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Grands projets et conférences internationales
Lancement à Madrid d'une conférence de l'ONU contre la désertification
ADIT, septembre 2007

     Le prince Felipe, héritier de la couronne d'Espagne, a inauguré lundi à Madrid une conférence de l'ONU sur la lutte contre la désertification, qui doit approuver un plan d'action sur dix ans pour freiner ce phénomène en voie d'accélération.


     "La désertification est l'un des plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée", a déclaré le prince Felipe à l'ouverture de cette réunion internationale qui se tiendra jusqu'au 14 septembre dans la capitale espagnole.
     Plus de 2.000 experts sont attendus à cette conférence internationale des 191 pays signataires de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCDD), adoptée à Paris en juin 1994.
     Il doivent approuver un plan d'action sur dix ans pour tenter d'endiguer un phénomène qui menace jusqu'au tiers des habitants de la planète, selon une étude des Nations unies publiée en juin.
     "Nous ne devons pas oublier que l'impact de la désertification est ressenti non seulement dans les zones où elle se produit mais aussi dans des régions bien plus lointaines", a jouté le prince Felipe, évoquant les conséquences mondiales sur l'environnement, l'économie et les migrations de ce phénomène.
     La désertification affecte actuellement directement 200 millions de personnes dans le monde, selon la récente étude de l'ONU.
     Mais au total, ce sont jusqu'à deux milliards de personnes - un tiers de la population mondiale - qui vivent dans des zones arides menacées, en Chine, en Inde, au Pakistan, en Asie Centrale, au Moyen-Orient, dans une grande partie de l'Afrique et en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Brésil).
     Deux ans après la dernière réunion tenue à Nairobi, les experts se sont fixé pour objectif d'identifier les priorités futures et d'adopter un "plan stratégique" d'action sur 10 ans.
     Des réunions "de haut niveau" se tiendront les 12 et 13 septembre, avec la participation de ministres et de parlementaires de plusieurs pays.
     Une "déclaration de Madrid" sans portée juridique sera rendue publique l'issue de la conférence.
     Elle portera l'accent sur "l'importance du rôle des communautés locales" et "la nécessité de créer des synergies entre les accords internationaux déjà existants sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification".
     "Nous connaissons les raisons de l'érosion du sol et nous savons comment prévenir ce phénomène. Maintenant, il nous faut passer du savoir à l'action", a déclaré la semaine dernière la ministre espagnole de l'Environnement, Cristina Narbona.
     L'Espagne est l'un des pays européens les plus vulnérables d'Europe. Plus d'un tiers de son territoire court "un risque significatif" de désertification, selon le ministère de l'Environnement, en particulier le sud-est rural et l'archipel des Canaries, située face aux côtes du Maroc.
     "La plupart des gens n'ont pas conscience de l'impact d'un phénomène qui semble prendre de l'ampleur très rapidement", a déclaré à l'AFP l'auteur principal du rapport de l'ONU, Zafaar Adeel.
     L'Afrique subsaharienne et l'Asie centrale sont les régions les plus vulnérables.
     Mais tous les continents sont touchés, souligne ce rapport, qui chiffre à 65 milliards de dollars (47,6 milliards d'euros) les pertes économiques annuelles liées à la dégradation des sols.
     La désertification entraîne une diminution de la superficie des terrains cultivables et des forêts, et provoque par ricochet un appauvrissement des populations affectées.
     "C'est l'une des principales causes des migrations de masse", notamment d'Afrique subsaharienne vers le Maghreb et l'Europe, explique Zafaar Adeel.
     Si aucune mesure n'est prise pour enrayer ce phénomène, quelque 50 millions de personnes pourraient être déplacées ces 10 prochaines années, estime l'ONU.
     Au plan environnemental, les tempêtes de poussière du désert de Gobi, situé entre la Chine et la Mongolie du sud, ont affecté la qualité de l'air au Japon, en Corée du sud, et jusqu'à la côte ouest des Etat-Unis, souligne Zafaar Adeel.
