Fukukshima: danger accru au réacteur 3,
évacuation sur 30 km
L'Autorité de Sûreté nucléaire
japonaise vient d'annoncer que son enceinte de confinement n'est plus en
mesure de retenir les gaz et matières volatiles radioactives. «Il
est hautement probable que le réacteur 3 de la centrale Fukushima
Dai-ichi ait été gravement endommagé et rejette une
quantité importante de substances radioactives» a
déclaré son porte parole.
Dès hier soir l'IRSN, en France évoquait
la possibilité qu'en outre la cuve du réacteur puisse céder,
et se percer sous l'effet d'une masse de combustibles nucléaires
et de métal en fusion, le corium. Il ne semble pas que cela soit
déjà arrivé, mais le risque en grandit. En ce cas,
il pourrait y avoir une explosion "vapeur". Et une émission très
importante de radioactivité.
Le texte de l'IRSN hier disait: «L’injection
d’eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d’assurer le refroidissement
du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé. L’enceinte
de confinement ne semble plus étanche selon les indications de pression;
cette perte d’étanchéité serait à l’origine
de rejets radioactifs «continus» non filtrés dans l’environnement.
Une légère augmentation de la température dans la
cuve a également été observée. Par ailleurs,
des dégagements importants de fumées ont été
constatés sur ce réacteur. L’IRSN analyse les causes potentielles
de défaillance du confinement du réacteur n°3. Une des
hypothèses examinée par l’IRSN concerne l’éventualité
d’une rupture de la cuve du réacteur suivie d’une interaction entre
le corium (mélange de combustible et de métaux fondus) et
le béton au fond de l’enceinte de confinement.»
Un ingénieur de l'IRSN me disait hier
soir que «cette "hypothèse" pouvait être prise comme
une "anticipation" d'une aggravation de la situation». En est-on
là? C'est possible.
Le gouvernement japonais vient d'annoncer
aux habitants de la zone des 20 à 30 kilomètres autour de
la centrale nucléaire, jusqu'alors confinés chez eux, qu'il
leur était conseillé de l'évacuer «à
cause de la détérioration des conditions de vie.»
Cette raison... n'est pas fausse. Mais pourrait anticiper une évacuation
obligatoire pour cause de risque radioactif accru.
|
suite:
Le porte-parole
du gouvernement Yukio Edano a déclaré que «la vie
économique et le système de distribution connaissent
de fortes perturbations, un grand nombre de personnes ayant déjà
évacué volontairement la zone. Selon M. Edano, le gouvernement
n'exclut pas d'élargir le périmètre d'évacuation
à 30 kilomètres autour de la centrale, en fonction de l'évolution
des niveaux de la radioactivité.» Les municipalités
situées dans cette zone ont reçu l'ordre de demander à
leurs habitants de quitter volontairement les lieux et de mettre en place
les dispositifs nécessaires.
Pourtant, ce matin, les travaux continuaient
à la centrale pour rétablir les systèmes de refroidissement
des réacteurs. Mais il semble qu'une course contre la montre soit
engagée pour le réacteur n°3.
Les informations sur l'irradiation subie par
les trois techniciens qui intervenaient dans la salle des machines du réacteur
3 est mieux connue. Ils ont marché dans une flaque d'eau contaminée
de 15cm de profondeur et subi une irradiation bêta (un flux d'électrons)
sur le bas des jambes d'environ 180 millisieverts.(L'analyse de l'eau en
atomes radioactifs est là).
Les équipes qui interviennent portent
des dosimètres électroniques dotés d'une double alarme.
Une pour la dose recue depuis le début de leur activité à
Fukushima. Et une autre qui bipe sur la dose immédiate. Ils sont
censés se retirer si le niveau d'alarme bipe.
L'Agence de sécurité industrielle
et nucléaire japonaise accuse la TEPCO de ne pas avoir mesuré
correctement le niveau de radioactivité de la flaque d'eau avant
l'intervention. Et lui demande de doter les intervenants de meilleures
protections (en l'occurence, il aurait falllu trouver une solution pour
ne pas marcher dans l'eau). L'Agence note par ailleurs que les trois techniciens
n'ont pas réagi à l'alarme de leurs dosimètres en
quittant immédiatement les lieux. Mais le stress considérable
d'une telle activité ou un comportement "héroïque" peut
l'expliquer.
Par Sylvestre Huet, le 25 mars 2011
|