1) Rappel
Les concepts d'exclusion, exemption et libération sont définis par les. instances internationales compétentes en radioprotection (CWR 60, BSS 115 de AIEA et directive 96/29/Euratom). L'exclusion s'applique aux expositions aux rayonnements ionisants qui ne paraissent pas pouvoir être maîtrisées (unamenable to control): elles sont laissées hors du champ de la radioprotection. Jusqu'à la publication du guide RS-G-1.7 de l'AIEA (cf. ci-dessous), l'approche retenue pour identifier les expositions concernées était purement qualitative et non quantitative (pas de seuils). Les exemples cités par les instances internationales se réfèrent tous à des expositions à la radioactivité naturelle (potassium 40 dans le corps humain, rayonnement cosmique au niveau du sol, radionucléides présents dans la croûte terrestre non perturbée, concentrations non modifiées de radionucléides dans la plupart des matériaux brnts). L'exemption est une dérogation à la règle générale soumettant à déclaration ou autorisation les activités humaines impliquant des sources de rayonnement. Les activités exemptées ne sont donc pas soumises à contrôle. Des seuils d'exemption, exprimés en activité (becquerels) et en concentration d'activité (becquerels par gramme), figurent dans les BSS 115 de l'AIEA et dans la directive 96/29/Euratom, cette dernière leur conférant une valeur réglementaire. Ils ont été calculés sur la base d'un critère dosimétrique de l'ordre de 10 microSv/an, avec des scénarios mettant en jeu des quantités modérées de substances contenant des radionucléides naturels ou artificiels (de l'ordre d'1 tonne ou d'1 mètre cube) et en supposant la source intrinsèquement sûre (inherently safe). La libération est la sortie automatique, sans autorisation particulière ni contrôle ultérieur, de substances radioactives provenant d'une activité humaine elle-même sous contrôle, dès lors que le niveau de radioactivité de ces substances est inférieur à un seuil. La Commission européenne propose des seuils de libération, mais seulement à titre indicatif (brochure RP 122). Pour les radionucléides artificiels, les seuils ont été calculés sur la base du même critère dosimétrique que pour les seuils d'exemption (10 rnicroSv/an), mais selon des scénarios différents et sans limitation de quantité de matières radioactives enjeu (ils sont donc plus bas). Pour les radionucléides naturels, le critère dosimétrique est de 300 microSv/an. Pour bien comprendre ces concepts, il est possible de faire une analogie avec le service militaire, du temps où il existait en France. Les femmes en étaient exclues; certains hommes en étaient exemptés pour des raisons particulières, mais ils restaient mobilisables en cas de conflit; enfin, les hommes qui avaient accompli leur service étaient libérés de leurs obligations militaires. 2) Positions en présence Les définitions ci-dessus ont souvent été mal comprises ou parfois interprétées différemment. Deux approches s'affrontent. La première consiste à définir des niveaux génériques au-dessous desquels le système réglementaire cesse de s'appliquer quelle que soit la situation. Cette approche part du constat de l'ubiquité de la radioactivité naturelle et de la présence dans le bruit de fond de radionucléides artificiels consécutifs aux essais nucléaires atmosphériques, aux accidents majeurs (Tchernobyl) et aux rejets autorisés des installations utilisant des sources radioactives (installations nucléaires et hôpitaux). La seconde consiste à considérer que le système s'applique a priori à toutes les expositions, moyennant un contrôle proportionnel au risque encouru, et en déterminant au cas par cas le niveau de cessation du contrôle. En France, c'est la seconde approche pragmatique qui prévaut. Par exemple, la DGSNR a décidé de ne pas utiliser le concept de libération dans la réglementation nationale, préférant autoriser au cas par cas la sortie de matériaux radioactifs, ou susceptibles de l'être, des installations sous contrôle, pour aiguiller ces matériaux vers des filières contrôlées de valorisation ou d'élimination. C'est aussi la position des membres trançais du Comité 4 de la CIPR. 3) Point sur les publications et les travaux en
cours au niveau international
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Toutefois, ce guide ne s'applique pas aux denrées alimentaires et à l'eau de boisson qui relèvent du Codex Alimentarius (cf. ci-dessous). Il ne s'applique pas non plus au radon, au potassium 40 dans le corps humain et aux matériaux transportés conformément aux règles de l'AIEA. Pour répondre à une préoccupation liée au commerce international des marchandises, le document définit le champ d'application de la réglementation en matière de radioprotection. Deux jeux de valeurs en concentration d'activité (Hq/g) sont établis: - des valeurs d'exclusion pour les radionucléides naturels (1 Bq/g pour tous les radionucléides sauf pour le potassium 40 qui est à 10 Bq/g) cette approche quantitative du concept d'exclusion rompt avec la pratique en usage auparavant; - des valeurs d'exemption pour les radionucléides artificiels (de 0,01 à 10.000 Bq/g selon le radionucléide considéré) les valeurs ayant été calculées pour de grandes quantités de substances, elles sont donc différentes des seuils d'exemption des BSS115 de l'AIEA et de la directive 96/29/Euratom (elles sont du même ordre que les seuils de libérations proposés par Euratom). Le guide précise que ces valeurs peuvent être utilisées pour les concepts d'exclusion, d'exemption et de libération tels que définis dans les BSS115. Elles peuvent aussi servir à la définition d'une substance radioactive et il n'est nonnalement pas nécessaire de réglementer de telles substances lorsque la concentration d'activité est inférieure (mais les autorités nationales peuvent en décider autrement). Le commerce des marchandises contenant des radionucléides à des concentrarions inférieures à ces valeurs ne devrait pas être soumis à contrôle au titre de la radioprotection. Enfin, une approche graduée conforme au principe d'optimisation est proposée lorsque ces valeurs sont dépassées (contrôle proportionné à l'importance des expositions). Ce guide n'est pas totalement satisfaisant. Il résulte d'un compromis acquis après 3 ans de débats difficiles dans lesquels la position de la délégation française, malgré la sympathie qu'elle inspirait, n'a finalement pas été retenue. b) Codex Alimentarius
Ce projet est insatisfaisant car certaines
valeurs sont plus permissives pour les denrées alimentaires que
pour les autres produits. De plus, même s'il est indiqué que
les autorités nationales ont la possibilité de fixer des
valeurs plus contraignantes, le projet ne met pas suffisamment en évidence
la nécessaire prise en compte des situations particulières
d'exposition. Par exemple les valeurs proposées peuvent conduire
à des doses de plusieurs mSvlan dans des territoires contaminés
dans lesquels l'ensemble de l'alimentation est affecté.
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