aux
corrections à apporter aux bilans énergétiques, la
méthode est identique à celle appliquée pour obtenir
les tableaux 1 et 2: évaluer la part réelle de l'électricité,
en énergie finale comme en énergie primaire et modifier les
bilans en conséquence. Pour ce faire on rajoute les hypothèses
de rendement suivantes:
- celui des turbines à gaz à cycle combiné vaut 50%; - celui en cogénération est amélioré de 40% par rapport à celui d'une centrale thermique classique, ce qui veut dire que, puisque ce dernier mobilise 2,58 unités d'énergie primaire pour produire une unité d'énergie électrique, on doit considérer qu'il n'en faut plus que 1.55 avec la cogénération, la différence représentant la part de chaleur dégradée utilisable et recupérée; - celui des systèmes d'énergies renouvelables (éoliens, valorisation de déchets, photo-voltaïque) est infini au sens donné à une pression quasi nulle sur les ressources. Le tableau 5 ci-dessous (dérivé du tableau [5 CGC]) présente les bilans de la production d'électricité aux bornes des générateurs et les consommations primaires réelles associées. Ces résultats mettent en évidence la réduction d'un facteur supérieur à trois de la pression sur les ressources du scénario C de sortie du nucléaire par rapport à celui de la poursuite de la stratégie actuelle, scénario A. On corrige ensuite le tableau des consommations finales par secteur économique (Tableau 6, dérivé des tableaux 1 et 3 de [CGC]), puis ceux des récapitulatifs en énergie finale et primaire par type d'énergie. Pour les deux derniers (tableaux 7 et 8, homologues des tableaux 2 et 6 de [CGC]), on rappelle les chiffres obtenus avec les règles de calcul officielles, conservées par l'INESTENE. Tableau 5:
Tableau 6:
Les petites différences entre les chiffres des totaux dans les tableaux 6 et 7 proviennent des cumuls d'erreurs d'arrondi: ils ne sont pas significatifs. (suite)
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suite:
consommations primaires par type d'énergie On peut résumer, voir tableau 9 ci-dessous, l'influence de la méthode comptable en explicitant les rendements globaux (finale/primaire) déduits des résultats et les écarts entre les stratégies extrêmes A et C. Une interprétation plus détaillée est laissée à la discrétion du lecteur. Tableau 9:
(Tableaux 7,8,9:1 Tep = 106 tep) L'influence péjorante
des règles de la comptabilité énergétique nationale
sur tout scénario non violemment nucléaire est ainsi clairement
démontrée. Porter le conflit sur ce terrain apparaît
d'une urgence toute prioritaire.
p.10
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