Lettre de Jean Pignéro.
Jean Pignero, jadis instituteur, est celui qui, le premier en France, lança dès 1964, l'APRI ou Association de Protection contre les Rayonnements Ionisants. C'est àlui que je dois, et je lui en suis reconnaissant, d'être devenu antinucléaire. Déjà âgé, devenu veuf, il est en maison de repos (C.J.) C'est, de là qu'il nous écrit, ce 6 novembre, cet: "A propos du nucléaire". 1) Ce sont les scientifiques qui ont fourni et fournissent aux politiciens et aux militaires les données nécessaires pour construire et développer les armes nucléaires. Les ingénieurs militaires qui participent à ces recherches le font du fait de leurs connaissances scientifiques. 2) Les sciences sont presque toutes pacifiques, mais la science des rayonnements ionisants, à l'origine pacifique, est devenue, en 1934, la science nucléaire, dès lors que des scientifiques sont arrivés à transformer des atomes naturels en atomes artificiels. 3) La science nucléaire est, pour partie, un crime nucléaire quand les armes nucléaires permettent de tuer indistinctement un grand nombre de militaires et de civils. 4) Ce crime peut être qualifié de crime nucléaire contre l'humanité parce que la technique tout entière, issue de toute la science nucléaire produit obligatoirement des pollutions connues des scientifiques, dont une partie ne peut être détectée par des non-scientifiques, ni contrôlée, ni détruite. Transportées par les vents et les eaux, enfouies à tout jamais dans la terre, ces pollutions nucléaires demeureront durant des siècles dans le monde entier et nuiront à tout ce qui vit. 5) Ces pollutions méritent d'être reconnues et dénoncées par les sympathisants, militants et associations antinucléaires comme le motif premier de leurs pensées et de leurs actions, même si ces pollutions ne concernent qu'un des aspects de leurs actions. |
Voici quelques propositions d'action.
· Il faudrait, dans tous les pays, que le pouvoir politique reconnaisse le crime nucléaire contre l'humanité comme une vérité première; à nous d'intervenir au-près des politiciens et de porter plainte en justice contre les criminels nucléaires, donneurs d'ordres et praticiens. Nos demandes et nos plaintes risquent d'être déclarées irrecevables au motif que ce crime n'existe pas dans le code pénal ni dans la constitution; ce rejet, s'il y a lieu, devrait nous conforter dans notre revendication. · Il serait donc souhaitable que les militants des associations antinucléaires modifient les statuts de leurs associations afin qu'ils incluent le crime nucléaire contre l'humanité et leur refus primordial de ce crime -refus qui justifie leur action militante contre un danger particulier du nucléaire-. Ils pourraient demander aux sympathisants leur avis et leur approbation de la rédaction de ce texte qui rendrait plus difficile aux pronucléaires de déclarer irrecevables leurs contestations. · Il faudrait alors personnaliser nos demandes et nos plaintes, pas du tout par haine personnelle ou politique, mais du seul fait de l'exigence de notre volonté de sauvegarde humanitaire. Concernant le Pouvoir politique, il faudrait proposer, pour la France, les noms du président de la république J. Chirac (puis, éventuellement de son successeur), du premier ministre L. Jospin (puis de son successeur), et de tous les ministres qui ont signé des ordonnances, des lois et des décrets favorisant le nucléaire. Et ajouter les noms des politiciens qui ne sont plus membres du gouvernement actuel, mais qui ont participé, en leurs temps, aux mêmes responsabilités: Giscard, Barre, etc... · Pour mémoire, faire juger les responsables décédés: de Gaulle, Miterrand, etc... · Ensuite, ou en même temps, concernant le pouvoir scientifique, il faudrait porter plainte contre les scientifiques qui ont oeuvré ou oeuvrent, même indirectement, pour le développement du nucléaire, dont tous les responsables des installations nucléaires. Et, à titre posthume, les scientifiques dont F. et I. Joliot sont les représentants les plus éminents... p.1
