EDITORIAL / SOMMAIRE
Ce sont les vacances, mais pas pour tout le monde. Le monde biologique s'agite: lors d'un symposium la pollution de l'air a été citée comme une des causes possibles des maladies du système nerveux central (sclérose en plaques, Parkinson et Alzheimer). L'IRSN de son côté a fait état de résultats concernant l'attaque cervicale par des poussières d'uranium. La barrière hémato-encéphalique serait by-passée par un passage direct par le nerf olfactif. En ce qui concerne l'uranium ce sont des recherches avec des rats. Par contre pour la pollution ce sont des examens de travailleurs (soudeurs) et cela converge. On a perdu du temps, mais il est vrai que les possibilités d'études ont beaucoup changé en 20 ans et la recherche ne peut pas brûler les étapes: pour soigner il faut connaître les mécanismes. Par contre, on aurait pu se dispenser de faire des armes à l'uranium appauvri. De même qu'on aurait pu éviter les gaz (ypérite, sarin, phosgène...). L'inconvénient est que, pendant que d'aucuns cherchent à soigner, d'autres pensent à peaufiner des armes. Quand sera-t-on prêt à écouter un appel comme celui du maire de Nagasaki: ne plus jamais utiliser l'arme atomique et réellement appliquer le TNP... Et dans le même temp, un général américain déclare qu'une frappe pourrait être faite en Iran... Le régime iranien n'est pas angélique, mais qui peut envisager une telle horreur? La recherche des sites FAVL s'est poursuivie: 40 communes avaient plus ou moins dit "oui" à une reconnaissance: dix ont été jugées intéressantes. Le choix s'est porté sur AUXON et PARS en Chavanges. Mais la procèdure traînait depuis 6 mois et l'ANDRA ne répondait pas aux demandes des maires. ET ce qui devait arriver est arrivé: la maire de Pars (74 habitants) a jetté l'éponge et celui de Auxon a été désavoué par son conseil municipal et ses administrés. (suite)
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Arrêt ou non du nucléaire, nous sommes condamnés à nous occuper de déchets radioactifs ET chimiques. Condamnés oui, mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de chercher les solutions: il n'y a aucune urgence à aller à toute vitesse. Bien au contraire le passé nous apprend qu'il faut réfléchir avant de continuer à faire des petits tas qui inéluctablement grossissent et deviennent ingérables. ET de plus, il serait malin de minimiser les tonnages de déchets. Ce qui ne peut se faire qu'en acceptant de discuter un plan énergétique équilibré et utilisant toutes les possibilités. C'est bien sûr plus compliqué que de laisser faire EDF et de croire à ses promesses... Nous avons pu constater cette dérive du côté de la centrale de Belleville. En effet, la chambre de commerce a organisé un débat sur la politique énergétique ce qui est en soi une bonne chose. Mais, elle subissait des pressions pour s'associer à la demande d'un EPR à Belleville. Même en soulignant que le développement d'industries liées au renouvelable créerait de fait plus de postes et plus de PME/PMI, cette voie leur paraît trop difficile. Il faut, en effet trouver les partenaires, obtenir des prêts bancaires, essayer de soutenir les artisans et tout cet ensemble est plus compliqué que de se jetter dans les bras d'EDF. Bien sûr, il y aura quelques firmes prestataires de services. Cependant on peut en toucher la fragilité compte tenu du marasme actuel. Toujours à Belleville (info d'une fidèle lectrice): L'action Greenpeace de mars 2007 – tag sur un aéroréfrigérant (EPR-danger) se termine par la condamnation à 15 jours de prison avec sursis pour 11 d'entre eux et 8 jours pour 1e dernier. Le titre "les militants écologistes s'en sortent bien" est tout de même un peu fort. Le délit d'opinion est maintenant passible de la prison!! Comme l'écrit ma correspondante "Considérés comme des malfaiteurs; alors que les délits financiers, économiques qui se chiffrent eux en millions, voire millards d'euros, ne sont jamais poursuivis; quelle honte!!" p.1
