C'est dans les alluvions de la Charente,
au lieu-dit La Prée, sur 35 hectares, qu'est installée la
station de lagunage. Le sous-sol imperméable permet d'éviter
les infiltrations d'eaux usées.
Jusque dans les années 80, la ville, de 27.000 habitants disposait d'une très classique station d'épuration. En 1989, la commune décide d'aborder la question des eaux usées de manière plus écologique. La station reçoit environ 5 millions de litres d'eaux usées par jour. Les eaux usées sont d'abord filtrées par ce que l'on appelle le dégrillage: l'eau passe à travers une grille elle-même nettoyée par un peigne métallique. L'injection d'air dans la partie liquide provoque ensuite une remontée des graisses qui sont récupérées en surface. Ces graisses finissent dans une usine d'incinération. Une autre opération consiste à faire précipiter certains éléments chimiques en faisant tomber du sable dans un bassin de décantation. Le sable se charge de ces produits toxiques et est ensuite récupéré dans une benne qui finira dans une décharge. D'autres formes de décantation sont provoquées, donnant des boues qui seront récupérées dans un digesteur. Dans le digesteur elles sont transformées par des bactéries anaérobies (qui vivent sans air). Il y a dégagement de méthane. Celui-ci est récupéré pour la production d'électricité. L'électricité alimente le site. Le compost obtenu est ensuite utilisé comme engrais vert dans les espaces publics. |
Les parties liquides qui restent contiennent encore
20% de la matière organique du départ. Elles vont circuler
dans un système de bassins de petite profondeur (entre 1 et 1,40
m). Le soleil va détruire un certain nombre de bactéries
pathogènes. Le vent en provoquant un brassage de l'eau aide à
la décomposition des matières organiques par les plantes
et le phytoplancton (plantes microscopiques). Le phytoplancton nourrit
le zooplancton (animaux microscopiques) qui sont au départ d'une
vaste chaîne alimentaire: insectes, mollusques, batraciens et oiseaux.
Les 35 hectares de retenue d'eau, en collaboration avec des associations de protection de la nature comme la Ligue pour la protection des oiseaux, ont été aménagés en réserve naturelle et de très nombreux oiseaux sont venus s'y installer: aigrettes, cigognes, rousserolles, milans, canards, échassiers... Il faut quatre mois pour qu'une goutte d'eau qui entre dans la station de lagunage ressorte à l'autre extrémité du circuit. Elle a alors une qualité suffisante pour rejoindre directement la Charente. Si, évidemment, nous avons là une installation beaucoup plus écologique qu'une simple station d'épuration, ce n'est quand même pas tout à fait satisfaisant. Comme on a pu le voir, en amont des lagunes, il y a quand même récupération de produits dont le recyclage est impossible (produits chimiques précipités) et les graisses qui finissent en incinérateur. Les habitants de Rochefort auraient donc tort de croire qu'ils peuvent jeter n'importe quels effluents liquides dans leurs éviers et leurs cuvettes de WC: le lagunage a ses limites et ne pas polluer en amont doit rester une préoccupation. Michel Bernard
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