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INTERDICTION des essais nucléaires A la réunion des 1l au 13 nov. de New York, visant à faire ratifier cette interdiction totale par les 193 états recensés par l'ONU, seulement 161 l'ont signé et 84 l'ont ratifié. Ont refusé de signer: Algérie, Chine, Colombie, Egypte, Etats-Unis, Inde, Indonésie, Iran, Israël, Pakistan, Répub. Démocratique du Congo, Répub. Populaire de Corée et Vietnam. Cinq de ces 13 sont des puissances nucléaires. Tous cependant disent vouloir la paix. PROLIFÉRATION NUCLEAIRE C'est ARTE, qui, le 14/11/01 nous racontait l'histoire ambiguë de la diplomatie française et celle, stupéfiante, du nucléaire français. La République Française est le principal fauteur de la prolifération nucléaire militaire sur la planète. "Quarante quatre pays disposent aujourd'hui des capacités à developper la bombe atomique. Dans plus de le moitié de ces programmes la France a joué un rôle déterminant" (Le Soleil Vert, no 67, p. 1). GRENOBLE C'est le même Soleil Vert de décembre qui nous le confirme. Malgré la présence de 11 installations nucléaires de base, à haut risque, au sein de cette ville de 406.000 habitants (voir T-T no 345, p.3), RIEN à ce jour, n'a été fait quant à la distribution d'iode stable, distribution promise en 1996! Le maire, M. Destot, devrait songer à Toulouse... |
ANDRA Cette Agence Nationale (française) pour la gestion des déchets Radioactifs a signé, le 11 octobre 01, avec l'Etat, un contrat d'objectifs pour la période 2001-2004. Dès lors, 3 missions lui sont confiées: Mission industrielle: avoir la capacité de mettre en oeuvre des solutions concrètes et rationnelles de gestion des déchets. - Mission de recherche: étudier des solutions novatrices de gestion et concevoir des installations de stockage, notamment pour les déchets aujourd'hui sans filière d'élimination. - Mission d'inventaire: conduisant, après un recensement précis de tous les déchets nucléaires produits en France, à inforrmer (*) de façon factuelle et vérifiable sur cette gestion. Cet inventaire doit être disponible à l'horizon 2004. (*) Informer qui ? Le grand public, ou certains pontes? DISFONCTIONNEMENTS Ça fait plus chic que pannes ou incidents (le nucléaire étant SI sûr). Oyez: · CHINON-2 a connu le 24 et le 26 octobre dernier deux "écarts" aux règles d'exploitation. Un manque d'eau dans un réservoir de secours et un mauvais réglage des seuils automatiques de secours du réacteur. · SELLAFIELD. Le gouvernement irlandais a intenté une action en justice contre la Grande-Bretagne afin d'arrêter le fonctionnement du nouveau centre de retraitement de Sellafield, dont la mise en service a été autorisée par les autorités en octobre. "Cette usine pollue la Mer d'Irlande". La Norvège, dont l'eau de certains ports est contaminée par de la radioactivité provenant de la mer d'irlande, soutient cette plainte. Sellafield devrait produire du MOX, surtout destiné au Japon, dès le 20 décembre. Les coûts de construction, 30,64 milliards de FB ne sont nullement justifiables économiquement. Cette usine était prête à fonctionner dès 1996 mais le démarrage a été souvent reporté. · SIZEWELL A. Voilà pire. La peu sérieuse "Environment Agency" britannique a proposé d'autoriser cette centrale nucléaire à rejeter 33% de Carbone 14 radioactif de plus qu'actuellement. · PLYMOUTH. Le chantier naval, nommé Devonport, de cette ville du Devon a été autorisé a augmenter de 600 (six cents) %, ses déversements de tritium dans la rivière Tamar. Il devra, par contre, restreindre quelque peu ses déversements d'autres produits radioactifs, dont le cobalt, et ce, huit fois. Devonport est chargé de réparer quantité de sous-marins nucléaires du type Vanguard et le premier ne sera prêt que l'an prochain BLUE GENE/L... est le nom qu'IBM a trouvé pour un super-ordinateur destiné à simuler des tests nucléaires. Il sera 15 fois plus rapide que les ordinateurs les plus puissants actuels. Sa puissance de calcul (dès 2005) sera supérieure à celle de 500 ordinateurs les plus puissants au monde. "Bravo, Bush. T'aurais pu consacrer cette merveille aux recherches sur le cancer, le Sida, la sclérose en plaques... Pas à la mort." p. 2
