SOLAR CLUB CERN
Les "ER" au service du développement
Deux articles de Safya.com
Sans électricité, pas de développement
Une réalité vécue quotidiennement dans les
Pma et tout particulièrement en Afrique où le manque d'énergie
pénalise lourdement l'activité économique
L'Afrique toute entière produit moins d'électricité
que la France seule.
Le coût de l'énergie et les insuffisances
de la production d'électricité sont un véritable casse-tête
pour les entrepreneurs africains. Comment faire fonctionner des usines,
créer des unités de transformation de produits agricoles,
utiliser des ordinateurs lorsqu'on est à la merci de coupures récurrentes
ou que, plus simplement, la "fée électricité" n'arrive
pas jusqu'à vous ? Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La production
d'électricité de tout le continent africain est inférieure
à celle de la France. Dans le groupe des Pays les Moins Avancés,
qui comprend une trentaine de pays d'Afrique, la consommation d'électricité
est de 82 kWh par habitant, 100 fois moins que dans les pays développés,
30 fois moins que la moyenne mondiale. Le Tchad ne dispose ainsi que de
13 kWh par habitant… A l'intérieur même de ces pays, elle
est aussi très inégalement répartie. Les villes et
les entreprises en sont les principales consommatrices. On estime ainsi,
qu'en Afrique de ! l'Ouest, 25 à 30 % de l'électricité
sont utilisés pour l'exploitation des grands bâtiments. Seul
1 % de l'énergie électrique africaine parvient aux zones
rurales…
Production insuffisante, installations vétustes
et mauvaise gestion : dans les villes africaines, les coupures sont monnaie
courante. A Dakar, depuis juin 2000, faute de pouvoir approvisionner toute
la ville, chaque quartier est tour à tour privé d'électricité
plusieurs heures d'affilée. "Il y a des semaines où nous
ne travaillons que quatre à cinq heures par jour", se lamente Gallo
Poumane, responsable des travaux dans une société de montage
industriel à la Sodida, la Société du domaine industriel
de Dakar où sont installées 56 entreprises. De tous les entrepreneurs,
le plus amer est Alain Pansard, patron de la poissonnerie Négoce
produit de mer : "J'ai un cycle de congélation qui ne doit pas être
interrompu. Mais, à cause des délestages, nous n'avons l'électricité
que pendant six heures par jour, alors qu'il m’en faut au moins douze heures".
L'an dernier, il a ainsi perdu 7 millions de F cfa sur 600 t de poissons
qu’il devait livrer à des cli! ents européens. Marchés
perdus, mais aussi machines détraquées dont un compresseur
acheté 577 000 F cfa. Une dizaine d'entreprises est équipée
de groupes électrogènes, mais le gasoil coûte cher.
"Comment ose-t-on espérer une croissance économique lorsque
la distribution électrique empêche les entreprises de tourner
correctement", s'interroge un patron d’entreprise. D'autant que le bout
du tunnel n'est pas pour demain. Le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique,
Abdoulaye Bathily, a récemment avoué que "les délestages
risquent de s’intensifier et pourraient même durer encore deux ans."
Bébés morts, radio coupée.
Les industries ne sont pas les seules à pâtir
de cette situation. Au Cameroun, dans la nuit du 16 au 17 mars dernier,
une nouvelle série de coupures de courant électrique a causé
de nombreux dégâts à Douala. D’après un responsable
de l’hôpital Laquintinie, le poste radio, deux unités de conservation
de la morgue et la climatisation de l’unité de réanimation
ont disjoncté. Si l’on en croit le journal Le Messager, plusieurs
bébés prématurés en réanimation au pavillon
de pédiatrie en seraient morts. Le groupe électrogène
qui alimente en partie cet hôpital, excepté le pavillon des
prématurés, était en panne quand l'électricité
a été coupée.
A Yaoundé, c'est la jeune Radio télévision
Siantou (RTS) qui a été réduite au silence pendant
plus d’une semaine. "Après une énième coupure de courant
dans notre secteur, la Sonel a fini par nous envoyer une énergie
beaucoup plus forte que nos appareils, ce qui les a tout simplement grillés",
révèle Rémy Ngono, le responsable de la RTS. Pour
autant au Cameroun, les factures n'ont pas baissé. Dans la plupart
des cas en effet, elles sont passées du simple au double et même
au triple chez certains clients. Seule réponse des agents de la
Sonel à ceux qui contestent : "Il faut d’abord payer et c’est après
qu’on discute".
