Lors de la réunion du 7
juillet 94 l'A.C.R.O. a fait part de son désaccord sur le seuil
envisagé par le ministère de la santé pour la décontamination
des anciens terrains Bayard à Saint Nicolas d'Aliermont.
A la demande de la DRIRE et de la DDASS, l'A.C.R.O.a adressé ses observations sur ce projet le 17 juillet en insistant sur la nécessité d'une analyse plus sérieuse des risques sanitaires encourus. |
Nous nous étonnons de voir les travaux
engagés dès le 2 août sur la base d'un seuil de décontamination
(5 Bq/g) présenté en réunion comme simple projet alors
que ce seuil est contestable au regard des normes sanitaires applicables.
Afin que chacun puisse avoir un jugement clair sur l'évolution de cette affaire, il importe de savoir si ce seuil est définitif et dans l'affirmative, si une autorisation de construire des logements sur les terrains concemés sera accordée. Rouen le 19 août1994.
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A l'issue d'études approfondies
menées sur le site de l'ancienne usine Bayard et de l'usine Couaillet
Mauranne à Saint Nicolas d'Aliermont, la Préfecture de Seine
Maritime a confié à l'ANDRA (Agence pour la gestion des déchets
radioactifs) la maîtrise d'ouvrage des opérations de décontamination
de ces sites.
Ces opérations qui vont débuter mardi 2 août 1994 consistent à retirer à l'aide de petites pelleteuses mécaniques, la terre contaminée par des résidus de radium 226 incorporés dans les peintures luminescentes utilisées dans la fabrication des aiguilles et cadrans de réveils et de montres. Deux pièces d'un des bâtiments de l'usine Couaillet Mauranne, toujours en activité, seront également décontaminées par enlèvement du carrelage et grattage des murs. |
L'ensemble des déchets radioactifs
issus de ces opérations d'assainissement sera mis dans des conteneurs
métalliques provisoirement entreposés sur place dans un local
surveillé et contrôlé, ayant leur prise en charge par
l'ANDRA.
La durée de ces opérations sera d'environ six semaines. Elles seront suivies par des analyses de mesures de la radioactivité effectuées par l'OPRI (Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants) qui devront déterminer si les normes sanitaires édictées par la Direction Générale de la Santé (DOS) ont été respectées. La période de ces travaux a été choisie en raison de la fermeture de l'usine Couaillet Mauranne pendant les congés d'été. 1er août 1994.
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En décembre 93, l'A.C.R.O
diffuse les résultats de mesures de radioactivité effectuées
sur un terrain de l'ancienne usine des réveils Bayard à Saint
Nicolas d'Aliermont (Seine-Maritime), où un lotissement est en projet.
Le sol est pollué par du radium 226, cette contamination allant jusqu'à 8.500 fois la normale. Le 2 août 1994 les opérations de décontamination, coordonnées par le Préfet, ont démarré; l'ANDRA procède au décapage du terrain, la terre ainsi enlevée et triée est provisoirement stockée dans les fûts. L'objectif des pouvoirs publics est d'atteindre une contamination résiduelle de 5 becquerels par gramme de terre selon une note technique élaborée par le Ministère de la santé. L'ACRO, qui avait demandé à être consultée sur ce sujet a fait valoir en juillet 1994 que ce niveau de contamination est incompatible avec la présence de pavillons; en effet sur le site la contamination résiduelle en radium pourrait atteindre des niveaux 50 fois supérieurs à une situation normale. Rappelons que le radium comme le plutonium sont des isotopes parmi les plus radiotoxiques qui soient, le radium 226 l'étant 3 fois plus que le plutonium 239 s'il est ingéré. Les bases de calcul servant à définir le seuil de décontamination retenu ne prennent en compte que le risque d'irradiation externe, sans envisager les autres voies d'incorporation possibles (inhalation, ingestion). |
C'est un oubli inadmissible!
et bien sur, les travaux d'assainissement se font sans tenir compte de nos remarques sur les insuffisances de l'évaluation du risque sanitaire, entre autres: - absence de détermination des groupes à risque (enfants, résidents) ainsi que des durées d'exposition les plus pénalisantes. - absence de mesure de contamination et transfert dans les végétaux, notamment les légumes. L'ACRO demande que le niveau de pollution résiduelle soit révisé à la baisse et repose sur une analyse plus sérieuse des risques sanitaires encourus. Le changement d'appellation du service ayant, en théorie, en charge la protection radiologique des populations (S.C.P.R.I transformé récemment en O.P.R.I) n'a pas semble-t'il modifié les pratiques. L'ACRO constate que les dispositions actuellement retenues par les pouvoirs publics à Saint-Nicolas-d'Aliermont ne permettent pas de respecter la réglementation sanitaire en vigueur et les recommandations faites au niveau international. Il convient en l'occurrence de faire prévaloir la protection sanitaire des populations sur l'aspect financier de cette opération de décontamination. ACRO - 17 août 1994.
