I - Bilan d'activité de l'ACRO
Depuis plus d'un an, l'ACRO a fortement accru sa surveillance sur le plateau de la HAGUE. Le bilan des mesures de radioactiyité gamma effectuées en 1994 soulignent un état de contamination en Césium 137 mais aussi en Cobalt 60, toujours aussi préoccupant du ruisseau de la Ste Hélène. En certains points, ces valeurs atteignent ou dépassent nettement les 1.000 Bq/kg de sédiments ce qui représente plus de 100 fois le «bruit de fond radioactif artificiel» (lié aux retombées des essais nucléaires et de Tchernobyl). Si, pour les rivières plus «propres», l'ACRO est en phase avec les autres laboratoires, ceux-ci obtiennent des valeurs de Césium généralement 10 fois plus faibles dans la Ste Hélène. La radioactivité est aussi observée, avec un fort transfert, dans des mousses aquatiques qui traduisent ainsi la contamination de l'eau. Il est vraisemblable que l'explication de la COGEMA sur l'origine de cette pollution (une ancienne canalisation oubliée dans la double clôture) soit bien insuffisante. L'ACRO a aussi élargi son domaine d'investigation en développant des mesures de Tritium, un émetteur béta pur. Les ruisseaux de la Ste Hélène et du Grand Bel sont constamment contaminés en Tritium avec des valeurs fluctuantes autour de 400 Bq/l pour la Ste Hélène et des valeurs plus stables, autour de 600 Bq/l, pour le Grand Bel. En regard de ces chiffres, il est à noter que la teneur habituelle des eaux de surface en Tritium est inférieure à 1 Bq/l (principalement due aux retombées des essais nucléaires). Compte tenu de ces données, nous pouvons estimer que ces deux exutoires (Ste Hélène et Grand Bel) charrient, en un an, de l'ordre de 500 milliards de Bq de Tritium (10 à 20 Ci) vers l'Anse St Martin. Ces activités, de même que celles de la radioactivité gamma évoquée auparavant, représentent une situation parfaitement inadmissible, d'une part, parce que les exploitants nucléaires n'ont jamais eu d'autorisation de rejets dans ce domaine publique et, d'autre part, parce que cette eau peut être utilisée à des fins domestiques, d'arrosage ou d'alimentation des animaux. Les investigations menées par l'ACRO ces derniers mois révèlent un état des lieux plus grave que nous l'imaginions. Des points d'eau chez des particuliers sont également contaminés: une source (c'est celle du Grand Bel), qui se trouve au milieu d'un hameau, présente des teneurs entre 700 et 800 Bq/l en Tritium. Une résurgence, sortant de sous un bâtiment, conduit aux valeurs les plus élevées mesurées par l'ACRO, jusqu'à 1.500 Bq/1 de Tritium à la mi-janvier. Compte tenu de l'influence des précipitations on peut à juste titre s'interroger sur les niveaux d'activité qui devaient exister, à ce point, durant l'été... Un abreuvoir dans un champ montre une activité variant entre 150 et 350 Bq/1. Enfin un puits et un lavoir contigu (dont les eaux d'écoulement iront se deverser dans la Ste Hélène située en contrebas), dans lesquels des animaux de la ferme s'alimentent, apparaissent tous deux clairement contaminés avec un maximum à plus de 500 Bq/1 au début d'octobre! (suite)
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suite:
Prétendre, comme le font les exploitants, que la contamination des rivières n'a aucune incidence sanitaire car «elle n'apparaît pas dans l'eau du robinet» relève, au mieux, d'un besoin systématique de minimiser une situation franchement dégradée ou, au pire, d'une volonté de désinformation. II - La politique d'information
p.14
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Les représentants de l'ACRO
et de la CFDT, au sein de la CSPI, ne cessent de réclamer la publication
de l'ensemble des résultats et notamment de ceux des piézomètres
internes. En réponse, les exploitants observent le «motus
et bouche cousue». Qu'y a-t-il à cacher? Si la situation,
en particulier sous le CSM, s'améliore comme cela est régulièrement
clamé, alors pourquoi ne pas le démontrer en publiant l'intégralité
des données et pas seulement celles «qui arrangent»?
