La G@zette Nucléaire sur le Net!   
G@zette N°259, février 2011

Nouvelles en vrac

Décret n°2011-73 du 19 janvier 2011
modifiant le décret n° 2007-830 du 11 mai 2007 relatif à la nomenclature des installations nucléaires de base

     Publics concernés: les exploitants publics ou privés d’installations mettant en œuvre des radionucléides. 
     Objet: préciser quelles sont les installations relatives aux activités minières qui sont exclues du régime des installations nucléaires de base. Préciser également la définition du seuil en deçà duquel les radionucléides contenus dans des substances radioactives ne sont pas pris en compte. 
     Entrée en vigueur: immédiate 
     Notice: le décret procède à deux ajustements du décret du 11 mai 2007: 
     – afin de régler une question d’interprétation, l’article 1er exclut explicitement du régime des installations nucléaires de base les installations d’entreposage ou de stockage de déchets qui ne peuvent détenir que des résidus de minerai d’uranium, de thorium ou de radium
     – l’article 2 précise que le seuil de 100kBq/kg en deçà duquel les radionucléides présents dans les substances radioactives ne sont pas pris en compte s’applique à l’activité massique totale des matières concernées et non à l’activité massique partielle propre à chaque radionucléide
     Références: les textes modifiés par le présent décret peuvent être consultés, dans leur rédaction issue de cette modification, sur le site Légifrance (http://www.legifrance.gouv.fr). 

     Le Premier ministre, 
     Sur le rapport de la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement et de la ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, 
     Vu le code de l’environnement, notamment ses articles L.542-1-1, L.542-10-1 et R. 123-1; 
     Vu le code de la santé publique, notamment ses articles L.1333-4 et R. 1333-27; 
     Vu la loi no 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, notamment ses articles 2 et 28; 
     Vu le décret no 2007-830 du 11 mai 2007 relatif à la nomenclature des installations nucléaires de base; 
     Vu l’avis de la commission consultative des installations nucléaires de base en date du 6 janvier 2010; 
     Vu l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire en date du 23 février 2010;

suite:
     Le Conseil d’Etat (section des travaux publics) entendu, 
Décrète:
     Art.1er. - Le dernier alinéa de l’article 2 du décret du 11 mai 2007 susvisé est remplacé par les dispositions suivantes: 
     «Toutefois, ne revêtent pas le caractère d’installations nucléaires de base: 
     a) Les installations mentionnées au 1° qui mettent en œuvre des substances radioactives exclusivement sous forme de minerai d’uranium ou de résidus ou de produits de traitement de ce minerai; 
     b) Les installations d’entreposage ou de stockage de déchets mentionnées aux 2° et 3° qui détiennent des substances radioactives exclusivement sous forme de résidus de traitement de minerai d’uranium, de thorium ou de radium ou de produits de traitement de ces minerais; 
     c) Les installations mentionnées aux 4° et 5° qui détiennent des substances radioactives exclusivement sous forme de minerai d’uranium, de thorium ou de radium ou de résidus ou de produits de traitement de ces minerais.» 
     Art. 2. - Le 3° du B de l’annexe du décret du 11 mai 2007 susvisé est remplacé par les dispositions suivantes: 
     «3°) Exclusions: 
     La présence de sources radioactives dans les installations mentionnées au dernier alinéa de l’article 2, lorsque ces sources sont exclusivement utilisées pour l’étalonnage, les tests, la détection et les mesures, ne fait pas obstacle à ce que ces installations soient exclues du champ d’application des installations nucléaires de base. Mais ces sources sont prises en compte pour la détermination du coefficient Q. [Qui exprime l'activité totale des radionucléides, NdlR]
     Les radionucléides contenus dans des substances radioactives dont l’activité massique totale est inférieure à 100 kBq par kilogramme ne sont pris en compte ni dans le calcul du coefficient Q ni pour l’application des seuils mentionnés au 5° de l’article 2.
     Il en est de même des radionucléides naturels contenus dans des substances radioactives qui ne sont pas ou n’ont jamais été utilisées pour leurs propriétés radioactives, fissiles ou fertiles.» 
    Art. 3. - La ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable, des transports et logement, la ministre de l’économie, des finances et de l’industrie et le ministre auprès de la ministre l’économie, des finances et de l’industrie, chargé de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
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22 novembre 2010
Communiqué  Qualité de Vie
Michel GUERITTE - Président de La Q.V.

À propos de Morvilliers (site Très faible Activité) et d’entreposages
Paratonnerres et singes radioactifs!

     Oui, ce sont entre autres des paratonnerres et des cadavres de singes radioactifs qui vont être transportés dans les nouveaux bâtiments d’entreposage de déchets FA-VL (Faiblement Radioactif et à Vie Longue), dans le CSTFA de Morvilliers, dans l’Aube, près de Soulaines. 
    Vendredi 19 novembre, la municipalité de Morvilliers avait convié les seuls habitants du village, et les représentants de la Communauté de Commune, à une présentation du projet d’entreposage des déchets FA-VL et MA-VL, assurée par Bruno CAHEN (directeur industriel de l’ANDRA), et Patrick TORRES (directeur des Centres de Morvilliers et de Soulaines). 
     Une soixantaine d’administrés ont donc appris que, fin 2012, un bâtiment de 2.000 m2 accueillera divers déchets: paratonnerres, détecteurs de fumée, réveils, montres, objets médicaux, fontaines radioactives, aiguilles de radium, etc... Une sorte de vide-grenier "radioactif" présenté comme peu inquiétant, et auquel on a donc consacré beaucoup de temps, pour banaliser les activités de l’ANDRA...
     La réalisation d’une chambre froide pour y entreposer des cadavres de singes radioactifs et autres animaux de laboratoire n’a pas inquiété l’auditoire. Pourvu qu’ils soient bien morts et qu’ils ne s’échappent pas dans le vignoble champenois voisin, ni dans les champs de choucroute! On a déjà des sangliers "tchernobylés"! 
     La Q.V. a immédiatement alerté la communauté scientifique pour en savoir plus sur ces pratiques. 
     Pourquoi nourrir des animaux avec de l’uranium?
     Pourquoi les désaltérer avec de l’eau tritiée? 
     Pourquoi de telles expériences? 
     L’expérimentation sur les grands singes ne sont-elles pas interdites? 
     Et les résultats ont-ils été publiés? 
     Une fois morts, les cadavres de singes deviendraient des déchets radioactifs? 
     Merci aux spécialistes de nous communiquer ce qu’ils savent sur ces horreurs et sur cette chaîne du froid un peu spéciale.
     Notez que récemment, on avait lu pire: le "vol" d’organes sur des humains à Sellafield sur Courrier international! (page ôtée depuis...)
     À Morvilliers, les murs en béton seront d’épaisseur variable selon la nature des déchets. 
     Le bâtiment sera entouré d’une butte de terre pour éviter le rayonnement sur les travailleurs et les promeneurs! 
     Cet entreposage sera-t-il de courte durée? 
     Patrick Torres a confié que l’ANDRA avait bon espoir que pour 2012 on ait une solution pour le stockage des FA-VL, et que, par ailleurs, le projet de Bure était très bien parti. Bure pourrait en 2025 être une solution pour ce type de déchets, mais ce serait une solution onéreuse. Mais il affirme que cette solution existera et qu’elle sera définitive. C’est l’occasion de communiquer cet appel à une action urgente pour infléchir cette certitude: 
http://www.villesurterre.com/

     Je ne suis pas pro-ANDRA
     C’est la déclaration finale de Lionel HUARD, maire de Morvilliers, agacé par les questions d'un militant. 
     Alors Lionel, qu’attends-tu pour démissionner et venir rejoindre les associations locales? 
     L’ancien maire d’Auxon, en désaccord avec son conseil, avec ses administrés et avec tout le canton, avait choisi, lui, de démissionner: 
http://www.dailymotion.com/
     À noter cette curieuse habitude de considérer que seuls les habitants de la commune sont concernés. 
     Qu’en pensent les habitants de la Chaise qui vivent à 500 m du CSTFA de Morvilliers?
     Le bon air de la forêt du Bois de Chantecocq, l’eau des rivières et des nappes phréatiques ne concerneraient-ils pas tous les Briennois-Soulainois? Voire au-delà?

suite:
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 875 associations agréée pour la protection de l'environnement
http://www.sortirdunucleaire.org/
1- La contamination radioactive se poursuit à Saint-Maur-des-Fossés (94), silence radio des autorités sur la contamination à Bondoufle (91)

     A la lecture du dernier bilan de l'IRSN sur la contamination au tritium à Saint-Maur des Fossés (94) paru le 1er février, le Réseau "Sortir du nucléaire" constate que:
     - la contamination radioactive de l'air, des eaux et des végétaux à proximité des locaux de 2M Process, en pleine zone pavillonnaire, est toujours supérieure à la contamination moyenne autour des centres nucléaires les plus polluants en tritium. Si la contamination a baissé dans la cour jouxtant les locaux contaminés, elle reste stable dans un rayon de 50 à 100 mètres.
     - les locaux de 2M Process continuent à émettre du tritium dans l'environnement malgré le retrait des sources radioactives, du matériel, des meubles, de la moquette et la décontamination des murs, planchers et plafonds des locaux. La contamination au tritium dans les locaux atteint encore 20.000 Bq/m3.
     - la contamination de l'eau d'un bassin dans l'enceinte du collège Pissaro était toujours avérée au 18 janvier, date des dernières mesures.
     Alors que la contamination persiste, l'IRSN réduit sa surveillance de la zone contaminée, qui aura lieu tous les 2 mois. L'IRSN n'a plus donné d'information sur la contamination au tritium à Bondoufle depuis le 14 décembre dernier.
     Le Réseau "Sortir du nucléaire" déplore et condamne l'impuissance des autorités de radioprotection (ASN et IRSN) face à la contamination persistante au tritium à Saint-Maur et la rétention d'information sur la contamination à Bondoufle.

     Plus d'information et contact
     Jean-Pierre Minne
     jean-pierre.minne@sortirdunucleaire.fr
     Laura Hameaux
     laura.hameaux@sortirdunucleaire.fr

2- Communiqué de presse du 25 janvier 2011
Centrale sous-marine: la filière nucléaire coule à pic

     Sur le modèle de ses sous-marins nucléaires, DCNS (anciennement Direction des Constructions Navales) envisage de développer une centrale nucléaire sous-marine de 12.000 tonnes. Présentée comme "fiable et sûre", elle pourrait suffire à alimenter une ville de 100.000 à un million d'habitants [Avec ou sans chauffage électrique... NdlR]. Après la centrale nucléaire flottante russe, la centrale sous-marine française... Quel sera le prochain délire de l'industrie nucléaire mondiale?
     Actuellement, avec du combustible enrichi à 4%, on recharge une centrale tous les 18 mois. Avec une centrale sous-marine, il faudrait "améliorer" le combustible pour avoir un intervalle de rechargement de l'ordre de 4 ans. Enrichir davantage le combustible, c'est multiplier les déchets (uranium appauvri). Et toute centrale fonctionnant à l'uranium génère du plutonium, encore plus dangereux. Comment une telle structure serait contrôlée? Comment s'organiserait la maintenance? Que fera-t-on des déchets?
     Une centrale sous-marine, pour être opérationnelle et alimenter la côte par câble, devrait être placée sur des hauts-fonds. Elle serait donc sensible aux tempêtes et courants marins. À quelques kilomètres des côtes, elle va réchauffer l'eau de mer et rejeter de la radioactivité, qui sera largement disséminée. En effet, l'eau est un élément dans lequel la radioactivité se disperse facilement.
     La volonté de DCNS de développer des centrales insensibles au risque terroriste révèle, en creux, la vulnérabilité criminelle des équipements actuels : aucune centrale ne résisterait à un attentat de type "11 septembre". Le risque zéro n'existant pas, on peut s'interroger sur l'impact qu'aurait déjà le naufrage d'un supertanker sur une future centrale nucléaire sous-marine.
     Après les échecs répétés de l'EPR, l'industrie nucléaire est aux abois. Tout comme la campagne publicitaire scandaleuse d'AREVA, ce projet de réacteur sous-marin n'est qu'une tentative désespérée pour faire croire que la filière nucléaire a un avenir, alors que l'avenir est aux économies d'énergie, à la sobriété énergétique, au développement décentralisé des renouvelables, mais pas au nucléaire, quelle que soit sa forme.
     Contact presse: Daniel Roussée 06 61 97 83 28

