En 2009, EDF a
fait part à l’ASN de sa volonté d’étendre la durée
de fonctionnement significativement au-delà de quarante ans et de
maintenir ouverte l’option d’une durée de fonctionnement de 60 ans
pour l’ensemble des réacteurs (documents en référence
[1] et [2]). Dans cette intention, EDF a transmis à l’ASN le programme
générique proposé à cet effet. Ce programme
générique comprend trois aspects essentiels: la méthodologie
proposée, les principaux objectifs de sûreté poursuivis
et les thèmes à traiter. EDF propose de décliner ce
programme générique lors des réexamens de sûreté
associés aux quatrièmes visites décennales des réacteurs
de 900 et 1300 MWe (documents en référence [3] et [4]).
L’ASN, avec l’appui de l’IRSN, a examiné ce programme générique et a consulté le Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) en 2012. La présente lettre fait suite à ces analyses. L’ASN rappelle tout d’abord que la poursuite du fonctionnement des centrales nucléaires au-delà de la durée pour laquelle elles ont été initialement conçues suppose de garantir le maintien, au-delà du quatrième réexamen de sûreté, de la conformité des équipements importants pour la sûreté aux exigences qui leur ont été fixées. Par ailleurs, dans les années à venir, les réacteurs actuels coexisteront, au niveau mondial, avec des réacteurs, de type EPR ou équivalent, dont la conception répond à des exigences de sûreté significativement renforcées. Les réacteurs nucléaires actuels doivent donc être améliorés, au regard de ces nouvelles exigences de sûreté, de l’état de l’art en matière de technologies nucléaires et de la durée de fonctionnement visée par EDF, conformément aux termes de la lettre en référence [5]. L’ASN a examiné, sur ces bases, votre programme générique associé à la poursuite du fonctionnement des réacteurs du parc au-delà de 40 ans et considère que la méthodologie proposée est globalement satisfaisante. (suite)
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suite:
En revanche, et
au-delà des actions complémentaires qu’EDF s’est engagée
à mener (courriers en références [6] et [7]), des
modifications et compléments sont nécessaires pour ce qui
concerne les objectifs de sûreté poursuivis et les thèmes
à traiter.
En ce qui concerne la maîtrise du vieillissement, l’ASN considère que l’identification des phénomènes de vieillissement des éléments importants pour la sûreté et la protection des intérêts mentionnés à l’article L. 593-1 du code de l’environnement doit être complétée à la lumière du retour d’expérience national et international et grâce à des programmes de recherche et développement appropriés. En outre, une justification robuste de la tenue mécanique des cuves au-delà de leur quatrième visite décennale doit être apportée. Par ailleurs, EDF devra identifier les vulnérabilités possibles des processus industriels de remplacement de composants, y compris en cas d’aléa d’exploitation survenant sur les réacteurs et proposer les actions permettant d’améliorer la robustesse de ces processus. Enfin, EDF devra présenter des propositions notablement renforcées en matière de vérification de conformité et, si nécessaire, de remise en conformité. En ce qui concerne la réévaluation du niveau de sûreté, l’ASN considère qu’EDF doit renforcer ses propositions pour réduire encore, autant que raisonnablement possible, l’impact radiologique des accidents de dimensionnement. En outre, EDF devra formuler des propositions d’amélioration de la sûreté de l’entreposage des combustibles usés qui, malgré les modifications déjà décidées lors des réévaluations successives de la sûreté des piscines de désactivation, reste en écart notable avec les principes de sûreté qui seraient appliqués à une nouvelle installation. L’annexe 1 au présent courrier détaille la position de l’ASN sur le programme générique proposé par EDF et associé à son projet de poursuite du fonctionnement des réacteurs au-delà de leur quatrième réexamen de sûreté. Les demandes et observations de l’ASN figurent respectivement en annexes 2 et 3. Elles n’incluent pas, à ce stade, d’éventuelles demandes concernant la robustesse des réacteurs vis-à-vis d’actes de malveillance, que l’ASN pourrait être amenée à formuler dans un autre cadre. p.12
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L’ASN considère
que le programme de travail d’EDF doit être construit avec l’objectif
que tous les réacteurs de 900 et 1300 MWe dont le fonctionnement
au-delà du quatrième réexamen de sûreté
serait envisagé aient fait l’objet des travaux et modifications
nécessaires au plus tard à l’échéance de leur
quatrième visite décennale.
