La politique industrielle
est conduite par le ministère de l'Industrie. Quelle est donc cette
administration qui a en charge d'aussi lourdes attributions?
Le bottin administratif, document dont les
mérites sont méconnus, nous renseigne avec précision.
Le ministère de l'Industrie, ce sont:
- une direction des carburants comprenant:
- une direction du gaz, de l'électricité
et du charbon comprenant:
- une direction générale de l'industrie
comprenant:
- une direction ** des industries métalliques,
mécaniques et électriques avec onze chargés de mission
et comprenant:
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- une direction des industries chimiques, textiles et divers, comprenant: · des services généraux (quatre services), · des services sectoriels: six sous-directions; - une direction de l'industrie électronique et de l'informatique avec un chargé de mission interministériel et comprenant deux sous-directions verticales et un service économique et financier; - une direction des mines** comprenant:
Cette énumération se suffit à
elle-même: le chevauchement des attributions, les doubles et triples
emplois, le fractionnement des tâches ne peuvent pas permettre de
conduire une véritable politique industrielle. Les services horizontaux
et verticaux se superposent tandis que les délégués
fleurissent en marge des directions traditionnelles. Chaque direction traite
des affaires économiques et financières comme des problèmes
internationaux qui la concernent. Mais ces mêmes questions sont traitées
par des services spécialisés qui ne dédaignent sans
doute pas non plus de s'intéresser aux problèmes sectoriels.
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Une opération de remise
en ordre pourrait être, à supposer qu'elle puisse la conduire,
confiée à une inspection générale revivifiée
et nantie d'objectifs précis. Une meilleure organisation du corps
de l'inspection générale constituerait toutefois un préalable
à une telle entreprise.
Il y a peu de risque à tailler dans cet ensemble hétérogène et mal adàpté au développement économique moderne. A coup sûr, l'on y accomplit des tâches non nécessaires et parfois inutiles. Quelle ne serait pas la réputation d'un Ministre qui aura donné luimeme, dans son propre ministère, l'exemple du redéploiement in~ dustriel. Cette administration -est aussi une administration cloisonnée où chacun entend ~re maître dans son secteur. Les services poussent à la réalisation des prouesses techniques mais s'attardent moins àconsidérer le marché des produits, le financement des programmes, le bilan des entreprises. La politique sectorielle conduite par le ministère de l'industrie au cours des dernières années n'a guère connu le succès, ainsi que le rappelait le Rapporteur général de notre commission des Finances dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 1978. Des fonds sont souvent distribués sans que des objectifs précis soient fixés et des obligations imposées à leurs bénéficiaires. Votre commission des Finances a relevé à plusieurs reprises le laxisme avec lequel ont été gérés les crédits d'action de politique industrielle. Les comptes rendus qui sont produits sur la consommation de ces crédits ne pêchent pas par excès de précision et ne témoignent pas en faveur des gestionnaires. Qu'il s'agisse des prêts du F.D.E.S. ou des dotations budgétaires, le Parlement a toujours voté les crédits qui lui étaient demandés, mais il ignore totalement les modalités selon lesquelles ils ont été distribués[2]. Cette clandestinité fait problème. En premier lieu, elle est contraire à la lettre des textes comme à l'esprit de nos institutions. Les fonds publics ne doivent pas être dispensés dans le secret des bureaux, hors de l'information du Parlement. Le nombre des bureaux, des services, établissements financiers et des organismes divers qui ont à traiter de tels dossiers fait que finalement seuls les parlementaires sont tenus à l'écart de l'emploi des fonds publics. En second lieu, les méthodes utilisées peuvent faire naître tous les soupcons, à défaut de les justifier. Qui peut prétendre que le concours apporté à telle ou telle entreprise n'a pas perturbé la concurrence dans le secteur considéré et créé ainsi des distorsions anormales. Sans que l'on connaisse la raison de leur choix ni leurs critères d'intervention, les pouvoirs publics décident de venir en aide à tel secteur ou à telle entreprise. Ce faisant, ils décident a contrario de laisser sans concours publics les secteurs ou les entreprises qu'ils négligent. L'Etat choisit ceux qu'il va aider[3]. En s'exprimant d'une autre manière, on pourrait dire qu'il choisit ses chômeurs. Procède-t-il de façon toujours rationnelle, intervient-il dans les cas les plus aigus, ordonne-t-il ses priorités dans l'équité la. plus totale? Qui peut dire s'il aide celui qui en a le plus besoin ou celui qui a su lui présenter le meilleur dossier? (suite)
