Les puissants de ce monde nous répètent sans cesse que la priorité de ce passage entre siécles est l'adaptation compétitive à un monde en changement rapide (sous l'influence des «révolutions» techmologiques), marqué par des luttes titanesques ente entreprises géantes pour la conquête des marchés mondiaux. Une seule logique prédomine: assurer la rentabilité maximale du capital possédé par la population la plus riche des pays les plus développés. 
     Face à cela, le fait que 2,7 milliards de personnes ont un revenu inférieur à 65 FB par jour et, en particulier, que 1,4 milliard d'êtres humains n'ont pas aujourd'hui accès à l'eau potable et donc -avec l'air- source de vie, ne constitue pas un «fait» politique majeur de notre temps. la lutte contre l'absence de droit de vie pour des milliards d'êtres humains ne représente pas LA priorité politique mondiale. 
     On a l'impression que, soumis aux seigneurs de l'argent, les pouvoirs politiques, au «Nord» comme au «Sud» de la planète, ont de moins en rnoins comme but réel la solidarité, la justice sociale, le droit de vie et de citoyenneté pour tous. Pourtant, de plus en plus, les citoyens montrent qu'ils ont envie d'agir pour (re)mettre l'humain et le social au coeur des priorité politiques et économiques, pour transformer ce monde en un lieu où il serait bon vivre pour tous. Un mouvement est en train de prendre forme ces dernières années autour de l'objectif «l'eau pour tous», symboliquement exprimé par «3 milliards de robinets d'ici l'an 2020». Il ne mobilise pas seulement des mouvements associatifs (comme GREEN, très actif en Belgique, par exemple) mais également, de plus en plus, le monde des églises, les syndicats, des organisations politiques. Dernier-né de ce mouvement, le Manifeste de l'eau. Le droit de tous à la vie, lancé par une trentaine de personnalités de tous les continents du monde, groupés autour de Mario Soares, ancien président de la République du Portugal, et dont le prince Laurent de Belgique est un membre très actif. 
     Le principe inspirateur du Manifeste de l'eau est que l'eau doit être reconnue dans toutes les législations nationales et dans les traités internationaux comme un bien commun vital patrimonial de l'humanité.