Voyage au Bélarus 30 juin au 7 juillet 2004 Nous repartons ce soir pour une semaine. Sachant combien vous attendez des nouvelles de Youri et Galina, nous voulions vous envoyer avant notre départ nos premières impressions de notre voyage. Un courrier aux membres de notre association partira dès notre retour, avec les photos que nous avons prises. Bien amicalement Michel et Solange /Biederthal, le 9 juillet 2004 Premières notes (dès le lendemain de notre retour) sur notre voyage en Bélarus du 30 juin au 7 juillet 2004 1) Arrivés à Minsk, reçus
par le Professeur Vassili Nesterenko à l'aéroport, nous nous
rendons chez le représentant de la Suisse, M. Mathias Weingart,
qui part le lendemain pour Berne (DEZA). Au nom de PSR/IPPNW Suisse, nous
y abordons les problèmes du Prof. Bandajevsky, que le département
des affaires étrangères ne semble pas encore considérer
comme un prisonnier politique; le DEZA attend des documents complémentaires.
(suite)
|
suite:
L'Ambassadeur me demande ce que je reproche au projet CORE. Je rappelle l'origine du projet (EDF, CEA, AREVA). ETHOS devait effacer les problèmes de Tchernobyl, mais le bilan sanitaire présenté à Stoline en 2001 est déplorable. CORE refuse de prendre en considération l'échec d'ETHOS et ses causes. Je parle longuement de la pectine de pomme et remets à nouveau mes remarques écrites à ce sujet. Médecins sans Frontières va réaliser un petit projet dans le cadre de CORE chez des femmes enceintes. Il y a été question de pectine, mais cela impliquerait d'observer un protocole. Pour connaître l'effet protecteur de la pectine chez des femmes enceintes, il faut mesurer, avant la cure, la charge radioactive de la mère, celle du placenta et celle de l'enfant à la naissance. 3) Visite du chantier du nouveau BELRAD. Huit ouvriers y travaillent, nous rencontrons le chef de chantier. Les murs du rez-de-chaussée très bien isolés (57 cm d'épaisseur) montent rapidement. Cinq jours plus tard, les linteaux des fenêtres de cet étage sont posés. L'ensemble des locaux abritant la préparation de la pectine de pomme sont terminés pour le gros oeuvre. Il semble réaliste d'affirmer que tout le bâtiment sera sous toit, avec portes et fenêtres, début octobre 2004. Nous logeons les premiers jours et le dernier dans la maison de campagne en bois des Nesterenko, située à dix minutes du chantier. 4) Nous rencontrons à BELRAD les responsables des projets "villages disparus", dont Alexéi Nesterenko, M. Babenko et d'autres. Nesterenko donne à Michel la licence officielle donnée par le Ministère de la Santé Ukrainien à la pectine, avec le schéma réglementaire de cures pour les enfants contaminés. Ce document officiel est très important pour la suite des démarches au Bélarus et ici (TACIS, etc.) Malheureusement nous apprenons 24 heures plus tard, que dans la nuit qui a suivi, Alexéi, encore bien la veille, a fait un iléus et doit être opéré d'urgence. (Après une amélioration de quelques jours, une nouvelle intervention s'est avérée nécessaire le 7 juillet, jour de notre départ). Nous espérons que tout reviendra à la normale dans les semaines qui viennent. 5) Visite à Youri Bandajevsky en relégation dans le village de Peskovtsy au bord du Niémen. Galina Bandajevskaya vient avec nous de Minsk. A notre arrivée, Youri qui a bonne mine et a retrouvé son aspect physique de 1998 (notre visite à Gomel), fait les cent pas devant sa jolie petite maison en bois. Après les retrouvailles, Galina va immédiatement voir le Directeur du kolkhoze Victor Genrikhovitch, pour lever tout danger éventuel de déplacement de Youri dans un autre centre de détention du Bélarus, suite à la visite non autorisée d'une journaliste d'un journal de province, il y a dix jours. p.3
|
Ce déplacement serait d'autant
plus catastrophique, que Youri vient de rendre habitable et jolie la maison
de bois désaffectée, mise à sa disposition. C'est
là qu'il reçoit tous les siens le lendemain. Il a restauré
et repeint en blanc trois pièces. Un chauffage au bois fonctionne.