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Qu'il soit possible de poser des questions de cet ordre suffit à prouver que le système est malsain et qu'il convient de le réformer. Une entreprise qui se trouve en difficulté, sans que la qualité de ses dirigeants soit en cause, peut faire savoir qu'elle a demandé et obtenu l'aide de l'Etat et que cette aide lui a été accordée dans telle ct telle conditions. Si les dossiers étaient ouverts, si l'information était complète, à coup sûr les chasseurs de subventions seraient moins nombreux et l'on pourrait être presque assuré que les entreprises qui viendraient demander l'aide des pouvoirs publics le feraient à bon escient. Les crédits publics ne peuvent plus être, en ce domaine, consommés comme ils l'ont été jusqu'alors. Il convient d'établir une déontologie qui rétablisse et la clarté et la rigueur. Une administration mieux articulée, plus resserrée et plus homogène pourrait sans doute conduire à des réflexions plus synthétiques sur notre type de croissance et sur la nouvelle répartition internationale du travail. Il ne s'agit pas de produire à nouveau de savantes études aussitôt enfouies dans les tiroirs mais d'essayer, en liaison avec les organisations professionnelles, de définir quelques orientations précises et quelques conclusions pratiques. La façon[4] dont n'a pas été conduit notre développement industriel nous met en face d'une situation dont l'issue est incertaine. Le développement industriel des pays à bas salaire a mis en péril quand il n'a pas supprimé des pans entiers de notre appareil industriel, spécialement en ce qui concerne les biens de consommation et les biens durables. L'industrie textile est à la dérive et, avec elle, l'ameublement, la chaussure et les cuirs et peaux. D'autres secteurs sont en situation difficile. La chimie vacille, la sidérurgie est tombée. Peut-on soutenir que sur le long terme, alors que notre balance agricole n'est plus excédentaire, les importations, et notamment les importations d'énergie, pourront être réglées par les seules exportations de procédés techniques et de produits à haute technologie. On sait certes que notre industrie électrique et électronique est en bonne santé. Cependant, visitant le dernier S.I.C.O.B., l'auteur de l'éditorial du dernier numéro d"une revue d'anciens élèves notait: «l'effacement progressif du matériel français n'est qu'une des manifestations du tragique déficit de notre commerce extérieur en biens d'équipement. Non seulement nous ne fabriquons plus, depuis longtemps, de machines à écrire, mais nous sommes pratiquement absents de toutes les techniques modernes ou de pointe: dictaphones, calculateurs de poche, reprographie, télécopieurs, machines à traitement automatique de textes, photocomposition, microfilm et microfiche, édition de microfilms en sortie d'ordinateur». Certes notre balance de biens d'équipement s'est améliorée, mais nous n'avons pas la puissance industrielle de la République fédérale d'Allemagne. Pour le reste, nos meilleurs atouts sont les automobiles et le secteur des armes. Peut-on imaginer, s'agissant de l'automobile, que pendant longtemps encore nous pourrons exporter des produits que nos clients ou leurs voisins commencent à fabriquer? p.24
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L'évolution qui a été
celle des dernières années ne peut se poursuivre sans inconvénient.
D'une part il arrive que les exportations coûtent parfois fort cher
aux contribuables francais, d'autre part la tendance de nos entreprises
à rechercher des débouchés pour leurs produits les
amène de plus en plus fréquemment à fabriquer à
l'extérieur ce que nous étions jusqu'alors en situation[5]
d'exporter. A la fin du mois d'octobre dernier, un hebdomadaire économique
nous apprenait qu'une société française importante,
spécialisée dans les équipements électriques,
avait créé une unité de montage au Maroc, était
sur le point de créer une filiale en Grèce, et allait faire
passer prochainement sa filiale brésilienne du stade semi-industriel
à celui de la fabrication complète.
