La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°125/126

LA TECHNIQUE: LE TALON D'ACHILLE D'EDF
 
     Voici quelques dossiers techniques, juste pour que nous restions tous vigilants. Bien sûr il y a du travail de fait, bien sûr personne parmi le personnel ne se bat pour un accident mais pour les éviter. Reste que, pour que justement ce personnel puisse se faire entendre nous devons poser des questions.
     Notre rôle est ingrat et souvent on a l'impression de faire du sur place mais on grignote petit à petit.
     Prenons le dossier "cuve du réacteur". Plus on a examiné cet ennui générique plus on s'est rendu compte qu'EDF ne maîtrisait pas les aciers ainsi que certaines conceptions de pièces héritées des USA. Ce dossier est important sur plus d'un point. Certes on va finalement changer les couvercles mais sans rien changer à leur design. Conclusion: les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'inconel 690 ne fera que reculer la prochaine échéance.
     Framatome n'aura peut-être plus beaucoup de réacteurs à foumir pendant 20 ans mais elle aura un stock de générateurs de vapeurs, de pressurisseurs, de couvercles, le pied quoi!!
     Ce dossier nous fixe quelques enjeux:
     - l'examen de tous les couvercles est indispensable pour déceler les fissures, d'où la construction des robots pour éviter les doses peut-être, pour déceler les fissures avant problème sûrement,
     - l'industrie ne pourra pas fournir, il faut donc faire un suivi, réparer provisoirement avant changement et la réparation n'est pas un gage de tenue car elle induit des contraintes et risque d'accélerer le processus,
     - l'inconel 600 bien que d'emploi généralisé est connu pour son manque de tenue sous irradiation et pour sa sensibilité à la corrosion. Il n'est pas sûr que l'inconel 690 soit vraiment meilleur,
     - la recherche de fissures circonférentielles est indispensable. Ce dossier affirme n'en avoir pas vu mais depuis on en a mis une en évidence sur Bugey 3, là où on avait décelé la première fuite.
     La partie synthèse nous apprend quelques faits:
     - les conditions de soudages ont été non évolutives pour le palier CP0 mais "les séquences de soudage n'étaient ni spécifiées, ni documentées et ne faisaient pas l'objet d'une attention particulière"
     - l'examen des fiches de non-conformité "a mis en évidence quelques anomalies susceptibles d'affecter la résistance à la corrosion sous contrainte" et l'examen détaillé des conditions d'approvisionnement apprend que:
     - l'élaboration des coulées est différente,
     - les traitements thermiques sont différents
     - le nombre de barres issues de chaque coulée est inconnu,
     - le nombre d'adaptateurs usinés est inconnu
suite:
     La conclusion est sans équivoque:
     "...il ressort des différents éléments recensés que les barres issues de différentes coulées peuvent présenter des caractéristiques mécaniques individualisées et une structure variable y compris dans une même barre."
     Evidemment ceci induit "des sensibilités à la corrosion sous contrainte différentes entre adaptateurs".
     Enfin pour conclure c'est le foutoir!!
     D'autant plus qu'on avait tout prévu sauf qu'une barre pourrait servir de missile. On va donc installer des dispositifs anti-éjection. De toute façon sur les paliers où on avait prévu une dalle anti-missile le remède est pire que le mal car l'éjection de la barre vers cette dalle ferait retomber les portions qui risquerait d'endominager les autres mécanismes. On est donc condamné au mécanisme anti-éjection!!
     Sauf que ça ne va pas être très facile à mettre en oeuvre et qu'on testera l'efficacité sur le terrain si...
     Quant aux lignes de vapeur principales ce n'est pas mieux. Tous les paliers sont affectés chacun à leur manière:
     " - Très nombreuses inclusions et arrachement lamellaire sur le CP0, attribuables à la qualité insuffisante des matériaux et au mode de fabrication (laminage);
     - fissuration à froid remontant à la fabrication sur le palier CPY attribuable à une maîtrise insuffisante des conditions de soudage;
     - très nombreux collages et inclusions sur le réacteur Saint Alban (1.300 MWé), remontant à la fabrication."
     Et voilà: difficile de faire plus mauvais. Sur CP0 on a utilisé du lamellé au lieu de forgé. Au fait quelles étaient les spécifications américaines? Les a-t-on contournées et pourquoi?
     Sur les paliers suivants comme il est écrit dans le rapport: "La découverte de ces anomalies conduit à s'interroger sur la qualité de la fabrication... d'une part et d'autre part sur les raisons pour lesquelles les défauts de fabrication n'ont pas été détectés plus tôt en particulier pendant les contrôles qui précèdent la mise en service des réacteurs." Le "tronçon protégé" est surtout protégé des contrôles; pas vraiment ce qui était prévu. Quand on vous dit que l'accident nous guette.
     Le deuxième dossier technique est encore plus inquiétant. Peut-être parce que de toute façon il s'agit d'erreurs humaines mais dans un cas c'est au niveau conception réalisation, dans l'autre c'est au niveau conduite. On peut plus facilement trouver un coupable à Paluel mais finalement qui a supervisé les lignes principales de vapeur?
     Enfin à Paluel on ajoué avec le feu, on a voulu se payer notre petit Tchernobyl et on a viré le directeur du site. C'est bien sauf que si on n'étudie pas ce qui c'est passé on recommencera.
p.16

La cuve du réacteur
(Dossier EDF, décembre 1992 - principaux extraits)
Introduction-présentation du dossier
1.1 Objet de la note
     L'inétanchéité de la traversée T54 du couvercle de la cuve de Bugey 3 a été détectée le 23/09/91 lors de l'épreuve hydraulique décennale réglementaire du Circuit Primaire Principal (CPP).
     Electricité de France a décidé de réaliser des contrôles sur les tranches CP0 en arrêt pour rechargement (Bugey 4 et Fessenheim 1); ceux-ci ont montré la présence de fissurations longitudinales sur certains adaptateurs.
     Le but de la présente note est de faire une synthèse des actions entreprises ou prévues pour comprendre et expliquer ce phénomène.
     Ces actions concement en priorité les tranches du palier CP0, et en particulier les tranches de Fessenheim 1 et 2.
1.2 Position d'EDF pour les tranches CP0
     L'ensemble des éléments disponibles à ce jour:
     - contrôles non destructifs et expertises,
     - calculs mécaniques,
     - mesures de contraintes résiduelles,
     montre que le phénomène, à l'origine des dégradations constatées sur les adaptateurs du palier CP0, est un phénomène générique de corrosion sous contrainte de l'alliage 600 en milieu primaire.
     Bien que les dégradations constatées à ce jour ne comportent pas de risque pour la sûreté, la possibilité d'une fuite d'un adaptateur ne peut être exclue, ce qui serait de nature à hypothéquer significativement la disponibilité.
     Ce risque industriel a conduit EDF à la décision de
     Remplacer tous les couvercles CP0 dans un délai de 2 ans pour le premier et 3 ans pour le dernier.
     Dans cette période transitoire, les dispositions complémentaires suivantes sont mises en oeuvre:
     - installation de dispositifs anti-éjection sur les couvercles des six tranches CP0; en ce qui conceme Fessenheim, le pro-gramme d'installation est le suivant:
     - Tranche 1: lors d'un arrêt intermédiaire à l'automne 92,
     - Tranche 2: avant redémarrage (arrêt en cours).
     - installation de systèmes de détection de fuite sur les couvercles des six tranches CP0; en ce qui conceme Fessenheim, le programme d'installation est le suivant:
     - Tranche 1: réalisé au précédent arrêt pour rechargement,
     - Tranche 2: avant redémarrage (arrêt en cours).
     - contrôle complet à l'aide du robot des couvercles des tranches CP0; en ce qui concerne Fessenheim, le programme est le suivant:
     - Tranche 1: au prochain arrêt pour rechargement,un contrôle partiel ayant été réalisé au précédent arrêt,
     - Tranche 2 : avant redémarrage (arrêt en cours), sauf en cas d'indisponibilité du robot de contrôle (dans ce cas, un programme de repli serait mis en oeuvre portant sur les zônes les plus potentiellement affectées).
     - pas de réparation de traversée sauf Si elle est fuytarde ou avec une fissure traversante au dessus de la soudure.