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ASN: Anomalie générique concernant le système d'injection de sécurité des réacteurs 900 MWe
Paris, le 07 Février 2011

     Le 1er février 2011, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire une anomalie générique relative à la répartition des débits d’injection de sécurité à haute pression dans les branches froides du circuit primaire principal des réacteurs de 900 MWe.
     Le circuit d'injection de sécurité (RIS) permet, en cas de brèche dans le circuit primaire principal, de maintenir le refroidissement du cœur du réacteur en réinjectant de l’eau dans ce circuit au moyen, notamment, de pompes dites de haute pression.
     En cas de sollicitation du RIS, les débits d’eau injectés à haute pression sont mesurés sur chacune des trois branches froides du circuit primaire principal des réacteurs de 900 MWe. Cette mesure permet de s’assurer que le déséquilibre entre les débits injectés sur chaque branche froide est inférieur à 6%, qui est la valeur prise en compte dans le rapport de sûreté de ces réacteurs.
     Or des études récentes menées par EDF ont mis en évidence que la précision de mesure des dispositifs utilisés pour mesurer ces débits sur les réacteurs de 900 MWe est de l’ordre de 20%. Ces dispositifs ne sont donc pas adaptés vis-à-vis du critère de déséquilibre qu’ils doivent permettre de vérifier.
     En conséquence, en situation accidentelle, pour certaines tailles de brèche du circuit primaire principal, l’injection de sécurité à haute pression pourrait ne pas permettre de refroidir suffisamment le cœur du réacteur.
     Afin de résorber cet écart, EDF envisage de mettre en place une instrumentation par ultra sons permettant de mesurer de manière plus précise les débits d’eau injectés par le RIS à haute pression. Dans un premier temps, des essais seront réalisés début 2011 sur un réacteur. En fonction des résultats obtenus sur ce réacteur, cette solution sera implantée sur l’ensemble des réacteurs impactés par cette anomalie.
     Ces remises en conformité seront suivies par l’Autorité de sûreté nucléaire.
     Cette anomalie a été classée au niveau 1 de l'échelle INES qui en compte 7.


