La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°253
NUMERO DEDIE A PIERRE SAMUEL,
cofondateur de la GAZETTE NUCLEAIRE

Extrait d'un article IRSN
Uranium: propriétés et effets biologiques après contamination interne
(Résumé et conclusion)



     Auteurs: IRSN Direction de la radioprotection de l'homme, annales de biologie clinique, volume 67 n°1, janv-fév 2009
     Résumé
     L'uranium est un radionucléide présent dans l'environnement depuis l'origine de la terre. A cet uranium d'origine naturelle viennent s'ajouter des apports plus récents résultant des activités industrielles et militaires de l'homme. La toxicité de l'uranium résulterait d'une combinaison de ses propriétés chimiques (métal lourd) et radiologiques (émission de rayonnement ionisant). La toxicité aiguë se manifeste chez l'animal par une importante perte de poids et des signes d'atteinte rénale et cérébrale. Une altération de la formation osseuse, une modification du système reproducteur et des effets carcinogènes sont également observés.
     A contrario, les effets biologiques d'une exposition chronique à de faibles doses sont peu connus. Cependant, les résultats de différentes études récentes suggèrent que la contamination chronique à faible niveau par l'uranium induirait des effets biologiques subtils, mais significatifs dans des organes qui ne sont pas connus pour être des organes sensibles à la concentration par l'uranium. C'est le cas du système nerveux central par exemple puisque, récemment, ont été montrées une altération de la mémoire à court terme et une augmentation du niveau d'anxiété, associées à la présence d'uranium dans différentes structures cérébrales chez l'animal (essentiellement rongeur).
     La grande nouveauté dans la connaissance des effets d'une contamination chronique par l'uranium est la mise en évidence d'effets biologiques de l'uranium sur plusieurs métabolismes majeurs de l'organisme, incluant le métabolisme des médicaments, des hormones stéroïdiennes, de la vitamine D et du fer. Ces données scientifiques récentes suggèrent que l'uranium pourrait participer à l'augmentation des risques sanitaires liés à la pollution de l'environnement.
suite:
     Conclusion
     L'uranium occupe une place unique parmi les actinides. En raison de ses caractéristiques chimiques, il se comporte comme un composé néphrotoxique, indépendamment de ses propriétés radioactives. De plus, en fonction de son isotopie ou de son degré d'enrichissement en 235U, il est considéré comme un composé radiotoxique. Nos connaissances sur la toxicité de l'uranium proviennent d'observations faites chez l'homme, mais surtout d'études sur  l'animal qui montrent que l'os et le rein sont les deux principaux organes cibles de l'uranium. Néanmoins, une exposition chronique à l'uranium affecte de nombreuses fonctions physiologiques (physiologie rénale et hépatique, métabolisme osseux), ainsi que le système nerveux central et le système reproducteur. De plus, des modifications de l'homéostasie phosphocalcique et de certains métabolismes (vitamine D, hormones stéroïdiennes et médicaments) sont décrites chez l'animal après contamination à l'uranium. 
     Ainsi, l'exposition chronique à une faible quantité d'uranium est responsable d'atteintes de systèmes biologiques qui ne sont pas forcément corrélés à l'accumulation tissulaire de ce radioélément; la question de l'effet systémique ou direct reste donc encore sans réponse. 
     L'exposition à l'uranium induit ainsi chez le rat adulte des modifications subtiles mais significatives de plusieurs systèmes physiologiques. La question subséquente à l'observation de ces effets est de savoir si ces modifications sont les signes précurseurs de l'apparition d'une pathologie observable sur le plan clinique, ou si elles sont plutôt le reflet d'une adaptation de la physiologie des organes à cette exposition chronique. Les études présentées étant réalisées chez un modèle rongeur représentatif d'une population adulte et "saine", une des manières de répondre à cette interrogation serait d'évaluer les effets de l'uranium sur d'autres populations, soit chez des individus en croissance dont l'exposition à ce radionucléide se fait de façon simultanée à la mise en place des grands systèmes physiologiques, soit chez des individus ayant des prédispositions à des pathologies particulières.
p.8

L'uranium (et autres polluants) passent-ils au cerveau par les nerfs du nez?
31 Juillet 2009
Environnemental Health News

www.environmentalhealthnews.org/

     1- Communication IRSN
     Tournier, BB, S Frelon, E Tourlonias, L Agez, O Delissen, JE Dublineau, F Paquet, F et Petitot. 2009.
     Rôle des nerfs olfactifs dans le transport direct de l'uranium inhalé au cerveau du rat. Toxicology Letters doi: 10.1016/j.toxlet.2009.05.022.
     Résumé de Paul Eubig, DVM.
     L'uranium inhalé par les soldats sur le champ de bataille et par les travailleurs dans les usines peut-il contourner la barrière hémato-encéphalique protectrice du cerveau en suivant les nerfs du nez directement jusqu'au cerveau.
     Les nerfs peuvent agir comme un conduit, transportant l'uranium inhalé par le nez directement au cerveau, constate une étude avec des rats. Une fois dans le cerveau, l'uranium peut affecter les fonctions cognitives d'attention et de décision.
     Cette étude fournit un autre exemple de la façon dont certaines substances peuvent utiliser le système olfactif – bipassant la barrière hémato-encéphalique - pour aller directement au cerveau. Il a été montré que des nanoparticules de titane et de manganèse, de nickel et de thallium ont pu atteindre le cerveau en utilisant le même itinéraire.
     Le personnel militaire et les personnes qui travaillent dans les usines de transformation de l'uranium sont exposés à cet élément faiblement radioactif via des blessures ou via la respiration. Cette exposition  peut affecter le fonctionnement du cerveau; les soldats qui transportent des obus à l'uranium deviennent maladroits.
     L'uranium a diverses utilisations industrielles et militaires. L'uranium appauvri très dense est utilisé dans les gilets pare-balles et les protections des véhicules militaires.
     Des expositions peuvent se produire sur le champ de bataille par les blessures - comme pour certains militaires américains blessés pendant la guerre du Golfe. Ces expositions peuvent être plus élevées que celles des civils qui travaillent avec l'élément. Une étude des anciens combattants de la guerre du Golfe ayant des éclats d'obus d'uranium dans le corps a montré que leurs fonctions cognitives (attention et décision) ont baissé. 
     L'uranium peut également être inhalé. Les soldats dans les véhicules touchés par les tirs à l'uranium et les travailleurs des installations de traitement d'uranium peuvent le respirer.
     Les chercheurs - tenant compte du fait que l'uranium peut exister sous différentes formes, ou isotopes – utilisent des rats pour comparer la façon dont l'élément se déplace à travers le corps, s'il est inhalé ou injecté dans le sang. Les animaux sont exposés au même isotope à des niveaux similaires à ceux rencontrés sur un champ de bataille où les armes à l'uranium appauvri sont utilisés. On leur a, aussi, injecté un autre isotope. Les chercheurs ont comparé les concentrations de ces deux isotopes dans les différentes régions du cerveau.
     L'isotope (inhalé concentré 2 à 3 fois plus que l'isotope injecté dans le conduit olfactif - odorat) passe du nez au cerveau dans l'hypothalamus et le cortex frontal du cerveau. Ceci est important, car la partie avant du cerveau contrôle la fonction qui recueille l'information, prend des décisions et commande l'action.

suite:
     Les scientifiques ont ensuite chimiquement endommagé les nerfs olfactifs dans le nez. Les rats aux nerfs endommagés, avaient trois fois moins d'uranium dans le système olfactif, que les rats aux nerfs olfactifs intacts. 
     Ces résultats suggèrent que l'uranium inhalé peut passer du  nez par les nerfs olfactifs jusqu'à la partie avant du cerveau. Le parcours olfactif, alors, joue un rôle important dans l'atteinte cervicale par l'uranium inhalé.
     On ne sait pas à partir de cette étude, si les soldats et les civils qui respirent l'uranium peuvent être exposés à un risque plus élevé pour les effets cognitifs ou si l'uranium inhalé peut affecter le fonctionnement du cerveau de la même façon que quand il est transporté par le sang. Il est également difficile de savoir si ces conclusions s'appliquent pour le cerveau humain, puisque le cerveau de rat est plus développé pour l'odorat que le cerveau humain. 
     Evaluer ces risques éventuels et déterminer si le cerveau d'une population ayant un sens olfactif peu développé est protégé, exige d'autres études de personnes exposées par inhalation à l'uranium. 

2- International Symposium on Olfaction and Taste: Ann. N.Y. Acad. Sci. 1170: 610–614 (2009).
Est-ce que les polluants environnementaux peuvent aller jusqu'au cerveau par la voie olfactive et induire des dégénérescences neurales (extraits).
Do Environmental Agents Enter the Brain via the Olfactory Mucosa to Induce Neurodegenerative Diseases
Richard L. Doty

     Les causes de deux des plus communes des dégénérescences neurales, maladie d'Alzheimer et maladie de Parkinson (MA et MP) sont inconnues. Bien que des formes génétiques bien définies existent, elles se manifestent plutôt précocement et ne représentent qu'une faible fraction des cas. Les virus, les aérosols métalliques, les toxines et les poussières sont entre autres associés au facteur de risque environnemental pour MA et MP.
     Les chiens et les personnes exposés à un air très pollué présentent des dysfonctionnements de l'odorat et un niveau élevé de bêta-amyloid dans le cerveau, ainsi qu'une inflammation des centres olfactifs et autres structures cervicales reliées à l'odorat.
     On trouve les poussières accumulées sur les centres olfactifs des personnes exposées. Les soudeurs et autres personnes exposés aux poussières métalliques et autres agents sont susceptibles de perdre l'odorat et de développer des formes de maladies neurodégénératives. De telles observations sont à l'origine du questionnement de ce symposium. Est-ce que les polluants environnementaux peuvent aller jusqu'au cerveau par la voie olfactive et induire des neurodégénénérescences?

p.9

Retour vers la G@zette N°253