Bien plus, il arrive que nous vendions des installations industrielles en assurant aux acquéreurs un débouché pour ce qu'ils vont produire. Lorsqu'il s'agit d'automobiles en particulier, nous en arrivons en quelque sorte à fabriquer notre propre concurrence, ainsi de l'installation de Peugeot en Roumanie, L'hebdomadaire économique auquel il vient d'être fait référence notait, dans ce même numéro, la satisfaction de l'état-major de la Société Renault après la conclusion d'un contrat portant sur la construction d'une usine au Pakistan. L'affaire était rapportée en ces termes: «Renault a enlevé l'affaire en prenant une participation de l'ordre de 10% dans le capital de la société locale. Le financement français - assuré par un consortium de banques françaises dont la Société Générale est le chef de file - assure 60% du coût en devises de l'opération, estimé à quelque 1,3 milliard de francs. Une vingtaine d'ingénieurs et de techniciens ont travaillé en permanence depuis 1975 pour assurer l'ingénierie de la nouvelle usine qui, en 1983, produira 6.500 véhicules et 9.000 moteurs Diesel par an. L'intégration locale sera, dans cinq ans, de 50%. Avec l'assistance de Renault-Véhicules industriels international, le tiers de ces fabrications sera exporté au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est». Voilà donc une opération dans laquelle la firmne française est contrainte d'investir, qui a mobilisé une fraction de l'épargne nationale et qui aura pour effet d'interdire à terme l'exportation vers les pays considérés. On aimerait savoir si une telle politique est délibérée. Le développement de C.D.F.-Chimie, filiale des Charbonnages de France et des Houillères de bassin, conduit à des réflexions du même ordre. Cette société est entrée pour 33% dans le capital d'une société vénézuélienne et a mis en service, sur le territoire vénézuélien une usine capable de produire 50.000 tonnes par an de polyéthylène basse densité. Comme l'indique C.D.F.-Chimie, «le Venezuela, avec cette nouvelle usine, passe du stade de pays importateur de polyéthylène à celui de pays satisfaisant sa demande intérieure et disposant de possibilités d'exportation». (suite)
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C.D.F.-Chimie a également investi, à hauteur d'une participation de 25%, dans une société mexicaine qui a construit à l'est du Mexique une unité de polystyrène d'une capacité de 40.000 tonnes par an. C.D.F.-Chimie s'est, en outre, associé, à hauteur de 28%, à une société portugaise pour installer, au sud de Lisbonne, des unités de potyéthylène haute et basse densité et de polypropylène. C.D.F.-Chimie a pris une participation de 16% dans une société qatari et érige au Qatar des installations capables de produire 140.000 tonnes de polyéthylène par an. La plate-forme pétrochimique du Qatar a une vocation exportatrice et doit desservir les pays du golfe et le sud-est asiatique. Enfin, le groupe C.D.F.-Chimie envisage de construire une usine d'engrais azotés dans le golfe Persique, mais dans un autre émirat. D'autres projets sont en voie d'élaboration. Certes, une telle démarche prouve le dynamisme des firmes en cause. Au reste, les pouvoirs publics n'ont cessé, à juste titre, d'encourager les entreprises à exporter pour rééquilibrer notre balance extérieure. Il est enfin juste de soutenir que, là où les entreprises françaises n'iront pas, leurs concurrents étrangers sauront prendre la place. Mais, à l'échelle de l'ensemble des pays industrialisés, une telle politique ne trouve-t-elle pas rapidement en elle-même ses propres contradictions? Est-il heureux d'accélérer la fermeture de marchés dont nous avons besoin et d'en subir ultérieurement les conséquences, ne serait-ce que sur le plan de l'emploi? Une telle évolution conduit à s'interroger sur la limite au-delà de laquelle les inconvénients de la division internationale du travail pourraient l'emporter sur ses avantages. Il n'aurait pas été inutile qu'une telle réflexion fût conduite, au moins en ce qui concerne notre propre pays. La crise a introduit, dans l'industrie française, un grand trouble. A côté de secteurs relativement prospères, d'autres paraissent en situation bien délicate, et notre industrie ne paraît plus en situation de fournir suffisamment d'emplois. Un problème de cette dimension ne peut être abordé d'un point de vue étroitement sectoriel ou uniquement en réglant, au jour le jour - travail nécessaire -, les difficultés du moment. Confrontée aux nouvelles donnes de la situation économique mondiale, l'économie française doit s'interroger sur le contenu de la croissance nouvelle, sur les conséquences d'un rythme plus modéré de développement, sur nos besoins en énergie à cinq, dix, quinze et vingt ans, compte tenu des variations éventuelles de la conjoncture, sur la création d'un tissu dense de petites entreprises, sur la diltabilité des biens, sur le développement des fonctions de réparation et d'entretien, sur la suppression des nuisances et sur la sauvegarde du milieu naturel. De telles réflexions devraient être conduites avec le souci de déboucher rapidement sur des mesures pratiques et avec l'ambition de proposer aux Français une croissance mieux maîtrisée et moins frustrante qu'au cours des années qui ont précédé la crise, mais mieux organisée, plus mesurée, plus soucieuse du bon emploi des ressources et de la répartition des fruits du travail, plus humaine enfin et répondant mieux aux aspirations des hommes d'aujourd'hui. p.25
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A titre d'information et pour
conclure avec cette annexe n° 23 du rapport de la Commission des Finances
de l'Assemblée Nationale, nous donnons ci-dessous in-extenso
ce qui a été repris dans le rapport général
(tome 1) de la commission (M. Maurice Papon, rapporteur général).
