Communiqué de presse du 6 mai 1997
Le directeur de la sûreté des installations nucléaires a décidé de reclasser au niveau 2 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INÈS) un incident générique, ayant conduit à une fuite sur le circuit primaire de Dampierre 1 le 21 décembre 1996. Localisées sur le circuit primaire, les fissures proviennent d'un phénomène de fatigue thermique - déjà rencontré en France (Dampierre 2) et à l'étranger (Farley aux États-Unis, Tihange en Belgique...) - provoqué par le manque d'étanchéité de vannes situées en amont de la tuyauterie. C'est la première fois qu'une telle fissure est observée, non sur les coudes ou les soudures, mais sur la partie courante de la tuyauterie. Des études communiquées par l'exploitant à l'Autorité de Sûreté le 16 avril 1997 ont conclu à la possibilité que de telles fissures traversent la tuyauterie en moins d'un cycle, c'est-à-dire avant que les contrôles aient permis de détecter les fissures et que les tuyauteries potentiellement affectées par ce défaut soient remplacées. Depuis la découverte de l'incident, l'exploitant a réalisé des contrôles complémentaires sur le parc des réacteurs de 900 MWé - les seuls concernés en raison de la configuration des circuits d'injection de sécurité. Les contrôles, réalisés à ce jour sur 12 réacteurs, ont mis en évidence des fissures sur le réacteur 3 de Dampierre et le réacteur 2 de Fesseaheim. Tous les tronçons concernés par ce défaut ont été remplacés ou sont en cours de remplacement. Les contrôles se poursuivent sur le reste du parc (22 réacteurs). EDF et l'Autorité de sûreté se sont accordées sur la mise en oeuvre d'un programme de traitement à court terme de l'anomalie, incluant notamment un contrôle annuel des tuyauteries potentiellement concernées. Par ailleurs, l'Autorité de Sûreté a demandé à l'exploitant de proposer un traitement à moyen terme de l'anomalie qui nécessitera vraisemblablement une modification des circuits concernés. Communiqué MAGNUC
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Le 27 janvier 1997, l'exploitant a donc décidé la réalisation de contrôles étendus aux parties courantes des tuyauteries lors des arrêts programmés des réacteurs ayant présenté des manques d'étanchéité depuis 1993 (Dampierre 3, Cruas 3, Saint-Laurent B1, Tricastin 1 et 4, Bugey 3 et Gravelines 4). Les contrôles étendus réalisés sur Cruas 3, Saint-Laurent B1, Tricastin 1 et 4, Bugey 3, Gravelines 4 n'ont pas mis en évidence d'indication de défaut. En revanche les contrôles réalisés sur le réacteur 3 de Dampierre, du 10 au 22 mars ont mis en évidence des défauts dans deux tuyauteries qui en conséquence ont été remplacées. Les tronçons déposés feront l'objet d'expertises. Devant cette situation l'exploitant a annoncé le 21 mars la réalisation de contrôles anticipés sur les réacteurs 1 de Fessenheim, 4 de Dampierre et 5 de Gravelines qui devaient normalement s'arrêter au deuxième semestre 1997 et ont présenté dans le passé des manques d'étanchéité importants de vannes ou de non-respect de programme de contrôle. Compte tenu des incertitudes sur l'évolution du phénomène, l'Autorité de Sûreté a demandé le 25 mars d'inclure dans cette liste le réacteur 2 de Chinon B puis de contrôler systématiquement lors de chaque arrêt normal tous les réacteurs de 900 MWé en l'attente d'explications complémentaires. Les contrôles anticipés réalisés à Gravelines 5 et Fessenheim 1 et les contrôles en arrêt normal effectués à Chinon B 1 et Dampierre 2 n'ont pas mis en évidence d'indication de défaut. En revanche, les contrôles réalisés sur le réacteur 2 de Fessenheim le 18/04/97 ont mis en évidence des défauts dans deux tuyauteries qui en conséquence sont en cours de remplacement. Les résultats sur le réacteur 4 de Bugey sont actuellement en cours d'examen. Le remplacement d'un tronçon est en cours. Les contrôles sur Dampierre 4 et Chinon B2 restent à effectuer. EDF a transmis le 16 avril une étude concernant l'évolution de ce type de défaut. Il ressort de cette étude que, sur l'une des tuyauteries concernées, des petits défauts non décelables lors de contrôles sont susceptibles de traverser la tuyauterie en moins d'un cycle en cas de manque d'étanchéité même faible de la vanne située en amont. L'examen détaillé de cette étude a conduit l'Autorité de Sûreté à reclasser au niveau 2 de l'échelle INÈS cet incident générique, qui était classé provisoirement au niveau 1. EDF s'est engagée à définir sa stratégie de traitement définitif de ce problème pour le mois de juin 1997. Complément du 24 juin
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Un incendie et une explosion se
sont produits le mardi 11 mars 1997 dans l'atelier de conditionnement par
bitumage de déchets de faible activité provenant de l'usine
de retraitement de combustibles nucléaires de Tokai-Mura au Japon.