2. Description des matériels
     Les adaptateurs ont pour fonction de permettre le passage, àtravers le couvercle de la cuve:
 · des tiges de commande des grappes,
 · des colonnes de thermocouples.
     Pour ces deux applications, ils sont surmontés respectivement des mécanismes de commande des grappes et des assemblages d'étanchéité des colonnes de thermecouples. Ces pièces sont fixées à l'aide d'un filetage et d'un joint d'étanchéité soudé du type Canopy.
     Le corps de l'adaptateur est réalisé en alliage Inconel 600 (NC 15 Fe) et sa tête en acier inoxydable austénitique (Z2 CN 18.10). Ces deux parties sont solidarisées par une soudure bimétallique.
     La liaison soudée entre l'adaptateur et le couvercle est réalisée par l'intérieur avec métal d'apport Inconel 182 sur beurrage de même nuance côté acier ferritique.
     Les diamètres intérieur et extérieur du corps d'adaptateur sont respectivement de 70 et 101,6 mm.
     Le tableau 2.1. indique la température de service des adaptateurs pour les différents paliers.

suite:
TABLEAU 2.1.
Températures de fonctionnement à pleine puissance
       
PQY DPY
 
FSH
BGY
CPY
avant abaissement
après abaissement
débit par* boucle m3/h
20.100
21,75
22.000
21.970
22.890
température entrée cuve
28>4,2
286
286,7
292,8
289
température sortie cuve
321,6
323,2
322,5
328,7
324
température sous dôme
313,4
315
289,1
313,7
309,4
* Le débit considéré est le débit garanti sauf pour le cas du 1.300 après abaissement de température pour lequel c'est le débit le plus probable.

2.1 Affectation des adaptateurs
     Le couvercle comprend:
     48 adaptateurs pour mécanismes à grappes normales
     5 adaptateurs pour mécanismes à grappes partielles (positions: l, l8, 19, 20 et 21)
     4 adaptateurs pour colonnes de thermocouples (positions 47, 49, 51 et 53)
     8 adaptateurs de réserve obturés (positions :14, 15, 16, 17, 46, 48, 50 et 52).
     Lors de la dépose du couvercle:
 · Les tiges de commande des grappes normales restent dans les guides de grappes des internes supérieurs,
 · les tiges de commande des grappes partielles restent dans les mécanismes (système vis-écrou non débrayable),
 · les colonnes de thermocouples restent dans les internes supérieurs dont elles sont solidaires.
     Il faut noter que les grappes partielles ne sont pas utilisées et que leurs tiges de commande constituent une gêne pour le contrôle robotisé des adaptateurs. Leurs mécanismes seront donc progressivement démontés et leurs adaptateurs équipés d'obturateurs.

2.2 Soudure bimétallique adaptateur-tête
     Elle est réalisée en deux phases:
 · passe de fond par le procédé TIG manuel avec anneau fusible en alliage NiCrFe comme produit d'apport,
 · remplissage à l'électrode Inconel enrobée.

2.3 Frettage
     L'adaptateur est emmanché à l'azote liquide dans la calotte du couvercle de manière à obtenir une interférence comprise entre 0,08 et 0,09 mm au diamètre.
     Le rôle du frettage est d'obtenir une bonne précision d'implantation de la partie supérieure des adaptateurs sur le couvercle en limitant les déformations de soudage. Le frettage n'a pas de fonction de résistance.
     En service, l'évolution du frettage dépend de deux paramètres:
 · La pression qui diminue le frettage du fait que la calotte se déforme plus que l'adaptateur (ce dernier est surdimensionné vis à vis de la résistance à la pression).
 · La température qui augmente le frettage, en raison du coefficient de dilatation de l'inconel 600 qui est plus élevé que celui de l'acier ferritique du couvercle.

2.4 Soudure de liaison adaptateur-calotte
     Cette soudure de résistance, non détensionnée, est à pénétration partielle. La profondeur de pénétration dans la calotte est de 20 mm et la soudure d'angle a une épaisseur de cordon de 7 mm.
     En préalable à l'opération de soudage, un beurrage du chanfrein dans le couvercle est réalisé. Il subit le traitement thermique de détensionnement final du couvercle avant la mise en place des adaptateurs.

p.17

2.5 Filetage
     Tous les adaptateurs comportent à leur base, un filetage extérieur de diamètre 95,25 mm au pas de 3,2 mm.

2.6 Dégagement à la base interne des adaptateurs
     Pour Fessenheim 1 et 2 et Bugey 2 la base interne des adaptateurs comporte un simple chanfrein.
     Lors de la fabrication de ces premiers couvercles on a constaté que, dans certains cas, le soudage entraînait une déformation du pied d'adaptateur incompatible avec le passage du gabarit de contrôle de la géométrie interne. Il a donc été décidé, pour les couvercles suivants, d'usiner un dégagement à la base des adaptateurs périphériques.
     Pour Bugey 3, 4 et 5, les adaptateurs 1 à 17 sont identiques aux précédents. Les adaptateurs 18 à 65 comportent un chambrage diamètre 74 mm dont la hauteur dépend du rayon du cercle d'implantation.

2.7 Manchettes thermiques (Figure 2.1.)
     La manchette thermique a deux fonctions principales:
 · protéger l'adaptateur contre les descentes d'eau froide, provoquées par les remontées de tige de commande dans le mécanisme,
 · guider la tige de commande depuis la base de l'adaptateur jusqu'à l'entrée dans le mécanisme lors de la mise en place du couvercle.
     Chaque adaptateur pour mécanisme à grappe normale comporte une manchette thermique comprenant:
 · une bride supérieure limitant la course axiale de la manchette,
 · un corps tubulaire,
 · un cône inférieur vissé et arrêté par soudure, servant au recentrage de la tige de commande.
     Le centrage de la manchette dans l'adaptateur est assuré:
 · sur Fessenheim par deux niveaux de trois plots disposés à 120°,
 · sur Bugey par deux niveaux d'épaulements.
     Chaque adaptateur pour mécanisme à grappes partielles comporte une manchette thermique dépourvue de cône à sa partie inférieure.

3. Retour d'expérience internationale
3.1 Conditions de fabrication
     La comparaison concerne les réacteurs de conception Westinghouse (W). Elle porte sur les couvercles réalisés par Framatome (FRA), Combustion Engineering (C.E.), Babcok Wilcox (B.W.) et Mitsubishi (MHI). Elle a été établie à partir des renseignements recueillis lors des missions aux Etats-Unis (du 22 au 25.l0.9l) et au Japon (31.l0 et 0l.11.9l).
3.1.1 Matériau
     L'usage de l'Inconel 600 (NC 15 Fe) est généralisé. Framatome est le seul à approvisionner des barres selon la spécification ASME SB 166. Les autres constructeurs approvisionnent des tubes selon la spécification ASME SB 167. Par ailleurs, il est vraisemblable que des différences existent entre les aciéristes sur les points suivants:
     - opérations thermo-mécaniques de forgeage
     - traitement thermique final
     - caractéristiques mécaniques obtenues
3.1.2 Dégagement en pied d'adaptateur
     La pratique de l'usinage d'un dégagement à l'intérieur de la partie basse de l'adaptateur est spécifique à Framatome, les autres constructeurs ne l'utilisent pas (voir paragraphe 3.1.4.).

suite:
3.1.3 Frettage
     La valeur de l'interférence du diamètre et la géométrie de l'alésage varient selon les constructeurs (non spécifié par W):
     - FRA: 0,08 -0+0,01 mm (toute la hauteur)
     - CE: 0 à 0,13 mm (toute la hauteur)
     - B.W.: 0,013 à 0,038 mm (toute la hauteur pour les réacteurs W, de révolution pour les réacteurs B.W.)
- MHI: 0,03 à 0,05 mm (de révolution)