Ce n’est qu’à l’issue de l’analyse des résultats des études génériques associées au réexamen de sûreté et des conclusions spécifiques à chaque réacteur que l’ASN se prononcera sur l’aptitude de chaque réacteur à fonctionner au-delà de son quatrième réexamen de sûreté. Pour préparer les positions que prendra l’ASN le moment venu et comme cela vous a été indiqué par courrier en référence [5], il est nécessaire qu’elle dispose de tous les éléments utiles et notamment des échéances de mise à l’arrêt des réacteurs actuels. Je vous demande de me faire part de vos prévisions en la matière. J’adresse copie de la présente lettre à Madame la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Le président de l’ASN, Pierre-Franck CHEVET REFERENCES
ANNEXE
1 A LA LETTRE CODEP-DCN-2013-013464
POSITION DETAILLEE DE l’ASN SUR LES ORIENTATIONS DU PROGRAMME GENERIQUE PROPOSE PAR EDF Par courriers en références
[1]et [2], EDF a fait part à l’ASN de sa volonté d’étendre
la durée de fonctionnement de l’ensemble des réacteurs nucléaires
français en exploitation significativement au-delà de quarante
ans et de maintenir ouverte l’option d’une durée de fonctionnement
de soixante ans. EDF a également transmis dans ces courriers le
contenu du programme générique qu’il comptait mettre en œuvre
à cet effet.
(suite)
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suite:
Le Groupe permanent
d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) s'est réuni
les 18 et 19 janvier 2012, à la demande de l'ASN (lettre en référence
[9]), afin de se prononcer sur les orientations du programme générique
d’EDF associé au projet d’extension de la durée de fonctionnement
des réacteurs en exploitation au-delà de quarante ans. Le
GPR a plus particulièrement examiné, sur la base du rapport
de l'IRSN, la liste des thèmes d’études retenus dans le cadre
du programme défini par EDF, les objectifs associés à
chacun des thèmes d’études et, pour chacun des thèmes
d’études envisagés, les orientations proposées par
EDF pour atteindre ces objectifs. Le GPR a rendu son avis en référence
[10] à l'issue de la réunion des 18 et 19 janvier 2012.
A l’issue de la réunion du GPR, EDF a complété son programme générique par des « positions et actions », figurant dans le document en référence [6] pour celles relatives à la démarche générale de sûreté et dans le document en référence [7] pour celles relatives au volet vieillissement. Démarche de maîtrise du vieillissement et de la conformité Maîtrise du vieillissement EDF a défini une démarche de maîtrise du vieillissement jugée globalement pertinente par l’ASN en 2009 (cf. lettre en référence [12]). Cette démarche est appliquée depuis les troisièmes visites décennales des réacteurs de 900 MWe. EDF propose de la reconduire pour les quatrièmes visites décennales des réacteurs de 900 MWe programmées à partir de 2019, en considérant de surcroît l’objectif d’une durée de fonctionnement de 60 ans. Ceci implique la révision des dossiers de référence réglementaires, qui incluent des dossiers génériques (tenue en service des cuves, zones inconel, produits moulés, liaisons bimétalliques, zones de mélange...), des dossiers d’aptitude à la poursuite de l’exploitation (DAPE) génériques pour les composants identifiés comme les plus sensibles au vieillissement et des DAPE de réacteur, en tenant compte des évolutions du référentiel de sûreté qui s’appliqueront à partir des quatrièmes visites décennales et au-delà. L’ASN considère que cette démarche est globalement satisfaisante. Néanmoins, l’ASN considère que l’identification des phénomènes de vieillissement doit être complétée, en particulier grâce à des programmes de recherche et développement appropriés et à l’utilisation du retour d’expérience international disponible, afin d’identifier tous les paramètres contribuant à l’endommagement par vieillissement des éléments importants pour la sûreté et susceptibles de remettre en cause l’accomplissement de leur fonction, en tenant compte