Benjamin Dessus, président de Global Chance*, montre, chiffres à l'appui, que «le mythe du “tout électrique - tout nucléaire- zéro émission” qui fonde depuis trois décennies la politique énergétique française repose sur des présupposés qui tiennent bien peu compte des réalités économiques et environnementales». En ces temps de préoccupations pour la pérennité des ressources pétrolières et le réchauffement du climat, la martingale énergétique française «tout électrique - tout nucléaire» déjà vieille d'une bonne trentaine d'années, avec son cortège de louanges aux vertus du chauffage électrique, est présentée par le président Sarkozy et son gouvernement comme l'exemple à généraliser d'urgence pour sortir de la crise énergétique et climatique. A l'argument massue des années 1970 «on n'a pas de pétrole mais on a des idées» et à la mise en avant de l'indépendance énergétique que gagnerait la France en adoptant un programme nucléaire ambitieux, s'est ajouté depuis les années 90 celui des économies d'émissions de gaz carbonique (CO2) responsables du renforcement de l'effet de serre. D'où la pression du gouvernement pour une forte relance, en France avec le lancement de l'EPR à Flamanville et l'annonce d'un second EPR, en Europe, et, plus largement, un peu partout où notre président passe, en particulier dans les pays du sud de la méditerranée. Et c'est vrai que dans la tête des Français, le chauffage électrique domestique est indissolublement lié à l'électricité nucléaire et aux économies de gaz à effet de serre. Regardons-y d'un peu plus près
Et le chauffage électrique?
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Ce n'est donc pas sur la généralisation du chauffage électrique que nous pouvons compter pour réduire les émissions de CO2. Dans l'état actuel et prévisible à 20 ans du parc de production européen l'introduction de chauffage électrique est très contre-performant du point de vue des émissions de CO2. En France, bien que beaucoup plus développé, avec une quarantaine de TWh, que dans la plupart des pays d'Europe, il ne représente encore que de l'ordre de 11% du chauffage domestique, loin derrière le gaz naturel (35%), le fioul (25%) et même le bois (22%) mais représente déjà plus de 25% des émissions du secteur. A moins que cela ne soit pas grave puisque ces émissions sont imputées à nos voisins qui nous fournissent l'électricité en question, ce qu'on appelle la solidarité européenne! C'est pourtant sur cette généralisation du chauffage électrique ou d'applications saisonnières du même type que s'appuient les promoteurs d'une relance du nucléaire en France, puisque la surcapacité actuelle ne se résorbe encore à peu près que grâce à l'exportation des kWh excédentaires à bas prix sur le marché européen. On voit bien qu'on est en plein contresens
Note * Global Chance est une association de scientifiques et d'experts indépendants dans le domaine de l'énergie et de l'environnement qui publie deux fois par an Les Cahiers de Global Chance. Dernier numéro disponible N°26: «Nucléaire, la grande illusion». p.20
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Le Conseil d'Etat a répondu à divers courriers et pétitions des Verts genevois et de l'association ContrAtom, suscités par le projet de construction d'une nouvelle centrale nucléaire par la société ATEL dans le canton de Soleure et par le rapprochement récent entre ATEL et EOS Holding (EOSH), qui s'est concrétisé par la création de la nouvelle société Alpiq. Dans sa réponse, le gouvernement rappelle que Genève a, depuis de nombreuses années, fait le choix de bannir l'énergie nucléaire et de favoriser les sources d'énergie renouvelables (art. 160E al. 5 de la Constitution genevoise). Il juge en effet inacceptable le risque que fait peser la technologie nucléaire sur la population et l'environnement, tant à court terme – risques d'accident dans les centrales – qu'à long terme – élimination des déchets radioactifs. Cette exigence est au coeur de la conception générale de l'énergie approuvée à l'unanimité par le Grand Conseil en avril 2008, et dont l'objectif est la société à 2000 watts sans recours à l'énergie nucléaire. |
L'implication des Services industriels de Genève (SIG) dans le nouveau groupe Alpiq permettra au Conseil d'Etat de faire valoir cette position avec force. Rappelons que les SIG ont obtenu d'EOSH qu'elle privilégie les sources d'approvisionnement hydrauliques, faisant inscrire cette exigence dans ses statuts, alors même que les SIG ne détiennent que 23% de participations dans la holding et qu'auparavant EOS SA défendait une politique largement basée sur le nucléaire. Il appartiendra désormais aux SIG et aux partenaires romands réunis au sein d'EOSH de défendre une politique de production d'électricité favorisant les énergies propres et renouvelables. Avec 31% du capital, EOSH représentera le plus important actionnaire d'Alpiq avec un groupe de collectivités publiques suisses alémaniques, ce qui offre aux Romands l'opportunité de jouer un rôle plus important dans les choix énergétiques de notre pays. PPCE 18 février 2009 Page 5. p.21
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