Bonjour
à tous nos fidèles lecteurs.
La Gazette a participé au numéro spécial sur les essais, et vous bénéficiez en plus du numéro ordinaire: eh bien on a du pain sur la planche pour que la situation redevienne supportable! J'ai eu des remarques à propos des essais. Je redis que nous sommes contre parce que rien ne justifie de telles expériences. Le monde a changé depuis 1945 et il faut s'adapter. Que la possession de la bombe donne une impression de puissance à certains est une évidence, que cette impression soit justifiée est une autre question. La Gazette répète que, en cette année de signature du traité de non-prolifération et de reprise des négociations pour un traité en 1996 d'interdiction de tous les essais il était a minima inopportun et en vrai ridicule de reprendre les essais. On peut ne pas apprécier l'humour de nos voisins et celui des pays du Pacifique, force est de constater qu'ils ont malheureusement raison: NOUS SOMMES RIDICULES et surtout à côté des réalités. Nous sommes enlisés dans le nucléaire civil et militaire. Un peu d'air, SVP merci!! Je conviens que nos voisins ne sont pas très blancs. Les anglais ont englouti leurs cochonneries au large de Cherbourg. Comme si l'arsenal, l'usine de retraitement et la centrale de Flamanville ne suffisaient pas. La France a aussi raté une bonne occasion de rendre service. Souvenez-vous; en 1992 la Gazette avait publié un rapport sur Kosloduy, la centrale bulgare (voir Gazette 123/124 de 1993). La conclusion était que "la meilleure solution est d'arrêter le plus rapidement possible les tranches 3 et 4". Or cette conclusion de 1991 s'avère être la seule raisonnable. De plus, divers scénarii de remplacement du nucléaire par le gaz, le charbon ainsi que par un programme d'économie d'énergie avaient été préconisé. Tout est resté sans suite parce que les grands responsables (WANO/World Association Nuclear Operators - EdF - AIEA/Agence Internationale l'Énergie Atomique- IPSN/Institut de Protection et Sûreté Nucléaire) n'ont jamais fait le bilan des réacteurs et ont donné des conseils. Et quels conseils? Faire du nucléaire, ce n'étaient donc pas les bons interlocuteurs. Il eut fallu demander à d'autres le soin d'établir un plan d'action mais la BERD (Banque Européenne pour la recherche et le développement) n'a pas non plus de bons conseillers alors... Et bien on tourne en rond. Inutile d'épiloguer plus longtemps, il faut souhaiter que rien ne se passera car assumer un 2ème Tchernobyl... En ce qui concerne les déchets, les labos, c'est parti on prospecte tous azimuts. Les scientifiques un peu critiques ne sont pas bien vus. On les oblige encore à copier les registres pour avoir des informations, c'est cela la politique de transparence et d'information. La Commission Nationale d'Évaluation vient de sortir son premier rapport que vous pouvez réclamer à l'Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Technologiques. Ses recommandations sont les suivantes: "La commission a réfléchi d'une part, sur la finalité de la gestion des déchets relevant de la loi du 30 décembre 1991 et, d'autre part, sur les stratégies générales à mettre en oeuvre en France, après avoir pris connaissance des stratégies étrangères. Cette réflexion l'a conduite à formuler des recommandations de nature stratégiques affectant les trois axes de la loi (art 4). D'un point de vue général, la Commission souligne l'intérêt d'un plan stratégique global à partir duquel il serait progressivement possible, grâce à l'avancement des connaissances et des études de sûreté et de faisabilité technique, d'apporter un certain nombre de clarifications importantes. Par itérations successives, il conviendrait en particulier d'affiner une stratégie qui serait pour chaque axe le meilleur compromis entre les objectifs souhaitables et les possibilités réelles d'applications. Pour ce faire, une réflexion stratégique d'ensemble devra être maintenue en permanence et faire l'objet de discussions entre les différents acteurs techniques, scientifiques et les autorités réglementaires ou politiques. La mission d'évaluation confiée à la Commission doit contribuer à faire avancer et affiner cette réflexion stratégique. Au cours de ce processus certains points importants pourraient être clarifiés en ce qui concerne notamment: Pour l'axe 1, une hiérarchisation des radionucléides à considérer et la fixation des objectifs quantifiés de séparation et de transmutation des actinides, Pour l'axe 2, les durées à prendre en compte pour le concept de stockage, notamment celles de l'intégrité souhaitée des différentes ouvragées et géologiques ainsi que la durée et les motivations de la réversibilité des stockages, (suite)
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suite:
Pour l'axe 3, la clarification de l'expression "longue durée "appliquée à l'entreposage dans le texte de loi, ainsi que la prise en compte d'une stratégie d'entreposage élargie, en particulier, compte tenu des perspectives de stockage des combustibles irradiés. A ce stade de sa réflexion, la Commission souligne la nécessité d'études itératives de sùreté du stockage pour les sites envisagés, précisant, à partir des risques potentiels liés aux déchets, les risques réels résultant du stockage géologiques de ces mêmes déchets. De telles études sont considérées comme indispensables à la clarification des objectifs à atteindre dans chaque axe de la loi et doivent être à la base des réévaluations périodiques du plan stratégique. Enfin la Commission a noté l'absence, dans les présentations effectuées jusqu'ici, d'études sur les aspects socio-politiques. La composante d'information et la participation du public au débat sur la gestion des déchets radioactifs sont importantes et justifient le souhait de la Commission d'être éclairée sur ce point." Voici donc
les premières recommandations générales concernant
la problématique des déchets à vie longue. Il y a
encore du travail pour parvenir à une ébauche de solution.
Il est donc urgent de réduire notre production de déchets
et d'entamer avec vigueur une politique d'économies d'énergie.
Pour votre
information et pour les joindre voir ci-dessous la lettre des scientifiques
contre les essais.
A part cela,
Superphénix est encore en panne. Décidément chaque
fois que je rédige mon édito il tourne de l'oeil.
Cette fois c'est une fuite au niveau d'un générateur de vapeur.
Il va être examiné par une nouvelle Commission dont la mission
n'est pas de suivre le programme scientifique défini dans la loi
de juillet 1994 mais de statuer enfin sur la possibilité de réaliser
un programme de recherches, il est temps!!
C'est le dernier numéro de l'année. N'oubliez pas de vous réabonnez en janvier. Bonne lecture.. p.3
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Les scientifiques soussignés s'élèvent contre la reprise
des essais nucléaires français dans le Pacifique.
La France possède déjà un arsenal nucléaire très important, l'un des premier au monde même si une ou deux puissances peuvent afficher des forces nucléaires encore supérieures. Or la question posée aujourd'hui aux hommes est de mettre un terme complet et définitif à l'accumulation des armes de destruction massive et d'entrer dans une ère de réduction progressive des armements pour aboutir, à terme, à leur élimination. La décision du président de la République d'effectuer huit essais en 1995 et 1996 est contraire à l'esprit d'un tel objectif. Déclarer que ces huit essais suffiront pour que le programme de défense français puisse ensuite se contenter de simulations en laboratoire ne saurait soulager les inquiétudes que nous éprouvons. Laisser dire que la France a besoin de ces essais car elle ne dispose pas encore des outils de simulation c'est abuser l'opinion et tromper les citoyens car les outils nécessaires sont, outre de gros ordinateurs, des lasers de très grande puissance, équipements dont la France, qui figure déjà parmi les pays les mieux dotés au monde, poursuit le développement. Si les essais sont destinés à obtenir de nouvelles données pour «caler» certains paramètres dans les simulations en cours, c'est que ceux-ci préparent la réalisation de nouvelles armes. La simulation est un outil de travail largement utilisé de nos jours pour la recherche scientifique et technique. Les scientifiques ont appris à se servir des simulations pour mieux comprendre les résultats de leurs expériences et en préparer de nouvelles, plus performantes. L'aller-retour entre les expériences et les simulations ne connaît pas d'autre fin que celle que lui fixe le programme de recherche qui les utilise. |
Un nombre limité d'essais
permettra des simulations qui a leur tour suggèreront de nouvelles
expériences, de nouveaux essais nucléaires et de nouvelles
armes. Cet engrenage ne peut être stoppé que par une décision
inspirée par la conviction que cela suffit et que c'est à
un autre avenir qu'il faut dès maintenant consacrer ses moyens,
ses efforts.
La destruction d'Hiroshima et de Nagasaki, puis le développement incessant des armes nucléaires durant les années "équilibre de la terreur", ont gravement atteint l'image que les hommes se font du progrès scientifique. Celui-ci demeure cependant une nécessité dans toutes les branches de la connaissance pour aider à découvrir et à appliquer des solutions aux immenses problèmes d'alimentation, de santé, d'environnement et d'éducation mais aussi d'utilisation et de protection des sols, de renouvellement des sources d'énergie, de réduction de la pollution... Nous ne voulons pas que la terreur nucléaire en vienne un jour à annihiler chez les hommes la volonté de poursuivre l'effort de recherche scientifique. Nous dénonçons le fait que, en ce temps de réductions de crédits, les sommes importantes destinées aux nouveaux essais nucléaires feront défaut à nombre de recherches à vocation humanitaire et pacifique, capables de donner à nos concitoyens une vision plus constructive du rôle de la recherche. C'est pourquoi, de toute notre force, nous demandons que la décision de reprise des essais nucléaires soit reportée sine die. Signatures
à renvoyer à:
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Martine
Barrère, journaliste scientifique de talent et militante acharnée
de la cause écologique vient de disparaître prématurément.
Nous saluons avec respect et admiration l'excellent travail qu'elle a accompli.
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