de l’augmentation de la durée d’exploitation au-delà de quarante ans sollicitée par EDF. Dans le cadre de l’augmentation de la durée de fonctionnement des réacteurs au-delà de quarante ans, la justification de la tenue mécanique des cuves est un point essentiel. EDF a manifesté son souhait de procéder à des actions de recherche et de développement pour conforter sa position sur la tenue mécanique des cuves au-delà des quatrièmes visites décennales (VD4). EDF a notamment mentionné l’usage d’un critère dit d’«arrêt de fissure» et la valorisation de l’effet de préchargement à chaud. L’ASN se positionnera sur les éventuelles évolutions méthodologiques envisagées par EDF pour justifier la tenue mécanique des cuves à 60 ans. À ce titre, l’ASN souligne l’importance que la validité des méthodes proposées et leur caractère conservatif soient rigoureusement justifiés. L’ASN précise notamment que la valorisation de «l’arrêt de fissure» constituerait une modification majeure du critère d’aptitude à la tenue en service des cuves dont l’acceptabilité n’est aujourd’hui pas acquise. Par ailleurs, l’ASN rappelle que les méthodes probabilistes, dont l’intérêt est appréciable, ne constituent que des outils complémentaires pour l’appréciation des marges et des paramètres importants, la démarche déterministe devant rester la référence. p.13
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Maintenance
exceptionnelle
EDF a présenté les différentes étapes du processus de maintenance exceptionnelle (réparation, rénovation ou remplacement) associé au projet d’extension de la durée de fonctionnement des réacteurs. Si l’existence d’un processus d’élaboration et de mise en œuvre de stratégies de maintenance exceptionnelle est satisfaisant dans son principe, son caractère suffisant n’a pas pu être apprécié. Compte tenu de la structuration du parc de réacteurs exploités par EDF et de l’impact potentiel pour la sûreté d’une anticipation insuffisante des besoins de maintenance exceptionnelle, l’ASN considère qu’EDF doit renforcer sa capacité de diagnostic, d’anticipation et d’action industrielle afin de garantir la possibilité de réaliser ces opérations de maintenance exceptionnelle dans des délais appropriés et présenter une justification convaincante que les actions engagées, y compris en cas d’aléas d’exploitation et de difficultés de capacités industrielles en particulier pour les composants nécessitant des approvisionnements longs, ne sont pas susceptibles d’engendrer des situations prolongées en fonctionnement potentiellement dégradé. Exigences en matière de vérification de conformité L’ASN vous rappelle qu’elle attend que vous lui fassiez des propositions notablement renforcées pour ce qui concerne l’étendue de l’examen de conformité de chaque réacteur et de son exploitation. Les vérifications que vous proposerez, notamment les contrôles in situ, devront couvrir l’ensemble des exigences définies pour les éléments importants pour la protection (EIP - Tels que définis à l’article 1.3 de l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base). Il importe également, si cela s’avérait nécessaire, qu’à l’issue de ces vérifications de conformité, vous soyez en mesure de remettre en conformité vos installations dans des délais appropriés par rapport aux enjeux de sûreté liés aux éventuels écarts détectés Réévaluation de sûreté Dans les années à venir, les réacteurs actuels coexisteront avec des réacteurs de type EPR ou équivalents, dont la conception répond à des exigences de sûreté significativement renforcées. Dans sa lettre en référence [5], l’ASN a considéré que les études de réévaluation doivent être conduites au regard des objectifs de sûreté applicables aux nouveaux réacteurs. Cette position est cohérente avec celle exprimée en novembre 2010 par l’association WENRA des responsables des Autorités de sûreté nucléaire d’Europe, dans une déclaration sur les objectifs de sûreté pour les nouvelles centrales nucléaires («The safety objectives address new civil nuclear power plant projects. However, these objectives should be used as a reference for identifying reasonably practicable safety improvements for “deferred plants” and existing plants during periodic safety reviews» - WENRA STATEMENT ON SAFETY OBJECTIVES FOR NEW NUCLEAR POWER PLANTS, Nov 2010). WENRA indique en effet que ces objectifs devraient être utilisés comme référence pour identifier les améliorations de sûreté raisonnablement possibles pour les centrales nucléaires existantes lors des réexamens décennaux de sûreté. L’ASN insiste sur l’importance qu’elle attache aux thèmes développés ci-dessous. Recherche de dispositions visant à limiter les conséquences radiologiques des accidents de dimensionnement EDF a proposé comme objectif radiologique, pour les conditions de fonctionnement de dimensionnement, de ne pas avoir besoin de mettre en œuvre de mesures de protection des populations (pas de mise à l’abri, pas d’évacuation et pas d’administration d’iode stable), lors de la phase dite «court terme» de l’accident (de quelques heures à 7 jours au plus). L’ASN considère cet objectif, analogue à celui formulé dans les directives techniques applicables aux réacteurs de troisième génération (DIRECTIVES TECHNIQUES POUR LA CONCEPTION ET LA CONSTRUCTION DE LA PROCHAINE GENERATION DE REACTEURS NUCLEAIRES A EAU SOUS PRESSION – Adoptées pendant les réunions plénières du GPR et des experts allemands les 19 et 26 octobre 2000) et par l’association WENRA, comme satisfaisant. Toutefois, l’ASN rappelle que la fixation d’objectifs radiologiques quantitatifs ne doit pas conduire EDF à porter un jugement absolu sur l’acceptabilité des conséquences radiologiques des accidents pris en compte et qu’EDF doit s’inscrire dans une démarche de réduction, autant que raisonnablement possible, des conséquences radiologiques à chaque réexamen de sûreté. EDF doit notamment tenir compte des avancées technologiques et de l’amélioration des connaissances pour proposer des améliorations basées sur la mise en œuvre des meilleures techniques disponibles. (suite)
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suite:
Recherche de dispositions
à fort impact en termes de prévention des accidents graves
d’une part, et de limitation des conséquences d’autre part.
Pour les accidents hypothétiques pouvant conduire à une fusion du cœur (dits «accidents graves»), l’ASN a noté les principes et les pistes de modifications proposés par EDF en termes de prévention et de limitation des conséquences de tels accidents. En particulier, EDF propose de renforcer les réserves en eau et en électricité pour éviter ou gérer au mieux une fusion du cœur et renforcer la robustesse des réacteurs vis-à-vis des agressions. Les dispositions initialement proposées par EDF comprennent en particulier l’ajout d’un réservoir et d’une motopompe ASG (Circuit d’eau d’alimentation de secours des générateurs de vapeur) sur les réacteurs de 900 MWe, l’installation d’une pompe fixe d’injection ultime dans le circuit primaire («pompe U3») et de manchettes fixes pour le secours mutuel des circuits RIS (Système d'injection de sécurité. Ce système sert à injecter de l'eau dans le circuit primaire en cas de brèche dans ce dernier) et EAS (Système d'Aspersion de Secourt de l'enceinte. Le système EAS est utilisé en cas de brèche primaire. Il sert à maintenir la pression à l'intérieur de l'enceinte à un niveau acceptable), ainsi que l’ajout d’un diesel d’ultime secours. EDF propose également une série d’études prospectives permettant de réduire les conséquences d’un accident avec fusion du cœur en améliorant le dispositif de filtration actuellement utilisé pour réduire les rejets radioactifs en cas d’ouverture volontaire de l’enceinte pour permettre sa dépressurisation en situation accidentelle, l’étude de dispositions pour renforcer l’évacuation de la puissance résiduelle hors de l’enceinte et l’étude de dispositions pour éviter le percement du radier par le corium. Ces propositions ont été définies avant l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. A l’issue des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) des centrales nucléaires menées en 2011, EDF a, par courrier en référence [11], mis à jour la liste des modifications qu’elle propose de retenir dans le cadre du projet d’extension de la durée de fonctionnement ainsi que celles dont l’intérêt mérite, selon lui, d’être revisité compte tenu des mesures décidées à la suite des ECS. EDF s’est engagée à fournir pour mi-2013 un calendrier de déploiement des modifications envisagées dans le cadre du projet d’extension de la durée de fonctionnement des réacteurs du parc en exploitation, tenant compte des modifications demandées dans le cadre des ECS. L’ASN considère que ces propositions s’inscrivent bien dans la démarche de sûreté qu’elle souhaite voir associée au projet d’extension de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires. Toutefois, l’ASN considère qu’EDF devra vérifier et justifier l’adéquation, en termes de prévention des accidents graves et de limitation de leurs conséquences, des dispositions retenues. Par courrier en référence [6], EDF s’est engagée en ce sens. Entreposage du combustible en piscine de désactivation L’augmentation de la durée de fonctionnement des réacteurs et les évolutions qui y sont associées, telles que des modifications de gestion de combustible ou l'accumulation dans les piscines d’entreposage d'assemblages et de déchets en raison des contraintes associées à leur évacuation, s’accompagnent de besoins supplémentaires de capacités d’entreposage sur site du combustible usé avant traitement ou stockage définitif. Dans cette optique, EDF prévoit, dans un premier temps, d’augmenter la densité d’occupation de ses piscines. L’ASN souligne que, malgré les améliorations décidées lors des réévaluations successives de la sûreté de l’entreposage du combustible en piscine de désactivation (VD3 900, VD1 N4, VD3 1300 et ECS), l’état actuel des piscines de désactivation restera en écart notable avec les principes de sûreté qui seraient appliqués à une nouvelle installation. De plus, EDF a confirmé lors des ECS que la mise en œuvre de moyens efficaces de limitation des conséquences d’un dénoyage prolongé d’assemblages de combustible irradié n’est pas envisageable sur les piscines de désactivation de ses réacteurs électronucléaires en exploitation. L’ASN considère donc qu’EDF doit réviser sa stratégie en matière de gestion et d'entreposage du combustible usé, en proposant de nouvelles modalités d’entreposage permettant d’une part de couvrir les besoins et d’autre part de renforcer la sûreté de l’entreposage du combustible en tenant compte notamment des leçons de l’accident de Fukushima-Daiichi. Néanmoins, il semble inévitable que l’utilisation des piscines de désactivation actuelles restera nécessaire pour les opérations de chargement et de déchargement de combustible, ainsi que pour l’entreposage du combustible irradié dans les premiers temps suivant son déchargement. Dès lors, comme précisé dans le courrier en référence [5], l’ASN considère que des études de réévaluation de la sûreté de ces piscines doivent être conduites au regard des objectifs de sûreté applicables aux nouveaux réacteurs et la possibilité d’étendre la durée du fonctionnement des réacteurs devra être examinée au regard de «l’élimination pratique» du risque de fusion du combustible dans le bâtiment combustible (si ce risque ne peut pas être considéré comme physiquement impossible, des dispositions doivent être prises pour rendre ce risque extrêmement improbable avec un haut niveau de confiance.). p.14
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ANNEXE
2 A LA LETTRE CODEP-DCN-2013-013464
POSITION DETAILLEE DE l’ASN SUR LES ORIENTATIONS DU PROGRAMME GENERIQUE PROPOSE PAR EDF A. Volet n°1:
démarche générale de sûreté
(suite)
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suite:
A.2. Domaine
de couverture des études d’interaction pastille-gaine
Le phénomène d’interaction pastille-gaine est un phénomène physique susceptible de conduire à la rupture de la première barrière. Ce phénomène n’a pas été pris en compte à la conception des réacteurs du parc en exploitation. Les études d’interaction pastille-gaine sur les réacteurs du parc en exploitation ne portent, à ce jour, que sur un cycle de référence pour chaque gestion combustible. L’ASN considère que la démonstration relative au risque d’interaction pastille-gaine doit couvrir tous les cycles de fonctionnement des réacteurs. Demande n°3: L’ASN vous demande d’élaborer une démarche permettant de vérifier, pour tous les cycles de fonctionnement, l’absence de perte d’intégrité par interaction pastille - gaine (IPG) des gaines des assemblages combustibles chargés en réacteur. A.3. Comportement des réacteurs du parc en exploitation pour les conditions de fonctionnement pertinentes non prises en compte à leur conception, mais retenues pour la conception du réacteur EPR EDF a identifié huit événements amorçant des situations retenues pour la conception du réacteur EPR et qui ne sont pas couvertes par une étude d’accident sur les réacteurs du parc en exploitation. Dans ces cas, EDF propose de réaliser une étude thermohydraulique complémentaire. Dans certains cas, EDF estime qu’il n’est pas nécessaire de considérer certains événements initiateurs simples du fait des différences de conception entre les réacteurs du parc en exploitation et l’EPR. Par ailleurs, EDF propose d’utiliser pour ces études une démarche réaliste et non les règles d’études du domaine de dimensionnement. L’ASN considère que la prise en compte, de manière déterministe, de l’ensemble des initiateurs simples susceptibles de survenir, dans les différents états auxquels le réacteur peut être confronté (des états en puissance aux états d’arrêt avec le cœur complètement déchargé dans la piscine de désactivation du combustible) participe au renforcement de la démarche de défense en profondeur. Le comportement des réacteurs doit alors être évalué en utilisant les règles d’études des accidents de dimensionnement. Demande n°4: L’ASN vous demande d’évaluer le comportement des réacteurs du parc en exploitation pour les conditions de fonctionnement (PCC2 à PCC4) pertinentes, non prises en compte à leur conception, mais retenues pour la conception du réacteur EPR, en appliquant les règles d’étude des accidents du domaine de dimensionnement du parc. A.4. Augmentation des délais pendant lesquels aucune action des opérateurs n’est nécessaire EDF a fourni un programme de travail relatif à la transposition, aux réacteurs du parc en exploitation, des délais d’intervention de l’opérateur retenus pour les situations accidentelles de l’EPR (30 minutes), afin de vérifier l'absence d'effets falaise vis-à-vis du délai d’intervention de l’opérateur et, éventuellement, d’identifier les améliorations qui en résulteraient. Ce programme de travail se base sur une analyse réaliste (dite «best estimate») du comportement des installations. Or, celle-ci ne permet pas une comparaison avec les études actuelles du parc en exploitation, qui, pour leur part, mettent en œuvre les règles d’étude du domaine de dimensionnement. Par conséquent, l’ASN considère que la démarche d’étude réaliste proposée par EDF pour évaluer l’impact de l’allongement du délai opérateur à 30 minutes sur le parc en exploitation ne permet pas de vérifier l’absence d’effet falaise. p.15
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Demande
n°5: Pour les conditions de fonctionnement de dimensionnement
des réacteurs du parc en exploitation, l’ASN vous demande de présenter
une étude des conséquences de la transposition des valeurs
fixées, pour le réacteur EPR, pour les délais d’intervention
de l’opérateur et ce, en mettant en œuvre les règles d’étude
du domaine de dimensionnement, en vue notamment d’identifier les effets
falaise éventuels.
A.5. Tenue des équipements en situation d’accidents graves EDF envisage d’implanter de nouveaux équipements dans le cadre du projet d’extension de la durée de fonctionnement. Pour être conformes à l’article 2.5.1 de l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base, les nouveaux équipements (matériel ou instrumentation) devront être qualifiés aux conditions d’accidents graves. Demande n°6: L’ASN vous demande de vérifier, pour tout nouvel équipement (matériel et instrumentation), sa qualification aux conditions d’accident grave pour le temps de mission nécessaire en situation d’accident avec fusion du cœur. EDF devra également vérifier la capacité des systèmes supports à fonctionner dans ces situations d’accidents. Pour les équipements déjà installés, l’ASN note qu’EDF a pris l’engagement d’étendre la vérification de leur tenue aux conditions d’accidents graves pour couvrir leur «durée de vie» envisagée compte tenu de l’hypothèse d’extension de la durée de fonctionnement des réacteurs. A.6. Entreposage en piscine du combustible La sûreté de l’entreposage du combustible en piscine de désactivation a fait l’objet d’examens approfondis dans le cadre des réexamens de sûreté passés ou en cours (VD3 900, VD1 N4 et VD3 1300), ainsi que dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté. Ces examens successifs ont conduit à la définition et à la mise en œuvre de modifications concernant la prévention du risque de vidange, l'amélioration de la robustesse des moyens d'appoints à la piscine de désactivation et l'amélioration de la gestion des situations accidentelles. En dépit de ces modifications, l’ASN souligne que la conception initiale et l’état actuel des piscines de désactivation sont en écart notable avec les principes de sûreté qui seraient appliqués à une nouvelle installation. On peut par exemple noter les écarts suivants avec les directives techniques applicables aux réacteurs de troisième génération (DIRECTIVES TECHNIQUES POUR LA CONCEPTION ET LA CONSTRUCTION DE LA PROCHAINE GENERATION DE REACTEURS NUCLEAIRES A EAU SOUS PRESSION - Adoptées pendant les réunions plénières du GPR et des experts allemands les 19 et 26 octobre 2000): * il n’existe pas de séparation physique des voies de refroidissement de la piscine de désactivation. En particulier, les pompes de refroidissement sont situées dans le même local. En conséquence, une agression interne, telle qu’un incendie, est susceptible de conduire à une perte totale et prolongée du refroidissement; * les deux voies de refroidissement sont refroidies par une source froide unique ; le mode commun qui en découle génère une probabilité de perte totale de refroidissement, et donc d’ébullition de la piscine, non négligeable (de l’ordre de 10-4/a.r); * la tenue au séisme de dimensionnement des moyens d’appoint de secours à la piscine de désactivation, nécessaires pour compenser l’évaporation de l’eau de la piscine et redémarrer un train de refroidissement à la suite d’une ébullition, n’est pas démontrée; * les événements initiateurs de vidange accidentelle des piscines (erreurs de lignage ou brèches) n’ont pas été pris en compte à la conception. Les dispositions complémentaires de prévention et de maîtrise de ces événements initiateurs qui peuvent être envisagées sur les installations existantes ne sauraient respecter l’ensemble des exigences des directives techniques applicables aux réacteurs de troisième génération; * le toit du bâtiment combustible est en bardage métallique et ne résisterait donc pas à certaines agressions externes. (suite)
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suite:
De plus, la mise
en œuvre de moyens efficaces de limitation des conséquences d’un
dénoyage prolongé d’assemblages de combustible irradié
n’est pas envisageable sur les piscines de désactivation du parc
électronucléaire d’EDF en exploitation.
Demande n°7: Compte-tenu de ce qui précède, l’ASN vous demande d’examiner dès à présent d’autres solutions techniques pour l’entreposage sur site du combustible usé que les piscines de désactivation actuelles. Cet examen devra se faire vis-à-vis des objectifs de sûreté définis dans les directives techniques applicables aux réacteurs de troisième génération. B. Volet n° 2: Maîtrise du vieillissement et de l’obsolescence des matériels B.1. Dossiers de référence réglementaires La mise à jour des dossiers de référence réglementaires est une disposition réglementaire s’imposant aux éléments des circuits primaires et secondaires principaux. L’extension de la durée de fonctionnement au-delà des quatrièmes visites décennales remettrait en cause les hypothèses et données d’entrées de ces dossiers. EDF a indiqué que les modifications des hypothèses retenues dans le cadre de la mise à jour des dossiers sont actuellement en cours d’études et feront l’objet de notes qui seront présentées à l’ASN. Ces éléments feront l’objet de présentations au GPESPN. Demande n°8: L’ASN vous demande de fournir l’échéancier de livraison des notes nécessaires à l’évolution des DRR. Vous veillerez à produire les notes dans un délai compatible avec une instruction de ces éléments. B.2. Identification des phénomènes de vieillissement Dans sa démarche générique de maîtrise du vieillissement, EDF se prononce sur l’aptitude à la poursuite de l’exploitation pour chacun des composants ou structures faisant l’objet d’un dossier d’aptitude à la poursuite d’exploitation (DAPE) sur la base de mécanismes de vieillissement avérés ou présumés, des dispositions d’exploitation et de maintenance, ainsi que des difficultés potentielles de réparation ou de remplacement. Dans le cadre d’une extension de la durée de fonctionnement au-delà des VD4, l’ASN note que des mécanismes de dégradation non identifiés à la conception ou grâce au retour d’expérience actuellement disponible pourraient également remettre en cause le bon fonctionnement des éléments importants pour la protection (EIP- Tels que définis à l’article 1er.3 de l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base), y compris pour des composants ne faisant actuellement pas l’objet d’un DAPE. Demande n°9: L’ASN vous demande de poursuivre et de compléter l’identification des phénomènes de vieillissement non pris en compte à ce jour, afin d’identifier tous les paramètres contribuant à l’endommagement par vieillissement des EIP et susceptibles de remettre en cause l’accomplissement de leur fonction, en particulier grâce à des programmes de Recherche et Développement appropriés. B.3. Maîtrise des conditions d’exploitation et de leur impact sur le vieillissement Conformément aux dispositions de l’arrêté du 10 novembre 1999 (Arrêté du 10 novembre 1999 relatif à la surveillance de l'exploitation du circuit primaire principal et des circuits secondaires principaux des réacteurs nucléaires à eau sous pression), l’exploitant doit tenir à jour une comptabilisation des situations sur le circuit primaire principal et dans les zones des circuits secondaires principaux soumises à d'importantes sollicitations cycliques susceptibles d'intéresser le maintien de l'intégrité des appareils. L’ASN juge satisfaisants, à ce stade, l’établissement de plans d’actions lorsqu’il apparaît qu’un nombre de situations de fonctionnement alloué à la conception risque d’être atteint, et l’état des réflexions visant à limiter celles-ci. De manière plus globale, les conditions d'exploitation influent sur l’occurrence et le développement des mécanismes de vieillissement. En effet, les différents équipements d’une centrale nucléaire sont soumis tout au long de leur vie à des sollicitations liées au fonctionnement normal, incidentel ou potentiellement accidentel des installations. Ces sollicitations peuvent être thermiques, mécaniques, radiatives ou chimiques. p.16
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Certains changements
de mode d’exploitation comme le changement de gestion du combustible, une
augmentation éventuelle de puissance, le passage en suivi de charge,
les modifications des procédures de conduite ou de la chimie des
circuits primaire et secondaires, peuvent avoir une influence non négligeable
sur l’aptitude au service des équipements et composants au-delà
de la durée de fonctionnement initiale prise en compte à
la conception.
L’éventuelle extension de la durée de fonctionnement des réacteurs au delà de 40 ans est susceptible d’induire un cumul de sollicitations pouvant altérer les performances de ces composants ou systèmes et conduire à l’apparition de dégradations non prévues à la conception. L'analyse du retour d'expérience d'exploitation spécifique au vieillissement, ainsi que sa prise en compte dans l'exploitation et la maintenance participent à la maîtrise d’une exploitation prolongée des réacteurs. