Notre ami Jean-Claude Autret
nous a quittés le 23 avril 2023
Lors de l’AG de février 2020
Monique, après une cinquantaine d’années de conduite du GSIEN,
passait le flambeau. Elle avait bien mérité ce repos après avoir
tant donné.
Mais la question qui se posait était critique : qui aurait le courage, voire l’inconscience de prendre sa succes-sion (nota : nos amis scientifiques de la première heure sont dans la même gamme d’âges que nous !!!).
Apparut alors Jean-Claude. A ce moment-là, en dehors de sa présence à la création de l’ACRO (conséquence de Tchernobyl) où il fut administrateur et président, nous n’avions pas une idée précise de son cursus.
Mais son dynamisme, son efficacité, sa gentillesse, estompèrent très vite les quelques appréhensions. Sa façon d’aborder les questions tant techni-ques que d’ordre épistémologique ou relationnelles, lui permettait d’affirmer sa présence dans de nombreux groupes de travail (où dans certains il avait côtoyé Monique). Je crains ne pas être complet, mais je peux citer les Groupes permanents d’experts auprès de l’ASN : GPD (Déchets), GPU (Usines et laboratoires), GPESPN (Equipements sous pression nuclé-aires), GPDEM (Démantèlement). Sans oublier les CLI (Flamanville, Orano La-Hague, Brennilis,…), le CODIRPA…
Sa formation d’enseignant, ses études en mécaniques (avec les meilleurs spécialistes de l’arsenal de Cher-bourg), lui donnèrent une compétence redoutable.
Après la tragédie de Tchernobyl, pendant une dizaine d’années, il fit de très fréquents séjours en Biélorussie où il eut de nombreux contacts avec d’illustres radio biologistes (Vassili Nesterenko, Rosa Goncharova,…)
Tout cela fit qu’en 2020 il devint le nouveau pilier du GSIEN.
Pour nous ce fut un soulagement.
Depuis quelque temps, il avait entrepris le « sauvetage » des documents d’archive accumulés depuis une cinquantaine d’années… que de pépites !
C’était trop beau ! La dernière année, il accumula les problèmes de santé, une application brutale de la loi de Murphy (dite pour les néophytes « loi de l’emm...dement maximum ») et cela le conduisit à une issue finale.
Heureusement que notre « ultra vaillante » secrétaire du GSIEN, Fabienne, a repris le flambeau de ce grand œuvre.
Un nouveau problème se présente. Il va falloir trouver un autre lieu de stockage, d’entreposage de ces centaines de boîtes archives dont de nombreuses avaient déjà trouvé refuge au Haut Pitot.
Ce choc brutal, la disparition de Jean-Claude, nous amène à réfléchir au futur - pas celui du nucléaire - nos fous actuels sont en train de proroger ses nuisances pour plusieurs siècles !!!
Il nous semble indispensable que subsiste une analyse critique incontestable, que continue le travail commencé il y a plus de 50 ans. Sous quelle forme ? La réflexion est ouverte : une fondation ? une structure pérenne dotée de moyens puissants ? un centre de regroupement d’archives ? centre ouvert au plus grand nombre de « curieux » qui n’acceptent pas qu’officiellement soit déclaré qu’on « découvre » aujourd’hui des « défauts » qui figuraient dans les rapports de fabrication datant de la construction, dans les années 70-80…
Jean Claude, la poursuite de ce travail est le plus bel hommage que l’on peut te rendre.
Monique et Raymond Sené
Raymond et Monique Sené en compagnie de
Jean-Claude Autret dans le jardin d’Orsay
Je conserverai le souvenir d’un collègue humainement agréable, impliqué, avec des convictions, et toujours prêt à échanger sur les sujets techniques.
Il participait activement aux réunions des groupes permanent d’experts dont il était membre ; il y apportait une vision de terrain, faisait part de ses questionnements et s’impliquait dans la recherche de conclusions consensuelles.
Malgré sa maladie, il est resté actif le plus longtemps possible, toujours égal à lui-même, courageux et fidèle à ses principes de vie.
Thierry Charles
Président du GPR
À propos du projet de Fusion ASN / IRSN, Thierry Charles : « Il y a un risque de perte de la confiance sociale dans le système de contrôle nucléaire ».