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Objectifs de l'étude
Pendant une trentaine d'années, la COGEMA a exploité au nord de Limoges, en Haute-Vienne, une cinquantaine de mines d'uranium. Devenue moins rentable, cette activité est aujourd'hui en cours de cessation. C'est dans ce contexte que le Conseil Régional de la Haute-Vienne a confié au laboratoire de la CRII-RAD la réalisation d'une étude radioécologique sur la division minière de la Crouzille. Les prélèvements ont été effectués de janvier à août 1993. Compte tenu de l'étendue de la division de la Crouzille et du grand nombre de sites miniers, il ne pouvait être question de dresser un bilan exhaustif. L'étude devait avant tout permettre: 1. d'évaluer la nature et l'activité des déchets radioactifs entreposés sur les sites 2. d'identifier les principaux risques, dans la perspective de la fermeture des sites et de leur réaménagement. 3. de caractériser l'état radiologique du site de Bessines, site minier où fonctionnait depuis 1958 (et jusqu'à 1993) une usine de traitement (usine SIMO). Une région à risque
A. Les exploitations minières ont généré
des masses considérables de déchets radioactifs
(suite)
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suite:
La gestion de ces déchets doit être d'autant plus rigoureuse qu'il s'agit de radionucléides à haut risque sanitaire. Il faut en effet souligner que 9 des 24 radionucléides identifiés appartiennent à la classe 1, qui regroupe les produits les plus radio-toxiques de la nomenclature. Les analyses ont révélé diverses anomalies: niveaux d'activités plus élevés que ceux déclarés par l'exploitant; échantillons présentés comme des stériles (activité inférieure à 4.000 Bq/kg) alors qu'il s'agissait de résidus dont l'activité s'élève à plusieurs millions de becquerels par kilo; accès impossible à la plupart des enfouissement (et donc impossibilité de vérifier la présence de déchets interdits); etc. B. Pas de centre de stockage pour les déchets
miniers
Nota: Les risques chimiques, liés à la présence de métaux lourds, d'arsenic et des diverses substances chimiques n'ont pas été étudiées dans le cadre de cette étude mais devraient eux aussi être pris en compte. p.17
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C. L'étude montre que l'impact
des activités minières sur l'environnement n'a pas été
correctement surveillé
L'extraction et le traitement de l'uranium augmentent l'exposition des populations riveraines. L'étude a permis d'identifier les différentes voies d'exposition et de constater que les prescriptions réglementaires sont souvent restées lettre morte. 1. Irradiation externe
2. Inhalation du radon
3. Inhalation de poussières radioactives
4. Contamination du milieu aquatique
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Le régime plus torrentiel de la Gartempe a favorisé la dispersion des radionucléides les niveaux sont plus faibles mais la contamination est mesurable sur tous les points contrôlés, jusqu'au confluent avec la Brame. Conclusion
D. Le devenir des sites
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Un nouvel arrêté
préfectoral régissant la décharge radifère
de Gueugnon (71/ Saône-et-Loire) a été signé
le 20 avril 1994; il mérite d'être brièvement présenté
et commenté, car il présente un certain nombre d'éléments
nouveaux: non seulement il semble appliquer la loi dans son esprit et ne
contient pas d'erreurs, ce qui est une première en Saône-et-Loire
(en matière de nucléaire s'entend), mais il pose certains
principes qui pourraient être repris ailleurs sur des sites comparables.
Alors, pour une fois qu'il y a quelque chose de positif dans le paysage
nucléaire français, pourquoi ne pas en parler?
Rappels sur Geugnon: La COGEMA y a exploité de 1954 à 1980 une usine de raffinement du minerai d'uranium (production de «yellow cake»). Les résidus de ce traitement ont tout naturellement été remplir des gravières situées à proximité immédiate. Ces résidus sont logiquement composés - outre les résidus chimiques de précipitation - des différents radioéléments des familles de l'uranium 238 et du thorium 232, à l'exception des isotopes de l'uranium. En 1980 l'exploitation a cessé et un premier arrêté (4/9/1980) a autorisé le démantèlement de l'usine, qui a été enterrée au milieu de ses propres déchets. En 1987 (28/8), un autre arrêté fixait un certain nombre de prescriptions techniques prétendues garantir l'environnement au voisinage du dépôt. En fait, cet arrêté prévoyait un suivi on ne peut plus sommaire de la radioactivité: les seuls radioéléments dont le suivi était imposé étaient le radium 226 et l'uranium 238 (le moins présent puisqu'ayant fait l'objet d'une séparation); pour le reste, différentes positions sur la clôture et l'aménagement du site étaient fixées, la plupart n'ayant jamais été appliquées comme il est (était?) de coutume en France. Ainsi en 1989, les clôtures n'étaient-elles toujours pas complètes, l'aménagement des abords inexistant et la couverture végétale pour le moins parcellaire; pour couronner le tout, les lapins avaient creusé de nombreux terriers, mettant à nu l'intérieur de la décharge. C'est à ce moment que celle-ci avait fait quelque bruits dans la presse et qu'une campagne de mesures avait été confiée par des associations locales à un laboratoire d'analyses indépendant. Certains résultats d'analyses étaient impressionnants: la terre à la sortie de terriers de lapin avait une activité de plus de 11.000 Bq/kg en radium 226; les mesures de radon donnaient des résultats auxquels on est plus habitué dans des habitations sur terrain granitique qu'à l'air libre (environ 480 Bq/m3 sur le site); les éléments les plus contaminés de la chaîne alimentaire étaient des champignons (Coprins en particulier), pouvant avoir une activité de plus de 600 Bq/kg en plomb 210 mesuré sur la matière sèche. (suite)
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A l'époque la COGEMA avait réagi comme souvent en se voulant rassurante et en étayant son argumentation de quelques déclarations mensongères, par exemple en affirmant que la recommandation de la Commission Européenne sur la concentration de radon admissible dans les maisons était de 700 Bq/m3 (Le Progrès 13/5/90), alors quelle est de 200 et de 400 selon qu'il s'agit d'un bâtiment neuf ou ancien. Cela n'a pas empêché la machine administrative de se remettre en marche et la DRIRE semble s'être mise au travail avec beaucoup de méticulosité. Contenu de l'arrêté
p.19
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- Par ailleurs, la surveillance
de la radioactivité est imposée dans certains bio-indicateurs
(il semblerait que ce soit là aussi une première): les sédiments
des gravières situées en aval, bien sûr, mais aussi
les poissons s'y trouvant (connus pour concentrer certains radioéléments
dont le radium), les plantes potagères à racines (carottes,
connues pour concentrer le radium et le plomb 210) ou à grande surface
foliaire (salades, choux) et les champignons: le groupe des agarics (rosés
des prés) parce qu'ils sont souvent consommés et des coprins,
car c'est dans ces derniers que les concentrations les plus fortes de radioactivrté
ont été révélées par les analyses. Ces
contrôles doivent être effectués au moins une fois tous
les deux ans et porteront «a minima» sur le 238U,
le 226Ra et le 210Pb. Ce concept a minima mérite
aussi d'être relevé, puisqu'il implique qu'en cas de concentration
anormalement élevée, d'autres éléments devront
être analysés.