Il a construit de nouvelles cloisons. Nesterenko a fourni les meubles,
la vaisselle, le frigidaire, la cuisinière au gaz et autres équipements
avec l'aide des donateurs des " Enfants de Tchernobyl Bélarus "
Le puits d'eau potable n'est qu'à 120 mètres de là. Les toilettes publiques sont un peu plus loin. Il y a un jardin avec un cerisier couvert de fruits magnifiques. Youri nous a préparé un excellent "borchtch". Nous lui disons : "Si Galina parle aussi longtemps avec le Directeur, c'est que la discussion évolue dans le bon sens". Au bout de deux heures, Galina apparaît, avec le sourire. Youri respire. L'entretien de Galina a été tellement positif, que la Présidente du District (homologue de nos Sous-préfètes) Valentina Tadeuchevna, nous invite à un dîner de fête trois jours plus tard, avec toute la famille de Youri: son épouse, ses deux filles, sa petite fille, son beau-frère Sacha Slesar et son épouse Nina, ainsi que Vladimir Nesterenko, notre guide et chauffeur. A côté de la maison de Youri il y a un bâtiment en béton à l'abandon. Youri parle d'y installer un laboratoire et un élevage d'animaux de laboratoire. Cette idée nous semble d'abord irréaliste. Les photos que nous montre par la suite Youri du laboratoire de fortune qu'il avait monté en 2000 dans son petit appartement à Gomel, la cuisine servant de salle d'examen des animaux traités par le Cs137, nous amènent à penser que ce serait une possibilité, pour rendre scientifiquement productifs les six mois que Youri doit passer dans cette solitude, malgré tout oppressante. Cela impliquerait pour lui de restaurer des locaux délabrés situés en face de sa maison. Pour la santé de Youri, une telle activité serait peut-être source de survie physique et intellectuelle. Depuis son enfance, Youri a fait de la recherche expérimentale. Sa thèse d'agrégation repose sur des travaux concernant la reproduction. Les problèmes d'instabilité génomique découverts depuis, montrent la nécessité de suivre ces animaux, sur plusieurs générations. (suite)
|
suite:
Il n'est pas encore temps de parler de l'avenir plus lointain et très incertain de Youri, quand il pourra vivre ailleurs dans le pays. Dans le contexte juridique actuel, Youri ne peut envisager ni une activité dans une structure d'état, ni une activité à l'étranger. Cependant une correspondance et coopération avec des instituts à l'étranger ne serait pas à exclure. Youri est très reconnaissant à la Criirad pour l'envoi d'un "notebook". Son beau frère Sacha Slesar est spécialiste en informatique à Minsk et pourrait l'aider dans ces contacts, car pour le moment Youri est interdit d'internet. Vivre avec des projets concrets et réalisables, comme l'étude réalisée avec succès à Gomel alors qu'il attendait d'être jugé, est nécessaire à Youri. Sans de tels projets, on quitte la réalité et ce n'est pas sain. Youri ne parle pas d'aller à l'étranger, car il sait que ce n'est légalement pas possible. Par ailleurs il ne souhaite pas quitter durablement son pays. Sans travail concret, sans projet, Youri aurait des raisons de désespérer, nous devons aller à sa rencontre malgré toutes les difficultés que cela représente. Nous n'avons malheureusement pas le temps de discuter ensemble de projets concrets en détail, car tout protocole nécessite beaucoup de réflexions et une rédaction soignée, Youri va essayer de mettre des idées sur le papier et de nous les envoyer. Les discussions sur l'avenir lointain inquiètent Youri à juste titre, car personne ne peut donner de réponse aux questions qui se posent actuellement. Il y a eu et il y aura des moments difficiles, des "conflits" qu'il faut et faudra aplanir. Youri, qui a un très fort caractère, réussira à le faire avec l'aide de son épouse. Pour le moment Galina travaille à Belrad dans son domaine : la pédiatrie et la cardiologie clinique. Elle étudie chez l'enfant l'effet protecteur de la pectine et des vitamines, dans le cadre des projets de BELRAD dans les villages hautement contaminés "oubliés". Elle peut maintenant rendre régulièrement visite à son mari et lui parler chaque jour au téléphone. p.4
|
Pour le public, ce dernier événement a frappé les esprits ; mais même si le système électrique a été très fortement sollicité, et si chacun en tire les enseignements, cette situation n'a à aucun moment mis en cause la sûreté et ses conséquences en matière d'environnement ont été très limitées. Plus généralement, et comme l'an dernier, je dois d'abord souligner que l'année 2003 n'aura été marquée par aucun événement lourd dans le domaine de la sûreté et de la radioprotection, un seul événement, de nature générique, ayant été classé au niveau 2 de l'échelle INES qui en comporte 7. La radioprotection en progrès, la
sûreté piétine
Rigueur, contrôle : la nécessité
de mieux faire
La rigueur devrait être une seconde
nature.