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TOUT SIMPLEMENT
A une question, posée le 29 juin 2001 par M.Joos Wauters (d'Agalev) à la Chambre, concernant les subventions accordées au "Centre d'Etudes Nucléaires de Mol", centre qui fait cependant commerce, il a, e.a. été répondu (page 9908): "Pour la période 1992-1998, le CEN a négligé de publier son budget et bilan aux annexes du Moniteur belge comme le prescrit l'article 34, alinéa 2, de la loi du 21 juin 1921 donnant la personnalité juridique aux ASBL et institutions d'utilité publique. " Notre question, à présent: "Quel autre contribuable belge, ASBL ou pas, pourrait ainsi, pendant 6 ans, faire la nique au fisc?" TOUT SIMPLEMENT 2 Autre question, posée le 8 juin .2001, à la Chambre, par M.Martial Lahaye, concernant les conséquences, pour la sécurité, du licenciement d'une partie du personnel des centrales de Doel et de Tihange: "227 travailleurs vont être licenciés dans les centrales nucléaires de Doel et de Tihange. D'aucuns craignent que ces licenciements se traduisent par une réduction des contrôles et de l'entretien, ce qui hypothèquerait, bien sûr, la sécurité. "Epargnant, à nos lecteurs, les circonvolutions d'un long texte de réponse (pages 10812 à 10814), nous la résumons: "Toutes les précautions sont prises!" Devons-nous comprendre que ces 227 chômeurs en puissance sont quelques peintres, quelques soudeurs, nettoyeurs ou chauffeurs, Madame pipi et autres? IMPORTATIONS Le 24 octobre, des groupes écologistes de 8 cités russes protestaient, le long des voies du Trans-Sibérien, contre le transport de déchets nucléaires. |
A l'initiative et sponsorisés par ECODEFENSE et l'Union Socio-Ecologique,
ces groupes luttent pour empêcher l'importation commerciale, en Russie,
de déchets radioactifs. En effet, le ministére russe de l'énergie
atomique (le Minatom) veut importer quelque 20.000 tonnes de ces déchets.
Cela représente ~ 670 convois nucléaires, soit 1 à
2 transports par semaine durant 10 ans (Sustainable Energy News..
nov.01).
BAVIÈRE C'est dans ce land, autour des centrales nucléaires d'Isar, de Grafenrheinfeld et de Grundremmingen que 20 % des enfants de plus que dans le reste de la Bavière souffrent du cancer. Le docteur Alfred Körblein de l'Umweltinstitut München et le directeur et le docteur Michaelis qui dirige L'Institut de Médecine statistique et de documentation à Mainz, sont formels. Le lobby nucléaire tente de nier les faits. RENAISSANCE Porté par une Maison Blanche des plus énergivores, par des prix actuellement élevés du gaz et par les pénuries temporaires d'électricité en Californie l'hiver dernier, le lobby nucléaire fait une campagne de "public relations" outrageuse pour renaitre de ses cendres. Une tentative qui oublie un fait crucial: le nucléaire est déjà mort d'une attaque incurable des forces du marché. "Jadis déclarée trop bon marché pour la mesurer, elle est aujourd'hui trop chère à maîtriser". Des coûts de construction, de mises en conformité et de réparation pharamineux, des délais trop longs pour remédier aux pénuries ponctuelles, font que les réacteurs du monde atteignent à peine 10% de rendement et que 1% seulement des projets de construction des années 70 ont été réalisés. p. 3
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