Face à cette situation, les consommateurs
camerounais attendent beaucoup de la privatisation de la Sonel, voulue
par la Banque mondiale et les bailleurs de fonds. "Je pense qu’avec une
bonne petite privatisation, elle sera plus performante et plus responsable
des torts qu’elle peut causer aux gens", estime un cadre de banque. Celle-ci
est en cours. Selon un communiqué du gouvernement du 20 février
dernier, la société américaine AES Sirocco Limited
- le plus grand producteur indépendant d’énergie au monde
- aurait été désignée comme adjudicataire provisoire.
Pourtant la privatisation ne résout pas tous les problèmes
comme le prouve l'exemple du Sénégal. La société
canadienne Hydro-Québec devenue partenaire de la Sénélec
depuis mars 1999 n'a pas réussi à redresser la situation
au Sénégal. Après quelques mois de "mariage heureux",
le patron d’Hydro-Québec déclarait à la télévision
nationale "avoir épousé une fille sans trop la con! naître...".En
septembre dernier, ils ont divorcé et la privatisation est à
recommencer.
Si la privatisation peut permettre d'améliorer
la gestion et la distribution d'électricité, d'autres mesures
sont à prendre pour accroître la production et surtout les
échanges entre les pays. En effet les potentiels sont inégalement
répartis, l'Afrique centrale détient à elle 60 % des
ressources, essentiellement hydro-électriques, du continent, tandis
que l'Afrique du Nord est riche en gaz et en pétrole. L'amélioration
de la situation des pays africains passe donc par des échanges accrus
entre les différents pays. Car, selon les experts, il faudrait doubler
la production actuelle d'ici 15 à 20 ans, ce qui représente
des investissements de l'ordre de 150 milliards de dollars.
Des fours solaires faciles à fabriquer
et très économiques sont en cours de vulgarisation en Guinée
Les femmes sont enthousiastes et la forêt guinéenne
devrait s'en porter mieux.
Depuis novembre dernier, la FAO vulgarise en Guinée
de petits fours solaires à la portée de tous. A Conakry et
à l'intérieur du pays, près de 500 femmes ont déjà
été formées à fabriquer ces boîtes de
cuisson et à les utiliser pour cuisiner.
Pour construire le modèle le plus simple, un gros carton d'emballage,
du papier aluminium ou tout autre matériau réflecteur, de
la colle ou du ruban adhésif suffisent. Le carton est d'abord coupé
en deux dans le sens de la diagonale. Ses trois faces intérieures
sont recouvertes d'aluminium. Puis on colle un rectangle de carton le long
du côté coupé. Ce rabat, lui aussi recouvert d'aluminium,
est mobile pour pouvoir être orienté en fonction du soleil.
Les rayons solaires réfléchis par les surfaces brillantes
se concentrent sur le pot de cuisson placé dans le carton. Ce récipient
doit être impérativement de couleur foncée pour pouvoir
absorber la chaleur et permettre ainsi aux aliments de cuire. La température
à l'intérieur du pot at! teint 95 à 135·, une
température suffisante pour détruire d'éventuels microbes,
dans l'eau par exemple.
On peut fabriquer ce four à peu de frais ou l'acheter pour 5000
à 7000 FG (2500 à 3500 F cfa). Il peut durer des années
sans aucun entretien à condition de ne pas le mouiller. Pour la
ménagère qui achetait un fagot à 1000 FG (500 F cfa)
pour trois cuissons, l'économie est considérable car ce four
solaire peut fonctionner sept mois par an, de novembre à mai, quand
le soleil brille. Autre gros avantage pour les femmes, cette cuisson lente,
qui peut durer entre 2 et 5 h, ne nécessite aucune surveillance
contrairement au feu de bois qu'il faut alimenter régulièrement
sans compter les risques de brûlures pour les enfants. Elles peuvent
donc pendant ce temps se livrer à d'autres activités.
Selon M. Gaieb, responsable de ce programme à la FAO en Guinée,
les femmes et les populations rurales qui ont assisté à des
démonstrations ont été "ébahies de voir les
aliments trad! itionnels qu'ils ont l'habitude de manger, cuits à
point et pleins de saveur, après leur cuisson, dans les fours solaires,
sans fumée et sans que cela ait coûté une centime".
Pour la Guinée, l'enjeu de ce programme est vital car chaque
année 700 ha de forêts partent en fumée pour les usages
domestiques.
Abdoulaye Diari Diallo et Denise Williams