- Le principe d'analyses contradictoires est clairement posé dans l'article 4: il peut avoir lieu sur demande de l'inspecteur des installations classées, mais un bilan contradictoire sera en tout état de cause établi tous les cinq ans par un laboratoire extérieur agréé. - Le Taux Annuel d'Exposition Totale Ajoutée fait son apparition dans le texte: il s'agit de l'application du principe général de radioprotection selon lequel la somme des expositions internes (à des radioéléments différents ayant des LAI différentes) et externe ne doit pas aboutir à un dépassement de l'exposition totale. Cela semble évident, mais c'est rarement dit et encore plus rarement appliqué dans les textes. Ajoutons un autre élément conforme à l'esprit des règles de radioprotection: pour l'eau potable, l'arrêté admet qu'une personne du public consomme 2,2 l par jour pendant 365 jours par an et pour l'inhalation, l'arrêté admet qu'une personne du public séjourne aux abords du site 7.000 heures par an en inhalant 0,8 m3 d'air par heure. - Pour terminer, l'article 11 prévoit la publicité de l'arrêté outre les dispositions habituelles, un avis doit être publié dans deux journaux régionaux, indiquant où les prescriptions imposées peuvent être consultées. Pour résumer, alors que l'ancien arrêté n'imposait que des mesures d'uranium et de radium dans l'eau, le nouveau texte impose des analyses d'uranium, de radium, de radon 220 et 222 et de leurs descendants à vie courte, de plomb 210 et de polonium 210, tout cela «a minima». En cas de dérive, des analyses de flux de radon sont prévues, ainsi que des analyses des autres radioéléments de la famille de l'uranium. Les milieux contrôlés sont non seulement le milieu aquatique mais aussi l'air, les sédiments, les bio-indicateurs, la chaîne alimentaire et le rayonnement extérieur. Le principe d'analyses contradictoires est énoncé. Une annexe fixe les servitudes et interdit en particulier toute construction de bâtiment et toute activité agricole, ce jusqu'à ce que les causes ayant rendu nécessaires ces servitudes aient totalement été supprimées (donc dans quelques millénaires). (suite)
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On peut simplement regretter que les radioéléments de la chaîne du tliorium n'aient pas été inclus; il semblerait que la DRIRE ne souhaitait pas alourdir le texte, estimant que les éléments de cette famille ne seraient pas surreprésentés si les taux de radioéléments de la chaîne de l'uranium restaient présents à une concentration «normale». Le texte pourrait être critiqué aussi pour un autre élément: il part des chiffres d'activité massique des résidus officiellement admis: 495 Bq/kg. Si l'on pense que le dépassement de la limite de 500 Bq/kg entraîne le classement dans une autre rubrique de la nomenclature, il est permis de se poser des questions sur le chiffre officiel de 495 Bq/kg; il ne sera toutefois jamais possible de connaître l'activité exacte présente dans le site. De toute façon, l'arrêté se base sur la législation actuelle et la modification des textes européens semble imminente: le texte du projet de règlement a été soumis au Parlement Européen pour avis et la procédure devrait suivre son cours. Il est quasiment certain que les limites actuelles devront être divisées par 5. L'arrêté devra alors être modifié dans ce sens et ce pourrait être l'occasion de le compléter en ajoutant par exemple les radioéléments descendants du thorium. Là n'est cependant peut-être pas le problème principal: il est en effet fort probable que certaines analyses auront mis en évidence des activités dépassant les limites qui seront alors imposées (pour des champignons, les LAI seraient atteintes avec la consommation d'un peu plus d'un kg par an si les résultats sont les mêmes qu'en 89/90). Le problème de l'héritage nucléaire de posera alors dans toute son ampleur: une situation de fait à laquelle rien ne peut remédier, du moins pour ce site. Mais cela permettra de susciter la réflexion avant d'en créer d'autres: au niveau de la Saône-et-Loire, la COGEMA envisage par exemple d'ouvrir une exploitation minière à St Symphorien-de-Marmagne. De plus, même si l'on ne doute pas de longévité du Service des Installations Classées (l'art. 4 b de l'annexe 3 dispose: «les servitudes ne pourront être levés que par suite de la suppression totale des causes ayant rendu nécessaire l'établissement des présentes servitudes et après avis du Service des Installations Classées»; la suppression des causes sera en l'occurrence la disparition du radium au bout de x périodes de 1600 ans - x dépendant de la quantité initiale. Rappelons que le fameux «10 périodes» ne représente qu'un facteur 1.000!), il est évident que tôt ou tard les mesures de contrôle tomberont dans l'oubli; plus les prescriptions seront sévères, plus il y a de chances que cette échéance soit lointaine: mieux vaut que la décharge soit oubliée dans 200 ou 300 ans que dans 50 ou 60... A notre avis cet arrêté apporte des éléments positifs, non seulement pour le site mais pour d'autres décharges ou exploitations; si les associations de protection de l'environnement poussent à la roue et que les nouvelles générations d'ingénieurs responsables des installations classées ont un esprit plus ouvert, ce texte pourra servir de source d'inspiration pour bien d'autres sites. p.20
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