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Bon on repart sur notre dada la sûreté et la radioprotection. Le petit article du Monde "Quatre minutes et quinze secondes du vol Rio-Paris" nous rappelle que tous les automatismes les plus performants doivent toujours prévoir le recours à l'homme. L'ordinateur dépend de son programme élaboré par un homme, l'électronique dépend de son concepteur. Et tous les maillons peuvent faillir. Mais, rien n'est simple, car l'homme ne peut pas réagir au quart de tour, il lui faut un minimum. L'article cite un pilote: "nous avons reproduit en simulateur la situation du AF447, et aucun d'entre nous n'est arrivé à se sortir de ce piège où les copains ne pouvaient plus contrôler quoi que ce soit." Et il est ajouté: "la sécurité du transport aérien mériterait plus de maturité, et que soit dépassée la sempiternelle question du "fautif". Dans les années 1950, l'analyse des grandes catastrophes pointait les systèmes techniques devenus de plus en plus fiables. Dans les années 1970, l'homme est apparu comme le maillon faible des systèmes à risque (aviation, espace, nucléaire), notamment après l'accident de la centrale nucléaire Three Mile Island. Depuis la fin des années 1980 et la catastrophe de la navette Challenger, on a découvert que l'erreur humaine n'existe pas, et que c'est l'organisation du travail qui place l'homme en situation d'échec. Cela débouche sur l'analyse de la dangerosité des systèmes socio-techniques eux-même (citation de Franck Guarnieri directeur du centre de Recherche sur les risques et les crises de l'Ecole des Mines de Paris) Car la relation entre l'homme et les automatismes est paradoxale: ceux-ci ne sont sûrs que s'ils intègrent l'homme comme ultime recours pour parer à leur propre défaillance; mais l'homme qui intervient plus dans la conduite ordinaire perd peu à peu sa capacité d'intervention en urgence" Et pour finir: "des grands systèmes dans sa volonté d'affichage de transparence des risques réels. Cette transparence est pourtant fondamentale (...), car elle conditionne un message pour le grand public démontrant que le risque ne peut être annulé et qu'il faut vivre avec. Plus on masque les incidents et les risques, plus le grand public, les médias et les politiques peuvent tuer l'industrie par une réaction inappropriée à une catastrophe. (citation de René Amalberti – la Recherche-1999)" La conclusion de l'article est:"l'élucidation de la catastrophe de l'AF447 raréfiera les accidents aériens, mais il faudra continuer à vivre avec". (suite)
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Je suis d'accord sur le fait qu'il n'existe pas de risque zéro et que l'erreur humaine ne désigne pas un fautif ou une fautive, mais par contre pointe une organisation défaillante. Mais il faut tout mettre en oeuvre pour essayer de construire des systèmes aussi fiables que possible et savoir que cette approche est moins facile que faire la part des choses: il y aura toujours des accidents... Donc la Gazette vous livre les dernières nouvelles sur les centres de radiothérapie, sur un incident à Mélox qui montre que les inspections se suivent et se ressemblent, sur les efforts canadiens-chinois pour relancer le thorium, sur la surveillance de l'environnement que peuvent s'approprier les CLI et les citoyens. Puis nous passerons aux VD3: avis ASN, IRSN, réponses ASN. Nous publierons notre propre analyse de la VD3 de Fessenheim1 en 2010. Quelques nouvelles du front des déchets, un avis sur la reprise des sites miniers et pour finir l'analyse du dossier d'autorisations de rejets des associatifs de la CLI de Civaux (2e partie). Notons aussi un avis défavorable de l'ASN sur un arrêté qui "tend à banaliser la délivrance de dérogation" permettant "la dilution de déchets comme mécanisme d'élimination" (voir page 4 de ce n°) Et pour finir une information sur le CNPE Gravelines qui était jaloux de celui du Tricastin et a voulu aussi suspendre des combustibles. C'est raté: il n'y en a qu'un (MOX tout de même). L'analyse des inspecteurs pointe toujours la vérification ratée du "jeu inter-assemblage". Est-ce dû à un corps migrant (Tricastin bille de roulement du pont) ou une éventuelle déformation des pions de centrage (hypothèse envisagée à Tricastin? Il aurait été question d'une "dilatation". Dans ces 2 derniers cas la demande de vérifications plus fréquentes des internes s'impose: à suivre... J'espère que vos vacances furent bonnes et un grand merci de tous vos réabonnements. p.2
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