Selon les dispositions de la loi, la gestion à long terme des déchets de haute activité et à vie longue comporte deux aspects qui ne s’excluent pas: la séparation-transmutation des actinides présents dans le combustible usé des réacteurs nucléaires et le stockage géologique des déchets de haute et moyenne activité à vie longue. Séparation et transmutation Un RNR (Réacteur à neutrons rapides), à condition d’être associé à un pilote de retraitement, permettrait de tester la faisabilité industrielle du multirecyclage du plutonium et de démontrer la possibilité de transmutation industrielle des actinides mineurs. La faisabilité industrielle du multirecyclage du plutonium conditionne le développement d’un parc de RNR. Il deviendrait alors possible de gérer le plutonium comme une ressource de matière fissile et non comme un déchet qui serait à mettre en stockage géologique. La faisabilité industrielle de la transmutation des actinides mineurs permettrait d’envisager de nouvelles options pour la gestion des déchets. La transmutation des actinides est envisageable avec un parc de réacteurs à neutrons rapides, couplé au réseau, ou avec des réacteurs à neutrons rapides sous-critiques pilotés par accélérateur (ADS) encore à l'étude (voir annexe 5). Un parc de réacteurs à neutrons rapides de 430 TWh/an, isogénérateurs et transmutant l'américium, nécessiterait – en fonctionnement permanent – la manipulation d'environ 900 tonnes de plutonium et 100 tonnes d’américium réparties dans les réacteurs et les usines du cycle. Ces masses représentent les quantités qui seraient à gérer à l’arrêt du cycle. À titre de comparaison, le fonctionnement d'un parc de REP (Réacteur à eau pressurisée donc à neutrons thermiques) moxés fournissant la même quantité d'électricité produirait des masses croissantes de plutonium (1.300 tonnes en 2150), non recyclables en REP et qui seraient à mettre en stockage géologique. Actuellement la recherche française est bridée par l'absence d'un réacteur à neutrons rapides accessible à la communauté scientifique en charge de l'étude de la transmutation, ce qui interdit d’exploiter pleinement l’avance scientifique, technique et technologique française en ce domaine. Or, des efforts de recherche importants sont à mener pour démontrer qu’Astrid peut fonctionner en recyclant son propre plutonium, et apprécier les avantages et les inconvénients des différentes stratégies envisageables pour transmuter les actinides mineurs. La Commission souligne que la logique scientifique ne se confond pas avec la rationalité industrielle. Le projet scientifique associé au réacteur Astrid doit d’abord servir un programme complet d'E&R passant en revue différentes stratégies de transmutation et permettre de pousser la recherche jusqu'à une évaluation complète des possibilités d'industrialisation. Entreposage et stockage des déchets radioactifs Or, de leur côté, les producteurs de déchets, EDF, Areva et le CEA, ont proposé pour cet ouvrage des options de conception alternatives, rassemblées dans un dossier appelé STI, transmis à l'Andra en novembre 2010. Comme l'a souligné l'Opecst, cette démarche des producteurs "engagée en dehors des cadres de concertation prévus par la loi" (Cf. rapport Opecst 19 janvier 2011 "Déchets nucléaires: se méfier du paradoxe de la tranquillité" - pdf) semble avoir été avant tout motivée par l'annonce faite par l'Andra d'un accroissement conséquent de son estimation du coût du projet de stockage géologique profond. La Commission rappelle que la loi du 28 juin 2006 confie à l'Andra la mission de "concevoir, d'implanter, de réaliser et d'assurer la gestion [...] des centres de stockage de déchets radioactifs..." (suite)
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La Commission estime que le travail effectué par les producteurs contient des éléments techniques qui méritent l’examen. La proposition d’architecture d’ensemble qui les organise participe d’une logique de réduction des coûts; or, ce projet satisfait moins bien que le projet 2009 de l’Andra, l’objectif prioritaire d’impact radiologique le plus réduit possible, compatible avec les conditions techniques et économiques. La DGEC (Direction générale de l'énergie et du climat, au sein du ministère chargé de l'écologie - pdf) a demandé à l'Andra d'évaluer les propositions des producteurs; elle a mis en place en avril 2011 une revue du projet Cigéo. Cette revue visait à formuler, avant le lancement de tout appel d'offres de maîtrise d'œuvre, un avis sur la robustesse du programme industriel, et à préciser quels pourraient être le cahier des charges du stockage et les pistes d'optimisation technico-économique à explorer. Le 11 octobre 2011, l'Andra a présenté à la Commission le document "Exigences applicables au projet Cigéo" qui constitue le cahier des charges pour la conception d'esquisses de stockage et leurs spécifications techniques. L'Andra a précisé avoir "choisi de retenir une maîtrise d’œuvre pour les études de conception de la période 2011-2017" et souligné que la maîtrise d'œuvre devra apporter "une réponse architecturale, technique et économique" (cf. Cigéo.SP. ADPG.11.0020.B). L'Andra, maître d'ouvrage, a donc décidé, après la revue de projet Cigéo, de procéder à un appel d'offre en vue de confier la "maîtrise d’œuvre système" à une entreprise extérieure. La Commission n’a pas eu le temps nécessaire pour analyser en détail le contenu de l’appel d’offres et la forme de gouvernance du projet que crée cette maîtrise d’œuvre. Toutefois, elle s’inquiète de ce que, sans avoir fait figurer un schéma conceptuel explicite dans son appel d’offres, l’Andra ait délégué la "maîtrise d’œuvre système" à