3.1.4 Soudure adaptateur-calotte
     - Géométrie
     Les dimensions minimales à respecter pour les soudures à pénétration partielle sont imposées par les codes (d'abord l'ASME puis ensuite le RCC.M qui reprend pratiquement les mêmes valeurs). A une époque donnée, il ne semble pas qu'il y ait des différences importantes de forme de chanfrein d'un constructeur à l'autre. Des évolutions sont cependant intervenues avec le perfectionnement des moyens d'usinage.
     - Séquence de soudage
     Il est certain que des différences existent dans les pratiques des constructeurs. MHI s'efforce de limiter les déformations de soudage en procédant à un bridage énergique. C.E. et B.W. nous ont dit, sans être très affirmatifs (ils n'ont pas construit de cuve depuis longtemps) qu'ils utilisaient une séquence de soudage limitant les déformations. Il semble bien, en tout cas, que personne ne contrôle la géométrie (ovalisation ou flexion) après soudage. La pratique du passage du calibre est généralisée.
3.2 Essais et épreuves d'étanchéité
3.2.1 Pratique ASME Section XI (Etats-Unis)
     Il s'agit plus d'une épreuve d'étanchéité que d'une épreuve de résistance.
     Taux d'épreuve:
     L'usage est de faire la réépreuve coeur chargé, ce qui est d'ailleurs explicitement évoqué en IWB 5222 b). Il en résulte des exigences de limitation de la pression d'épreuve à des valeurs moins élevées qu'en France, et fonction de la température, comme suit:
     100°F ou moins (38°C): 1,l0 P0,
     200°F (93°C): l,08 P0,
     300°F(149°C): 1,06 P0,
     400°F (204°C): l,04 P0,
     500°F ou plus (260°C):1,02 P0,
     où P0 est la pression nominale de service à 10% de puissance soit 155 bar. La pression d'épreuve ne peut donc dépasser l55x l,l0 = 170,5 bar.
     Périodicité:
     Le paragraphe IWB 2400 (ASME XI) laisse Je çhoix entre deux périodicités: le programme A avec réépreuve à 10 ans, 23 ans, 40 ans et le programme B avec espacement régulier tous les dix ans.
3.2.2 Pratique française (Arrêté du 26.02-74)
     Il s'agit d'une épreuve à la fois de résistance et d'étanchéité.
     Taux d'épreuve:
     L'épreuve est réalisée coeur déchargé. La pression d'épreuve est égale à 1,20 fois la pression de calcul, soit: 171,3 bar x 1,20 = 205,5 bar relatifs.
     Périodicité:
     La périodicité des réépreuves est de 10 ans. De plus, une première réépreuve doit être réalisée au plus tard trente mois après la mise en service.

p.18

3.2.3 Pratique hors France et Etats-Unis
     La pratique française n'est pas utilisée à l'étranger. La pratique ASME XI est largement utilisée sauf en Allemagne où, à l'exception d'Obrigheim, les adaptateurs sont de conception différente (adaptateur en acier ferritique revétu intérieurement d'acier inoxydable, assemblé par vissage et soudure d'étanchéité).

4 Bilan des contrôles non destructifs
4.1 Performances des méthodes de contrôle
     Le principe des contrôles effectués est décrit ci-dessous.
4.1.1 Contrôle de la surface interne de l'adaptateur par sonde tournante à courants de Foucault
     L'objet de ce contrôle est de détecter les fissures débouchantes en paroi interne de l'adaptateur.
     La zône couverte par cet examen s'étend de 30 à 300 mm d'altitude comptés à partir de l'extrémité basse de l'adaptateur. Elle concerne la partie libre inférieure, la zone au droit de la soudure et du frettage jusqu'à la face supérieure du couvercle.
     Les conditions de réglage et le seuil de notation retenus permettent de garantir la détection de fissures longitudinales et circonférentielles débouchantes en paroi interne de 2 mm de profondeur.
     Les performances devraient être de 0,5 mm de profondeur. Cette valeur ne sera démontrée qu'après expertise d'adaptateurs prélevés ou essais sur maquettes comportant des fissures.
4.1.2 Contrôle du fond de chambrage de l'adaptateur par sonde spéciale courants de Foucault
     L'objet de ce contrôle est de déceler les fissures circonférentielles amorcées dans l'angle rentrant du chambrage interne.
     Ce contrôle est exécuté seulement si des fissures longitudinales au droit du lamage sont détectées par la sonde tournante. Les conditions de réglage et le seuil de notation retenus permettent de garantir la détection des fissures circonférentiellès de 1 mm de profondeur ne se développant pas sur toute la circonférence.
     Les performances devraient être de l'ordre de 0,5 mm de profondeur. Ces performances s'appuient sur l'expérience du contrôle des gorges des pistons des moteurs diesels des REP avec une sonde similaire.
4.1.3 Contrôle de l'adaptateur par ultrasons
4.1.3.1 Recherche de fissures circonférentielles amorcées en paroi externe
     Cette recherche est effectuée avec un traducteur à ondes transversales inclinées à 45°, orienté dans le sens descendant.
     La zone couverte par cet examen s'étend de 35 à 235 mm d'altitude comptés à partir de l'extrémité basse de l'adaptateur.
     Les conditions de réglage délimitant la zone contrôlée jusqu'à mi-épaisseur de la paroi du tube et le seuil de notation garantissent la détection de fissure pénétrant dans l'épaisseur de l'adaptateur d'au moins 2 mm.
     Ces performances sont assurées dans la zone du point triple jonction métal fondu Inconel/paroi de l'adaptateur/acier du couvercle) et dans la partie libre de l'adaptateur.
4.1.3.2 Investigations complémentaires sur les fissures longitudinales amorcées en paroi interne
     Cette recherche est effectuée seulement si des fissures longitudinales sont détectées par courants de Foucault et si leur altitude correspond à celle de la zone fondue de la soudure.
     L'objet dans ce cas est de vérifier si la fissure partant de la peau interne débouche en peau externe.
     Cette recherche est effectuée avec un traducteur à ondes transversales à 45° orienté dans le sens horaire ou anti-horaire.

suite:
4.1.4 Contrôle télévisuel de l'intérieur de l'adaptateur
4.1.4.1 Inspection générale
     Cet examen précède les autres techniques (CF, US) et est utilisé comme contrôle systématique en paroi interne de tous les adaptateurs libres de manchettes, sur une hauteur d'environ 450 mm (maxi 600 rnm) depuis la partie inférieure. Le parcours type de la tête de visée est une rotation complète suivie d'une translation au pas de 15 mm.
     Caractéristiques techniques:
     - Accès sous couvercle, déplacement par char Dralle
     - Caméra "bioptique" dotée d'une visée axiale de positionnement et d'une visée radiale d'inspection (par miroir tournant)
     - Capteur: CCD couleur 1/2" (579 x 583 pixels) Le champ couvert en inspection est de 20 mm (sens longitudinal de l'adaptateur) x 15 mm (sens circonférentiel de l'adaptateur).
     - Résolution : Détection d'une rayure étalon de 0,1 mm
4.1.4.2 Expertise
     Le matériel a été développé pour aider à l'analyse d'indications de surface relevées lors des examens par courants de Foucault ou ultrasons en tout point de l'adaptateur.
     Caractéristiques techniques:
     - Accès sur couvercle, déplacement par porteur en rotation translation
     - Tête de visée radiale "MORBAC 90" (développement EDF/SPT/GDL/SCM) équipée d'un prisme à double renversement (non inversion droite-gauche)
     - Capteur: CCD couleur 1/2" (579 x 583 pixels)
     - Champ couvert:16 mmx 13 mm
     - Résolution: 0,05 mm
     NB: Pour les adaptateurs comportant un chambrage, une tête spéciale "MORBAC 150" - visée rétrograde a été développée, qui permet l'observation de l'angle rentrant du lamage et des surfaces connexes.
4.1.5 Mesure des déformations de l'adaptateur
4.1.5.1 Prise d'empreintes
     Des empreintes avec une pâte élastomère sont réalisées par injection à l'intérieur de l'adaptateur.
     La profilométrie de ces empreintes est réalisée à l'aide d'une double nappe laser effectuant les mesures sans contact tous les 5° dans un plan horizontal. Ces mesures sont répétées sur des sections distantes de 1 ou 5 mm suivant la finesse de mesure désirée. Les mesures sont traitées par le logiciel VIDOC fournissant les résultats sous les formes suivantes:
     - le profil axial du diamètre moyen de l'ovalisation calculée comme la différence entre le diamètre maximal et le diamètre minimal de chaque section,
     - des coupes radiales où un effet d'échelle permet une appréciation visuelle des variations polaires de rayon.
     La précision de la méthode est de l'ordre de 0,01 mm.
     Toutefois cette méthode ne permet pas de mesurer la flexion de l'extrémité inférieure libre de l'adaptateur.
4.1.5.2 Relevés par ultrasons
     La mesure est effectuée en palpeur droit. La restitution diffère selon les intervenants.
Pour Intercontrôle, les sorties graphiques de profilométrie sont réalisées:
     - soit en section droite à une altitude donnée,
     - soit selon une génératrice à une position angulaire.
     La mesure d'ovalisation sur le rayon est donnée par fourchette, car le logiciel ne permet pas de dissocier l'incidence du désaxage de l'outil sur la mesure d'ovalisation.
p.19

     Pour Framatome, la mesure de l'ovalisation est réalisée sur l'enregistrement de profilométrie radiale corrigée de l'effet de l'excentrement. Elle correspond à la différence maximale de diamètre mesurée sur deux axes orthogonaux passant par le centre de rotation de la sonde. La précision de mesure est inférieureà ± 0.l mm.
4.1.6 Contrôle de la surface interne du tube d'évent par sonde tournante à courants de Foucault
     L'objectif de ce contrôle est de rechercher des fissures amorcées côté primaire.
Zones inspectées:
     - Le tube a été examiné sur une longueur de +5 mm à +250 mm à partir de la face interne du couvercle,
     - La pénétration des courants de Foucault permet d'inspecter la peau interne du tube sur une épaisseur d'environ deux millimètres.
     Sensibilité du contrôle:
     Les conditions de réglage et le seuil de notation retenus permettent de garantir la détection de fissures longitudinales et circonférentielles initiées en paroi interne de 0,3 mm de profondeur.
4.2 Contrôles effectués sur Bugey 3
     1) Traversée de l'évent
     Le contrôle par courants de Foucault de la peau interne a été effectué et n'a montré la présence d'aucun défaut.
     2) Traversées des mécanismes de commande
     - Les 65 traversées sont contrôlées:
 · Examens télévisuels internes de chaque adaptateur,
 · Examens par courants de Foucault de la peau interne de chaque adaptateur,
 · Examens par ultrasons internes de la peau externe de chaque adaptateur,
 · Examens complémentaires par courants de Foucault de l'angle du lamage de 7 adaptateurs,
 · Examen par ressuage de la soudure et de la paroi interne de l'adaptateur 54,
 · Examen par réplique d'une indication de ressuage sur la soudure de l'adaptateur 54,
 · Examen télévisuel global de l'intérieur du couvercle,
 · Examen complémentaire télé-endoscopique de quelques adaptateurs pour expertises des indications,
 · Examen par ressuage de la paroi interne de l'extrémité inférieure de l'adaptateur 17,
 · Prise d'empreinte sur 2 adaptateurs (54, 57).
     - Résultats
 · L'examen télévisuel global a mis en évidence une tache de bore sur la traversée 54. Il a été suivi d'un examen par ressuage coloré qui a confirmé la présence d'une fissure débouchante dans la partie libre de l'adaptateur, et révélé 3 petites indications linéaires sur la soudure (1<3 mm).
 · L'examen par réplique effectué sur l'une de ces trois indications a montré qu'il s'agit d'un défaut de soudage.
 · L'adaptateur 54 présente des fissures longitudinales situées au droit ou au dessus de la zone soudée réelle dont la longueur maximale est de 75 mm.
 · L'adaptateur 63 présente 3 fissures longitudinales dont aucune ne dépasse la zone soudée.
     Aucune fissure circonférentielle amorcée en paroi interne ou externe n'a été observée.
     - Les ovalisations mesurées sur empreinte donnent 1,38 et 1,46 mm pour les adaptateurs 54, 57.
suite:
4.3 Contrôles effectués sur Bugey 4
     1) Traversée de l'évent
     Le contrôle par courants de Foucault de la peau interne a été effectué et n'a montré la présence d'aucun défaut.
    2) Traversées des mécanismes de commande
     Les 65 traversées ont été contrôlées.
     Contrôles non destructifs effectués:
     - Examen télévisuel interne de chaque adaptateur,
     - Examen par courants de Foucault de la peau interne,
     - Examen par ultrason interne de la peau externe,
    - Examen complémentaire par courants de Foucault de l'angle du lamage pour tous les adaptateurs présentant des indications (7 adaptateurs - le 8ème est inaccessible),
     - Examen complémentaire par télé-endoscopie pour expertiser certaines indications,
     - Examen par ressuage sous dôme de la soudure de l'adaptateur 65,
     - Examen par ressuage de l'intérieur de l'adaptateur 65,
     - Examen télévisuel global de l'intérieur du couvercle,
     - Prise d'empreinte sur 6 adaptateurs (14, 17, 46, 50, 53, 65).
     Résultats
     - L'examen télévisuel global a mis en évidence la tache de bore sur la traversée 65. Il a été suivi d'un examen par ressuage coloré qui a confirmé la présence d'une fissure débouchante dans la partie libre de l'adaptateur.
     Cet examen par ressuage a aussi revélé 3 petites indications arrondies sur la soudure (j <3 mm)
     - Les examens télévisuels et courants de Foucault ont mis en évidence 8 adaptateurs avec fissures longitudinales dont 2 avec fissures longitudinales courtes dans ou sous le lamage (longueur maximale 7 mm) (adaptateurs 50 et 54), 5 avec fissures longitudinales localisées au droit, ou en dessous de la zone soudée (adaptateurs 55, 61, 62, 63, 65) et 1 adaptateur (57) dont 1 des 6 fissures longitudinales dépasse la zone soudée.
     Aucune fissure circonférentielle amorcée en paroi interne ou externe n'a été observée.
     - Les ovalisations mesurées sur empreinte sont résumées dans le tableau ci-dessous:
     N° adaptateur        14     17    46     50     53     65
     Ovalisation (mm)  0,56  0,67  1,86  1,42  1,13  1,61
4.4 Contrôles effectués sur Fessenheim 1
     1) Traversée de l'évent
     Le contrôle par courants de Foucault de la peau interne a été effectué et n'a montré la présence d'aucun défaut.
     2) Traversées des mécanismes de commande
     Nombre de traversées contrôlées: 26
     4 thermocouples
     8 réserves Pu
     14 traversées démontées dont 12 périphériques
     (les 2 traversées non périphériques sont la 11 qui avait été redressée (cf 5.2) et la 28 pour permettre l'accès à cette traversée 11).
     Contrôles non destructifs effectués sur les 26 traversées
     - Examen télévisuel interne
     - Examen par courants de Foucault de la peau interne
     - Examen par ultrason de la peau externe
     - Examen complémentaire par télé-endoscopie pour expertiser certaines indications
     - Prise d'empreinte sur 12 adaptateurs (14 à 17, 46 à 53)
p.20

     Résultats
     Seule la traversée 53 présente une fissure longitudinale dans la zone hors soudure (partie libre de l'adaptateur)
     Aucune fissure circonférentielle en paroi interne ou externe n'a été observée.
4.5 Synthèse des contrôles des 3 couvercles CPO (FESI, BUG3,BUG4)
4.6.1 Events
     Sur les 3 évents contrôlés aucune indication de type fissure n'a été relevée en peau interne du tube.
4.6.2 Adaptateurs
     Aucune fissure circonférentielle en paroi interne ou externe n'a été observée sur les 156 adaptateurs contrôlés.
     Onze d'entre eux, situés sur les cercles les plus périphériques, sont affectés de fissures longitudinales.
     La répartition des adaptateurs contrôlés en fonction de leur position sur le couvercle est illustrée par le graphe 4.6.2.1:
Bilan des contrôles par cercles

     La répartition des adaptateurs fissurés est illustrée par le graphe 4.6.2.2:

Bilan des contrôles des couvercles CPO

     Ces fissures se développent préférentiellement dans deux zones diamétralement opposées: 0° (côté bride) et 180° (côté axe du couvercle). Cette localisation est cohérente avec les arguments développés au chapitre 6.
     Les adaptateurs trouvés fissurés ont une ovalisation supérieure ou égale à 1,2 mm.

5 Bilan de l1analyse des dossiers de fabrication
5.1 Introduction
     L'analyse a porté sur les points suivants:
     - l'approvisionnement des adaptateurs,
 · élaboration;
 · forgeage;

suite:
 · traitement thermique après forgeage,
     - l'usinage,
     - le frettage,
     - le soudage des adaptateurs sur la calotte,
     - les contrôles en fin d'assemblage (de la géométrie et du libre passage)
     - l'examen des non conformités.
     Les investigations, commencées sur Bugey 3, ont été étendues ensuite à l'ensemble du palier CP0.
     Les manchettes d'adaptateurs sont usinées dans des barres forgées. De nombreuses coulées ont été utilisées pour fabriquer les manchettes d'adaptateurs des couvercles CP0 avec des modes d'élaboration allant de l'élaboration à l'air au four électrique jusqu'à la refusion sous vide ou sous laitier.
5.2 Synthèse
     Il n'y a pas eu de modification fondamentale dans les spécifications d'approvisionnement, ainsi que dans les conditions de frettage.
     Pour ce qui concerne les conditions de soudage des adaptateurs sur la calotte, on ne relève pas d'évolution de forme du lamage et de changement de type d'électrodes utilisées, pour le palier CP0.
     On relève surtout que les séquences de soudage n'étaient ni spécifiées, ni documentées et ne faisaient pas l'objet d'une attention particulière à l'égard des déformations des adaptateurs.
     Les conséquences des géométries variables, présence ou non d'un chambrage usiné en partie basse des adaptateurs, sont appréciées par le calcul (voir paragraphe 6).
     L'examen des fiches de non conformité a mis en évidence quelques anomalies susceptibles d'affecter la résistance à la corrosion sous contrainte: correction d'altitude des adaptateurs, frettage non homogène, coup d'outil, redressage de la partie supérieure des adaptateurs. Certaines ont été prises en compte dans le programme de controle (par exemple, l'adaptateur 1 de Fessenheim 1 qui a été redressé, voir paragraphe 4.4).
     L'examen détaillé des conditions d'approvisionnement des adaptateurs du palier CP0 a conduit à constater les points suivants:
     - différents types d'élaboration des coulées ont été utilisés,
     - les taux de corroyage ne sont pas identiques selon les coulées,
     - les traitements thermiques subis par les barres après forgeage ne sont pas identiques (deux types de traitement),
     - les spécifications contractuelles de recette sont respectées,
     - les caractéristiques mécaniques sont relativement dispersées,
     Le nombre de barres issues de chaque coulée n'est pas connu. De même, le nombre d'adaptateurs usinés dans chaque barre n'est pas connu (seule la filiation adaptateurs/coulées est connue).
     Compte tenu de ce qui précède et du mode de fabrication adopté (manchette forée à partir de barres forgées unitairement), il ressort des différents éléments recensés que les barres issues des différentes coulées peuvent présenter des caractéristiques mécaniques individualisées et une structure variable y compris dans une même barre, qui peuvent se traduire par des sensibilités à la corrosion sous contrainte différentes entre adaptateurs.
p.21

8. Dispositions particulières à court et moyen termes pour le palier CPO
8.1 Détection de fuite en fonctionnement
8.1.1 Généralités
     Plusieurs méthodes peuvent être avancées pour réaliser un système de surveillance en fonctionnement des fuites des traversées des couvercles de cuve, et notamment:
     - l'utilisation de traceur,
     - la détection acoustique,
     - la mesure de températures locales.
     Les qualités recherchées pour ce dispositif de surveillance:
     - marche en continu avec une maintenance réduite,
     - grande fiabilité du système,
     - emploi simple par l'exploitant,
     - mise en oeuvre celui-ci dans les délais les plus courts,
     ont conduit à retenir la solution avec utilisation de traceur radioactif.
8.2 Dispositifs anti-éjection
8.2.1 Généralités
     En ce qui concerne les mécanismes de barres du CP0, les fonctions anti-sismique et anti-missile ont été prises en compte dès l'origine.
     Par contre, la fonction anti-éjection n'avait pas été étudiée et donc pas mise en oeuvre.
     Cette fonction anti-éjection a pour objet de limiter le déplacement axial des parties mobiles créées après une rupture brutale au-dessus de la soudure adaptateur-calotte, de manière à éviter un déboîtement en pied de l'adaptateur hors de la traversée.

8.2.2 Description du dispositif
     Les options techniques sont les suivantes:
     - prolonger les équipements sur traversées jusqu'à une même cote de référence à chaud,
     - offrir un plan d'appui sous la structure porteuse de la dalle anti-missile de manière à limiter le déplacement vertical.
     Pour éviter tout couplage mécanique des deux aménagements cités plus haut, on a retenu le choix de leur indépendance ce qui garantit l'existant moyennant un renfort éventuel de l'ossature support de la dalle antimissile.
     Comme l'efficacité du système en situation accidentelle repose sur son aptitude à garantir la stabilité de forme (pas de flambement lors de l'impact), on a été conduit à retenir la mise en place de dispositifs élastiques écrêtant l'effort dans le mobile de manière à obtenir des marges vis-à-vis de l'instabilité.
     Le dispositif est donc constitué:
     - d'un jeu de prolongateurs de mise à niveau en altitude (grappes courtes et traversées avec bouchons),
     - d'un ensemble de butées avec amortisseurs, suspendues à une plaque de 130 mm d'épaisseur, elle-même solidaire du chevalet support de la dalle anti-missile.
     Pour les traversées liées aux thermocouples, il a été préféré une solution de dispositif anti-envol par pontage sur les deux traversées voisines situées de part et d'autre.
     Par ailleurs, pour éviter tout risque de détérioration des mécanismes lors des opérations de manutention, il a été décidé de monter les "butées/amortisseurs" une à une sur la plaque posée à niveau sur les trois chapes de manutention des couvercles.
8.2.3 Performances attendues
     Le réglage à froid du jeu entre tête de réseau et "butée/amortisseur" vise à obtenir un jeu à chaud de 25 mm environ.

