Trois amis nous ont quittés en ce début
d'année, je leur dédie ce numéro. Ils ont oeuvré
sans relâche pour informer, aider les citoyens et obtenir que la
science ne soit pas un outil de pouvoir, mais que tous se l'approprient
pour participer aux décisions les concernant.
Certes Françoise avait réussi
à rassembler des scientifiques européens, Henri à
faire créer le Fonds Amiante qui
sert de modèle pour l'AVEN, si bien lancé par Jean-Louis,
mais ils vont tant manquer. Comment faire vivre leur oeuvre? Comment continuer?
Souhaitons que la relève soit bien
présente et bon vent à la génération nouvelle.
L'année a bizarrement commencé:
· annonce
par l'ASN du non-agrément de certains laboratoires EDF
C'était en soi, une bonne nouvelle,
mais sans communiqué, sans expliciter le pourquoi de la sanction,
les riverains ont pensé que la surveillance n'existait plus. La
méfiance est déjà de mise, il faut expliquer sinon
comme d'habitude (et il faut avouer avec beaucoup de raisons...) le mieux
est l'ennemi du bien.
Regrettable !!
· agitation
autour d'une émission télé sur les mines. Depuis
le temps que la Gazette parle uranium et mines, c'est intéressant
à revoir le sujet. Les mines ont failli finir en site de stockage,
mais ce fut abandonné après quelques essais.
Par contre les stériles (ou roche encaissante
c'est-à-dire entourant le filon et n'ayant pas assez d'uranium pour
être traitée) ont été utilisés pour remblayer.
Il se trouve que la notion de stériles a évolué dans
le temps d'où quelques surprises: les pourcents étaient plus
élevés dans les années du début. Et, le matériau
est tout de même fracturé, donc la surface léchée
par l'eau est plus grande (se rappeler le café: on le mouline pour
en extraire un jus buvable, les grains ne sont pas admis...) d'où
des contaminations possibles.
Plutôt amusant!! Mais tout de même
ignorer le GEP c'est un peu gros: il est certain que les mines ont été
une chasse gardée du CEA, mais elles sont toutes fermées
et maintenant sous contrôle AREVA.... Il faut donc obtenir leur réhabilitation
et leur suivi. Il faut aussi se pencher sur les stériles et leur
utilisation hors du site.
· suites
EPR: force est de constater que le chantier présente des anomalies.
Bien sûr les inspecteurs veillent, mais...
1 - Problème de béton:
«les inspecteurs et leur appui technique
ont constaté que les reprises de bétonnage sur les voiles
de la coque avion présentaient un aspect «griffé».
Interrogés sur le sujet, vos représentants ainsi que ceux
du contrat «génie civil» ont précisé que
les traitements des surfaces de reprises des bétons étaient
régulièrement réalisés à l'aide de râteaux»
ce qui n'est pas conforme aux spécifications
et en plus:
«une reprise de bétonnage
de qualité médiocre (surface peu rugueuse) sur environ 7
mètres de long, ne permettant pas d'assurer la réalisation
d'un ouvrage monolithique»
Et bien sûr il faut maintenant revoir
tous ces défauts sous 1 MOIS.
Et tout cela c'est pour «la réalisation
de la coque avion, partie d'ouvrage destinée à protéger
du risque de chute d'avions les bâtiments réacteur (HR), combustible
(HK) et des auxiliaires de sauvegarde n°2 et n°3»
Autre point: les ferraillages présentent
toujours des défauts !!
2 - Problème de suivi de température
Tout un chacun sait que le béton contient
beaucoup d'eau, que l'on peut certes travailler sous gel, MAIS qu'il faut
respecter des règles. Or une fois de plus un défaut a été
mis en évidence par un non-respect des règles «qui
stipulent la présence sur le chantier de plusieurs thermomètres
enregistreurs, sous abris. En effet, les inspecteurs ont estimé
que les dispositions actuelles étaient insuffisantes, dans la mesure
où certains coulages de plots pouvaient durer plusieurs jours, avec
les variations de température associées.». Et que
bien sûr l'enregistrement de la température n'est pas effectuée
correctement...
3 - le ferraillage est toujours un problème...
dangereux, la sûreté réclame une réalisation
rigoureuse!!
· L'installation
de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (ICEDA)
que EDF veut créer sur le site du Bugey.
Cette fois avec toutes les explications, soulignons
que le Groupe Permanent et l'IRSN ont fait l'un comme l'autre des rapports
critique que l'ASN a pris à son compte. En particulier:
* «Le groupe permanent souligne les
difficultés qui en résultent pour l'instruction technique;
ces difficultés doivent appeler à une réflexion générale
sur le calendrier de transmission et le contenu attendu des documents nécessaires
à une autorisation de création.»
