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N°159/160
II - Les effets du nucléaire sur le vivant


TABLE DES EFFETS

     Hiroshima et Nagasaki ont permis de préciser l'échelle des effets en fonction de la dose:
- 0,3 à 1 sievert: fatigue, formule sanguine altérée
- 1 à 2,5 sievert: troubles sanguins, troubles digestifs
- 2,5 à 4 sievert: vomissements, vertiges, formule sanguine modifiée, destruction des barrières immunologiques
- 4 à 8 sievert: symptômes identiques mais plus intenses. Mort de 50% des irradiés.
- supérieur à 8 sievert: Mêmes symptômes encore plus intenses, la mort est quasi inévitable pour 90% des irradiés

UNITÉS

LES FAIBLES DOSES: Tentative de Bilan


     Les effets des radiations ionisantes ont été connus dès leur découverte en 1895. En effet Becquerel et les Curie ont présenté des symptômes de brûlures parce qu'ils manipulaient sans précaution des produits radioactifs. 
     Ce n'est qu'avec une forte irradiation qu'il y a des effets immédiats pour la santé, allant de la brûlure à la mort par destruction des tissus fragiles: sang, cerveau. 
     Les effets des fortes doses sont donc assez bien connus. Cependant fortes ou faibles, nos sens ne savent pas détecter les rayonnement ionisants. La réaction des organismes vivants est également très différente suivant les individus. Les enfants sont un groupe à haut risque ainsi que les femmes en état de procréer. 
     Des études récentes ont confirmé que les foetus sont très sensibles dans les premières semaines et que des doses de l'ordre de 0,005 Sv peuvent entraîner des retards mentaux. 
     Les effets des faibles doses sont encore à l'étude. Cependant les données accumulées vont toujours dans le sens d'un effet et ont conduit à la réduction de la dose admissible. Cette notion repose sur l'idée qu'il y a un seuil à partir duquel les rayonnements ne sont plus nocifs. En fait il est admis maintenant que toute dose a un effet sur la matière vivante. On peut regretter et surtout déplorer que des enquêtes sur les populations autour des sites ne soient pas menées, plus de 20 ans après le grand démarrage du nucléaire. (Le registre Hague a juste 3 ans!). 
     Les pathologies des enfants de Tehernobyl ont confirmé l'extrême sensibilité de cette catégorie de la population à la contamination par l'iode et le césium, les deux principaux radioéléments échappés du réacteur accidenté. 
     Dans le cas d'une irradiation globale de l'ordre de 0,15 Gy (3 fois supérieure à la dose maximale 0,05 Gy) on observe des effets irréversibles sur le sperme. Il semblerait que les faibles doses (moins de 0,05 Gy) puissent être aussi à l'origine de stérilité ou de fragilité chez les foetus.
suite:
     Les enquêtes autour de Sellafield indiqueraient que l'exposition à ces faibles doses de radioactivité chez le père induise une sensibilité accrue aux cancers chez les enfants. Il sera toujours difficile de mettre en évidence les effets des faibles doses (temps d'apparition des effets très long, impossibilité de distinguer les cancers). Cependant nous vivons en atmosphère radioactive depuis toujours et cette radioactivité contribue certainement au taux de cancers dit «naturels». Le taux de radioactivité ajoutée croit depuis les années 50 avec le nombre croissant de centres nucléaires. On peut noter que chaque enquête donne un léger excès de cancers (même si les erreurs sont grandes) ce qui doit inciter à la plus grande prudence : il faut limiter les rejets au maximum, les éviter complètement si possible. 
     La mise en place d'enquêtes de morbidité (c'est-à-dire d'état de santé des populations) doit être faite le plus vite possible pour suivre les effets des radiations et des autres pollutions. Actuellement il n'y a pas de connaissance suffisante car, non seulement on ne fait pas un recensement des maladies mais encore les certificats de décès n'indiquent pas la cause de la mort. 
Toutes les études menées sur les conséquences de Tchernobyl obligent à revoir les modèles et font toucher du doigt des effets mal connus: fragilité accrue, apparition précoce de tumeurs. 
     Tchernobyl met en évidence le principal danger du nucléaire: la gestion de cohortes d'êtres humains soumis à des faibles doses de radioactivité. Cette gestion est quasi impossible et par conséquent le suivi sera mauvais. On a pu mettre en évidence des groupes à risque, bébés, adolescents. Mais il ne s'agit que d'études fragmentaires et incomplètes. Il est à craindre que les conséquences de cet accident soient plus catastrophiques que toutes les prédictions. 
     On est certain que les radiations ont un effet sur la matière vivante, encore faut-il avoir les moyens de l'étudier pour prévenir des effets néfastes. La prévention peut aller jusqu'à renoncer à recourir à une technique dont les risques potentiels sont trop graves pour l'espèce humaine. L'être humain vit en atmosphère radioactive mais la partie ajoutée est-elle supportable? Il semble que la réponse soit non
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Extraits de Contrôle n°111 (Revue de la DSIN)
1) Traçage des rejets en mer des rejets Hague (IPSN Octeville)

