AVIS N° 2001-05 (Février 2001) sur
le Rapport " Charpin - Dessus - Pellat "
ÉTUDE ÉCONOMIQUE PROSPECTIVE DE LA
FILIÈRE ÉLECTRONUCLÉAIRE
Une étude
économique prospective de la filière électrique nucléaire
a été réalisée à la demande du Premier
ministre et rendue publique le 28 juillet 2000. Partant du parc nucléaire
existant en France et de la nécessité d'envisager l'évolution
du système de production électrique, elle révèle
que le retraitement du combustible nucléaire irradié en vue
de le recycler n'est pas efficace au regard du traitement des déchets,
ni justifié sur le plan économique.
Le gouvernement doit
réagir aux rapports qu'il commande
Une bonne méthode
d'élaboration pour un rapport sur une question conflictuelle
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Les auteurs ont dans un
premier temps rassemblé des données qu'ils ont soumises à
la critique de chacun. Une fois l'accord obtenu sur des données
physiques ou économiques non contestées, ils se sont entendus
sur les règles de confection de scénarios, acceptant d'avance
les résultats inattendus auxquels ils pourraient aboutir, et n'ont
pas préconisé de solutions, sachant qu'ils n'auraient pu
se mettre d'accord, in fine, sur des conclusions. Il en est résulté
la production d'une base factuelle large, qui regroupe éléments
techniques et économiques sur lesquels un accord a pu être
trouvé. Cette méthode a l'avantage de donner au pouvoir politique
des éléments non contestés sur lesquels il est libre
de prendre des décisions informées par les experts sans que
le contenu ne lui en soit dicté. En revanche, la CFDD regrette que
d'autres éléments soient passés sous silence, particulièrement
de nombreuses externalités, négatives ou positives: risque
d'accident majeur, risque de dissémination, coûts de surveillance
des déchets, évaluation des éventuelles subventions
qui ont été fournies à la filière nucléaire,
signification pour la société, modes de vie, emploi, etc..
Les coûts liés
au parc existant n'appartiennent pas qu'au passé
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Il apparaît, contrairement à
ce qui était généralement avancé, que les coûts
d'exploitation des centrales nucléaires représentent une
part élevée des coûts cumulés (43%) alors que
le coût du démantèlement est relativement faible
(de l'ordre de 5 à 6%).
L'intérêt
du retraitement est discutable
(suite)
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suite:
Sept scénarios, une conclusion: favoriser les économies d'énergie La seconde partie du rapport compare sept avenirs énergétiques fixés à l'horizon 2050 pour tenir compte de l'inertie du parc. Sur la base d'une hypothèse commune de croissance économique (2,3% du PIB de 1998 à 2020 et 1,6% de 2020 à 2050), sept scénarios (trois pour une demande énergétique haute, quatre pour une demande basse) se distinguent sur le choix des filières (nucléaire, gaz, énergies renouvelables). Dans les scénarios nucléaires, différents types de réacteurs et de combustibles sont envisagés. Le rapport décrit les flux de combustibles et de déchets que chaque scénario engendrerait et les gestes techniques qu'il impliquerait, et présente un calcul des coûts cumulés à divers taux d'actualisation. Une seule donnée économique significative émerge de cette évaluation: en permettant une basse consommation d'électricité, une forte maîtrise de la demande entraînerait une économie de l'ordre de 15 à 20% de la consommation, soit 15 milliards de francs par an, quel que soit le prix du gaz naturel. En outre, le coût de l'électricité au kWh des scénarios "basse demande d'électricité » est plus faible que celui des scénarios « haute demande d'électricité ". Autrement dit, la maîtrise de l'énergie apporte un gain considérable qu'aucune filière - nucléaire, gaz, énergies renouvelables - ne peut remplacer. Nucléaire
et effet de serre
Commission Française du Développement Durable AVIS n ° 2000-03 (novembre 2000) sur LES «MÉCANISMES DE FLEXIBILITÉ DE KYOTO» Depuis plusieurs années,
des négociations internationales sur le réchauffement climatique
sont engagées. Dans quelques jours. la conférence de La Haye
(du 13 au 24 novembre 2000) va marquer une étape dans ce processus.