* «le groupe permanent relève
que l'activité de certains déchets cimentés dans ces
colis sera nettement supérieure à celle des déchets
actuellement cimentés dans d'autres installations. Pour ces colis,
les risques d'altération du béton liés aux phénomènes
thermiques et à la radiolyse au cours de la fabrication des colis,»
|
suite:
* et pour couronner le tout «le groupe
permanent considère que, pour conclure sur la création de
l'installation ICEDA, il est nécessaire qu'EDF transmette un dossier
de justification du comportement des bâtiments et du sol tant en
statique qu'en cas de séisme.».
Notons que le Groupe Permanent est plus strict
que l'IRSN. Même s'il juge «globalement satisfaites»
les options retenues pour maîtriser les risques, il estime le dossier
trop incomplet pour demander une autorisation.
L'IRSN est moins catégorique et c'est
un peu dommage.
L'ASN a refusé le dossier:
Position ASN
sur ICEDA (.pdf)
Il faut reconnaître que, pour avoir
maintes fois souligné que les autorisations de création sont
accordées sur des dossiers encore en devenir et que, dans ces conditions
les remarques des experts restent lettre morte, puisqu'on ne part pas sur
de bonnes options.
Je vous joins les 2 rapports d'experts, vous
jugerez sur pièces.
Cette fois tout va dans le bon sens. A suivre...
· Le suivi
des installations radiographie et autres montre leurs difficultés,
mais ils sont suivis... Le manque de personnel ne les aide pas, mais nous
les aiderons tous en leur posant des questions et en les aidant à
améliorer leurs services.
Idem: je vous joins les rapports, car cela aide pour poser des questions
et élever le niveau de vigilance.
· Un article
de Benjamin Dessus sur la partie économie: «Tout nucléaire,
tout électrique, tout effet de serre.»
· Deux mises
en gardes de T. Lamireau à propos des mines.
· Le combat
d'une association pour faire décontaminer les abords et l'intérieur
d'un site CEA-DAM (Pontfaverger-Moronvilliers).
· Le projet
FAVL, les consultations (?) de 3.115 communes et maintenant les tergiversations
qui rendent les habitants méfiants. Pourquoi ne pas dialoguer? Ne
pas écouter les légitimes demandes: il y a des déchets,
c'est un fait avéré, mais où sont les inventaires?
Comment va-t-on résoudre les problèmes
d'entreposage? Est-ce que le stockage profond est une solution? Est-ce
qu'il y a suffisamment d'études pour le prouver? Comment répond-on
aux demandes de «réversibilité» et quelles sont
les définitions: vision de l'exploitant, vision du contrôleur,
vision du riverain?
· Et pour
finir un petit explicatif interne sur la radioactivité.
Bonne lecture et à bientôt
N'oubliez pas de vous réabonner pour 2009 et surtout prévenez-moi
si j'ai oublié de vous enregistrer: c'est involontaire et désagréable
pour vous.
Merci encore de tous vos encouragements
Edition 2008 de mon livre «MENACE
SUR LE VIVANT, la filière nucléaire du plutonium»
par J-P, Morichaud:
Chers amis,
L'image du nucléaire civil se ternit
dans le monde... et en France malgré les efforts de Sarkozy et Areva
réunis. C'est le moment d'en profiter! Je joins à ce courrier
d'analyse de mon livre parue dans la revue Ecorev en 2002, dont
vous pouvez vous inspirer pour une relance dans vos diverses instances:
http://ecorev.org/spip.php?article=127.
Souvenez-vous et n'oubIiez pas
HENRI PEZERAT
Membre du GSIEN et surtout toxicologue réputé,
précurseur de la lutte contre l'amiante. Il est décédé
le 16 février 2009. Il avait commencé ce long combat dans
les années 1970, en révélant la présence d'amiante
sur le campus de Jussieu (collectif amiante).
Il avait oeuvré pour la mise en place
de structures telles ANDEVA prenant en charge le combat des victimes de
l'amiante. Il n'a jamais cessé de dénoncer le manque de prise
en compte de la santé au travail (par ex, dans «Les risques
du travail: pour ne pas perdre sa vie à la gagner», titre
d'un ouvrage collectif des années 1985).
Nous n'oublierons pas ce scientifique rigoureux,
oeuvrant sans concession pour faire reconnaître les risques auxquels
sont soumis les travailleurs, pour replacer les problèmes de santé
dans l'activité professionnelle. Il a beaucoup apporté dans
le domaine des maladies professionnelles.
FRANÇOISE PRADERIE
Membre de la première du GSIEN, auteur
d'articles. Elle a rejoint le ministère de la recherche pour oeuvrer
à un développement de la recherche plus ouverte vers les
citoyens, Elle s'était investie au niveau européen et a pris
on charge le dossier Bandajevski. Qu'on se souvienne de son intervention. |
pp.1-2
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