L'observatoire de l'énergie donne le bilan primaire suivant pour l'année 2001:
La comparaison de ce tableau avec celui des
énergies finales met en relief les points suivants:
selon son mode de production
Pour les fossiles, on comptabilise la quantité
d'énergie qui a été nécessaire pour produire
un MWh d'électricité. Pour l'électricité nucléaire
ou géothermique, la chaleur nucléaire ou la chaleur du sous-sol
qu'on utilise. Pour les renouvelables comme l'hydraulique ou l'éolien,
où l'on ne passe pas par la production de chaleur pour produire
l'électricité, on compte directement l'énergie électrique.
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Pourquoi? Parce que la méthode de calcul adoptée au niveau international consiste à évaluer la quantité de combustibles fossiles (en tep) qui aurait été nécessaire pour obtenir la même quantité d'électricité si on avait utilisé ce combustible, mais avec le rendement de la filière considérée. Donnons en un exemple: le rendement du nucléaire actuel est de ~33%. On fait le calcul comme si on remplaçait dans la chaudière nucléaire l'uranium par du pétrole, sans changer de chaudière ni de turbine. Dans ces conditions il faudrait produire 3 MWh de chaleur à partir du pétrole pour produire 1 MWh d'électricité, soit 3 x 0,086 = 0,26 tep. Pour l'électricité géothermique, avec un rendement retenu de 10%, il faudrait 10 MWh de chaleur soit 0,86 tep. On voit immédiatement que cette règle peut être la source d'incompréhensions ou de manipulations majeures. En particulier, elle gonfle artificiellement la part des filières aux plus mauvais rendements dans les bilans d'approvisionnement globaux. C'est ce qui explique la place majeure que prend le nucléaire dans le bilan énergétique primaire français et justifie à tort les discours optimistes sur notre "indépendance énergétique". L'indépendance énergétique
française: réalité ou fiction?
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Comment concilier ces affirmations
contradictoires? Si notre taux d'indépendance est vraiment de 50%,
comment se fait-il que nous n'économisions pas 22 milliards, le
montant actuel d'importation, mais seulement 7 à 10 milliards d'€,
presque trois fois moins?
Serait-ce qu'un biais s'est glissé dans l'interprétation du calcul de notre indépendance? Eh bien oui. Il tient aux règles d'équivalences énergétiques internationales que nous venons d'expliquer. Dans ce système, chaque kWh de nucléaire contribue trois fois plus à l'indépendance nationale que son équivalent éolien ou hydraulique... Par contre, si l'on améliore le rendement des centrales nucléaires, notre indépendance diminue puisqu'il aura fallu moins d'énergie primaire pour produire un kWh… On comprend alors mieux la vigueur avec laquelle le lobby nucléaire met en avant cet indicateur qui lui est bien utile. Il y réussit d'ailleurs bien puisque tout le monde ou presque est persuadé en France que la moitié de l'énergie utilisée est produite sur notre sol et très majoritairement par le nucléaire. Dernier point: saviez-vous que pas un gramme d'uranium brûlé dans nos centrales ne vient de mines d'uranium françaises? Tout est importé, ce qui convenons-en, constitue une certaine dépendance. On nous dit bien que les sources d'approvisionnement sont diversifiées, que le coût du combustible importé dans le coût total du KWh nucléaire est négligeable (de l'ordre de 5% du coût total) et qu'enfin on peut constituer des stocks de réserve de plusieurs mois sans occuper beaucoup de volume (il faut 8.000 tonnes de minerai pour faire fonctionner le parc actuel pendant 1 an). Tout cela est vrai. Mais la situation n'est pas si différente pour le pétrole de nos voitures comme le montre le calcul suivant. Seule la constitution de réserves de plusieurs mois pose des problèmes d'une autre ampleur que pour l'uranium (la consommation de pétrole des transports représente de l'ordre de 50 millions de tonnes de pétrole par an). Un problème de classe de sixième:
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Au terme de ce bilan quantitatif, nous pouvons retenir quelques éléments majeurs : - L'importance du pétrole (47%) et la marginalité relative de l'électricité (22%) dans notre consommation finale d'énergie, - L'importance de l'habitat - tertiaire et des transports (75%) et la marginalité relative de l'industrie (25%), - L'influence majeure des infrastructures lourdes et de nos modes de vie.. Pour l'énergie primaire : - Le faible rendement de notre système énergétique qui explique l'écart entre le bilan primaire et le bilan final, puisqu'il faut 250 Mtep d'énergie primaire pour mettre à disposition des français 158 Mtep (un rendement de 63%). - L'importance apparente du nucléaire dans ce bilan qui tient aux règles d'équivalence énergétiques adoptées au niveau international. Employé sans précaution, ce bilan fait apparaître une indépendance énergétique voisine de 50%, malheureusement largement factice. So Watt? L'énergie: une affaire de citoyens Benjamin Dessus et Hélène Gassin Éditions de l'Aube 17 € Cours du pétrole qui s'envole, réchauffement
climatique, risques du nucléaire… Passifs et inquiets nous n'y saisissons
plus rien ! L'énergie, domaine traditionnellement réservé
aux entreprises spécialisées et à l'administration,
serait-elle une question bien trop complexe pour que les citoyens ordinaires
puissent comprendre, en débattre et s'impliquer dans l'action?
Les auteurs
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