Pour quelles raisons ce
problème est-il devenu brutalement un sujet brûlant pour de
nombreuses ONG ?
En 1991, des armes faites avec de l'uranium appauvri (UA) ont été largement utilisées sur le champ de bataille durant la guerre du Golfe. William Arkin (1) de Greenpeace a évalué à 300 tonnes le poids total des projectiles de cette nature disséminés dans la région du Golfe persique. Van der Keur, de la Fondation laka d'Amsterdam estime pour sa part le tonnage global à 800 tonnes (2). Pour répondre à la question cruciale: «Cet uranium est-il toxique ?" et de plus «est-il la cause principale des 500 000 décès dans la population irakienne ?» Nous nous proposons d'abord de décrire les effets chimiques et radiotoxiques, puis la cinétique dans l'organisme de l'uranium appauvri pour évaluer la dose incorporée. Enfin, avec l'ensemble des données physiques et biologiques, nous essaierons d'évaluer raisonnablement les risques pour les populations civiles induites par les munitions à l'UA laissées sur le champ de bataille ou après les bombardements. D'où vient l'uranium appauvri
?
Qu'est-ce que l'uranium appauvri ?
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Il contient 0,2 % d'uranium 235 et 99,75 % d'uranium 238, le reste étant constitué d'isotopes. Ce métal est largement utilisé en radioprotection car il arrête les rayons gamma de façon plus efficace que le plomb. L'uranium appauvri est donc un déchet qui a une activité spécifique de 3,900 Bq/g pour les émetteurs alpha, c'est à dire environ la moitié de la radioactivité de l'uranium naturel Pourquoi de 1'UA dans les armes ?
En quoi la guerre du Golfe a-t-elle été
un révélateur des effets non désirés de l'UA
?
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En Irak, au Koweït comme
au Kosovo, la nature de cet aérosol, liée aux fonctions pyrophores
de ces armes à l'uranium appauvri explique qu'il a été
possible d'inhaler de la fumée ou d'ingérer des particules
d'oxyde de UA pour quelqu'un qui était trouvé dans la zone
critique à ce moment là et à ce moment seulement. C'est
la raison pour laquelle la toxicité de l'UA a constitué un
problème si important aux États Unis qu'elle peut expliquer
la proposition de Damacio Lopez: «demander un accord international
pour interdire les munitions avec du UA» (6).
Mais il nous semble qu'avant d'examiner cette proposition, il est nécessaire
d'étudier la toxicité de l'uranium appauvri en fonction de
nouveaux points de vue apportés par la CIPR 66 (1994) et de la nouvelle
directive européenne (1996).
Toxicité chimique de 1'UA
Par inhalation
Les risques radiotoxiques
de l'uranium appauvri
Par inhalation
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Les particules d'uranium sont très vites transformées dans la cellule en très fines particules qui correspondent à la formation d'une espèce d'écheveau de phosphates d'uranyl. Vingt quatre heures après, les particules étaient phagocytées par les macrophages in vitro après inclusion de cellules directement sur un milieu de culture. Ces observations confirment qu'il existe une action corrosive exercées par les macrophages sur les particules d'oxyde d'uranium. En 1997, Lizon et al (11) ont publié une évaluation précise du taux de survie des macrophages alvéolaires après ce type d'irradiation alpha pour pouvoir aboutir à une mesure de cette toxicité dans ce contexte. Ils estiment que pour obtenir 63 % de mortalité des macrophages, il faut qu'il y ait eu à l'intérieur de la cellule une émission de 550 particules alpha correspondant à la dose énorme d'environ 90 Gy. Plus récemment, Ansoburlo et al (12) ont étudié à partir de l'oxyde d'uranium industriel, forme d'uranium appauvri utilisé pour la fabrication du Mox dans l'usine Melox. Ils ont montré que l'on pouvait effectivement dresser la courbe d'une décroissance de l'uranium capté dans le poumon et au contraire l'augmentation de l'excrétion urinaire après une contamination aiguë observée chez des travailleurs avec de l'uranium appauvri. C'est à partir de l'ensemble de ces faits expérimentaux que l'on peut comprendre les nouvelles recommandations de la CIPR 66 publiée en 1994 (13) pour constituer un nouveau modèle pour l'appareil respiratoire de l'homme applicable pour la radioprotection. Dans le même sens, la nouvelle recommandation européenne publiée en 1996 (14) a adopté le même concept. Qu'est-ce qui a changé ?
La double toxicité de
l'uranium appauvri
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On doit aussi en ce qui concerne
le personnel militaire, qui a plus que tout autre, a été
exposé à ces fumées toxiques au cours de cette guerre,
penser qu'il y a un risque d'induction de cancer du poumon. Tout le problème,
si on revient à la question primitive, c'est que ces risques lointains
et potentiels, probablement très réels, ne peuvent en aucun
cas être proposés comme explication de la forte mortalité
infantile qui a lieu actuellement en Irak et non au Koweït alors que
la majorité des armes a été disséminée
au Koweït et non en Irak.
Conclusion
1- Arkin WM: The desert glows with propaganda
the bulletin of the atomic scientists - mai 1993.
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3- CRC Handbook of chemistry and physics 69éme édition CRC press boca raton florida 1988, B40. retour au texte 4- Nelson JL: Facts to debunk all myths Defensor chieftain, Socorro, New Mexico, l, 4, octobre 87 retour au texte 5- Helmkamp JC: US military casualty comparaison during golf war jour. OCC. MED. 36, p614, juin 1994. retour au texte 6- Damacio A. LOPEZ: Friendly fire Pace and MTP, second edition, Albuquerque, mars 1995. retour au texte 7- ATSDR 1997: US agency for toxic substances and disease registry, toxicological profile for uranium draft for public comment, p350, septembre 1997. 8- Zamora ML Tracy, BL Zieltnski, JM Meyerhof, DP Moss MA Chronic ingestion of uranium in drinking water toxicological sciences, 43, n°1, p68/77, mai 1998. retour au texte 9- Stokinger et al 1 953 in Jacob 1 997 Umweltbundesamt texte 43/97 Berlin retour au texte l0-Henge -Napoli MH, Ansburlo E, Chazel V et al: Interaction uranium-cellule cible, exemple de la transformation de particules d'U04 dans le macrophage alvéolaire - Radioprotection, 32, n°5, p625/636 1997. retour au texte 11- Lizon C, Bailly L, Le Foll L et al Mesure de la survie des macrophages alvéolaires après irradiation alpha pour l'évaluation de la toxicité des oxydes d'actinides inhalés Radioprotection, 32, N°5, p637/644, 1997. retour au texte 12- Ansoburlo E, Chazel V, Houpert P et al: Interprétation des données physico-chimiques et biocinétiques pour le calcul de doses d'un composé industriel U02 appauvri fabriqué pour le combustible MOX, Radioprotection, 32, N°5, p603/615, 1997. retour au texte 13- ICRP Publication 66: Human respiratory tract model for radiological protection Pergamon Oxford ,1994. retour au texte 14- Journal officiel des communautés européennes ISSN 0378-7060, L159, 29 juin 1996.retour au texte p.27
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