une entreprise extérieure qui aura la charge de finaliser l’esquisse détaillée de la première tranche du stockage, les méthodes et le chiffrage des coûts de réalisation, tout cela en moins d’un an. La Commission demande que l’Andra assume pleinement toutes les responsabilités qui lui ont été confiées par la loi. L’Andra a mené à bien l'élaboration des dossiers 2005 et 2009 et la proposition de Zira (Zone d'intérêt pour une reconnaissance approfondie). Le passage d'une réflexion à base d'E&R à une élaboration industrielle engendre des difficultés nouvelles. La Commission souligne aussi que les producteurs (EDF, CEA et Areva) ont développé depuis de nombreuses années une très grande expertise en termes d'installations nucléaires, d'ouvrages souterrains, et de maîtrise des risques associés. La Commission recommande que, tout au long de la réalisation du projet industriel, les producteurs y soient effectivement associés et leur contribution mise à profit, à travers un processus qui reste à mettre en place mais où l’Andra conserverait toutes ses prérogatives de maître d'ouvrage. La Commission rappelle que dans moins de douze mois, le dossier préparatoire au Débat public devra porter à la connaissance du public les éléments essentiels du projet, notamment le schéma du stockage, les modalités de la réversibilité, le schéma des installations de surface, puits et descenderies, l'inventaire des déchets qui iront au stockage et une estimation du coût de l'installation suite à la remise du rapport de la Cour des Comptes sur le coût du nucléaire (analyse GSIEN, voir aussi le Rapport PNGMDR 2010-2012, pdf) et le "Rapport Charpin, Dessus, Pellat "de 2000, avec analyse GSIEN! Dimension internationale Quatre pays (Chine, Inde, Japon, Russie) développent des projets de RNR. La directive européenne Euratom du 19 juillet 2011 (pdf) a conclu que "Le stockage géologique constitue actuellement la solution la plus pérenne et la plus durable". Trois pays ont un calendrier qui prévoit l’ouverture en 2025 d’un stockage profond de déchets radioactifs de haute activité à vie longue: la Finlande, la France et la Suède. En Suède, en mars 2011, SKB a déposé son dossier de demande d’autorisation de construction. La Suède est donc le premier pays à avoir franchi cette étape. p.23
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SUR LES ACTIVITÉS DU CNRS Les représentants du CNRS ont rendu
compte des travaux sur les systèmes d’énergie nucléaire
du futur et le stockage géologique des déchets radioactifs,
menés dans le cadre du programme de recherche sur l’aval du cycle
(Pacen). Annexe 3 (page 90)
Les besoins mondiaux en uranium sont actuellement
de l’ordre de 60.000 tonnes par an (pour environ 2.700 TWh produits chaque
année par le nucléaire). La production des mines ne couvre
actuellement que 60 à 70% de ces besoins, soit environ 40.000 tonnes;
le reste correspond à de l’uranium déjà extrait, retraité
ou déstocké à partir d’usages civils ou militaires.
Il existe en pratique deux marchés de l’uranium: le marché
dit "spot" qui joue un rôle marginal assurant 10 à 15% des
besoins; le marché de contrats bilatéraux à long terme
qui couvre 50 à 55% des besoins environ, le solde correspondant
à de l’uranium retraité. A terme, le déstockage d’uranium
militaire devrait disparaître et la production minière sera
donc appelée à augmenter.
(suite)
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Les réserves prouvées d’uranium récupérables à un coût inférieur à 70$ par livre sont estimées entre 3,3 et 5,4 millions de tonnes, selon les sources et les hypothèses de coût, ce qui correspond à 80 années de fonctionnement des réacteurs actuellement en service. Ces réserves sont assez bien réparties dans le monde et la plupart des pays détenteurs de réserves sont aujourd’hui considérés comme fiable; ainsi l’Australie détient 22% des réserves prouvées, le Kazakhstan 15%, le Canada 11%, les États-Unis 10%, l’Afrique du Sud 8%. Les pays de l’OCDE détiennent 40% des ressources identifiées d’uranium. Le Canada et l’Australie contribuent d’ailleurs à eux seuls à 44% de la production mondiale d’uranium. De nouvelles découvertes sont au demeurant probables, de sorte que dans le contexte actuel il ne faut pas craindre la pénurie, ni la dépendance à l’égard de fournisseurs peu fiables. La dépendance du nucléaire vis-à-vis de la disponibilité en uranium peut donc être considéré comme faible, et si l’on comptabilise les réserves probables avec les réserves possibles, on dispose de plus de 100 ans de combustible sur la base des réacteurs actuellement en service. Mais il ne faut pas exclure une forte reprise de la construction de réacteurs dans le futur. Si cela paraît peu probable aujourd’hui du fait de l’arrêt de certains programmes - mais aussi en raison d’un prix très bas du gaz sur le marché américain, ce qui pénalise le nucléaire par rapport aux cycles combinés avec gaz- une forte reprise des investissements nucléaires après 2030 est une hypothèse à envisager. Certains scénarios de l’AIEA ou de l’IIASA montrent que, dans ce cas, des tensions sur le prix de l’uranium pourraient à nouveau apparaître. Les réserves en uranium pourraient devenir, à nouveau, une contrainte forte et le recours à des réacteurs à neutrons rapides éloignant pour quelques siècles tout risque de pénurie pourrait se justifier. ADS – SYSTÈMES PILOTÉS PAR ACCÉLÉRATEUR autre document: in2p3.fr (pdf) Les ADS (Accelerator Driven Systems - Systèmes
pilotés par accélérateur) sont proposés comme
alternatives aux réacteurs critiques rapides pour l’élimination
des actinides mineurs présents dans les déchets issus du
retraitement des combustibles usés.
