Accident de radiochirurgie au CHU de Toulouse. L'ASN et l'IGAS ont remis leur rapport à la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports. L'ASN classe l'accident au niveau 4 + de l'échelle expérimentale ASN-SFRO. (Paris-26 février 2008) L'ASN classe au niveau 4 + de l'échelle expérimentale ASN – SFRO l'accident survenu au CHU de Toulouse entre le 11 avril 2006 et le 18 avril 2007, impliquant 145 malades traités par radiochirurgie intracrânienne. A la suite de la déclaration de l'événement par le CHU à l'ASN fin avril 2007, une première inspection a été menée par l'ASN en mai 2007. Elle a permis de préciser les circonstances de cet accident en confirmant la discordance des mesures réalisées lors de la calibration des micro-faisceaux de radiochirurgie. Sur cette base, l'ASN a classé l'accident à titre provisoire au niveau 2 sur l'échelle expérimentale ASN – SFRO. La ministre de la santé de la jeunesse et des sports a ensuite demandé le 13 juin 2007 à l'ASN et à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) une analyse approfondie des causes de l'accident ainsi qu'une évaluation des actions correctives engagées par le CHU pour éviter le renouvellement de ce type d'accident. Le rapport ASN-IGAS, remis à la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports le 12 février 2008, confirme l'origine de l'événement identifiée dès la fin mai 2007 - une erreur de mesure lors de la phase de calibration des micro-faisceaux – et en détermine les causes plus profondes, liées en particulier aux facteurs organisationnels et humains. Ainsi le rapport ASN / IGAS considère que l'utilisation de l'accélérateur de particules dédié à la neurochirurgie, isolée de toute structure de radiothérapie, a entraîné un manque de prise en compte des contraintes de la radiothérapie et de la radiophysique médicale et donc favorisé l'erreur technique. |
Concernant l'état des victimes, l'ASN a sollicité, le 26 juin 2007, l'IRSN afin de procéder à une analyse du risque de complications neurologiques à long terme chez les patients surexposés. Cette expertise transmise par l'IRSN à l'ASN le 19 février 2008 souligne la difficulté à appréhender l'impact sanitaire de cet accident et conclut notamment que: - l'accroissement de la morbidité neurologique observée chez certains patients est une conséquence directe des surdosages observés. Il se traduit notamment par des paralysies faciales de grade modéré à sévère, des névralgies et des déficits auditifs ; - il ne peut être mis en évidence à ce jour de relation entre les surdosages et les décès constatés; - l'impact sanitaire définitif des surdosages ne pourra être définitivement établi que dans un délai de 3 à 5 ans après la radiochirurgie. Pour ces raisons et sur la base de ces informations, l'ASN reclasse cet événement au niveau 4 + de l'échelle expérimentale ASN-SFRO (1). (1) L'échelle expérimentale ASN- SFRO vise à permettre une communication vers le public, en des termes accessibles et explicites, sur les événements de radioprotection conduisant à des effets inattendus ou imprévisibles affectant des patients dans le cadre d'une procédure médicale. Elle est testée sur une durée de 12 mois à compter du 5 juillet 2007; les résultats seront évalués conjointement par l'ASN et la SFRO. Contact Presse: Evangelia Petit 01 40 19 86 61 - evangelia.petit@asn.fr p.20
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L'accident survenu au CHU de Toulouse, déclaré à l'ASN en avril 2007, implique 145 malades traités par radiochirurgie intracrânienne. Cet accident arrive après plusieurs accidents de radiothérapie conventionnelle ou de radiochirurgie qui ont attiré l'attention sur ce domaine. En juin 2007, la ministre de la santé a chargé l'IGAS et l'ASN d'une mission d'enquête sur cet accident. I - L'ACCIDENT ET SON CONTEXTE La radiochirurgie stéréotaxique est une technique qui permet de supprimer une lésion de faible volume en utilisant les rayonnements ionisants en substitution à la chirurgie. À Toulouse, la méthode faisait appel à un accélérateur pour délivrer une dose unique sur un volume défini grâce à l'imagerie. Cette technique nécessite une collaboration étroite entre radiothérapeute, radiophysicien, neurochirurgien et neuroradiologue. 1.1 – Une structure d'accueil dominée
par la neurochirurgie
1.2 un accident provoqué par une
erreur lors de l'installation
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Les contrôles mis en oeuvre ne permettaient pas de détecter l'anomalie. Celle-ci a été découverte fortuitement un an plus tard par le fournisseur, en comparant les données de sites utilisant le même équipement. II - LES SUITES IMMEDIATES 2.1 – Après la découverte
de l'accident, le signalement aux autorités a été
rapide
2.2 – L'information des victimes a été
partielle et tardive
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Quant aux malades habitant à l'étranger, pour lequel le CHU indique qu'ils ont choisi de venir plus tard, ils n'ont reçu aucune information écrite sur l'accident, alors qu'ils n'ont pas forcément été alertés par la presse. Dès lors, en acceptant la date de rendez vous qui leur a été fixée avec un délai retardé, on ne saurait dire dans quelle mesure leur consentement a été éclairé. Dans tous les cas, lors des consultations, il est prévu que le neurochirurgien précise au malade les circonstances et les causes de l'accident, établisse un premier bilan du traitement et dicte une lettre au médecin traitant, en présence du malade. Certains courriers sont complets, mais d'autres se montrent excessivement rassurants à l'égard du surdosage. Plusieurs malades sont sensibles à la contradiction qui ressort du discours des médecins lorsque ces derniers n'attribuent aucune influence à un changement, parfois important, de la dose reçue, alors qu'ils insistaient auparavant sur l'exactitude de la technique. 2.3 – La communication au grand public a
souvent précédé l'information des patients
2.4 – La difficulté à établir
un bilan définitif de l'état des victimes
III – L'ANALYSE DES EVENEMENTS De ces divers dysfonctionnements, plusieurs
conclusions peuvent être tirées, concernant:
3.1 – L'organisation inadéquate de
la radiochirurgie à Toulouse pose la question plus générale
du mode d'organisation de ce type de technique
(suite)
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suite:
3.2 – Les relations ambiguës avec le fournisseur ont fait croire au CHU qu'il était plus assisté qu'il ne l'était vraiment Lors de la livraison d'un système de radiothérapie, le fournisseur est responsable du bon fonctionnement des équipements livrés, alors que les étapes liées à la radiophysique ne sont pas de sa responsabilité. Le CHU de Toulouse a voulu croire (à tort) que la vérification des mesures était de la responsabilité conjointe du fournisseur. Au final, les intervenants sur place n'avaient pas une bonne compréhension des actions réalisées au niveau du siège du fournisseur. La situation qui s'est alors instaurée a conduit à l'effacement des lignes de défense, chacun pensant que les contrôles avaient été réalisés par l'autre. 3.3 – Les impératifs liés
aux accidents iatrogènes ne sont pas encore suffisamment assimilés
par les hôpitaux
3.4 - enfin les principes de l'assurance
qualité sont encore trop mal connus des personnels hospitaliers
IV – LES RECOMMANDATIONS
4.1 - à Toulouse
4.2 – au plan national
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AVIS D'INCIDENT L'ASN classe au niveau 3 de l'échelle INES-SFRO l'irradiation d'un travailleur de l'Onera (Toulouse) Le 12 mars 2008, un travailleur de la société Hirex Engineering intervenant au sein de l'établissement de l'Onera à Toulouse a été accidentellement exposé pendant plusieurs minutes aux rayonnements émis par une source radioactive de haute activité de cobalt 60. Ce travailleur est intervenu pendant plusieurs minutes dans un bunker servant à l'irradiation de composants électroniques, alors que la source radioactive utilisée pour cette opération n'était pas dans sa position normale, c'est-à-dire dans son enceinte de sécurité. Cette position anormale résultait d'une mauvaise manipulation lors d'une opération d'irradiation réalisée environ 30 minutes auparavant. Les dispositifs de sécurité de l'installation auraient dû, compte tenu de cette configuration anormale, interdire l'accès de tout intervenant au bunker, ce qui n'a pas été le cas. Ces dysfonctionnements n'ont pas été immédiatement décelés. Dès la constatation de cet accident, la source a été remise dans son enceinte de sécurité. L'ASN, informée de l'événement le 13 mars 2008, a immédiatement interdit l'utilisation du bunker par l'Onera. L'ASN et l'inspection du travail, accompagnées d'experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ont réalisé une inspection sur site le 17 mars. |
Les constats relevés par les inspecteurs confirment que des dysfonctionnements techniques et organisationnels et de nombreux écarts réglementaires en matière de radioprotection sont à l'origine de l'accident. En particulier, les inspecteurs ont mis en évidence des défaillances des systèmes de sécurité devant normalement interdire l'accès au bunker dans de telles situations. De plus, ils ont relevé des lacunes dans la formation et l'encadrement du personnel en charge des opérations d'irradiation qui ont conduit ce personnel à ne pas déceler immédiatement la position anormale de la source. Le travailleur irradié a été pris en charge par son médecin traitant avec l'assistance de médecins de l'IRSN spécialisés dans ce type d'événement. La reconstitution de cet accident et les résultats des examens biologiques réalisés par l'IRSN ont permis d'évaluer que la dose reçue par cette personne s'élève à 120 millisieverts. L'ASN rappelle que la limite de dose réglementaire d'exposition est de 20 millisieverts par an pour une personne susceptible d'être exposée aux rayonnements ionisants dans le cadre de son activité professionnelle ; elle est de 1 millisievert par an pour le public. L'ASN classe cet événement au niveau 3 de l'échelle INES-SFRO. L'ASN et son appui technique l'IRSN poursuivent leurs investigations pour déterminer les circonstances exactes de cet accident et notamment les causes du dysfonctionnement des dispositifs de sécurité devant interdire l'accès au bunker en phase d'irradiation. L'ASN engagera des actions spécifiques à l'égard des industriels utilisant un matériel et des installations similaires afin de prévenir la répétition d'un tel accident. p.23a
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NOTE D'INFORMATION Le 8 février 2008, l'ASN a autorisé
le service de radiothérapie du centre hospitalier Jean Monnet à
Épinal à reprendre ses activités.
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Les inspecteurs de l'ASN ont constaté que le centre Alexis Vautrin a pris en compte les enseignements des événements survenus au centre hospitalier Jean Monnet. Le centre Alexis Vautrin a notamment: * procédé à une refonte complète de l'organisation et du fonctionnement du service; * réalisé la vérification technique des installations; * rédigé, sous assurance qualité, des protocoles de traitement et des procédures relatives, notamment, à la sécurité des patients; * mis en place un processus de contrôle de la dose délivrée aux patients par dosimétrie in vivo; * réalisé une action importante de formation du personnel; * mis en place une nouvelle équipe de radiothérapeutes et de radiophysiciens. L'ASN considère que ces mesures et les actions mises en place par le service de radiothérapie à la suite à l'inspection du 21 décembre 2007 permettent le traitement des patients dans des conditions de sécurité et de radioprotection satisfaisantes. L'ASN a ainsi autorisé la reprise des activités du service de radiothérapie du centre hospitalier Jean Monnet. Elle contrôlera, au premier semestre 2008, la pérennité des actions d'amélioration de la sécurité engagées et s'assurera que le service s'inscrit dans une démarche permanente de progrès et de vigilance. p.23b
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