Cette usine est exploitée par la compagnie PNC (Power Reactor and
Nuclear fuel development Corporation), qui est en quelque sorte l'équivalent
japonais du C.E.A., spécialisée dans l'ensemble des activités
du cycle du combustible et les réacteurs à neutrons rapides.
Elle a été mise en service en 1977 et comporte plus d'une
dizaine d'ateliers. Dans l'atelier concerné, les concentrats résultant
de l'évaporation d'effluents liquides de faible activité
sont conditionnés par enrobage dans du bitume.
Un fût encours de refroidissement dans la cellule de coulée de bitume a pris feu à 10h 06. Une fois l'incendie détecté, l'exploitant a déclenché le système d'extinction manuel (arrosage à l'eau) et a jugé l'incendie maîtrisé une minute plus tard. Ce n'était pas le cas. Les ventilateurs d'extraction d'air de la cellule, se sont rapidement arrêtés, probablement à la suite du colmatage des filtres par les suies dégagées par l'incendie. L'exploitant a dû, par la suite, arrêter manuellement le soufflage. L'extraction de l'air de la cellule, qui nécessitait un changement de filtres, n'a pas pu être rétablie malgré des tentatives répétées de l'exploitant. La cellule n'était donc plus ventilée. Une dizaine d'heures après l'incendie, à 20 h 04, et alors que des opérateurs s'apprêtaient à pénétrer dans l'installation pour tenter de nouveau de changer les filtres, une violente explosion s'est produite dans le même bâtiment. Cette explosion a provoqué d'importants dégâts dans la cellule, des bris de vitres aux quatre niveaux du bâtiment et l'ouverture des portes donnant sur l'extérieur. Cette explosion a entraîné des rejets de fumée contenant des matières radioactives (césium, rnthénium et iode). Le rejet d'iode 129 mesuré à la cheminée est estimé à environ 40 % de l'autorisation annuelle de rejet pour l'usine; cette valeur sous-estime sans doute le rejet réel du fait des ouvertures de l'installation résultant de l'accident. Les conséquences radiologiques sur l'environnement et sur le personnel ont été limitées. Sur 112 personnes évacuées et contrôlées, 37 ont été légèrement contaminées. L'exploitant a mis en place une zone d'exclusion de 10.000 m2. Cet accident a été classé au niveau 3 de l'échelle INÈS qui comprend 7 niveaux. Les causes de cet accident sont encore en cours d'analyse. Néanmoins, certaines hypothèses peuvent être avancées. Ainsi, pour l'incendie, il convient de noter que le procédé utilisé implique une température de coulée de bitume élevée (environ 200oC). Le refroidissement des fûts contenant les déchets bituminés était peut-être insuffisant pour empêcher une réaction exothermique entre la charge saline des concentrats et le bitume, et donc un phénomène de pyrolyse entraînant l'émission de gaz inflammables. Il semble par ailleurs que les opérateurs de l'atelier avaient modifié les paramètres de production afin d'accroître la quantité d'effluent par fût de bitume. En ce qui concerne l'explosion, l'arrosage des fûts a certainement été trop bref (1 minute) pour permettre leur refroidissement et l'arrêt des réactions exothermiques. Les gaz inflammables ont pu s'accumuler pendant 10 heures dans la cellule non ventilée et atteindre leur domaine d'inflammation. Ces hypothèses ne pourront être confirmées qu'après une analyse plus détaillée des compléments qui seront transmis par les autorités japonaises. Un certain nombre de leçons peuvent d'ores et déjà être tirées en France, d'autant que ce risque d'accident n'est pas spécifique aux installations de retraitement de combustibles irradiés. Le procédé de bitumage est parfois employé dans d'autres types d'installations ayant à traiter des effluent radioactifs (centre de recherche, laboratoire, usines). Plusieurs accidents de ce type se sont déjà produits, tant en France qu'à l'étranger, sans toutefois entraîner de conséquences radiologiques graves pour l'homme ou l'environnement. Ainsi, en France, on recense 3 accidents survenus dans la zone de gestion des effluents liquides (INB 35) du centre d'Études du C.E.A. à Saclay (91). Le plus récent a eu lieu le 21 octobre 1992: une inflammation de bitume s'est produite dans l'appareil d'enrobage, sans entraîner de rejets radioactifs dans l'environnement. (suite)