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5.2. ASPECTS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES ÉTUDIÉS OU À DÉMONTRER Il n’y a pas, actuellement, d’ADS opérationnel, bien que différents sous-éléments d’un ADS aient été ou sont construits et étudiés. Le couplage accélérateur-source de spallation Pb-Bi a été étudié dans le cadre international de l’expérience Mégapie (Megawatt Pilot Target Experiment) à l’Institut Paul Scherrer (PSI - Suisse). L’expérience Mégapie, qui s’est déroulée en 2006 et dont les résultats sont actuellement en cours d’études, est le fruit d’une collaboration entre 17 partenaires dont le CEA et le CNRS. Le but est de démontrer la faisabilité d’une cible de Pb-Bi comme source de spallation de grande intensité. Le couplage accélérateur-réacteur sous-critique a été étudié dans le cadre de l’expérience Muse-4 à Cadarache, auprès du réacteur expérimental Masurca sur la période 2000-2004. À cette fin, le CNRS a développé un accélérateur-source de neutrons pulsé, Genepi. Guinevere, installé dans le réacteur Vénus au SCK•CEN (Centre d'études nucléaires de Mol en Belgique) est un modèle à puissance réduite d’un premier ADS avec un cœur entier au plomb. Le projet est une collaboration entre le SCK•CEN qui a modifié le réacteur Vénus d’un réacteur à eau pour le transformer en réacteur au Pb (solide vu la faible puissance), le CEA qui a mis le combustible à disposition, et le CNRS qui a livré Genepi-3C, l’accélérateur à faisceau continu ou pulsé. Les expériences menées sur Guinevere, démarrées en 2010, permettront de comprendre le comportement spécifique d'un ADS. Elles visent notamment à qualifier une méthodologie permettant de suivre, en cours de fonctionnement, la mesure en continu du niveau de sous-criticité, paramètre caractérisant la sûreté du système couplé accélérateur réacteur. Depuis mars 2011, le projet FREYA (Fast reactor experiments for hybrid applications) est la poursuite des études entamées dans Guinevere. Le CEA et le CNRS sont partenaires de ce projet 7ème PCRD. Le Pb-Bi est employé comme caloporteur dans les réacteurs russes. La visualisation sous métal liquide et les interactions entre l’eutectique et les matériaux en contact avec le Pb-Bi, sont actuellement étudiées au SCK•CEN dans le cadre du projet Myrrah et par d’autres partenaires en Europe (KIT, CIEMAT, ENEA, KTH), en Russie (IPPE) et aux USA (LANL, MIT). Les études initiées dans le projet Eurotrans, ont donné lieu au projet CDT (Central Design Team) dans le cadre duquel la conception du système "Murrah-Fastef" est développée. Myrrah/Fastef permettra d’étudier la transmutation d’actinides dans des flux très intenses de neutrons rapides. Le CNRS et Areva sont partenaires du projet CDT. Dans le cadre de Gedepeon, divers scénarios pour la transmutation en RNR ou/et ADS ont été étudiés en collaboration entre le CEA, CNRS, EDF et Areva. Les scénarios, spécifiques du contexte français, ont comparé les approches à simple ou double strate, en réacteur électrogène ou dédié. Comme les scénarios sont étudiés sur la base de données non-encore vérifiées expérimentalement, ainsi que sur des technologies encore virtuelles, les résultats doivent être considérés avec prudence. Actuellement dans le cadre du 7è PCRD, le projet Arcas permet d'étudier les scénarios de transmutation en mode hétérogène (c.-à-d. avec des combustibles de transmutation dédiés). Le projet est coordonné par le SCK•CEN avec la participation de 11 partenaires dont CNRS. Les principaux verrous qui restent à lever avant la construction d’un prototype industriel ADS pour la transmutation sont: - la fiabilité de l’accélérateur à haute puissance (recherches très prometteuses au CNRS, au CEA et à l’étranger); - la pérennisation de la démonstration de la source de spallation (Mégapie) pour des durées de fonctionnement d’un an au moins; - la confirmation des choix des matériaux en générant une base de données expérimentales; - la fabrication de combustible à haute teneur en actinides mineurs (recherche préliminaire au CEA et à l’ITU en Europe ainsi qu’au Japon et aux USA); - la robotique pour les technologies d'inspection et de maintenance sous métal liquide, dans un environnement fortement irradiant; - l’étude de scénarios optimisés dans un contexte national spécifique, ainsi que la consolidation de la dimension économique. Il est à noter, qu’à côté de l’emploi des ADS pour la transmutation, les ADS offrent des perspectives très prometteuses comme sources à haut flux de neutrons rapides pour l’étude et la qualification de matériaux et combustibles pour les RNR, ou autres nouveaux concepts de réacteurs. (suite)
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Dans cette optique, le projet Myrrha est retenu dans le cadre de ESNII (European Sustainable Nuclear Industrial Initiative) comme installation de support pour le développement des réacteurs rapides au sodium (Astrid), gaz (Allegro) et plomb (Alfred). Myrrah fait également partie de la feuille de route d’ESFRI (European Strategy Forum on Research Infrastructures) pour les grandes infrastructures de recherche pour l’énergie. Concernant la recherche sur les ADS, la Commission peut noter l’important effort de recherche du CNRS-Pacen au niveau de l’accélérateur et du faisceau, ainsi que les travaux du CEA axés sur le combustible à haute teneur d’actinides et sur les matériaux. Les autres recherches technologiques se font principalement à l’étranger, dans le cadre de projets européens ou nationaux. Annexe 7 (page 100)
Depuis 1995, de très nombreux forages
ont été réalisés dans la région de Meuse-Haute
Marne et de nombreux profils de sismique réflexion 2D et 3D ont
été retraités (cas de l'ancienne sismique pétrolière)
ou acquis par l'ANDRA (15 km de 2D en 1995, 4 km2 de 3D en 1999)
afin de reconnaître l'architecture du sous-sol et caractériser
le degré d'hétérogénéité au sein
des argilites callovo-oxfordiennes et de ses encaissants. Ces données
ont tout d’abord permis de définir une zone de transposition d’environ
250 km2 où pourraient être identifiées une
ou plusieurs zones d’intérêt pour une reconnaissance approfondie
(Zira) d’une trentaine de km2 destinées à l’implantation
d’un stockage.
7.1. APPORTS DE LA NOUVELLE CAMPAGNE GÉOPHYSIQUE 3D
p.25
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L'ensemble des données géophysiques désormais disponibles sur la Zira démontrent qu'il n'y a pas d'objets structuraux identifiables par sismique, donc de rejet supérieur à 5 m selon l’Andra, au mur et au toit du Cox, qui seraient apparus après son dépôt et seraient donc susceptibles de traverser cette formation. En l'absence de marqueurs sismiques au sein du Cox, on ne peut toutefois exclure l'existence de fractures de rejets moindres, qui seraient dues à des tassements différentiels au cours de la sédimentation ; mais de telles fractures devraient rester confinées dans les formations imperméables, sans risque de se prolonger dans les encaissants sus-jacents et a fortiori sous-jacents. La nouvelle campagne sismique confirme l’excellente homogénéité de la Zira. Le modèle géologique 3D apparaît, à l’issue des premières interprétations des données sismiques, suffisamment robuste pour que l’on puisse exclure la présence de discontinuités structurales traversant la couche du Callovo-oxfordien et capables d’assurer une liaison hydraulique avec les aquifères encaissants. La présence de discontinuités de faible extension au sein même de la couche ne peut à ce stade être totalement écartée. De tels objets ne seraient visibles qu’au moyen de forages inclinés pénétrant la couche argileuse ou dans les galeries et forages au cours de la progression du creusement du stockage. Il faut noter qu’aucun objet de ce type n’a été jusqu’à ce jour rencontré, ni dans les différents forages verticaux ou inclinés réalisés, ni dans le laboratoire souterrain. La décision d’entreprendre de nouveaux forages inclinés au sein de la Zira avant le creusement du stockage devra être soigneusement pesée car ceux-ci pourraient constituer des voies de transfert potentielles reliant le Callovo-oxfordien à sa couverture. 7.2. CONNAISSANCE DES VARIATIONS LITHO-STRATIGRAPHIQUES DU CALLOVO-OXFORDIEN
(suite)
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L’Andra dispose à présent d’un modèle géologique conceptuel justifiant la transposition à la Zira des données élaborées à partir des informations acquises dans le laboratoire souterrain. 7.3. CONNAISSANCES SUR L'HYDROGÉOLOGIE RÉGIONALE ET
LOCALE
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7.4. SITUATION DE LA MODÉLISATION HYDROGÉOLOGIQUE Différents outils de modélisation numérique ont déjà été mis en œuvre à l'échelle régionale pour simuler l'écoulement des fluides dans les couches géologiques du Bassin de Paris, à partir d'un bloc géologique 3D bien documenté permettant de décrire l’architecture des failles et des strates calée sur les données sismiques et de forages. Cette architecture est décrite au moyen de codes de calcul mis au point à l’Institut Français du Pétrole, Dionisos pour le modèle litho-stratigraphique et Fraca pour les réseaux de failles. La modélisation hydrogéologique a été reprise en 2008 par l’Université de Neuchâtel qui a entrepris, avec ses propres outils de simulation, la construction d’un modèle unique rassemblant la problématique régionale et la problématique de secteur. Les travaux sont toujours en cours de développement et aucune avancée significative n’a été présentée à la Commission en 2010. La Commission considère qu’un effort doit être fourni pour faire aboutir au mieux et rapidement la modélisation hydrogéologique régionale et de secteur. Un tel outil de modélisation est en effet nécessaire pour préciser définitivement le rôle hydraulique des failles bordières de la zone de transposition qui pourraient jouer un rôle sur la définition et le comportement des exutoires de radionucléides susceptibles de diffuser, à très long terme, depuis le stockage vers les aquifères encaissants. L’outil de modélisation sera également incontournable pour prédire puis contrôler l’impact hydrodynamique du creusement des puits d’accès au stockage et de la descenderie. La Commission souhaite que lui soit présentées, le moment venu, dans le détail, les hypothèses et les conclusions de la modélisation hydrogéologique. Annexe 8 (page 106)
La Commission avait demandé à l’Andra de réaliser un bilan des effets à grande échelle de la charge thermique du stockage profond. 8.1. CRITÈRES THERMIQUES
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8.1.1. Caractéristiques thermiques naturelles de la couche L’Andra a reconnu les caractéristiques thermiques de la couche de Cox et des niveaux qui l’encadrent, notamment à l’occasion du forage profond au Trias. Le flux géothermique (60mW/m2) est normal et détermine un gradient géothermique qui varie avec la conductivité thermique des formations, Dogger, Callovo-Oxfordien, Oxfordien carbonaté et Kimméridgien. La température varie de 22°C à 27°C du haut en bas de la couche du Cox. En s’appuyant sur les profils de température mesurés en sondage, les essais en laboratoire de surface et les essais "thermiques" dits TER et TED menés dans le laboratoire souterrain, l’Andra découpe la couche du Cox en une sous-unité "1" inférieure, plus argileuse, qui contiendrait le niveau d’un futur stockage, et dont la conductivité est nettement anisotrope mais constante à l’échelle de la Zira; et une sous-unité "2" supérieure, dont la conductivité est plus variable avec la minéralogie, proche de celle de la sous-unité 1 au niveau du laboratoire, plus élevée et moins anisotrope quand on s’en éloigne dans la direction du nord-ouest. Globalement, la conductivité thermique de la couche du Cox peut être considérée comme relativement homogène à l’échelle de la Zira, nettement anisotrope et plus faible que celle de beaucoup d’autres roches, ce qui retarde relativement la dissipation de la chaleur. 8.1.2. Effets thermiques
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8.1.3. Effets thermo-hydrauliques Les gradients thermiques et la perméabilité sont trop petits pour qu’une circulation thermo-convective (l’eau des pores au voisinage du stockage, chauffée donc plus légère, remonte vers le toit de la couche) puisse se mettre en place dans la formation, comme l’établissait déjà le Dossier 2005. 8.1.4. Effets poro-mécaniques Le fait le plus remarquable est sans doute l’apparition de surpressions dans l’eau interstitielle des argilites. Elles affectent l’ensemble de la couche du Callovo-Oxfordien. Elles sont engendrées par la dilatation thermique de l’eau contenue dans les pores. Elles peuvent atteindre quelques MPa et se dissipent lentement en raison de la faible perméabilité du milieu (les diffusivités thermique et hydraulique sont dans un rapport de 100 environ, la chaleur se propage plus vite que la surpression ne se dissipe). Les essais dans le laboratoire souterrain ont confirmé, à plus petite échelle, l’existence de ce phénomène. 8.1.5. Effets thermo-mécaniques L’Andra a estimé les contraintes mécaniques qui apparaissent dans la couche du Cox au moyen d’un calcul numérique effectué dans l’hypothèse d’un comportement élastique du milieu. L’ordre de grandeur des accroissements de contrainte moyenne et de contrainte déviatorique (celle-ci mesure l’intensité des cisaillements) est de quelques MPa. La comparaison des résultats du calcul avec un critère de rupture à court terme laisse une marge appréciable vis-à-vis du risque de rupture. Toutefois ce calcul est préliminaire à plusieurs égards (on ne distingue pas bien si on raisonne en contraintes effectives ou en contraintes totales, ni si le comportement viscoplastique, éventuellement influencé par la température, peut jouer un rôle. Par ailleurs, après un siècle, une part significative de la chaleur des déchets est déjà produite; des contraintes additionnelles de quelques MPa sont engendrées, équivalant très grossièrement à un approfondissement de l’ouvrage de une ou deux centaines de mètres; il faudrait s’assurer des conséquences possibles des sur-contraintes engendrées pour les parties encore en exploitation). En revanche l’endommagement d’origine thermique (lié à la dilatation thermique différentielle des grains qui composent l’argilite) paraît modéré et limité au plus à une zone peu épaisse au voisinage immédiat des ouvrages. On observe que la couche du Callovo-Oxfordien est ainsi le siège de plusieurs perturbations - température, pression de l’eau interstitielle, contraintes mécaniques, diffusion-advection de l’hydrogène. Ces perturbations ne sont pas très intenses mais leur association est assez inhabituelle dans les ouvrages souterrains pour lesquels on dispose d’un retour d’expérience. La Commission estime que des recherches plus approfondies devraient être conduites sur ce sujet et souhaite que les résultats lui en soient présentés. 8.2. EXPÉRIMENTATIONS THERMIQUES
8.2.1. Essai TER
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8.2.2. Essai TED Les leçons tirées de l’essai TER, notamment pour le placement des capteurs, ont été mises à profit pour concevoir et dimensionner l’essai TED, mis en place en 2009. Il est plus complexe car il comporte trois sondes chauffantes parallèles distantes de 2,6 m placées entre 12 et 16 m de la paroi de la galerie d’accès, pour s’affranchir des effets des fluctuations de température dans cette dernière. Il comporte un assez grand nombre de forages périphériques (22 au total) pour la mesure des températures, pressions interstitielles et déplacements. La chauffe a commencé en janvier 2010. L’objectif est, d’une part, de vérifier l’impact de la superposition de champs thermiques – qui ne devrait en principe pas révéler de surprise, les équations qui décrivent le comportement thermique étant linéaires – et, d’autre part, d’analyser l’endommagement induit par la chauffe. Les interprétations seront vraisemblablement délicates. La température présente un effet de chargement, par l’intermédiaire de la dilatation de l’eau, de celle de la roche et de leur contraste qui induit un accroissement de pression interstitielle ; elle donne lieu aussi à un effet de modification des paramètres du comportement thermique et mécanique, conductivité, propriétés élastiques, critère plastique, vitesse de déformation viscoplastique, endommagement. Ces effets sont certainement plus ou moins couplés. Les premiers résultats de l’essai TED confirment l’apparition de pressions interstitielles significatives et permettent de mieux préciser les valeurs des paramètres thermiques. La Commission souhaiterait être assurée que les essais en place, aux cours desquels tous ces effets s’exercent simultanément, sont étroitement associés aux efforts d’expérimentation en laboratoire de surface, qui peuvent être conduits dans des conditions plus simples, et de modélisation, qui permettent de tirer tout le profit souhaitable des expérimentations en place. 8.2.3. Essais en forage
8.3. THERMIQUE ET TRANSMUTATION
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8.4. CONCLUSION La Commission souhaitait mieux apprécier l’état des recherches en matière de charge thermique, notamment parce que celle-ci entretient des relations étroites avec d’autres questions : étendue horizontale du stockage, avantages de la transmutation, choix de la durée de refroidissement avant stockage. Même s’il subsiste quelques incertitudes, l’acquisition des paramètres nécessaires aux calculs thermiques est en bonne voie. L’analyse des effets thermomécaniques devrait faire l’objet de nouveaux efforts, suggérés plus haut. Le critère de 90°C au maximum à la paroi des alvéoles joue un rôle important dans le dimensionnement du stockage par l’Andra; il apparaît raisonnable au vu des choix faits dans d’autres pays. C’est la réduction de l’emprise du stockage qui apparaît comme l’avantage le plus substantiel qu’apporterait une réduction de la charge thermique. Les progrès des connaissances passeront par des essais en vraie grandeur réalisés dans le laboratoire. Annexe 10 (page 123)
Le mot de "réversibilité" est,
aux yeux de la CNE, si ambigu, qu'il compromet la transparence souhaitable
du projet. La Commission estime indispensable à l'information judicieuse
de tous les acteurs concernés par le stockage et, en particulier,
du citoyen, de dissiper cette ambiguïté par l'adoption d'un
lexique plus précis. Elle propose de retenir trois mots distincts
pour trois réalités différentes:
(suite)
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suite:
Des moyens d’observation et de surveillance doivent fournir les informations utiles sur l’évolution des colis et de leur environnement. Les colis retirés, quelle que soit leur quantité, doivent pouvoir être entreposés à la surface, sur place ou à distance, dans des conditions sûres. Enfin un retrait éventuel doit avoir été organisé : il faut prévoir les circonstances qui pourraient le rendre nécessaire, disposer des éléments permettant de décider le retrait, dont l’estimation de son coût et des risques pour les opérateurs, préparer des plans de retrait intégrant les difficultés qui peuvent survenir, pouvoir adapter le rythme de déstockage à la nature de l’événement qui l’a rendu nécessaire et vérifier que les plans de retrait sont cohérents et applicables. 10.1. EXERCICES DE REVERSIBILITÉ
10.1.1. Circonstances pouvant conduire à un retrait
10.1.2. Choix d’une nouvelle filière de gestion, valorisation
des déchets stockés
10.1.3. Défaut d’un colis ou de la barrière ouvragée
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Le retrait total des colis est réclamé par une partie de l’opinion publique. Il apparaît toutefois très coûteux (plusieurs milliards d’euros) d’autant que le stockage n’a pas été conçu à l’origine pour être réversible. Au contraire, le stockage de déchets toxiques de Stocamine, réalisé dans des galeries creusées à cette fin dans les anciennes mines de potasse d’Alsace, à Witelsheim, avait en principe été conçu pour être réversible. Un incendie a affecté un des blocs de stockage à la suite de la descente de colis qui avaient pourtant été clairement identifiés comme non conformes dès leur arrivée au stockage. Une étude préalable de risques à long terme avait été réalisée; même si elle souffrait d’un examen critique contradictoire insuffisant, elle avait le mérite d’exister, ce qui ne semble pas être le cas pour beaucoup d’ouvrages de même nature. Même si l’incendie ne remettait pas directement en cause les principes de confinement à long terme définis dans cette étude, il a engendré un vif sentiment de rejet dans l’opinion locale qui réclame la mise en œuvre de la réversibilité. Il apparaît toutefois que, si le retrait n’est sans doute pas impossible –173 colis ont été retirés en 2001-2002, assez difficilement mais sans incident majeur - il présente des risques pour les travailleurs qui en seraient chargés, notamment parce que le jeu initial réduit laissé entre les colis et les parois rend malaisée la préhension des colis par des engins de manutention et augmente le risque de chute de colis suivi d’un épandage des produits toxiques. Par ailleurs ce jeu a diminué plus vite que prévu, sous l’effet de la convergence des parois des galeries creusées dans le massif de sel, de sorte que l’objectif initial d’une réversibilité pendant une période de 30 ans n’est sans doute plus vérifié. Cet exemple illustre l’importance d’une prévision correcte des mouvements de terrains qui s’accumuleront pendant la période de réversibilité. Le Centre de Stockage de la Manche (CSM) créé par le CEA, avant la mise en place des règles actuellement applicables aux stockages de surface, a été géré à partir de 1979 par l’Andra. En 1996 on constatait la présence dans le stockage de zones chaudes en radionucléides alpha et la présence importante de plomb, interdisant que le stockage puisse être banalisé, comme c’est le cas pour les stockages analogues conçus ultérieurement, après une durée de 300 ans. Les colis problématiques, peu nombreux, sont placés à une dizaine de mètres sous la surface. Leur retrait a été envisagé, mais on a préféré la mise en place d’une couverture pérenne, en raison des doses élevées auquel le retrait aurait risqué de soumettre les travailleurs concernés et l’environnement. De ces quelques exemples, on tire qu’on a pu facilement retirer un petit nombre de colis d’un stockage où la réversibilité a été prévue et convenablement préparée (WIPP); qu’elle est devenue plus difficile dans un stockage où elle avait été prévue mais insuffisamment préparée (Stocamine); et qu’elle est plus problématique dans des ouvrages où la préoccupation de réversibilité n’avait pas été intégrée dès l’origine (Centre Manche, Asse). Dans tous les cas la sécurité des travailleurs est un élément important à peser pour décider du retrait. Dans le cas du stockage profond envisagé en Meuse/Haute-Marne, la procédure de caractérisation, certification et vérification à la réception bénéficie, en comparaison du cas des déchets toxiques, de l’expérience acquise par l’Andra dans les stockages qu’elle exploite déjà, du petit nombre et de la compétence des producteurs de déchets. C’est l’occasion de rappeler l’importance, dans le cas français, d’une séparation nette des rôles des producteurs et du stockeur. Les conditions paraissent donc propices à une stricte limitation du nombre d’erreurs, mais c’est un sujet qui n’a jamais été abordé jusqu’ici devant la Commission. De même, la probabilité d’existence d’un défaut de la barrière géologique (faille, lentille de sable) s’amenuise au fur et à mesure que les reconnaissances confirment la continuité et les qualités intrinsèques de la couche d’argilite. Il faut néanmoins que ces reconnaissances se poursuivent dans l’emprise de la Zira. (suite)
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10.1.4. Contrôle du processus de stockage; risque "d’abandon" du stockage Dans l’enquête que l’Andra a conduite auprès des acteurs locaux, deux autres raisons de rendre le stockage réversible sont avancées. La première est de permettre un contrôle du déroulement du processus de stockage. En l’absence d’une possibilité effective de retrait pendant toute la période de réversibilité, un processus d’autorisation par étapes serait un exercice en grande partie vidé de son sens. En ménageant toutes les options, la réversibilité donne tout son sens à un réexamen périodique du stockage. Le rythme, la procédure et les formes de participation des citoyens à un tel examen restent à préciser et à débattre dans la perspective de la loi sur la réversibilité qui sera examinée en 2015. La seconde raison, qui cherche encore une formulation précise, est la préoccupation "que le site ne soit pas abandonné". Le point de vue de la Commission est qu’il faut prendre dès aujourd’hui les dispositions de conception nécessaires pour que le stockage puisse être fermé lorsque tout l’inventaire envisagé aura été stocké. Il existe pour cela au moins deux raisons. D’une part, les qualités du stockage laissé ouvert se dégraderaient au cours du temps; d’autre part, il est souhaitable de ne laisser que la charge de gestion la plus faible possible aux futures générations, qui n’auront pas bénéficié des avantages dont les déchets sont la contrepartie. Cette position de principe, qui implique des dispositions pratiques à prendre dès maintenant, n’empêche en rien que ces futures générations choisissent le jour venu, en connaissance de cause, une autre voie que celle envisagée aujourd’hui; elle laisse entière leur liberté de choix. Par ailleurs la Commission observe une évolution progressive de la conception de la fermeture: celle-ci n’est plus nécessairement synonyme d’abandon et d’oubli, comme elle pouvait tendre à l’être il y a une quinzaine d’années. Les possibilités de surveillance après fermeture et les moyens d’assurer une mémoire à long terme de l’existence d’un stockage fermé font l’objet d’une réflexion approfondie. L’absence de contrôle institutionnel après une certaine période de temps, qui est à l’origine de l’exigence de sûreté passive à long terme, apparaît ainsi comme une hypothèse prudente et nécessaire; l’absence de tout contrôle n’est pas pour autant souhaitable, et il est également prudent de réfléchir aux dispositions qui en réduisent la probabilité. 10.1.5. Incident de manutention
10.1.6. Hypothèse d’un déstockage rapide
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10.2. ÉVOLUTIONS DES ALVÉOLES ET DES COLIS PENDANT LA PÉRIODE DE RÉVERSIBILITÉ 10.2.1. Mise en place des colis dans les alvéoles
10.2.2. Retrait des colis HAVL
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Un phénomène analogue affecterait l’extrados du chemisage qui, pour sa part, est certainement au contact d’oxygène et d’eau du massif, après un temps court. L’Andra estime que la vitesse de corrosion, initialement rapide, chuterait rapidement. Hormis leurs effets directs sur l’état du chemisage et du surconteneur, que l’Andra apprécie comme modestes, ces conditions, en cas de réouverture de l’alvéole, mettront l’atmosphère de la galerie en contact avec une phase fluide contenant de l’eau liquide, de la vapeur et de l’hydrogène, produit de la corrosion anoxique, à pression et température élevées, plusieurs MPa et un peu en-dessous de 100°C. La réouverture de l’alvéole doit tenir compte de cette situation. L’autre problème posé est celui de l’ovalisation et de la perte d’alignement. Le chemisage, surtout s’il reste étanche, sera soumis à son extrados à la pression hydrostatique à la profondeur du stockage, soit 5 à 6 MPa, peut-être un peu plus à cause des effets de dilatation thermique. A plus long terme, le jeu laissé entre massif et chemisage se résorbera et le poids des terrains, de l’ordre de 11 MPa, s’appliquera, d’abord localement, puis, à terme, sur l’ensemble du chemisage. Les calculs que propose l’Andra pour rendre compte de ces phénomènes gagneraient en crédibilité si l’on disposait de modèles consolidés et validés du comportement différé engendré par les effets conjoints du fluage, de l’évolution des pressions de pore, de la dilatation thermique, éventuellement des transformations physico-chimiques affectant le massif. Ces évolutions mécaniques pourraient conduire à l’ovalisation du chemisage et donc au blocage des colis en cas de retrait. On peut l’éviter en dimensionnant largement l’épaisseur du chemisage, avec l’inconvénient d’accroître son poids et de compliquer sa mise en place dans l’alvéole (les essais actuels de réalisation d’alvéoles chemisés ont été effectués avec un chemisage moins épais que le chemisage nominal). L’Andra a étudié dans le centre de Saudron les effets de défauts sur le retrait d’un colis de stockage: écartement de tronçons, défaut d’alignement transversal ou axial. Les défauts simulés étaient en principe très "enveloppe", ce qui a pu être vérifié pour les défauts initiaux de construction sur l’exemple des alvéoles creusés dans le laboratoire, mais reste à établir pour les risques d’évolution au cours du temps, ovalisation et perte d’alignement axial. La Commission souhaite que lui soient présentés les calculs de dimensionnement vis-à-vis du risque d’ovalisation et estime qu’il faudra dès que possible mettre en œuvre des essais en place complètement représentatifs des conditions réelles, seuls susceptibles d’entraîner complètement la conviction quant au risque d’ovalisation. Dans la direction axiale, l’hétérogénéité inévitable des propriétés mécaniques du massif et le développement inégal des augmentations de température, par exemple lié à la présence d’intercalaires qui ne produisent pas de chaleur, engendreront des déplacements du massif variables le long de l’axe de l’alvéole et des pertes possibles d’alignement, susceptibles elles aussi de créer des blocages de colis lors d’un retrait. L’Andra a vérifié par des essais de traction des colis à la surface du sol qu’on disposait de marges vis-à-vis d’une perte d’alignement. C’est une indication précieuse mais qui, là aussi, devra être confirmée par des essais en conditions réelles. L’Andra envisage de réaliser des alvéoles d’une quarantaine de mètres de long, et, après quelques tâtonnements inévitables, a réussi un premier essai de creusement d’un alvéole chemisé de cette longueur. Ces tentatives sont évoquées dans une autre partie du rapport. L’Andra ne s’interdit pas d’explorer la possibilité de réalisation d’alvéoles plus longs, avec des avantages en termes de coût. Il est clair néanmoins qu’hormis sa faisabilité, qui ne paraît pas immédiatement acquise, un allongement de l’alvéole risque de compliquer le retrait, la perte d’alignement, et notamment de l’alignement initial, étant plus probable avec un alvéole plus long. 10.2.3. Retrait des colis MAVL
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Le retrait des colis MAVL est, plus fidèlement que dans le cas des colis HAVL, l’inverse de la mise en place car les colis ne sont pas extraits par traction mais repris par le même robot qui les a mis en place. L’obturation définitive des alvéoles de déchets MAVL n’est pas immédiate; au contraire une ventilation est organisée pour évacuer les gaz produits et, à un moindre degré, pour refroidir les colis. La ventilation facilite la surveillance de l’atmosphère de l’alvéole ; en maintenant une atmosphère sèche dans l’alvéole, elle réduit considérablement les vitesses de corrosion. En revanche, après obturation, de l’eau pourra être présente au moins localement avec, pour certains colis, formation d’hydrogène ou augmentation de la température jusqu’à des valeurs de l’ordre de 40 à 70°C. 10.2.4. Conclusion sur l’évolution des alvéoles
10.3 ANALYSE DES PERTURBATIONS
10.4. RÉVERSIBILITÉ ET ENTREPOSAGE
(suite)
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Enfin cette question n’est pas séparable de celle de capacités d’entreposage nationales dont l’entretien ou la création, d’ici 2040, dépend de choix plus généraux dont le spectre est a priori très large, de l’arrêt progressif de la production d’énergie nucléaire à la mise en œuvre à grande échelle de réacteurs de 4ème génération. Notamment les questions de la réalisation d’un entreposage de grande capacité pour les déchets ultimes auprès du site de stockage, ou au contraire d’un retour après retrait du stockage de colis de déchets vers les entreposages des producteurs, sont encore loin d’être posées de manière complète, même sur le seul plan technique. A l’intérieur de ce cadre, l’Andra s’efforce de concevoir des solutions innovantes d’entreposage caractérisées par une certaine polyvalence (l’entreposage pourrait recevoir une grande variété de colis, simultanément si nécessaire) et une durabilité séculaire. Dans le cas des déchets MAVL, sont envisagés des rayonnages exploités par transstockeur et le placement des colis sur un palier avec longrines. La durabilité est assurée par la ventilation par air sec, qui limite la corrosion et la carbonatation atmosphérique. Les colis HAVL, dont certains des plus récents sont fortement exothermiques, nécessitent, hors hypothèse d’un retrait, une capacité d’entreposage accrue, que l’on peut dimensionner pour qu’elle puisse de plus recevoir d’éventuels colis récupérés. Mais le besoin d’un module dédié au retrait de quelques centaines de m3 pourrait apparaître vers 2050. Les principales solutions envisagées sont : l’empilement de paniers de 6 colis primaires (ou 6 colis de stockage) refroidis par convection naturelle (c'est-à-dire le brassage de l’air engendré par l’existence d’écarts de température), dérivé de l’entreposage E-EV-SE de La Hague, mais avec un plus grand diamètre; le positionnement vertical sur dalle des colis refroidis par convection forcée, dérivé de l’entreposage actuel des CSD-C, que l’on adapterait au cas de colis HAVL; et la mise en casemate de béton, dérivée du Nuhoms® des combustibles usés. Les deux dernières solutions, moins bien adaptées à des déchets dégageant de fortes puissances thermiques, conviendraient à des déchets retirés du stockage. La Commission constate que l’entreposage des déchets éventuellement retirés d’un stockage est une question qui n’appelle pas une réponse à courte échéance et que sa solution dépend en partie de l’évolution, dont il est difficile de préjuger, du paysage énergétique français dans les trente années à venir. Elle observe que l’Andra y consacre, et doit continuer d’y consacrer, des moyens de recherche suffisants pour apporter en temps voulu les réponses souhaitables. p.32
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