A cette occasion, la CFDD souhaite d'une part attirer l'attention de l'opinion
sur l'importance de cette réunion, et d'autre part rappeler aux
pouvoirs publics la nécessité de respecter les exigences
du développement durable dans ses composantes sociales et écologiques,
en insistant sur les valeurs d'équité et de solidarité.
p.29
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- Soit il s'agit
d'échanges entre pays qui ont fixé leurs réductions
d'émissions: par le biais de "permis négociables" ou "d'application
conjointe ", ils pourront atteindre leur objectif à moindre coût,
grâce à des échanges de nature commerciale (c est ce
que l'on a .baptisé communément l'achat de droits d'émettre).
- Soit il s'agit d'échanges entre pays industrialisés et pays en développement: les pays en développement peuvent acquérir des technologies dites "propres " (à moindre émission de gaz à effet de serre), et les pays industrialisés pourvoyeurs de ces technologies inclure dans leur engagement la réduction des émissions ainsi obtenue ailleurs. Ce mécanisme est connu sous le nom de "mécanisme de développement propre ". L'un des objectifs majeurs de la prochaine conférence de La Haye est de définir précisément les modalités et les règles de fonctionnement et de contrôle de ces nouveaux mécanismes. La CFDD tient à rappeler que la mise en oeuvre éventuelle de ces mécanismes doit tenir compte des principes fondateurs du développement durable, avec les exigences de solidarité, d'équité et de souci du long terme qui y sont attachées. Du point de vue du développement,la CFDD met en garde contre les effets pervers d un emploi irréfléchi des mécanismes de flexibilité sur le développement des pays concernés. En effet: L'échange de permis négociables, dans celui des pays qui contraint son économie et sa population à de plus fortes réductions d'émission pour vendre sur le marché des crédits d'émission, peut entraîner un renforcement des inégalités sociales. Certains projets présentés au titre du "développement propre ", comme la " séquestration " de carbone par la plantation de forêts, reviennent à de l'exportation de déchets plutôt qu'à de réels projets de développement dans les pays qui les hébergent. En effet ceux-là présentent un contenu nul voire négatif pour les pays d'accueil en terme de développement, qui exige de valeur ajoutée et emplois locaux, transferts de technologie, etc.. Les pays les moins avancés, parce qu'ils émettent encore très peu de gaz à effet de serre, risquent d'être laissés pour compte des bénéfices qu'ils seraient en droit d'attendre de l'application du "mécanisme de développement propre", au profit des pays en développement les plus avancés. (suite)
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suite:
Du point de vue de la durabilité du développement, la CFDD alerte l'opinion et les pouvoirs publics sur les points suivants: L'impérieuse nécessité de prise en compte des autres risques d'environnement global dans l'appréciation à porter sur les mécanismes de flexibilité de Kyoto (épuisement des sources fossiles, risques associés à l'énergie nucléaire, concurrence d'usage et dégradation des sols, pertes de biodiversité globale). En effet l'emploi de ces mécanismes, justifié par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, est susceptible d'aggraver ces autres risques. En particulier, la CFDD considère que l'application du principe de précaution doit conduire à exclure les technologies nucléaires des mécanismes de flexibilité de Kyoto, tant que des engagements de limitation de la croissance des flux et des stocks de déchets nucléaires à haute activité et longue durée de vie n'auront pas été élaborés. Car si l'électricité nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre, elle accumule des déchets dangereux pour lesquels les pays industriels eux-mêmes ne disposent pas pour l'heure de solution satisfaisante. L'importance de la poursuite à long terme des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La CFDD rappelle tout d'abord que l'objectif de réduction globale des émissions de gaz à effet de serre ne saurait être atteint sans un effort effectif majeur de réduction des émissions des pays industrialisés eux mêmes. La CFDD considère de plus que la notion de convergence de tous les pays vers un objectif à long terme commun à tous les hommes ( par exemple une quantité d'émissions de gaz à effet de serre par habitant en 2060 ) est un élément primordial de cohésion internationale et de mise en cohérence des engagements de chacun. La CFDD met donc en garde l'opinion et les pouvoirs publics contre les risques qu'une marchandisation sans finalité de convergence clairement affirmée peut induire à long terme. Un emploi non maîtrisé des différents mécanismes de flexibilité conduirait en effet à augmenter avec le temps les écarts des situations d'émission des pays y faisant appel au lieu de les atténuer. La CFDD souhaite vivement que ces recommandations soient prises en compte par les pouvoirs publics français et par l'Union européenne, dans les négociations qui s'ouvrent à La Haye. p.30
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