suite:
     Ce jeu à chaud ajouté au coulissement de la butée amortisseur limite le déplacement axial de l'adaptateur rompu à 50 mm, et donc garantit une protection pour tous les cas de rupture qui se développeraient au-dessus de la partie la plus haute de la soudure adaptateur-couvercle.
8.3 Contrôles génériques en arrêt pour rechargement
8.3.1 Configuration de contrôle
8.3.1.1 Adaptateurs non équipés de manchettes thermiques (MT)
     C'est le cas des thermocouples et des réserves Pu.
     Les techniques de contrôles réalisées télévisuel (ITV), courants de Foucault (CF) et ultrasons internes (US), seront à l'identique de la pratique actuelle et décrits au chapitre 4.
8.5.1.2 Adaptateurs équipés de leur MT
     Plusieurs méthodes de contrôles développées ou en cours de développement pourraient être mises en oeuvre. Elles seront qualifiées sur des maquettes, voire des défauts réels.
     Contrôle par ultrasons externe
     Le palpeur est posé sur la partie dépassante de l'adaptateur. La seule méthode actuellement disponible met en oeuvre des palpeurs classiques et sera testée lors de la qualification au CETIC en cours.
     Suivant le même principe, on pourrait être amené à utiliser des capteurs à focalisation électronique dont l'étude se poursuit actuellement.
     Il est à noter que ces méthodes sont très bien adaptées pour détecter des fissures d'orientation circonférentielles.
     Contrôle par courants de Foucault pulsés
     EDF/DER continue son développement pour évaluer les performances de la méthode et pour la rendre plus industrielle quant à l'acquisition et au dépouillement. Elle a été testée avec succès sur l'adaptateur 54 de Bugey 3.
     Contrôle par courants de Foucault classique
     Plusieurs sociétés développent des sondes CF adaptées au problème des adaptateurs équipés de leur MT. Les premiers résultats sur maquettes sont encourageants, mais nécessitent une optimisation de la sonde.
     Dans le cas des méthodes CF (pulsés ou classiques) le contrôle est effectué, la sonde étant à l'intérieur de la MT.
     Contrôle US et CF palpeurs entre manchette et adaptateur
     Plusieur sociétés développent des palpeurs "sabres" qui intrinsèquement donnent de bons résultats.
     Leur phase d'industrialisation est en cours d'étude, et sera un peu plus longue pour intégrer la géométrie réelle de l'espace entre MT et adaptateur.
8.3.1.3 Adaptateurs équipés de MT ayant une lumière
     Les études de faisabilité CND (CF, US, 'TV) sont en cours. Dans ce cas, on se rapprocherait (aux capteurs près) aux méthodes de contrôles sans MT.
8.3.1.4 Event
     Les contrôles prévus sont là aussi ITV, CF et US. Les CF seront à l'identique de ce qui a été pratiqué (Chapitre 4). L'ITV et les US sont directement dérivés des techniques appliquées aux tubes de générateur de vapeur.
8.3.2 Outillages
     Trois robots sont en cours de fabrication (deux par la société ACB et un par Framatome) en France; par ailleurs, des sociétés étrangères développent aussi de tels outils (ABB Allemagne, Westhinghouse,...).
     - La qualification du robot N 1 d'ACB est en cours de finalisation.
     - La qualification du robot N 2 d'ACB et du robot de Framatome est en cours.
p.22

8.4 Réparation provisoire d'une traversée
     Les interventions envisagées consistent à réparer un adaptateur présentant une ou des indications caractérisées par CND comme traversantes au dessus de la soudure. Les fissurations situées au voisinage de telles indications feront l'objet d'une réparation par affouillement et rechargement éventuel.
     Cette intervention prévue normalement couvercle de cuve, partiellement déséquipé, entreposé en position "casque" sur son stand, se décompose selon les phases suivantes:
     - élimination par coupe biaisé de la partie inférieure de l'adaptateur,
     - élimination des défauts par affouillement et acceptation en l'état en fonction des contrôles et de la profondeur atteinte,
     - élimination par affouillement des défauts subsistants et rechargement "à froid" de la cavité en fonction des contrôles et de la profondeur.
     Ce procédé doit être mis en oeuvre sur quatre adaptateurs du couvercle de Bugey 4 en juin 92 (à noter toutefois que dans le cas d'espèce le couvercle a été complètement déséquipé et décontaminé).
     La définition des limites géométriques des configurations correspondant aux 3 phases de réparation citées ci-dessus (dimension des affouillements et définition des profils à reconstituer) ont fait l'objet d'une justification.

Cuve du réacteur

9. Synthèse pour le palier CP0
     Il résulte de ce qui précède que les dommages constatés sur certains adaptateurs des tranches de Bugey 3 et 4 et de Fessenheim 1 ne remettent pas en cause la sûreté de fonctionnement du palier CP0, en particulier pour les raisons suivantes:
     - improbabilité du développement axial des fissures longitudinales au delà de l'épaisseur de la calotte et impossibilité d'atteindre le défaut critique sans une fuite très importante qui sera détectée à coup sûr,
     - très faible probabilité d'amorçage et quasi impossibilité d'un développement significatif d'éventuelles fissures circonférentielles - dont la taille critique est par ailleurs très importante.
     Il subsiste néanmoins un risque résiduel - faible - de voir apparaître une fuite en fonctionnement, ce qui est potentiellement préjudiciable sur le plan de la disponibilité des tranches CP0.
     C'est pourquoi, afin de limiter ce risque, on procèdera, dans l'attente du remplacement des couvercles à:
     - la réparation des adaptateurs ayant des fissures traversantes au dessus de la soudure,
     - la mise en place progressive de systèmes de détection de fuite performants,
     - au contrôle des couvercles à l'aide d'un robot (contrôle global) ou limité aux traversées périphériques les plus potentiellement affectées dans l'attente de ces robots.
     De plus, dans le cadre de la défense en profondeur, des dispositifs anti éjection seront mis en place à brève échéance sur toutes les tranches.

Les centrales nucléaires en France au 31.12.1991

p.23

Les lignes de vapeur principale
Introduction
     Les contrôles réalisés au cours des dernières années ont révélé des défauts dans certaines soudures des tuyauteries de vapeur principales des réacteurs à eau sous pression.
     Ces tuyauteries assurent la circulation de la vapeur entre les générateurs de vapeur situés à l'intérieur du bâtiment du réacteur et la turbine située dans la salle des machines. Elles sont au nombre de trois sur les réacteurs de 900 MWé et de quatre sur les réacteurs de 1.300 MWé. Elles comportent chacune immédiatement à l'extérieur du bâtiment du réacteur plusieurs soupapes de sûreté destinées à les protéger contre les surpressions ainsi qu'une vanne d'arrêt.
     La partie de ce circuit qui se trouve entre le mur de l'enceinte de confinement et la vanne d'arrêt doit faire l'objet d'une vigilance particulière et ce pour deux raisons:
     1) D'une part une rupture de tuyauterie à cet endroit entraînerait un brutal appel de vapeur et donc une augmentation de la puissance demandée au coeur du réacteur. La vanne d'arrêt ne pourrait stopper ce débit de vapeur car il s'échapperait à son amont. L'arrêt d'urgence du réacteur ainsi que le déclenchement automatique de l'injection de sécurité permettraient de ramener le réacteur dans son état sûr.
     2) D'autre part cette portion de circuit est une partie de la troisième barrière de confinement. Les réacteurs à eau sous pression disposent de trois barrières physiques entre les produits de fission issus de la réaction nucléaire et l'environnement: la gaine des crayons de combustible (1ère barrière) le circuit primaire (2ème barrière) et l'enceinte de confinement (3ème barrière).
     Les tuyauteries de vapeur traversant la paroi du bâtiment du réacteur jusqu'aux vannes d'arrêt situées à l'extérieur du bâtiment constituent donc une partie de la troisième barrière.
     Les défauts rencontrés affectent les soudures entre la tuyauterie principale et les tuyauteries des soupapes. Les paliers CP0 (réacteurs de 900 MWé de Fessenheim et Bugey), CPY autres réacteurs de 900 MWé) et 1.300 MWé présentent des anomalies différentes.

1 - Défauts rencontrés sur le palier CP0
     En septembre 1991 alors que le réacteur de Fessenheim 1 était à l'arrêt pour visite partielle et rechargement en combustible, les contrôles ont mis en évidence un défaut métallurgique notable dans l'une des tuyauteries des lignes de vapeur principales.
     Le défaut découvert était une fissure de taille importante (environ 11 cm de longueur, et 3 cm de profondeur pour une épaisseur de tuyauterie de 8 cm).
     Lors de l'arrêt du réacteur, le tronçon de tuyauterie affecté a été remplacé.

suite:
     Les premières expertises réalisées sur le tronçon de tuyauterie incriminé montrent que cette fissure ne s'était pas développée par un vieillissement du type fatigue mécanique ou corrosion. Plus vraisemblablement une sollicitation unique et importante a dû lors d'une opération de maintenance agrandir un ou des défauts préexistants de petite taille. Cette hypothèse n'a toutefois pas encore été démontrée.
     Cette fissuration est de l'arrachement lamellaire développé à partir de nombreuses inclusions présentes dans le métal de base et laminées lors de la fabrication. En effet les tuyauteries des lignes de vapeur du palier CP0 ont été fabriquées par mise en forme et soudage de tôles laminées.
     Cette anomalie importante avait été classée au niveau 2 de l'échelle de gravité.
     Les autres réacteurs de Fessenheim et Bugey présentent de nombreuses inclusions parfois accompagnées d'amorces d'arrachement lamellaire. Aucun défaut rédhibitoire n'a cependant été constaté à ce jour.
     Etant donné le nombre des défauts présents dans ces matériels qui rendent contrôles et études de sûreté lourds et difficiles l'exploitant a engagé le remplacement d'ici fin 1993 de toutes les portions de tuyauteries concernées des six réacteurs du palier CP0.

2- Palier CPY
     En 1990 les contrôles ont révélé un certain nombre de défauts dans les soudures des lignes de vapeur du Blayais. Il s'agit principalement de fissuration à froid remontant à la fabrication et très probablement due à un chauffage insuffisant des tuyauteries pendant le soudage.
     Aucun défaut d'arrachement lamellaire n'a été détecté. En effet le mode de fabrication des tuyauteries de vapeur du palier CPY (forgeage et non laminage), ainsi que du palier 1.300 MWé rend l'arrachement lamellaire très improbable. L'exploitant a engagé un important programme de contrôles et de réparations sur l'ensemble du parc.

3- Le palier 1.300 MWé
     Pendant l'été 1992 au cours de l'arrêt annuel pour rechargement et entretien du réacteur de Saint-Alban 1 de nombreux défauts ont été mis en évidence sur l'une des tuyauteries principales de vapeur.

Générateur de vapeur

p.24

     A la demande de l'autorité de sûreté, l'exploitant a contrôlé les trois autres circuits de vapeur de ce réacteur sur lesquels il a également découvert un grand nombre de défauts. Au total plus de deux cents défauts non conformes aux critères de fabrication ont été recensés.
     Il s'agit de défauts de soudage de type "inclusion" ou "collage". Une fissure attribuée à une fissuration à chaud pendant la fabrication a aussi été détectée.
     Les plus importants de ces défauts au nombre de deux ont fait l'objet d'une réparation avant le redémarrage du réacteur. En effet les calculs de mécanique n'ont pas permis de justifier l'innocuité de leur maintien en l'état. Par ailleurs l'exploitant s'est engagé à réparer les autres défauts lors du prochain arrêt.
     Il a aussi engagé le contrôle et le cas échéant la réparation de l'ensemble des lignes de vapeur du palier 1.300 MWé. Ces opérations doivent être terminées avant la fin de l'année 1993.
     D'ores et déjà les contrôles effectués début novembre sur le réacteur de Paluel 3 ont permis de mettre en évidence des défauts de même nature que ceux qui affectent le réacteur Saint-Alban 1.
Conclusion
     Chacun des trois paliers du parc de réacteurs à eau sous pression a présenté des défauts dans les soudures des lignes de soupape sur les tuyauteries principales de vapeur ou à leur proximité. Chaque palier présente des défauts particuliers:
     - très nombreuses inclusions et arrachement lamellaire sur le CP0 attribuables à la qualité insuffisante des matériaux et au mode de fabrication (laminages);
     - fissuration à froid remontant à la fabrication sur le palier CPY attribuable à une maîtrise insuffisante des conditions de soudage.
     - très nombreux collages et inclusions sur le réacteur de Saint-Alban (1.300 MWé), remontant à la fabrication.
     L'exploitant a engagé un programme de contrôle systématique et le cas échéant de réparations sur l'ensemble du parc.
     La découverte de ces anomalies conduit à s'interroger sur la qualité de la fabrication des lignes principales de vapeur d'une part et d'autre part sur les raisons pour lesquelles les défauts de fabrication n'ont pas été détectés plus tôt en particulier pendant les contrôles qui précèdent la mise en service des réacteurs.
     Concernant le premier point, la DSIN a demandé à l'exploitant de lui présenter tous les enseignements qu'il tire pour les fabrications des matériels de rechange ainsi que des réacteurs à venir des anomalies observées.
     Concernant le second point, les contrôles ont fait l'objet de progrès significatifs au cours des dernières années, les améliorations concernant les appareils de mesure, les procédures et le contrôle de la qualité permettent de détecter des défauts passés inaperçus auparavant.
p.25

Paluel
Incident du 20 janvier 1993

     Libération du 29 janvier 1993 a signalé, sous la plume de D.Leglu:

"Centrale de Paluel: des pépins dans la sûreté"

     Un incident avait eu lieu le 20 janvier et c'est Libération qui le révélait au niveau central d'EDF, la DSIN ayant été prévenu le 27 janvier. Voici d'ailleurs comment le "Parc" c'est-à-dire le niveau parisien a vécu les événements.
     "La déclaration aux Autorités de Sûreté est finalement faite le 27 janvier, l'absence de transparence a laissé libre cours sur le site au développement de rumeurs sur l'importance de l'incident et à une initiative anonyme pour briser le silence.
     Le 29 janvier, le journal Libération titre Centrale de Paluel, des pépins dans la sûreté. Information reprise le 2 février par le journal local (Informations Dieppoises) sous le titre EDF pris en flagrant délit de dissimulation.
     La DSIN note de son côté dans Magnuc le 5 février: la non transparence vis-à-vis de l'Autorité de Sûreté.
     La direction du Parc a connaissance des faits simultanément à l'intervention du journal Libération; elle demande immédiatement une inspection, qui est conduite les 1er et 2 février."

(extraits de EDF Production Transport,
l'incident de Paluel du 20 janvier 1993 - 10 2 1993)
     Quelques documents EDF vont vous éclairer un peu plus sur cet incident. Rappelons ce qu'EDF déclarait le 1er juillet 1991 en réponse au dossier de Greenpeace mettant en cause le programme nucléaire français:
     "EDF précise que "tous les incidents même les plus mineurs (...) sont systématiquement signalés aux médias" et elle plaide pour "cette pratique de la transparence de l'information" bien qu'elle "amène parfois le public à s'interroger". "La confiance du public repose sur la transparence", estime l'entreprise."

Info EDF
Paluel 29janvier 1993
Incident de fonctionnement au cours des essais
de redémarrage de Paluel 2

     Le 20 janvier 1993 à 19 h 30, au cours de ses essais de redémarrage, la Tranche 2 a connu un refroidissement excessif du circuit primaire.
     Lors de ces essais, un niveau de puissance du réacteur le plus bas possible est nécessaire.
     Cependant, l'essai a été réalisé de façon prématurée alors que le niveau de puissance du réacteur était trop élevé.
     L'Equipe de conduite a procédé à la baisse du niveau de puissance et arrêté la réaction en chaîne.
     Cela a entraîné un refroidissement du circuit primaire qui pouvait conduire à un démarrage automatique de l'injection de sécurité (quand le circuit primaire se refroidit, la réactivité du coeur est augmentée. Pour éviter de relancer la réaction en chaîne, une injection d'eau et de bore s'effectue automatiquement).
     L'Equipe a considéré que le refroidissement était maîtrisé. Dans le cadre d'une procédure réglementaire, elle a bloqué l'injection de sécurité qui aurait refroidi encore plus le circuit primaire. (commentaire Gazette: ce n'était pas réglementaire! Et si on peut bloquer les procédures automatiques: gare aux dégâts!!)

suite:
     Cependant, le refroidissement a continué. Au cours de l'analyse de cette situation, l'Equipe a découvert une vanne ouverte à 50% qui était une cause de refroidissement.
     Cette vanne a été isolée. L'incident était maîtrisé. A 20h 47, la Tranche retrouvait son fonctionnement normal.
     Cet incident est relaté dans un article de Libération de ce jour. Un reportage de France 3 est réalisé aujourd'hui.
     Des analyses complémentaires sont en cours et feront l'objet d'informations ultérieures.
Le Directeur du Centre.
C.N.P.E. de Paluel
5 février 1993
Communiqué de Presse
Classement au niveau 2 d'un incident
intervenu au cours des essais de redémarrage
de la centrale nucléaire de Paluel