STOCAMINE
http://www.terra-economica.info/
     Reportage - Une bombe à retardement sur le sol français : à Wittelsheim, 44?000 tonnes d’amiante, de mercure et de résidus électroniques croupissent depuis dix ans dans une ancienne mine de potasse. Aujourd’hui, il y a urgence : la nappe phréatique du Rhin est menacée.
     Ici, même la colère reste polie. Pas de cris, pas de slogans gouailleurs qui viendraient écorcher les parois de la mairie de Wittelsheim (Haut-Rhin). Les habitants évoquent à voix basse leur lassitude, usés de devoir encore parler du «tombeau», de la «poubelle». Soixante-dix printemps bien sonnés, Jean, ancien mineur, a le dos cassé d’avoir soulevé le sel toute sa vie. En ce jour de septembre, il a tout de même tenu à être présent pour attendre les résultats de la Clis, la Commission locale d’information et de surveillance de Stocamine. Cette «énième réunion» doit régler le sort du premier, et sans doute dernier, centre d’enfouissement souterrain de déchets ultimes en France.
     L’histoire de Stocamine, il ne l’a pas vraiment vu venir. Au début des années 1990, on lui avait parlé d’une solution pour recaser «les petits gars de la mine dans un nouveau boulot», «qu’ils ne soient pas envoyés à l’ANPE comme les collègues des mines du Nord». «On nous a bien dit que c’était des produits toxiques, qu’on allait les enterrer sous nos pieds, mais on nous a promis que tout était sécurisé. J’y ai cru, sans doute aussi parce que j’avais envie d’y croire», ajoute-t-il.
     Comme Jean, les habitants de Wittelsheim se souviennent encore du slogan, à l’époque de l’ouverture: «Stocamine, un nouveau visage pour la mine». L’idée semble belle: les galeries de l’ancienne mine de potasse Joseph-Else vont servir d’entrepôt aux déchets ultimes, c’est-à-dire l’amiante, le mercure et les résidus électroniques ne pouvant être traités par la technologie. À l’image de ce qui se passe en Allemagne avec les déchets nucléaires.
     C’est une aubaine pour les élus alsaciens qui cherchent une solution à la fermeture de leurs mines. Alors que le bassin minier Amélie, dont fait partie Joseph-Else, n’emploie plus que 2.000 personnes – contre 12.000 dans les années 1960 –, le projet prévoit la création de 200 postes. «C’était l’époque où l’on voyait les mines fermer les unes après les autres. On attendait notre tour. Quand l’idée Stocamine s’est pointée, c’est vrai que, nous, les mineurs, on a eu de l’espoir. On s’est dit qu’on n’était pas finis», confie Jean-Pierre Hecht, représentant du personnel de Stocamine.
     En février 1999, après près de dix ans de réunions publiques et de commissions d’experts, Stocamine ouvre finalement ses portes. Aux habitants et aux associations écologistes locales qui s’inquiètent, les dirigeants martèlent que «les déchets peuvent être remontés à tout moment». «On a tous avalé l’idée d’un possible déstockage. C’est comme cela que le projet est passé», raconte encore Jean-Pierre Hecht. Mais le 10 septembre 2002, le site «totalement sécurisé» prend feu.  
suite:
Mineurs au casse-pipe
     Quelques jours auparavant, pour faire face aux pertes financières de l’entreprise, l’ancien pédégé Patrice Dadaux a accepté d’enterrer 472 grands sacs étanches – baptisés «big bags» – provenant de produits phytosanitaires. À l’intérieur: un mélange d’amiante, d’engrais, de soufre, des matières interdites et hautement inflammables. Les conducteurs de poids lourds qui transportent la marchandise évoquent alors une «odeur pestilentielle» et un liquide «multicolore» s’écoulant de sachets supposés hermétiques. Les sacs affichent une température de dix degrés plus élevée que la température extérieure. Les syndicats donnent l’alerte, demandent des analyses, mais la direction ordonne le stockage à 500 mètres sous terre. Les déchets interdits vont alors «fermenter» plusieurs jours. Jusqu’à l’incendie.
     Les mineurs présents sur les lieux aident les secours et sont dangereusement exposés. «C’est grave. Ils les ont envoyés au casse-pipe avec de simples blousons de mineurs. Sans protection. Seuls les pompiers disposaient d’un équipement spécial», explique l’un de leurs avocats, André Chamy. Il faudra deux mois et dix jours pour éteindre définitivement le brasier. Depuis l’incendie, plusieurs d’entre eux souffrent de démangeaisons et de difficultés respiratoires. L’information judiciaire ouverte pour déterminer les causes du sinistre a conduit à la mise en examen de Stocamine et de son ancien pédégé. Et 74 mineurs ont obtenu réparation pour avoir été exposés aux fumées toxiques. En septembre 2003, l’entreprise cessait officiellement son activité.

Amendement en catimini
     Reste une question épineuse: que faire des 44.000 tonnes de déchets croupissant au fond des galeries? Pour Jean-Pierre Hecht, la réponse est simple: «Avec les années, les dirigeants et l’Etat espèrent tout laisser au fond. Pour eux, c’est la solution la plus économique. Pour nous, c’est la plus dangereuse.» Deux hypothèses ont été proposées par la préfecture: remonter les déchets à la surface – une opération estimée à 100 millions € – ou refermer la mine pour 50 millions €. Devant les caméras, le député UMP du Haut-Rhin, Michel Sordi, ne s’en cache pas: mieux vaut utiliser l’argent de la circonscription pour créer des emplois que pour évacuer des déchets.
     En catimini, il fait passer, en 2004, un amendement sur mesure à l’Assemblée nationale prévoyant «qu’au bout d’un an d’inactivité, les centres de stockage souterrain de produits dangereux deviennent des centres de stockage définitifs». En France, seul le site de Stocamine est concerné par cette disposition législative! «Le stockage à durée illimitée, c’est une belle litote pour dire que l’entreprise peut légalement abandonner ses déchets au fond», explique Yann Flory, président de l’association environnementale Gaïa.

Scénario catastrophe
     Pour l’heure, aucune décision n’a été prise et le temps presse. «Si on veut ressortir les déchets, c’est maintenant qu’il faut agir», s’alarme Etienne Chamik, ancien mineur, qui affirme que les galeries commencent à s’affaisser. Côté Stocamine, la nouvelle équipe dirigeante est mal à l’aise. Officiellement, «il n’y a rien d’exceptionnel. La mine est comme un puits, et dans un puits, il y a obligatoirement de l’eau, on ne peut rien faire contre ça. » Officieusement, on reconnaît que «des erreurs ont été commises», que «promettre la réversibilité des déchets aux habitants, ça a été une connerie».
     Selon deux rapports récents, le constat est alarmant: les fûts contenant les déchets sont détériorés et risquent d’être perforés, les galeries se déforment rendant l’accès au cimetière chimique de plus en plus difficile. «La flotte coule dans la mine depuis un an. À long terme, elle sera noyée», prédit Jean-Pierre Hecht. C’est ce scénario catastrophe que craignent les associations écologistes. Car la plus grande nappe phréatique d’Europe, celle du Rhin, passe juste au-dessus du cimetière chimique. En inondant les déchets, l’eau risque d’être contaminée.
     «L’expertise de Marc Caffet (un ingénieur mandaté par l’Etat, ndlr) pronostique une pollution de l’eau à l’arsenic dans 600 ans, explique Yann Flory, de l’association Gaïa. Depuis cette déclaration, les élus nous donnent raison, les habitants n’ont plus confiance en Stocamine. Les mineurs qui travaillent encore dans la mine veulent déstocker vite. Il y a une prise de conscience. Même le gouvernement s’agite.» Jean-Louis Borloo cherche en effet une sortie de secours. Le ministre de l’Ecologie souhaite avancer vite: trois experts viennent d’être nommés afin de prendre une décision définitive dans moins d’un an. En attendant, ni l’Etat, ni les élus locaux, ni les dirigeants successifs, ne veulent porter la responsabilité du fiasco Stocamine. Cette entreprise, qui n’est jamais parvenue à l’équilibre, ne préserve plus l’emploi que de 24 salariés et menace l’environnement de toute une région.

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Mine de ASSE
L’ALLEMAGNE DÉSTOCKE 126.000 BARILS
www.terra-economica.info
Le rédacteur :Aude Rouaux

     En inaugurant le stockage des déchets nucléaires dans une mine de sel il y a quarante ans, l’Allemagne faisait figure d’avant-gardiste. Entre 1967 et 1978, 126.000 barils de déchets nucléaires sont enfouis dans l’ancienne mine désaffectée d’Asse, au centre du pays. Ils devaient y séjourner ad vitam æternam. Mais trente ans plus tard, Asse s’est transformée en catastrophe écologique: la mine est trouée, 12 m3 d’eau ruissellent chaque jour sur ses parois, les galeries s’effondrent, les conteneurs sont rouillés. La saumure, qui stagne au fond, pourrait être dix fois plus radioactive que la norme. Comme en France, les écologistes clament que la nappe phréatique sera contaminée d’ici peu rendant la région inhabitable. Face à la gravité de la situation, l’Office fédéral en charge de la gestion du site a tranché en début d’année: la mine doit être évacuée. Cette opération inédite, très complexe, pourrait coûter 2 à 3milliards € à l’Etat et devrait être financée grâce à une «taxe nucléaire». L’Allemagne deviendrait ainsi le premier pays au monde à déstocker ses déchets souterrains.


Décision 2010-DC-0187

     Décision n° 2010-DC-0187 du 6 juillet 2010 de l’Autorité de sûreté nucléaire autorisant Electricité de France à procéder à la mise en service industrielle de l’installation de traitement du sodium, dénommée TNA et de l’ensemble des circuits nécessaires à son fonctionnement, implantée dans l’installation nucléaire de base n°91, dénommée centrale nucléaire à neutrons rapides de 1200 MWe de Creys-Malville, dite Superphénix et à procéder à la mise en service de l’entreposage de blocs de béton sodés, implanté dans le périmètre de l’installation nucléaire de base n°141, elle-même dénommée atelier pour l’évacuation du combustible de la centrale nucléaire de Creys-Malville (APEC), situées sur le territoire de la commune de Creys-Meypieu (Isère) 
     Article 1er 
     Electricité de France est autorisée à procéder à la mise en service industrielle de l’installation de traitement du sodium (TNA) et de l’ensemble des circuits nécessaires à son fonctionnement situés dans l’installation nucléaire de base n°91, dénommée centrale nucléaire à neutrons rapides de 1200 MWe de Creys-Malville, dite Superphénix. 
     Article 2 
     Electricité de France est autorisée à mettre en service l’entreposage des colis de béton sodé issus du traitement du sodium contenu dans l’installation TNA (INB n°91), implanté dans le périmètre de l’installation nucléaire de base n°141, dénommée atelier pour l’évacuation du combustible (APEC) de la centrale nucléaire de Creys-Malville. 
     Article 3 
     Le Directeur général de l’Autorité de sûreté nucléaire est chargé de l’exécution de la présente décision qui sera publiée au Bulletin officiel de l’Autorité de sûreté nucléaire. 

Fait à Paris, le 6 juillet 2010.
Une info sur les pesticides et autres produits chimiques
D’UN AGRONOME ENGAGE
 "Recette de la tarte aux cerises" 

     Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d'une tarte aux cerises de supermarché, depuis le champ de blé jusqu'à l'usine agroalimentaireBon appétit!

Histoire de la Pâte
     Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d'un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu:
     - de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, 
     - 1 traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d'éviter la verse et 1 dose importante d'engrais:
     - 240 kg d'azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l'hectare, tout de même!
     Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et au bisulfite de carbone, puis arrosés au lopyriphosméthyl. Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l'acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l'amylase.
     Ensuite, il faut faire lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l'amidon est blanchi au permanganate de potassium. Pas de pâte sans corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement) comme l'hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.

Histoire de la Crème
     La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des œufs, du lait, et même de l'huile.
     * Les œufs proviennent d'un élevage industriel où les poules sont nourries avec des granulés contenant des:
     - antioxydants (E300 à E311),
     - arômes,
     - émulsifiants: alginate de calcium,
     - conservateurs: acide formique,
     - colorants: capsanthéine,
     - Agents liants: ignosulfate
     - et enfin des appétants: glutamate de sodium, pour qu'elles puissent avaler tout ça. Elles reçoivent aussi des antibiotiques, bien entendu, et surtout des anticoccidiens. Les œufs, avant séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l'acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.
     * Le lait provient d'un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques:
     - antibiotiques: flavophospholipol (F712) ou monensin-sodium (F714)
     - antioxydants: ascorbate de sodium (F301), alphatocophérol de synthèse (F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou éthoxyquine (E324),

suite:
     - émulsifiants: alginate de propylène-glycol (F405) ou polyéthylène glycol (F496),
     - conservateurs: acide acétique, acide tartrique (E334), acide propionique (F280) et ses dérivés (F281 à E284), 
     - composés azotés chimiques: urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803),
     - agents liants: stéarate de sodium
     - colorants: F131 ou F142
     - et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.
     * Les huiles, quant à elles, ont été:
     - extraites par des solvants comme l'acétone,  puis raffinées par action de l'acide sulfurique,  puis lavage à chaud, neutralisées à la lessive de soude,
     - décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc. Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine. La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et des stabilisants comme l'acide alginique (E400).

Histoire des Cerises
     Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides selon les années.
     * Les cerises sont:
     - décolorées à l'anhydride sulfureux et recolorées de façon uniforme à l'acide carminique ou à l'érythrosine. Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d'aluminium, et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium (E202).
     Elles sont enfin enduites d'un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur bonne dose d'engrais et de pesticides.
     Ce sucre est extrait par:
     - défécation à la chaux et à l'anhydride sulfureux, puis décoloré au sulfoxylate de sodium, puis raffiné au norite et à l'alcool isopropylique. 
     Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.
     Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est nécessaire d'ajouter un parfum artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthétique du goût et de l'odeur à partir d'éléments artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles, par économie d'échelle, en comparaison du parfum naturel de fruit. L'exemple développé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d'ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet etc.
     * Le parfum artificiel de cerises se compose donc des molécules synthétiques (donc à la stéréochimie inversée) suivantes:
     - acétate d'éthyle--acéthyl méthylcarbinol-- butyrate d'isoamyle--caproate d'ethyle --caprylate d'isoamyle--caprate d'ethyle-- butyrate de terpenyle
     - géraniol--butyrate de geranyl 
     - acetylacetate d'ethyle--heptanoate d'ethyle-- aldéhyde benzoïque--aldéhyde p-toluique—vanilline--essence artificielle d'amande amère SAP-- essence artificielle de girofle Bourbon-- essence artificielle de cannelle Ceylan-- essence de lie de vin .

     Ce texte, consacré à "la tarte aux cerises de supermarché" a été rédigé par Claude Bourguignon, un ingénieur agronome qui travailla à l'INRA, avant de quitter l'honorable maison pour cause de désaccord. Spécialiste de la microbiologie des sols, c'est lui qui démontra, pour la première fois, que les sols cultivés à grand renfort d'engrais chimiques et de pesticides, étaient biologiquement... morts. Tout ce qui fait la vie, et donc la qualité des terres, à savoir les populations microbiennes et fongiques, est détruit par les produits chimiques, conduisant à une perte des nutriments et à l'érosion des sols. Membre de la Société américaine de microbiologie - en France, il n' y a plus aucune chaire de microbiologie des sols, y compris à l'INRA! - Claude Bourguignon a créé avec sa femme le Laboratoire d'analyse microbiologique des sols, qui intervient dans de nombreux pays, pour aider les agriculteurs à retrouver la fertilité de leurs sols.
     Après "le monde selon Monsanto" Marie-Monique récidive : "Notre poison quotidien" le 15 mars sur ARTE
Vous en voulez encore de cette tarte aux cerises?
     J'ai le plaisir de vous informer que mon film "Notre poison quotidien"sera diffusé le 15 mars sur ARTE, à 20 heures 40.
     Le même jour mon livre éponyme sera dans les librairies ainsi que le DVD.
     Je commence aujourd'hui une série de papiers qui vont expliquer la démarche que j'ai suivie pour réaliser cette longue enquête qui m'a conduite dans six pays européens (France, Italie, Allemagne, Suisse, Grande Bretagne, Danemark), aux Etats Unis, au Canada, au Chili, et en Inde.
     Pourquoi cette enquête?
     Alors que je travaillais sur le passé et le présent peu glorieux de Monsanto et que je découvrais comment depuis sa création au début du XXème siècle la firme n'a cessé de cacher la haute toxicité de ses produits, je me suis posé trois questions:
     - Est-ce que le comportement de Monsanto constitue une exception dans l'histoire industrielle?
     - Comment sont réglementées les 100.000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la seconde guerre mondiale?
     -Y-a-t il un lien entre l'exposition à ces produits chimiques et "l'épidémie de maladies chroniques évitables" que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a constatée surtout dans les pays dits "développés" (les termes que j'ai mis entre guillemets sont ceux utilisés par l'OMS)?
     Consciente que le champ d'investigation était très vaste, j'ai décidé de ne m'intéresser qu'aux seuls produits chimiques qui entrent en contact avec notre chaîne alimentaire du champ du paysan (pesticides) à l'assiette du consommateur (additifs et plastiques alimentaires).
     Avant d'entreprendre mon nouveau tour du monde, j'ai réalisé un long travail de recherche préparatoire qui a consisté à lire de nombreux livres (une centaine, essentiellement anglophones), rapports, études scientifiques et j'ai rencontré des experts (toxicologues, biologistes, représentants des agences de réglementation, soit directement lors de rendez-vous personnels ou lors de colloques spécialisés. J'ai aussi consulté les archives d'organisations internationales comme l'OMS ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui dépend de la première.
Infos http://robin.blog.arte.tv/ marie-monique robin

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