L'impact de cette pollution de l'environnement apparaît dans un élément sensible: le lait. Même la contamination par le Strontium au nord-ouest du site COGEMA y transparaît mais, fort heureusement, à des niveaux très faibles. Par contre, les contaminations par le Tritium peuvent être plus marquantes. Le bulletin d'information grand public de la COGEMA présente de ce point de vue des données inexactes qui, étant donné leur nombre et le fait que ce sont toujours des valeurs plus faibles qui sont présentées, ne peuvent être considérées comme des «erreurs de frappe». Dès la premier bulletin, alors que COGEMA affiche une valeur maximale de 20 Bq/l, les relevés du SPR indiquent une valeur de 180 Bq/1!... Sur un plan sanitaire, trouver 180 Bq/1 de Tritium dans un ruisseau ou bien dans le lait des vaches n'a pas du tout la même signification. Une partie en effet se trouvera organifiée dans la caséine, le lactose et la graisse du lait. Deux mois plus tôt, cette même valeur maximale mensuelle de Tritium dans le lait était de 480Bq/1! L'ANDRA, pour sa part, vient également de publier un bulletin d'information. Malheureusement cette première version indique déjà une valeur tout à fait discutable et bien sûr, c'est la valeur la plus marquante de ce bulletin. |
L'exploitant annonce une teneur maximale en tritium
de 12.000 Bq/1 dans les eaux souterraines; selon nos informations, la réalité
serait au moins 7 fois supérieure (87.000 Bq/1)!
Cette situation ne peut plus durer; l'ACRO demande: - la publication de tous les résultats de mesure (y compris ceux des nappes souterraines sans restriction) - que soient lancées des études de faisabilité visant à proposer un éventuel protocole pour une décontamination active des zones polluées - que soit suspendue l'enquête publique concernant le CSM et qu'une commission d'enquête indépendante soit constituée afin de connaître l'état réel de ce site. Enfin notre laboratoire indépendant a fermement l'intention de maintenir sa surveillance et surtout de développer ses moyens d'investigation. Cela demande un soutien actif de l'opinion publique et des collectivités. Dans cette optique, l'ACRO, qui ne dispose d'aucun financement publique, lance une souscription durant l'année 1995. ACRO, 18 rue Savorgnan de Brazza, 14000 CAEN.
Lexique:
p.15a
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Depuis un peu plus d'un an,
un nouveau plan de surveillance a été développé
par l'ACRO autour des sites nucléaires de l'ANDRA et de la COGEMA.
Il révèle un état de contamination de l'environnement
toujours aussi préoccupant. De la part de tous les acteurs ayant
des responsabilités en la matière, il semble exister une
acceptation tacite de cette situation liée à un héritage
qu'il faudrait assumer avec un fatalisme certain. L'ACRO refuse cette démarche
de statu quo.
Dès sa création, en 1987, l'ACRO
s'est donnée pour mission d'effectuer une surveillance autour des
sites nucléaires du Nord-Ouest, et tout particulièrement
de ceux du Nord Cotentin. Depuis la fin 1987, nous avons procédé
à des mesures (plus ou moins régulières) en spectrométrie
gamma. Cette démarche nous a néanmoins conduits à
mettre en évidence une pollution radioactive tout à fait
anormale des sédiments d'un ruisseau, la Ste Hélène.
Les n° 23 et 24 de l'ACROnique ont largement rendu compte de
cette situation. Notre point de surveillance de la Ste Hélène
a depuis disparu sous les pierres et le béton déversés
par les exploitants au départ de ce cours d'eau.
