AREVA et les tenants du nucléaire
ont fait pression pour obtenir la construction d'un EPR et ils ont gagné.
Cette pression est facile à imaginer. La totalité des réacteurs du parc français d'EDF dépend de FRAMATOME, filiale d'AREVA, pour tout changement de gros composant, générateur de vapeur, couvercle de cuve, etc… Le discours élémentaire pouvait être “si vous ne me passez pas cette commande, j'estime le plan de charge de mes usines insuffisant pour maintenir mon infrastructure industrielle”. La production d'électricité de la France dépend à environ 80% du nucléaire, donc la maintenance du parc par la fourniture de ces équipements est un enjeu essentiel pour l'économie et même la survie du pays. Mais qu'est ce que l'EPR ? Ce n'est rien d'autre qu'un réacteur de la famille des réacteurs à eau pressurisée (PWR en anglais ou REP en français). Malgré son enceinte plus épaisse, il reste un REP avec tous ses problèmes. Ces réacteurs, à l'origine Westinghouse, puis déclinés selon les modifications des constructeurs de divers pays, sont l'aboutissement de la filière des réacteurs dédiés à la propulsion navale. Les ingénieurs qui ont élaboré ce type de machine n'avaient pas de préoccupations d'optimisation de l'utilisation du combustible, ni à l'esprit la lancinante question des déchets et de la fin du cycle du combustible. À cette époque, une autre famille de réacteurs était développée, elle aussi à des fins militaires, celle des réacteurs plutonigènes. C'est cette filière que la France avait choisie, jusqu'au basculement dans la voie des REP en 1974. La grande majorité de nos capacités industrielles (et intellectuelles) étaient orientées dans un travail d'amélioration de ce type de réacteurs. Après avoir construit les réacteurs UNGG (Uranium Naturel, Graphite, Gaz) de Chinon, Saint Laurent, Vendellos (Espagne) nos ingénieurs étaient parvenus à la réalisation de Bugey 1 qui était à un échelon de puissance supérieur. Et à ce moment-là, … l'industrie française dut acheter la licence Westinghouse. Grâce à la commande d'un (ou plusieurs) EPR la France va se retrouver dans la même situation qu'il y a environ 40 ans. Pendant que nous allons monopoliser nos moyens financiers et intellectuels (et ces deux moyens ne sont pas sans limites) sur ce type de machine d'une génération “historique”, les autres constructeurs vont faire aboutir leurs travaux de recherche et de développement sur les réacteurs de quatrième génération. Cette famille de réacteurs à haute température présente, entre autres choses, une caractéristique importante pour l'environnement : leur rendement thermodynamique sera supérieur à celui des REP, donc de l'EPR, de près de 50%, ce qui signifie que pour produire la même quantité d'électricité ils produiront environ 30% de déchets en moins. Donc, inexorablement, dans une vingtaine d'années, la France achètera à l'étranger une licence de réacteur à haute température, et tout cela pour le confort financier actuel (en vue de sa proche privatisation) du constructeur français. Sans oublier que ce constructeur, ou son descendant, sera hors course du marché international. L'histoire bégaie. Cette première partie de l'analyse est faite en supposant que l'option “tout nucléaire” perdure. (suite)
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suite:
Mais quels sont nos besoins réels ? La loi d'orientation sur les énergies (2004) en son titre III, chapitre 2 précise: "La France devra être en situation de disposer du maximum d'options énergétiques ouvertes et de pouvoir réellement décider de remplacer ou non tout ou partie du parc par un nouveau parc nucléaire." "Remplacer ou non tout ou partie du parc " suppose d'abord une analyse des besoins énergétiques du pays et ensuite des possibilités de remplacement de ce parc. Le préambule de cette loi stipule aussi " la politique énergétique doit donner la priorité à la maîtrise de l'énergie, à la diversification du bouquet énergétique notamment au profit du développement des énergies renouvelables." Il est clair qu'un programme énergétique cohérent doit s'appuyer sur la mise en place d'une politique très volontariste d'économie d'énergie et, de plus, utiliser toutes les sources possibles (bois, géothermie, solaire, éolien, nucléaire, charbon et gaz…). Ce programme doit aussi être très largement discuté région par région avec une très large participation des citoyens à son élaboration et à sa mise en place. Mais il ne faut pas axer le débat sur la question “le nucléaire a-t-il un avenir?”. La question : “le nucléaire peut-il entrer dans un programme énergétique ?”, serait déjà plus appropriée. L'inconvénient est que les tenants du nucléaire (AREVA par exemple) ne laissent jamais la discussion s'ouvrir. Cette discussion devrait commencer par: - Quels besoins pour la nation ? - Comment y répondre ? - Quels sont les avantages et les inconvénients des diverses approches? Le credo usuel est "le pays ne peut qu'augmenter sa consommation énergétique et principalement la composante électricité". Mais on joue avec les mots car choisir le nucléaire n'ouvre en rien notre panoplie énergétique et nous rend toujours plus dépendants. Si le nucléaire fournit environ 80 % de l'électricité française, il ne représente lui-même qu'environ 25 % dans la panoplie énergétique globale et ne peut pas aider pour les transports, majoritairement routiers. Sur le plan de la politique énergétique, nos hommes (et femmes) politiques sont inconséquents avec leurs propres déclarations. L'EPR n'est pas compatible avec un programme énergétique diversifié. Son coût va étouffer toutes les velléités des autres développements. Il a d'autant moins sa place dans un tel programme que le surdimensionnement du parc français - nous exportons 20% de la production - donne le temps de développer le recours aux énergies renouvelables. Quant à la dernière marotte, ITER, l'hypothétique réacteur à fusion thermonucléaire, n'est qu'un rêve de physiciens. C'est un sujet de recherche qui, depuis plus de 50 ans, nous promet une énergie “propre, gratuite et illimitée” et cerise sur le gâteau “sans déchets”, tout ceci n'étant qu'une succession de mensonges éhontés. En fait c'est surtout un sujet de recherche de crédits et un puits à finances. Cet axe de recherche mobilise des équipes et des crédits qui seraient mieux employés au développement des énergies renouvelables. p.17
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03/12/04 - afp - La Commission
Nationale du Débat Public a décidé d'organiser un
débat sur le projet d'implantation d'un réacteur nucléaire
de type "EPR" (réacteur à eau sous pression) à Flamanville
dans la Manche, a indiqué vendredi un communiqué de la CNDP.
La CNDP, qui organise des débats sur les investissements d'intérêt national, avait été saisie par le président d'EDF le 4 novembre de ce projet. La Commission estime qu'un débat national sur le projet est nécessaire compte tenu "de ses enjeux économiques et sociaux et de ses impacts notamment sur l'environnement". Elle rappelle que "le débat national sur les énergies organisé par le gouvernement au premier semestre 2003 et les avis du Comité des sages qui l'avaient conclu avaient fait apparaître une controverse sur le projet de réacteur de type EPR". |
Elle souligne que "le débat public
a pour but, non de trancher une controverse, mais d'approfondir et d'éclairer
ses termes, après avoir assuré l'information et l'expression
du public".
Jean-Luc Mathieu, conseiller maître à la Cour des Comptes et membre de la Commission, présidera la commission particulière qui animera ce débat. Le Premier ministre avait lancé la France sur la voie de l'EPR en avril 2004, après plusieurs mois d'hésitation du gouvernement. EDF avait annoncé son choix du site de Flamanville le 21 octobre. Le réacteur EPR, un projet franco-allemand développé depuis 1992 par Siemens et Areva, est destiné à prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales nucléaires françaises. Les écologistes jugent qu'il relève d'une technologie obsolète et inutile |
GENÈVE - Depuis le 1er
octobre, le canton de Genève se passe complètement d'électricité
d'origine nucléaire. Les Services industriels de Genève (SIG)
font certes office de pionniers en Suisse, mais d'autres villes pourraient
suivre leur exemple.
Avant ce bannissement, la part d'électricité d'origine nucléaire utilisée à Genève était déjà relativement faible. Le courant issu de l'atome représentait moins de 10 % de l'offre. Un résultat obtenu grâce à un programme lancé il y a deux ans, a expliqué le directeur de la communication des SIG, Christian Brunier. Les SIG s'étaient à l'époque engagés dans la promotion active de l'énergie dite propre. Quatre types d'électricité avaient été proposées aux Genevois. |
Si ceux-ci ne manifestaient aucune préférence,
ce qui a été le cas pour la majorité d'entre eux,
ils étaient automatiquement fournis en énergie d'origine
hydraulique.
Grâce à cette politique, neuf clients sur dix des SIG ont été amenés à consommer de l'énergie renouvelable. Au début de ce mois, le distributeur genevois n'a plus eu qu'à éradiquer de son offre les quelques 10 % d'énergie de provenance indéterminée qui contenaient une part de nucléaire. Genève se fournit dorénavant dans une centrale à gaz à haut rendement au Luxembourg pour remplacer l'électricité tirée de l'atome, a fait savoir M. Brunier. L'ensemble de l'énergie achetée par les SIG est désormais certifié. Des contrôles par un organisme indépendant sont opérés. La politique menée dans le canton du bout du Léman pourrait séduire d'autres villes helvétiques. Un projet similaire est à l'étude à Lausanne. |