Temps de transit et de dilution d'un rejet constant de 10'000 GBq/mois effectué à l'usine de la Hague
Ces valeurs doivent être multipliées par 70 pour représenter le rejet mensuel du site en 1994
L'autorisation annuelle de rejets en mer de l'usine est la suivante:
Émetteurs alpha:                   1'700GBq
Strontium + Césium 137:  220'000 GBq
Émetteurs bêta-gamma: 1'700'000 GBq
Tritium:                       37'000'000GBq
soit globalement          38,9 millions de GBq
En fait en 1994 l'activité rejetée a été:
6% en alpha soit:                      102 GBq
13% en Sr et Cs soit:           28'600 GBq
4% en Bêta-gamma soit:    680'000 GBq
22% en tritium soit:         8'140'000 GBq
soit globalement 8,8 millions de GBq

2) Rejets des installations nucléaires
Comparaison des rejets d'effluents radioactifs de différentes filières

1 REP: réacteur à eau pressurisée
REB : réacteur à eau bouillante
HWR : Heavy water reactor (réacteur à eau lourde). Ce type de réacteur est utilisé au Canada, en Inde, au Pakistan et en Corée.
GCR : Gas cooled reactor (réacteur refroidi au gaz), essentiellement utilisé au Royaume-Uni.
LWGR : Light water cooled, graphite-moderated reactor (réacteur à eau légère, modéré au graphite). Ce type de réacteur fonctionne dans les pays de l'ex-URSS (filière RBMK).
RNR : réacteur à neutrons rapides. Seuls les rejets de Phénix et de Superphénix sont publiés.
2 le Carbone 14 n'est pas mesuré systématiquement, la moyenne est calculée pour les réacteurs pour lesquels l'information existe.
3 Pour les réacteurs français, les rejets gazeux de tritium sont comptabilisés avec les gaz rares.
4 les rejets ne concernent que les réacteurs français.
5 période 88-89. En 87 les rejets sont dus à 80% par 1 réacteur.
6 période 85-89.
3) Comparaison d'effluents radioactifs des réacteurs exploités dans différents pays

1. Moyenne sur la période 1990-1992
2. Il s'agit de réacteurs VVER, de conception voisine des REP.

4) Evolution des rejets annuels normalisés en GBq/TWh des REP en fonctionnement
en France et en Allemagne

5) Evolution des rejets d'effluents des différents paliers des REP français
entre 1991 et 1995
(rejets moyens par tranche, exprimés en GBq)



Commentaire du directeur de la DSIN
     Le décalage qui existe entre les autorisations délivrées et les rejets réels n'est pas l'indice d'une bonne gestion de l'environnement: quand un exploitant comme EDF se glorifie de ne rejeter que 1% des limites autorisées. il souligne par là même que l'administration lui a accordé des autorisations de rejets 100 fois supérieures à ce dont il a actuellement besoin. De telles autorisations, à l'évidence, n'assurent pas une bonne information des populations sur ce qui est réellement rejeté. En outre. elles risquent de rendre illusoire le contrôle des rejets par l'administration, un incident important qui conduirait à rejeter 10 fois l'activité normalement rejetée en un an restant largement à l'intérieur des limites autorisées.
     La DSIN compte donc fermement utiliser les possibilités de révision des autorisations de rejets existantes ouvertes par le décret du 4 mai 1995 pour les rendre, chaque fois que ce sera nécessaire plus adaptées aux réalités techniques et plus claires vis à vis des populations concernées.
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