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- multiplier le nombre de points de prélèvement
de sédiments,
- élargir la surveillance à d'autres cours d'eau, - suivre également un ruisseau dit «de référence», - étendre les prélèvements à des indicateurs végétaux (Platyhypnidium ripariödes) afin d'apprécier les phénomènes de transfert, - développer des mesures d'activité beta tout particulièrement pour la recherche du tritium[1], - enfin assurer un suivi régulier des points de prélèvement ainsi définis. C'est donc une toute nouvelle campagne de surveillance de l'ACRO qui a démarré à la fin décembre 93; nous vous en présentons aujourd'hui un premier bilan. I - Résultats et commentaires des mesures en
spectrométrie Gamma
p.15b
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Cette pollution persistante a
de quoi nous interroger. Rappelons en effet qu'en 91, l'ACRO avait alerté
l'opinion et les responsables concernés sur cette situation et,
après une première réaction insultante pour notre
association, la COGEMA avait ensuite déployé une campagne
d'investigation pour en déterminer la cause. En janvier 92, l'exploitant
annonce avoir localisé le terme source qui correspondrait à
une ancienne canalisation fortement contaminée et «oubliée»
à l'intérieur de la double clôture. COGEMA s'est engagée
à réparer en enlevant et confinant la terre souillée.
Deux ans après, les radioéléments sont toujours les
mêmes et à des niveaux qui n'apparaissent pas significativement
différents (ils sont mêmes supérieurs, pour le point
ST12, aux valeurs obtenues par l'IPSN à cet endroit avant 91). Cela
demande explication.
La surveillance par différents laboratoires est utile: une nouvelle fois, l'ACRO trouve des valeurs dix fois plus fortes. La Ste Hélène est également sous la haute surveillance d'autres laboratoires. Pour l'année 94 (de janv. à oct.), le SPR-COGEMA enregistre ses valeurs les plus marquantes au lieu dit «La Brasserie»: elles sont toutes comprises entre 50 et 80 Bq/kg de Cs 137. Il s'agit donc de valeurs 10 fois plus faibles que celles de l'ACRO au point ST12; la différence des lieux de prélèvement peut, à elle seule, expliquer ce décalage. Pour ce qui est du Grand Bel ou de la rivière du Moulin, nos valeurs sont en bonne concordance. Contrairement à l'ACRO et au SPR-COGEMA, le LDA 50 procède d'abord au tamisage des sédiments (250 mm), ce qui a logiquement pour effet de conduire à une expression plus forte des activités massiques. Ce laboratoire effectue aussi sa surveillance de la Ste Hélène à La Brasserie mais également au Pont Durand, soit à proximité de notre point ST12. Du Cobalt 60 est parfois noté (<5 Bq/kg) par le LDA 50 et le Césium 137 est observé avec des valeurs toutes voisines de 100 Bq/kg, le maximum (147 Bq/kg) est obtenu au Pont Durand. Il s'agit donc là encore de valeurs différentes de celles de l'ACRO, notamment pour cette dernière localisation. (suite)
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suite:
Ces différences importantes de résultats ne doivent pas conduire à mettre en cause les capacités de tel ou tel laboratoire. L'expérience de l'inter-comparaison entre les 3 laboratoires organisée par la Commission HAGUE (CSPI)[3] (ACROnique n° 23) a clairement démontré la très bonne corrélation entre tous dès lors qu'il s'agit d'un même point de prélèvement. Enfin, notons au passage que le SPR-COGEMA relève toujours la présence de Plutonium 239/240 et de Plutonium 238 dans la Ste Hélène avec un rapport Pu238 sur Pu239/240 en faveur du Pu238 ce qui conserve entière l'hypothèse (IPSN) selon laquelle «une source instable de Plutonium 238 serait relarguée à partir du C.S.M.» (ACRonique n° 24). · Les mousses le confirment: l'eau doit être contaminée en Césium et Cobalt. L'analyse des mousses aquatiques (Tableau n° 2) présentant des activités entre 58 et 200 Bq/kg de Césium 137 montrent un taux de transfert important dans du matériel biologique puisque ce radioélément est pratiquement indécelable dans l'eau filtrée. Il en est de même pour le Cobalt 60. L'expérience menée le même jour et sur les mêmes mousses (en avril) montre bien l'importance du temps de contact avec l'eau et souligne que cette eau est vraisemblablement contaminée (même si cela reste en dessous du seuil de détection des appareils). C'est là tout l'intérêt d'utiliser des indicateurs physico-chimiques (sédiments) et biologiques (mousses) pour la mise en évidence de contaminations radioactives. · Des points de contamination qui posent question. Parmi les mesures «diverses et ponctuelles» (Tableau n° 3), on observe essentiellement des faibles contaminations en Césium 137 relevant du «bruit de fond artificiel» à l'exception d'un lavoir sur Digulleville dont il faut souligner qu'il est alimenté par un puits et ne peut être influencé par la Ste Hélène. Se pose donc la question de l'origine de cette contamination. L'hypothèse d'une contamination de la nappe phréatique à des niveaux très faibles mais que les sédiments du lavoir vont piéger et donc concentrer peut être valablement posée. p.17
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Co 60: 7,1 ± 0,8 |
Enfin, des déplacements
de terres sur Omonville La Petite ont attiré notre attention et
si le contrôle que nous y avons effectué montre des taux «habituels»
de Césium (6,9 Bq/kg), il révèle également
la présence de Cobalt 60 (7,1 Bq/kg) ce qui est parfaitement anorrnal.