Les disparités entre sites
(suite)
|
suite:
Cette situation n'est évidemment pas satisfaisante et le niveau national s'efforce de venir en aide à ces sites, d'autant que ces décalages freinent l'harmonisation des pratiques, faute d'un niveau cohérent entre les sites. Renforcer la robustesse des sites les plus
fragiles
Travailler ensemble : Réorganiser
le travail est un impératif
p.5
|
Concilier compétitivité
et sûreté
J'ai pu mesurer la pression qui s'exerce sur la chaîne managériale jusques et y compris les managers de première ligne (MPL) ou les contremaîtres. Le management est "surbooké" depuis la tête de groupe jusqu'aux sites, en passant par les divisions. Cette pression a de multiples origines déjà évoquées, mais je voudrais ici insister sur un autre facteur, la recherche de la performance économique. Cet objectif est sain, nécessaire et peut s'avérer extrêmement motivant, comme j'ai pu le constater sur des sites qui ont su trouver et faire partager des formules chocs et ambitieuses. Un contrôle adapté aux ambitions
de compétitivité
Des dynamiques à consolider
(suite)
|
suite:
Garantir la performance sûreté sur la durée Un point fort de l'entreprise est la permanence d'une force de frappe technique disséminée à la division ingénierie nucléaire (DIN) et à la division production nucléaire (DPN) qui se mobilise en particulier sur les projets à très forts enjeux, ou sur les aléas techniques. Je développe longuement les projets "durée de vie" pour montrer à quel point l'entreprise a depuis longtemps mis tous les atouts dans son jeu pour maîtriser le vieillissement des équipements les plus importants pour la sûreté. Il convient néanmoins de rester vigilant, s'agissant en particulier du maintien d'un support industriel efficace et des compétences associées, nécessaires de la poursuite de l'exploitation des tranches. L'EPR un appui au parc en exploitation
Se préparer aux crises, notamment
par des exercices
Un dialogue clair et ouvert avec I'Autorité
de Sûreté Nucléaire : l'ASN travaille pour nous
p.6
|
Enfin, je souhaite rappeler que
par définition, la culture de sûreté doit faire en
sorte que les points les plus importants bénéficient de l'attention
la plus forte, que les exigences fixées soient en rapport avec le
degré de réduction des risques qu'elles apportent. . . et
bien entendu qu'elles soient parfaitement respectées.
Tirer parti du regard des pairs
Un management fort, à l'écoute
des hommes
Conclusion La persistance d'écarts bien connus devrait inciter à donner la priorité, à tous les niveaux, au renforcement de la rigueur et du contrôle ainsi qu'à la réaffirmation de l'autorité managériale. Pour mieux faire face aux changements, le système doit être rendu plus robuste dans son ensemble, ce qui passe par le développement des efforts d'harmonisation et de mutualisation, de simplification, mais aussi par une réorganisation du travail. (suite)
|
suite:
Pour y parvenir, l'entreprise dispose de nombreux atouts, mais sa force majeure réside dans la motivation et la compétence de son personnel, deux qualités dont le maintien implique d'être davantage à son écoute, plus explicite sur les objectifs, et de veiller sans tarder à préparer la relève de la génération qui a mis le parc nucléaire en service. Ces principes s'appliquent aussi à nos sous-traitants qui devront pouvoir constituer un tissu industriel efficace sur la durée. D'une façon générale, je serai attentif à l'évolution de la tendance observée cette année, mais aussi aux éventuels décalages entre l'annonce des plans d'action et leur concrétisation, ainsi qu'à la pérennité des actions entreprises. Enfin, je rappellerai, même si cela va de soi, et singulièrement au moment où la recherche de la performance économique se renforce, que c'est une responsabilité essentielle de tous les niveaux de management, sans exception, de montrer sans relâche leur implication personnelle dans les choix, petits et grands, qui construisent jour après jour la sûreté et la radioprotection. Au mot d'ordre FBC "faster, better and cheaper", qui a montré ses limites dans d'autres secteurs industriels à l'étranger, je préfère une référence plus explicite à la priorité de la sûreté, par exemple dans "une énergie sûre, propre, pas chère et arrivant à l'heure". Commentaire Gazette L'inspecteur général constate
et déplore :
p.7
|