     Les experts prônent un contrôle accru des dérives de l'agriculture (cultures intensives, pâturages surexploités, irrigation sans contrôle) et des mesures plus fortes pour protéger la végétation existante.
     "Cela coûte beaucoup moins cher de prévenir le problème que d'y remédier une fois qu'il s'est installé", prévient Zafaar Adeel.
http://www.actu-environnement.com:
     La dégradation des terres dans les zones arides et semi-arides est observée dans de nombreuses régions du monde depuis plusieurs décennies. Elle se traduit par la perte de la végétation, l'érosion éolienne et hydrique, l'appauvrissement des ressources, la baisse de la production et de la productivité alimentaire, etc. Ses conséquences sur les populations touchées sont dramatiques ce qui en fait une problématique majeure qui, depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) de 1992 à Rio de Janeiro, est prise en compte au niveau international à travers la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
     Adoptée en juin 1994, cette convention a pour objectif de lutter contre la désertification et d'atténuer les effets de la sécheresse dans les pays gravement touchés par ce problème, en particulier en Afrique, grâce à une coopération internationale et des mesures à tous les niveaux. La Convention a donc pour objectif de soutenir des mesures concrètes en s'appuyant sur des programmes locaux novateurs et les partenariats internationaux.
     L’action de la convention s’est appliquée par exemple au Ghana où les feux de brousse résultant de techniques agricoles inadéquates, de pratiques culturales incorrectes et d’une mauvaise gestion du pâturage sont la cause principale de la dégradation des terres du nord du pays. Les organisations internationales ont associé les autorités locales et traditionnelles (chef de village) afin d’encourager la population à créer des pépinières et des plantations et un comité communautaire de gestion du milieu chargé de la lutte contre les feux de brousse et de la gestion générale de l’environnement dans cette zone. Les résultats de l’action des habitants sont louables car au cours des 15 dernières années, depuis le lancement du processus, aucun village de la région n’a connu d’incidents liés aux feux de brousse. Les guérisseurs traditionnels ont désormais accès à des plantes et à des arbres dont ils ont besoin pour leur pratique. Il existe des signes de réapparition d‘espèces naturelles menacées qui avaient presque disparu, comme par exemple les escargots forestiers comestibles.
     En Asie, la coopération française concerne essentiellement des projets de recherche scientifique sur l’érosion et les changements d’usage des terres ainsi que les techniques de semis sous couvert végétal, principalement au Laos, Thaïlande et Viet Nam. Le Centre National de la Recherche Scientifique français mène également des actions de recherche dans les républiques d’Asie Centrale et en Mongolie sur les diverses formes de nomadismes et de transhumances et sur la gestion des pâturages en coopération avec les partenaires scientifiques locaux.
     Mais les causes de la désertification étant nombreuses et complexes, allant des pratiques du commerce international aux méthodes non durables de gestion des terres, la lutte pour la protection des régions arides est locale et, de ce fait, souvent longue et difficile. De plus, depuis l’adoption de la convention, la situation a empiré. À l’heure actuelle plus de 200 millions de personnes subissent les conséquences de la désertification et si rien n'est fait un tiers de la population mondiale sera affecté à l'avenir. Privées de leurs moyens de subsistance, les populations sont poussées à migrer et selon l’ONU 50 millions de personnes pourraient être déplacées ces dix prochaines années. L’Europe et l’Amérique ne sont pas épargnées. Sachant que 35% de son territoire est directement menacé, l’Espagne accueille actuellement et jusqu’au 14 septembre à Madrid, les 191 Parties signataires de la convention pour la 8e édition de leur conférence internationale biennale. À cette occasion et pour relancer la prise de conscience, les 2.000 participants réunis (experts, ONG, gouvernements) ont prévu d’élaborer un nouveau plan d’action pour les 10 prochaines années et de rédiger une déclaration commune qui devrait appeler à la création d’une synergie entre les accords internationaux existants sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification afin d’être plus efficace. La rencontre devrait également permettre de lancer des initiatives plus concrètes, comme la création d'un centre dédié à l'étude de la désertification, dont le siège serait à Madrid.
F.ROUSSEL-LABY