Une nouvelle question est posée quelle est l'origine de ces terres
et quel est l'objet de leur déplacement? De manière liée
ou non, que sont devenues les terres contaminées de la double clôture
au Nord-Ouest du site?
II - Résultats et commentaires des mesures en
spectrométrie bêta
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Dans un premier temps, nous nous sommes limités
à un suivi mensuel de la Ste Hélène et du Grand Bel
ainsi que du ruisseau du Moulin pris comme ruisseau de référence.
Un premier bilan portant sur 14 mois de surveillance (Tableau n°
4) est aujourd'hui rendu publique.
· Des
ruisseaux constamment contaminés en Tritium.
p.18a
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Quelques commentaires peuvent
être apportés à la lecture de ce tableau (format .gif).
Des variations de l'activité volumique en fonction du temps sont observées et sont en fait (inversement) corrélables avec les hauteurs des précipitations qui entraînent une dilution de la pollution (Figures 2 à 4). Ce phénomène est tout à fait marquant à la fin décembre alors que les prélèvements ont été effectués lors de pluies incessantes. Dans ces conditions, et par rapport au mois de juin, les teneurs en tritium peuvent chuter d'un facteur 3 à 14 dans la Ste Hélène (selon le lieu) et seulement d'un facteur 2 dans le Grand Bel. Ainsi, la Ste Hélène apparaît nettement plus influencée par les précipitations et les eaux de ruissellement que le Grand Bel. Dans ce dernier, «l'approvisionnement» en Tritium semble donc plus constant. Alors que l'activité décroît en octobre et plus fortement encore en décembre, on constate une nette remontée en novembre. Les très faibles précipitations dans les 12 jours précédant le prélèvement peuvent expliquer ce phénomène. Néanmoins, à cette occasion (et c'est la seule fois), du Tritium est mesuré en quantité faible mais significative dans la rivière témoin (Mo) et dans une arrivée d'eaux pluviales (ST4D). Nous n'avons pu trouver d'explication. Un éventuel rejet atmosphérique intempestif par l'usine de retraitement pourrait en constituer une. · La Ste
Hélène et le Grand Bel: un mode de contamination nuancé.
(suite)
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suite:
Dès lors que, selon l'ANDRA, les rejets directs dans la Ste Hélène ont cessé depuis 1987, l'explication la plus vraisemblable est alors que ce cours d'eau serait alimenté dès son origine par des nappes phréatiques contaminées et pas seulement par le bassin d'orage de la COGEMA (qui a obligation de maintenir un certain régime dans ce ruisseau, lequel prenait initialement sa source sur le site). Mais il faut aussi admettre que le long de son trajet, d'autres nappes plus en aval également contaminées vont relarguer du Tritium dans la Ste Hélène. Dans le passé, l'IPSN avait déjà évoqué une telle hypothèse. Nous y apportons ici un élément de preuve. En effet, en décembre demier, l'ACRO a observé une résurgence (Tableau n° 5), surgissant de sous une maison, dont l'activité en Tritium est près de 7 fois supérieure (ce même jour) à celle de la Ste Hélène à l'endroit où elle reçoit cet «affluent». De son côté, le Grand Bel semblerait pollué essentiellement dès son origine (au Hameau Les Clerges) par une nappe phréatique fortement contaminée et dont, en raison du sens d'écoulement des eaux souterraines à cet endroit, les activités mesurées au niveau du piézomètre 702 seraient un bon reflet. Rappelons que les teneurs en Tritium mesurées à ce piézomètre (SPR-COGEMA) ne cessent d'augmenter et ont pratiquement doublé entre 1987 (3.000 Bq/1) et les 3 premiers trimestres 94 (5.800 Bq/1). · Chez
des particuliers, des points d'eau sont contaminés.
