Les traces de plutonium trouvées
sur le site sont en très faibles quantités, pas vraiment
différentes de celles provoquées par les essais de bombes
atomiques.
Ce qui fait penser qu'une part peut provenir
des réacteurs accidentés: voir la proportion entre l'isotope
238 et les 239 et 240.
Si ce plutonium provient d'un ou des réacteurs
accidentés, cela prouve une nouvelle fois que les cuves ne sont
plus étanches, mais on le savait déjà pour les réacteurs
2 et 3.
Le plutonium trouvé, s'il vient d'un
réacteur, peut provenir du 3, mais également du réacteur
2.
Certes, le 3 a été chargé
partiellement en combustible MOX qui comprend, si mes souvenirs sont bons,
environ 7% de plutonium, mais il y a aussi du plutonium dans le réacteur
2, formé par des atomes d'uranium ayant captés des neutrons.
Le risque d'explosion nucléaire à
proprement parler peut survenir que dans le coeur du réacteur ou
dans le corium, c'est-à-dire le coeur fondu. Mais pour cela il faudrait
qu'une masse critique soit réunie par un processus difficile à
imaginer. Le risque d'explosion et donc de dispersion accrue de radioactivité
provient plutôt de la chute du corium sur de l'eau ou du béton.
A ma connaissance, il n'y a pas eu de plutonium
retrouvé ailleurs que sur le site, mais il n'est pas évident
qu'il ait été recherché.
L'évacuation a en réalité
été étendue à 30 kilomètres.
D'après les spécialistes français
cette zone est, pour le moment, suffisante.
Mais si des émissions radioactives
plus importantes se produisent il faudra élargir cette zone, par
précaution.
Si la zone à évacuer fait 70
kilomètres de rayon, alors cela concernerait plus d'un million de
personnes. Il n'y a aucun signe que le gouvernement ait préparé
cette éventualité, ce qui semble étrange car rien
ne permet d'assurer qu'elle ne sera pas nécessaire.
Tokyo est à environ 250 kilomètres.
Même dans le cas d'une émission plus importante il n'est pas
évident qu'il soit utile de déplacer sa population. Pour
l'instant, la contamination radioactive est encore inférieure à
celle provoquée par l'accident de Tchernobyl.
D'abord parce que l'émission est inférieure,
et aussi parce que l'essentiel s'est dilué au-dessus du Pacifique.
Les réacteurs 1 - 2 et 3 sont toujours
en situation critique, puisque leur refroidissement n'est pas garanti sur
la durée encore nécessaire pour les mettre en "arrêt
à froid".
Les cuves des réacteurs 2 et 3 ne sont
plus étanches. Celle du 1 le semble toujours. Les trois enceintes
de confinement semblent inétanches.
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suite:
Les trois sont désormais refroidis
avec de l'eau douce qui est injectée directement. Les salles de
commandes sont alimentées en électricité. Mais les
opérateurs n'osent pas remettre en service les systèmes de
refroidissement de secours avant d'avoir vérifié tous les
matériels et refait en grande partie les circuits électriques.
Les coeurs des trois réacteurs ont
en partie fusionné et cette destruction est à l'origine de
toutes les émissions de radioactivité.
L'eau très contaminée qui a
coulée vers les salles des machines (turbines) et qui empêche
d'y travailler provient manifestement pour les réacteurs 2 et 3
du circuit primaire, c'est-à-dire celui en contact avec le coeur.
En revanche, du côté des piscines
il y a un mieux. Les températures sont acceptables, les niveaux
d'eau aussi. La piscine commune et celles des réacteurs 5 et 6 utilisent
leurs circuits normaux de refroidissement.
L'appel à l'aide lancé hier
montre que les Japonais ont le sentiment de se trouver dans une impasse.
Ils ont tout misé sur la remise en route des systèmes de
refroidissement de secours, mais pour le faire ils doivent réinstaller
les systèmes électriques.
Or, tout ce travail se heurte à la
contamination du site, comme l'a montré le blocage rencontré
dans les salles des machines.
S'ils ne trouvent pas rapidement une parade
aux problèmes posés par cette eau contaminée, ils
vont devoir changer de plan, mais ont-ils un plan B? C'est la question
que l'on se pose depuis le début.
D'après mes contacts c'est d'ailleurs
autant, voire plus, d'idées qu'ils cherchent du côté
des industriels étrangers que du matériel. Vous vous demandez
pourquoi cet appel à l'aide vient si tard... moi aussi, j'ai posé
cette question depuis plus de dix jours.
Pour l'instant, personne ne sait comment traiter
le site lorsque le danger des réacteurs sera écarté.
Un sarcophage sur l'ensemble me semble exclu.
L'extraction des combustibles des piscines
sera probablement un très long cauchemar.
La contamination va poser des problèmes
très différents, selon l'éloignement de la centrale.
Dans la mer, il faudra contrôler les
produits de la pêche le long du littoral nord est du Japon et surveiller
la contamination dans la chaîne alimentaire. En revanche, à
plus large échelle dans le Pacifique, la dilution permettra d'éviter
de réels problèmes sanitaires.
Au Japon la zone autour de la centrale
sera probablement interdite longtemps, et il faudra surveiller des îlots
de contamination provoqués par les pluies, à plusieurs dizaines
de kilomètres. |