     L'incident survenu le 20 janvier dernier au cours de essais de redémarrage de la Tranche 2 de la Centrale Nucléaire de Paluel (Seine Maritime), a fait l'objet d'analyses approfondies pour en comprendre le déroulement et les raisons.
     Au cours de ces essais, un refroidissement trop rapide du circuit primaire était survenu du fait d'une vanne restée ouverte.
     Les analyses ont confirmé que cet incident n'a, à aucun moment, mis en cause la sûreté de l'installation.
     Elles ont fait apparaître néanmoins une absence de transparence lors de l'analyse immédiate de l'événement et un retard dans l'information vis-à-vis de l'Autorité de Sûreté qui n'en a eu connaissance que le 27 janvier 1993.
     Cet incident est finalement classé au niveau 2 de l'échelle nucléaire en raison du non respect de règles techniques d'exploitation, et de la non prise en compte d'informations dans le diagnostic de la situation.

Force Ouvrière
11 février 1993
Incident Paluel

     La direction d'EDF poursuit son inquiétante politique. Après avoir licencié, fin 92, un agent de Paluel qu'elle avait poussé à bout, la Direction vient cette fois, de relever de ses fonctions le chef de la centrale 1-2 de Paluel.
     La non-transparence est intolérable dans le nucléaire et ce chef de centrale a peut-être des responsabilités en la matière. Mais, ce qu'il faut dénoncer une fois encore, c'est le management exercé par la direction d'EDF qui induit des comportements mettant potentiellement en cause la sûreté.
     La politique de rémunération au mérite des cadres, telle qu'elle est appliquée, ne peut qu'encourager la dissimulation.
     La réorganisation conçue exclusivement dans les hautes sphères, et imposée au personnel sans concertation, ne peut qu'entraîner la désorganisation.
     Les mauvais exemples donnés par la Direction:
     - Non respect de la réglementation,
     - Contradiction entre le discours et les actes,
     - Refus de transparence (par ex. au niveau des coûts de la maintenance),

p.26

     - Réduction d'effectifs injustifiée,
     - Course effrénée à la productivité,
     - Injustices volontaires,
     ne peuvent qu'être préjudiciables à la sûreté des installations nucléaires.
     Force Ouvrière appelle le personnel à dénoncer en tout lieu et à tout niveau ces méthodes qui découlent de croyances incompatibles avec la notion de sûreté et de service public.
     Ensemble, agissons pour la défense du service public, avant que des accidents plus graves ne le mettent en péril.

Communiqué de presse
du Groupement National des Cadres CGT
de l'énergie
5 février 1993

     La direction d'EDF vient de relever de ses fonctions le chef de la centrale 1-2 de Paluel, pour non-déclaration de l'incident significatif survenu le 20 janvier dans cette centrale.
     Cela manifeste à nouveau une dégradation du service public auquel les cadres d'EDF sont particulièrement attachés, dégradation d'autant moins acceptable qu'elle concerne une industrie où l'exigence de sûreté est fondamentale.
     Lorsque les objectifs de diminution d'incidents ne sont pas assortis des moyens correspondants mais sont traités comme des critères administratifs d'évaluation des cadres, cela encourage la dissimulation. C'est la politique du "pas vu, pas pris.".
     La direction ne peut pas s'en sortir par la seule décision de limoger un cadre.
     Il faut bien qu'elle s'interroge sur sa politique où la "compétitivité du kilowattheure" prime de fait sur la sûreté.
     Il faut bien qu'elle s'interroge sur les bouleverséments qu'elle a introduits dans l'organisation des équipes de conduite pour les soumettre au carcan du managements par objectifs.
     Il faut qu'elle abandonne son projet de supprimer les emplois d'ingénieurs sûreté radioprotection en tant que fonction permanente, décisionnelle, indépendante de la ligne hiérarchique de la production.
     Cela conforte l'appel de la CGT à agir, partout et dans l'unité, pour l'emploi: il y va aussi de la qualité et de la sûreté du service public.

Paluel Info hebdomadaires
5 février 1993
Evénement marquant sur refroidissement
du circuit primaire au cours d'un essai

     Le 20 janvier 1993, lors d'un essai périodique à faible puissance sur le réacteur 2, un refroidissement trop rapide du circuit primaire, au-delà des normes prescrites par les spécifications techniques d'exploitation, a été observé.
     L'essai périodique a pour objectif de tester la bonne mise en route du système d'alimentation de secours en eau des générateurs de vapeur après une perte du système normal d'alimentation. A cet effet, on arrête le système normal d'alimentation afin de déclencher le démarrage immédiat du système de secours. Ceci entraîne un apport important d'eau froide dans les générateurs de vapeur.
     Ce facteur, ajouté au fait qu'un robinet de vapeur ne s'était pas totalement refermé, a provoqué un débit de vapeur important à la sortie des générateurs de vapeur, d'où une vitesse de refroidissement trop importante du circuit primaire. Or, un tel refroidissement est de nature à accélérer la réaction nucléaire.

suite:
     L'exploitant a aussitôt pris des mesures visant à stopper le sur-refroidissement (par l'arrêt de l'alimentation des générateurs de vapeur), et à ramener le réacteur à une puissance nulle. De plus, compte tenu des mesures prises, il a décidé de bloquer les automatismes de déclenchement de l'injection de sécurité et d'isolement vapeur, qui lui paraissaient inutiles.
     L'injection de sécurité envoie, en cas de besoin, de l'eau borée dans le circuit primaire afin d'étouffer la réaction nucléaire. L'isolement vapeur est un signal automatique entraînant la fermeture des vannes vapeur principales qui isole les générateurs de vapeur du circuit secondaire. Lors d'un incident ou d'un accident de sur-refroidissement du circuit primaire, pouvant accélérer la réaction nucléaire, le rôle de l'injection de sécurité est de garantir que la réaction nucléaire ne peut redémarrer et le rôle de "l'isolement vapeur" est de supprimer une des causes de refroidissement.
     Ces automatismes ayant été inhibés, le sur-refroidissement n'a été stoppé que 1h 15 après le début de l'incident, par fermeture manuelle du robinet "vapeur" du circuit secondaire qui était resté bloqué ouvert. L'indicateur de position de ce robinet en salle de commande indiquait bien depuis le début de l'anomalie, qu'il n'était pas fermé: cette indication n'a cependant pas été prise en compte.
     Cet incident, survenu le 20 janvier, n'a été déclaré à l'autorité de sûreté que le 27.
     La DSIN et la DRIRE-Basse Normandie ont effectué une inspection sur le site le mardi 2 février.
     A cette occasion, des dysfonctionnements importants ont été constatés:
     - le blocage de certains automatismes,
     - la non-sollicitation de l'ingénieur "sûreté radioprotection",
     - la non-prise en compte d'alarmes importantes,
     - la non-transparence vis à vis de l'autorité de sûreté.
     Cet incident n'a pas eu de conséquence sur l'installation et sur l'environnement.
     Mais en raison du non respect des spécifications techniques d'exploitation et de l'inhibition d'actions de sauvegarde sans justification appropriée, cet incident est néanmoins classé au niveau 2 de l'échelle de gravité.

Commentaire GN
     On a voulu se payer notre Tchernobyl. Comment est-il possible que la leçon sur les automatismes n'ait pas servi? Si on peut les inhiber avec une autorisation donnée sur un simple un simple coup de fil ne ce sont plus des automatismes!!
     S'il est bien évident que les opérateurs peuvent être amenés à transgresser certaines règles, il faut une procédure fiable pour que cela ne puisse pas se faire n'importe quand et surtout sans avoir pesé le pour et le contre.

p.27

Retour vers la G@zette N°125/126