Jeudi 24 mars. 23h10
Pour ses trois premiers jours, la catastrophe
de Fukushima atteindrait 20% celle de Tchernobyl, en termes de rejet d’iode.
Et atteindrait 20% voire 60% en termes de rejets de césium.
Telle est l’annonce, faite aujourd’hui sur
son site par le laboratoire autrichien de météorologie Zamg,
dont nous avions présenté la simulation des vents (et pluie)
pour le week-end du 19 et 20 mars (1). Des pourcentages en hausse
par rapport aux annonces de la semaine dernière, évoquant
Fukushima comme un accident à "10% de Tchernobyl".
Pour ces estimations, le laboratoire se base
sur les mesures réalisées par les stations (dotées
des meilleurs détecteurs) du grand réseau du CTBT (l’organisation
qui surveille la bonne observance du «Traité d’interdiction
complète des essais nucléaires»). Notamment celle de
Sacramento (Californie) où le panache dilué est passé
le 17 mars et celle de Takasaki, le 15 mars au Japon. En effet, comme le
rappelle le laboratoire autrichien, les vents ayant changé de direction
le 14 mars, il est devenu possible de détecter avec précision
les émissions de la centrale de Fukushima revenues survoler le territoire
japonais, alors que les 12 et 13 mars, les vents
entraînaient ces émissions vers l’est, au-dessus du Pacifique.
C’est à partir de ces mesures sur le
terrain et de leurs modèles de simulation de la dispersion du panache
radioactif, que les spécialistes sont «remontés»
à la source (en note (2) les chiffres cités par le
laboratoire Zamg). Autrement dit à une estimation, en becquerels
(unité de mesure de la radioactivité) de ce qui a été
rejeté par la centrale pendant les trois premiers jours. Un petit
calcul simple (ajout des quantités estimées pour les 3 premiers
jours à Fukushima divisé par le chiffre global de Tchernobyl)
montre que l’Iode 131 des trois premiers jours à Fukushima est de
l’ordre de 20% de celui rejeté à Tchernobyl.
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suite:
Quant au césium, les choses sont moins
claires, car les chiffres diffèrent vraiment entre les estimations
des 2 premiers jours et celle du 3è jour basé sur la mesure
japonaise. Si l’on se base sur les chiffres des 2 premiers jours, le rejet
de césium est approximativement 20% celui de Tchernobyl. Mais si
l’on prend en compte le chiffre mesuré au Japon, il bondit à
60% de Tchernobyl.
Question: combien de becquerels supplémentaires
ont-ils été rejetés plus tard?
Pour les jours suivants, les vents étant
repartis vers le Pacifique, le laboratoire annonce qu’il doit encore faire
des analyses approfondies à partir des mesures des stations et de
ses simulations.
Bientôt d'autres révisions
à la hausse?
1) En Europe, l'Organisation Météorologique Mondiale
(OMM) a demandé à l'Institut Central pour la Météorologie
et la Géodynamique (Autriche) de soutenir l'Agence Internationale
de l'Energie Atomique (AIEA) en réalisant des calculs de dispersion
du panache. Lire aussi:
http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/
2) Voici les chiffres donnés par Zamg. Ils estiment ainsi
les rejets de la centrale à 1.3x1017 Bq (130 millions
de
milliards de becquerels) par jour en Iode 131 et 5x1015
Bq (5 millions de milliards) par jour en Césium pour les
deux premiers jours, et à 1.2 x 1017 Bq (120 millions
de milliards de becquerels) par jour en Iode 131 et 4 x 1016
Bq (40 millions de milliards de becquerels) par jour en Césium pour
le jour suivant.
Quant aux chiffres de Tchernobyl
- dans un scénario d’accident où tous ces éléments
volatils ont été relargués- les rejets totaux d’Iode
131 et de Césium 137 ont été respectivement de 1.76x1018
Bq (1760 millions de milliards de becquerels) et 8.5x1016
Bq (85 millions de milliards de becquerels). |