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L'utilisation du bitumage est en régression dans les installations françaises. En effet, outre le risque d'inflammation lors des opérations d'enrobage que le bitume présente, des anomalies ont pu être constatées dans le comportement à moyen terme des fûts créés (entre autres, dans les casemates d'entreposage des installations secrètes de Marcoule). Le CEA avait déjà indiqué à la DSIN en janvier 1997 qu'il remplacerait à Saclay d'ici 5 ans ce procédé par celui de la cimentation. De même, COGEMA a mis en place à la Hague une nouvelle gestion des effluents qui lui a permis de diminuer considérablement le nombre de fûts de bitume créés. La question reste toutefois ouverte de l'utilisation de ce procédé pour conditionner des boues anciennes entreposées sur place. En tout état de cause, même si ce procédé est appelé à court terme à être remplacé, la vigilance reste de rigueur vis-à-vis des installations actuellement en service qui continuent à l'utiliser. La DSIN, après l'accident de Tokai-Mura, a demandé aux exploitants français qui utilisent un procédé de bitumage de même nature (CEA et COGEMA) d'analyser les enseignements et les éventuelles améliorations que leur suggère cet événement en ce qui concerne leurs propres installations. Par ailleurs, des inspections ont été programmées par la DSIN. Lors de l'inspection du 7 avril à l'installation de traitement des effluents liquide du Centre de Saclay du C.E.A., les inspecteurs ont constaté un nombre important d'écarts concernant le risque incendie. En outre, aucune réflexion n'avait été engagée à partir de l'événement de Tokai-Mura. Bien que les procédés, la conception des installations et les risques soient différents, la DSIN a considéré que cette situation n'était pas acceptable et a suspendu l'autorisation d'exploitation de cette unité d'enrobage bitume le 10 avril1997. En vue d'obtenir l'autorisation de redémarrage, le C.E.A. a transmis à l'Autorité de sûreté un nouveau dossier qui est actuellement en cours d'examen. Du point de vue de la communication, la très forte couverture médiatique donnée à cet accident au Japon est en grande partie due à la mauvaise qualité de l'information donnée au public par l'exploitant et les pouvoirs publics : cette information a été lente, souvent approximative et largement contradictoire. PNC n'a pas retenu sur ce sujet la leçon de l'accident de MONJU. Il semble même que PNC serait responsable d'une fausse déclaration concernant l'extinction de l'incendie. Une enquête est en cours sur cette déclaration. Il faut par ailleurs être conscient que la volonté de coordination et de recherche de consensus du système bureaucratique japonais tend à être un frein à une bonne gestion de l'information en situation de crise. Cette affaire est porteuse de leçons. Il serait illusoire de croire que la France serait exempte de risques de retard et de confusion dans l'information donnée au public en cas de crise nucléaire. Les exercices de crise que la DSIN organise en France ont déjà fait apparaitre l'importance considérable que prendraient les problèmes de communications. C'est pourquoi la DSIN a souhaité qu'une pression médiatique soit systématiquement simulée dans ces exercices afin de rendre plus réalistes les conditions auxquelles sont soumises les différentes équipes de crise. Cet effort doit être maintenu et prendre en compte le cas d'accidents à cinétique rapide. En conclusion, l'accident survenu le 11 mars 1997 dans les installations de Tokai-Mura apparaît porteur d'enseignements importants pour la France. D'un point de vue technique, il doit amener à maintenir la vigilance vis-à-vis d'installations utilisant le procédé de bitumage et à renforcer les efforts actuellement menés pour la mise en oeuvre de procédés alternatifs. Du point de vue de la communication, il met en évidence la nécessité d'anticiper la coordination des différents acteurs impliqués en situation de crise nucléaire pour éviter des retards préjudiciables et obtenir une bonne gestion de l'information. p.4
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Une curiosité à ne pas manquer si vous
visitez une centrale nucléaire