Nos lecteurs pourront s'apercevoir que la critique est aussi vive que dans
l'annexe. Les passages soulignés sont de notre fait.
a) La politique énergétique
1. Des orientations extrêmes et brutalement modifiées
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2. Un fondement chiffré à vérifier Tout le programme nucléaire français - dont il faut souligner qu'il est d'une nécessité vitale - est fondé sur une différence extrêmement marquée entre le prix du kWh nucléaire et le prix du kWh «fuel». Il a été dit et répété que le premier valait moitié moins cher que le second. Est-ce encore vrai? D'une part la comparaison se fait aux bonnes de la centrale, c'est-à-lire qu'elle néglige le coût du transport et de la distribution; or ce coût est au moins égal à celui de la production elle-même. Au surplus, le mode de calcul du coût du kWh nucléaire suppose un taux de disponibilité(1) qui jusqu'alors n'a pas été atteint en moyenne par les centrales en service dans les différents pays occidentaux. Les problèmes de refroidissement laissent de plus à penser que les centrales situées sur les fleuves pourraient avoir à s'arrêter en été pour ne pas élever inconsidérément la température de l'eau; dans ce cas, le prix du kWh se trouverait augmenté. Cet élément a-t-il été pris en considération? On n'a pas retenu non plus semble-t-il le prix du démantèlement de la centrale au terme de sa durée de fonctionnement, démantèlement dont le coût ne peut être que très élevé. On sait, en outre, que le problème des déchets n'est pas totalement maîtrisé, ce qui risque de provoquer des majorations de coût qui ne peuvent être négligées. Le coût du kWh nucléaire, tel qu'il est calculé par les Pouvoirs publics, a subi au cours des dernières années des majorations d'une très grande ampleur. Estimé à 3,83 centimes en 1973, il atteindrait aujourd'hui 9,7 centimes, soit une augmentation très vive en francs constants. Tous les éléments du prix ont varié dans de fortes proportions. Le prix du combustible a été multiplié par trois et les charges proportionnelles d'exploitation par plus de 2,5. Plus surpenant encore, les charges d'investissement, dont on aurait pu penser qu'elles étaient exactement mesurées, sont passées de 2,13 centimes à 5 centimes par kWh. Au surplus, il n'y a aucune raison de penser que cette évolution des coûts est parvenue à son terme. Dès maintenant, le kWh nucléaire s'est rapproché du kWh «fuel» et il n'est plus très éloigné du kWh «charbon», tout en restant présentement plus avantageux. Il faut se rappeler que l'ensemble du programme nucléaire a été fondé sur des chiffres relatifs aujourd'hui périmés et qui ne prennent en compte qu'une partie des éléments considérés. Il convient donc de réviser les comptes. (1) Exprimé en heures annuelles de fonctionnement. p.26
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3. Un financement difficile
EDF est engagée dans un programme d'investissement très considérable dont le financement est difficile. Les besoins de financement d'EDF sont de l'ordre de 16 milliards F en 1977 et atteindront 20 milliards en 1978. L'autofinancement de l'entreprise se maintenant à un niveau médiocre en raison des prix qui lui sont imposés, les emprunts qu'elle est amenée à souscrire portent sur des montants impressionnants: environ 9 milliards en 1977 et plus de 13 milliards en 1978. L'entreprise nationale s'endette lourdement à l'étranger (3,7 milliards en 1976) et pour le reste pèse d'un poids de plus en plus marquant sur le marché financier intérieur. Comme les besoins de l'État et des autres entreprises nationales seront en toute hypothèse satisfaits, l'augmentation des emprunts d'EDF se fera au détriment des besoins de financement des entreprises privées. Cette conséquence, qui a déjà été soulignée par votre Commission des finances, est grave pour l'avenir. A la question ainsi soulevée, aucune réponse satisfaisante n'a jusqu'à présent été apportée. 4. Une indépendance relative
5. Une rigidité excessive
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La production d'électricité nucléaire suppose le fonctionnement de très grosses unités de production. Le constructeur ne cesse pas d'élever la dimension de ses centrales, de sorte qu'actuellement l'effet de série ne peut jouer à plein et que les risques inhérents à toute formule nouvelle se trouvent multipliés. A terme, l'équipement d'une dizaine de sites permettra de faire face aux besoins en électricité mais il est clair que quelques centaines de personnes suffiront alors pour mettre en échec la production d'électricité de la France. Dès lors qu 'un tel programme ne peut plus être remis en cause, à échéance de quelques années, toutes les autres énergies sont considérées comme des énergies d'appoint et leur coût s'en trouve d'autant augmenté. Ainsi, les compagnies pétrolières devront non seulement faire face aux pointes de consommation