p.19
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DIGULEVILLE |
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181 (30) |
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DIGULEVILLE |
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DIGULEVILLE |
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de Calais |
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Pour être complet, il convient
d'ajouter qu'à cette pollution par le Tritium
s'ajoutent des teneurs non négligeables (plusieurs dizaines de Bq/1)
en Radon 222, et en descendants de filiation, dans toutes ces eaux (sauf
l'abreuvoir) issues du sous-sol.
Nous ne qualifions pas cette situation de préoccupante de manière abstraite. Cette eau, au sein de propriétés, tout comme celle des ruisseaux peut servir à des fins domestiques, d'arrosage, d'alimentation des animaux, etc. Sans chercher à dramatiser et encore moins à pénaliser les agriculteurs, il doit être néanmoins souligner que, parfois, cette contamination est retrouvée dans le lait[4]. Nous y revenons dans la deuxième partie de ce dossier. · Chaque
année, des ruisseaux, pour lesquels il n'existe aucune autorisation
de rejet, charrient vers la mer des centaines de milliards de Bq de Tritium
(10 à 20 Ci).
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Le calcul de l'IPSN,en 1987, aboutissait à
un rejet annuel en mer de 6.000 GBq pour la seule Ste Hélène.
Enfin, à la fin de
1983, l'ANDRA estimait à 3.700 GBq les rejets annuels par ce ruisseau. Notre estimation (370 à 740 GBq) est donc cohérente si l'on rappelle qu'à ces époques les teneurs en Tritium dans la Ste Hélène étaient au moins 5 fois supérieures. En regard de ces chiffres, il convient de rappeler que le C.S.M. n'a jamais eu d'autorisation de rejets dans la Ste Hélène (ce qui a pourtant été pratiqué en toute impunité jusqu'en 1987) et encore moins, bien évidemment, dans les nappes souterraines. · Des
ruisseaux plus pollués que le Rhône aval de toutes les installations
nucléaires.
p.20
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Le tritium dans le Grand Bel
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Le tritium dans la Ste Hélène
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Hauteur des précipitations (en mm) 4 jours et 12 jours avant les prélèvements De la même manière, pour la pollution par le Tritium, on rappellera qu'en situation normale les concentrations sont inférieures à 1 Bq/l c'est-à-dire non détectables. Nos données peuvent aussi être comparées à la situation du Rhône, toujours en aval de toutes les installations nucléaires, où les teneurs en Tritium dans l'eau varient de 11 à 26 Bq/1[6]. |
Le césium dans les sédiments selon les rivières 2. PALLY et FRAIZIER: Étude radioécologique de l'environnement du Centre de Stockage de la Manche (1987). 3. Commission Spéciale et Permanente d'Information près l'Établissement de la Hague. 5, rue Vastel - 50100 - Cherbourg 4. Une équipe de chercheurs hollandais a montré expérimentalement que le taux de transfert dans le lait (pour des vaches abreuvées avec de l'eau contenant du Tritium) est d'environ 82%. Le Tritium est bien sûr retrouvé dans l'eau du lait mais également organifié dans les graisses, le lactose et la caséine. Les auteurs ont calculé l'existence de 2 périodes biologiques (temps au bout duquel la moitié du radioélément a disparu de l'organisme): une première période courte de 5 à 6 jours et une seconde période longue allant, selon les composants, de quelques dizaines de jours à 299 jours pour les graisses du lait. 5. Limites Annuelles d'Incorporation 6. LAMBRECHTS, FOULQUIER, PALLY (IPSN): «synthèse des connaissances sur la radioécologie du Rhône». Décembre 1992. p.21
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Programme Nucléaire
et politique d'information n'ont jamais fait bon ménage. Ce n'est
un secret pour personne. Depuis l'accident de TCHERNOBYL, l'émergence
de «laboratoires indépendants», la création de
l'Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques,
la constitution de Commissions Locales d'Information sont des réponses
diverses et plus ou moins efficaces de ce droit inaliénable du citoyen,
le droit à l'information.
Dans notre région, malgré l'existence de la CSPI, certainement l'une des plus actives en France mais dont les possibilités d'investigation sont très limitées, les exploitants du nucléaire ne montrent toujours pas leur volonté de pratiquer réellement la transparence en la matière. L'objet de cette seconde partie, qui traite de l'environnement autour du site de la Hague, est de reprendre quelques exemples concrets pour illustrer notre propos. I - Le C.S.M.: un accident en 1976 ou une succession
d'accidents??
(suite)
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suite:
Que deviennent ces eaux et ces boues contaminées? Une autre note intitulée «rapport du mois de septembre» (1980, NDLR) indique (Document 2): «fuite Cs137 au niveau TB centrales bien drainée par le RS mais panne de la pompe COGEMA (débordements)»... Plus loin, on apprend qu'en raison des fortes pluies des blocs sont tombés et que le RS (réseau séparatif, NDLR) a été cassé... Des «incidents» de ce type, jamais révélés publiquement par l'exploitant, permettraient de comprendre la contamination bêta-gamma régulièrement observée dans l'environnement du C.S.M.. L'activité alpha, ici en rupture de confinement, pourrait illustrer la contamination alpha (Américium 241 et 243, Plutonium 239/240 et surtout Plutonium 238) révélée par les études radioécologiques de l'IPSN (note) qui avait conduit les auteurs à conclure «ceci confirme, sans le moindre doute à présent, qu'il existe une source de Plutonium 238 qui est relarguée dans l'environnement et que, selon toute vraisemblance, elle se situe sur le Centre de Stockage de la Manche». Devant la CSPI, les responsables du centre ont récusé l'existence de cette source instable de Plutonium arguant que «le rapport Césium/Plutonium est quasi constant». Non seulement cette réponse n'est en rien un argument contredisant la libération du Plutonium 238 à partir du centre, mais en outre il est inexact. Nous avons en effet repris toutes les mesures de l'IPSN de 1986 à 1991 et constaté que ce rapport Cs 137/Pu 238 varie d'un facteur 10 dans les mousses et d'un facteur 70 dans les sédiments. L'explication apportée par la COGEMA janvier 92), selon laquelle la contamination des sédiments observée par l'ACRO serait due à l'ancienne canalisation de rejet oubliée au sein de la double clôture à proximité de la Ste Hélène, n'est à l'évidence qu'une hypothèse très partielle du terme source. Ces informations justifient pleinement la demande de l'ACRO pour la constitution d'une commission d'enquête indépendante qui devrait, entre autres, faire toute la lumière sur l'historique du fonctionnement de ce site. II - Quand un début d'information cesse sans
explication...
p.22
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(Bq/m3) |
(Bq/m3) |
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Ce vent nouveau n'est pas encore
arrivé en Nord-Cotentin. Pire, au pays de Prévert l'histoire
de la transparence va en sens inverse.
Pour cette seconde illustration, le Document 3 pourrait être intitulé le «jeu des 31 erreurs». Il s'agit en fait de la carte des piézomètres dont la CSPI recevait régulièrement une partie des relevés de mesures. Depuis sa création, jusqu'en mars 1986, la CSPI était informée de certaines mesures faites dans les nappes phréatiques sous le site. Brusquement en avril 86 cette information disparaît et depuis plus rien. Nous n'avons plus droit qu'aux piézomètres extérieurs. Et encore... Les résultats du piézo 702, sur la commune de Digulleville, disparaissent également à partir de janvier 88. Comme par hasard, parmi les points extérieurs au site, c'est celui qui non seulement est le plus contaminé, mais dont les teneurs en Tritium augmentent régulièrement depuis 87. Les données (piézo 702) réapparaissent en avril 91 après demande insistante de la CSPI. Particularité du CSM, pensez-vous? Pas du tout. Nous pouvons présenter le même «jeu des erreurs» avec deux cartes représentant l'usine de retraitement de la COGEMA. Jusqu'en mars 86, les valeurs de 70 piézomètres étaient connues. Depuis avril 86, seulement 21 sont portées à la connaissance de la CSPI. La différence? Elle est très explicite tous les résultats des piézomètres internes aux sites COGEMA et CSM ont disparu sans aucune explication! Que s'est-il passé en France et en Nord-Cotentin en mars 86 qui justifierait ce brusque changement? A défaut de ne pouvoir taire les retombées de TCHERNOBYL en France, voulait-on éviter tout lien avec le nucléaire français en masquant les situations où l'impact sur l'environnement est indéniable? A cette époque, au sein de la CSPI, il se posait une question essentielle: la commission survivra-t-elle?, et une question plus secondaire: quel sera le nouveau conseiller scientifique? Les représentants de l'ACRO et de la CFDT, au sein de la CSPI, ne cessent de réclamer la publication de l'ensemble des résultats et notamment de ceux des piézomètres internes. En réponse, les exploitants observent le «motus et bouche cousue». Qu'y a-t-il à cacher? Si la situation, en particulier sous le CSM, s'améliore comme cela est régulièrement clamé, alors pourquoi ne pas le démontrer en publiant l'intégralité des données et pas seulement celles «qui arrangent»? (suite)
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suite:
Dès octobre 85, les mesures dans le piézomètre 414, qui dépassent largement les limites sanitaires, ont cessé d'être communiquées. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sans évoquer l'absence d'autorisation de rejet, rappelons simplement qu'aucun rejet quel qu'il soit ne peut avoir lieu dans des nappes phréatiques. III- L'affaire du strontium 90
p.23
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mars 1986 | La source d'information sur les nappes s'est... tarie! |
Enfin, affirmer l'absence d'impact
sanitaire est encore une projection très optimiste sur le devenir
de ces radioéléments. L'exploitant devrait relire dans le
détail ses mesures effectuées dans le lait. Alors que ces
valeurs tournent essentiellement autour de 0,15 à 0,2 Bq/1 en Strontium
90, elles sont quasi généralement doublées (0,3 à
0,4 Bq/l) chez un sociétaire localisé à proximité
immédiate de ce point de pollution. C'est peut-être encore
le fait du hasard, mais le relevé de mesures effectuées chez
ce sociétaire disparaît à partir d'avril 91 et même
son indication sur la carte disparaît à partir du 4ème
trimestre 93... Ces niveaux de contamination, nous le concédons,
sont bien faibles. Néanmoins le lien avec cette pollution semble
marquant.
IV - L'information «grand public» COGEMA
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Les valeurs maximales indiquées dans
le bulletin grand public traduisent la plupart du temps «A.A.D.»
(Aucune Activité Décelable) ou au pire une valeur très
faible. La comparaison avec les résultats «diffusion restreinte»
délivrés par le SPR-COGEMA indique des différences
significatives.
La fréquence des ces erreurs (Tableau B3) d'une part, et, d'autre part, le fait que cela va toujours dans le même sens (à savoir donner au public une valeur toujours plus faible), nous incitent à écarter l'idée de «simples fautes de frappe». Sur un plan sanitaire, trouver 180 Bq/1 de Tritium dans un ruisseau ou bien dans le lait des vaches n'a pas du tout la même signification. Une partie en effet se trouvera organifiée dans la caséine, le lactose et la graisse du lait. Deux mois plus tôt, cette même valeur maximale mensuelle de Tritium dans le lait était de 480 Bq/1! V - L'information «grand public» ANDRA
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à l'attention des exploitants:
de cesser la rétention d'information; de pratiquer une réelle politique de transparence et à ce titre de publier l'intégralité de données y compris celles concernant le site. En ce domaine également, il convient de pratiquer le retour d'expérience... à l'attention des autorités de sûreté
et des exploitants:
à l'intention des autorités de sûreté
et de l'autorité politique:
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La commission d'enquête pourra demander
aux autorités de sûreté d'engager l'exploitant à
d'éventuelles reprises de déchets, voire à réaliser
de nouvelles structures de confinement si nécessaire.
Son rapport sera rendu public avant l'ouverture de toute enquête publique. à l'attention de l'opinion publique et des collectivités
locales:
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