Dans le livre d'un sociologue fort sérieux, Denis Duclos, «La peur et le savoir» (Éd. de la Découverte 1989) nous avons relevé le passage suivant: «L'apparition multiforme de comportements proprement aberrants au sein des collectifs ayant à contrôler des risques très élevés (danse initiatique des opérateurs sur les pupitres des salles de commandes de centrales nucléaires, [souligné par nous], "bizutages" cruels de jeunes laborantins, overdoses de communications-radio chez les pilotes de chasse, destruction massive des combinés téléphoniques dans les usines dangereuses, auto-infection de chercheurs en bactériologie etc.) indique, à l'évidence cette fois, que les raisons des acteurs de la technologie ne sont pas celles qui relèveraient d'une plate objectivité». Ainsi, lorsque vous visitez une centrale nucléaire, exigez une présentation de ce show assez étonnant d'opérateurs dansant sur leur pupitre de commande! Denis Duclos analyse ces comportement apparemment «aberrants»: «Mais avant d'invoquer la déraison, il faudra cependant bien saisir quelles logiques symboliques (éthiques) sont à l'oeuvre pour entraîner ces comportements. Car on peut y voir les signes d'une souffrance liée à 1' enfermement dans la pure opérationnalité, et par lesquels on cherche à témoigner d'une dimension plus humaine de la techno-science». Le propos ne manque pas de pertinence mais nous laissons à ce sociologue la responsabilité concernant la véracité de ses informations. EDF interdit l'alcool dans les centrales nucléaires à
la suite de l'incident de Paluel
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Une curieuse conception de la toxicité Le 30 décembre 1993 le journal Libération avait un encart publicitaire pour une marque de vodka sous la forme d'une pochette transparente contenant un liquide et des morceaux de plastique en suspension. Il s'agissait d'un mélange de «monopropylène-glycol et de micro-particules de PVC». Libération du lendemain présentait ses excuses et précisait: «ce liquide n' est pas toxique, mais il ne peut être considéré comme totalement inoffensif» puis ajoutait à propos de l'encart qu'il fallait «veiller à ne pas le laisser à la portée des enfants, de ne pas le percer et de ne pas goûter ni ingérer le liquide qu'il contient». Ainsi, un produit peut être non toxique et dangereux. C'est dans la lignée du fameux «responsable mais pas coupable». Comment le gouvernement français envisageait la gestion des
déchets nucléaires en 1979
Comment un ministre de l'industrie voyait les déchets nucléaires
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Nos réacteurs, les séismes et P. Pellerin
Vous avez lu dans la dernière Gazette que les protections antisismiques de 24 réacteurs 900 MWé n'étaient pas conformes aux normes de sûreté par desserrage des barres de précontrainte des butées latérales de puits de cuve. On a oublié comment M. Pellerin, le dompteur de nuages radioactifs, vantait nos réacteurs en 1989 quand il prêchait en Biélorussie et en Ukaine la soumission aux impératifs de Moscou concernant la dose-vie pour que ne soient pas évacués les habitants des zones contaminées. Au journaliste du journal «Kiev-Soir» (du 19 juin 1989) qui disait: «Mais nous ne sommes pas protégés contre les catastrophes naturelles. En effet, la centrale atomique d'Arménie a été construite dans une zone sismiquement dangereuse et c'est la raison pour laquelle il a été décidé de la démonter» il répondait: «Chez nous aussi, il y a des centrales nucléaires dans des régions sismiquement instables, mais elles sont construites sur des patins en caoutchouc et ne craignent pas les chocs même extraordinaires. Et aux personnes qui craignent les séismes, nous conseillon: dès que les secousses commencent, courez vers la centrale atomique !». [A relire absolument, l'interview complète parue dans la Gazette no 100, page 24 à 28] Comment l'ordre des médecins présentait l'énergie
nucléaire en 1978
Un portrait de Staline hautement radioactif
L'expert c'est moi
C'était en 1966...
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C'était un discours de François Mitterrand le 25 juin 1966 à la salle de la Mutualité lors d'un meeting organisé par le Mouvement contre l'armement atomique (MCAA). Le 30 septembre 1982 le ministre de la défense choisi par F. Mitterrand déclarait aux membres de la Commission de la Défense de l'Assemblée Nationale : «L'effort continu de la France en faveur de ses forces nucléaires représente le minimum nécessaire pour demeurer durablement au dessus du seuil de crédibilité». (D'après Le Monde du 1er octobre1982). C. Hernu s'est-il fait copieusement engueuler par F. Mitterrand ou bien s'agissait-il d'un mauvais clone? Les autorités de sûreté n'ont qu'une confiance
limitée dans les chefs de centrale
«Super Phénix II dès 1986»
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