que l'électricité ne pourra satisfaire, mais encore réorienter leurs productions. EDF demandant moins de fuel lourd, c'est tout l'appareil de raffinage qui devra être converti. Le coût de cette opération - qui a été estimé à environ 10 milliards F - résulte directement des choix opérés en faveur du programme nucléaire; cependant, il n'est évidemment pas intégré dans le prix du kWh. On le voit, le dossier technique du programme électronucléaire français est plus complexe qu'il ne paraît lorsqu'il est présenté par les Pouvoirs publics. Il est dommage que le débat n'ait pas, jusqu'alors, porté sur les points qui viennent d'être évoqués car de bonnes réponses conforteraient l'effort demandé au pays pour garantir son approvisionnement en énergie et assurer sa relative indépendance. En fait, il n'est pas d'autre issue qu'une réelle diversification faisant appel à toutes les formes possibles d'énergie, même si certaines d'entre elles ne peuvent apporter (provisoirement...) qu'une faible contribution à la solution de nos problèmes. A cet égard, l'effort financier devrait être mieux réparti. La nécessaire diversification doit être accompagnée d'une politique tenace visant à économiser l'énergie. A cet égard, les mesures prises par le Gouvernement n'appellent quant à leur principe aucune sorte de réserve. L'effort accompli, bien que tardif, mérite d'être encouragé. Certes, l'attitude des pouvoirs publics, quand elle est examinée dans sa globalité, relève de l'incohérence. En fait, l'Etat subventionne en France la consommation d'énergie. Tout paraît commandé par l'évolution de l'indice des prix et qu'il s'agisse du charbon, du gaz ou de l'électricité, c'est le contribuable qui paie pour l'utilisateur. Néanmoins, la politique conduite dans le domaine des économies d'énergie ne manque ni d'ampleur ni de continuité. Elle a, certes, été tardive et après l'embargo sur le pétrole, le public est retombé dans l'indifférence, faute d'avoir été mobilisé sur ce point comme il aurait été nécessaire. On semble avoir reculé devant les décisions spectaculaires et la fixation d'un montant global d'importations à ne pas dépasser participe davantage de l'exorcisme que de la politique. Au plan pratique, néanmoins, des décisions sérieuses ont été prises dans la plupart des domaines. Des normes ont été fixées pour le chauffage des locaux; on a prévu de modifier les dispositions des contrats de chauffage propres à augmenter la consommation d'énergie; des contrats sont passés avec les industriels qui réalisent de réelles économies; la construction de centrales au fuel est réglementée; on vient enfin de décider de limiter le développement du chauffage électrique qui, à l'heure actuelle, constitue un évident gaspillage. Dans beaucoup d'autres domaines on s'attache à limiter les consommations. Les résultats, moins spectaculaires qu'on ne le dit, sont réels. Cette politique, maintenant bien engagée, doit se poursuivre avec ténacité et le Parlement ne peut qu'y être favorable. En définitive, notre politique énergétique procède d'une action structurelle effective et comporte des aspects positifs, mais cette politique est onéreuse, rigide et discutable à maints égards. Le choix qui a été fait devrait conduire à s'interroger davantage. p.27
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En dehors du rapport principal
(encart 6), et de l'annexe 29, il est instructif d'examiner l'annexe 39
du rapport de la Commission des Finances consacré à la Recherche
(rapporteur M. Mesmin). On y trouve en effet des renseignements sur la
politique de recherche dans le domaine de l'énergie.
On voit que 531 millions de francs sont consacrés au CEA pour les recherches appliquées à l'énergie. «Ce sont toujours les recherches relatives à l'énergie, conduites par le CEA en collaboration avec EDF et les autres grandes entreprises du secteur nucléaire, qui constituent la dotation essentielle. Les recherches seront conduites dans les domaines des réacteurs électronucléaires, du cycle du combustible nucléaire, et de la sûreté et de la protection nucléaire.» Pour les autres énergies:
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Energie géothermique
Energie solaire
Il est d'autre part amusant de relever parmi les 13 questions posées par le rapporteur et demeurées sans réponses, les quatre suivantes, relatives à l'énergie: 40. Produire une note détaillée
sur les projets d'extension des installations françaises de retraitement
des combustibles. Indiquer la nature des contrats éventuellement
souscrits par des clients étrangers. Préciser le sort donné
aux déchets radioactifs. Indiquer l'évaluation qui a été
faite des risques pour le voisintge d'une extension de l'usine de La Hague.
Donner toutes précisions sur le financement de cette extension tant
national, public ou privé, qu'international.
p.28-29
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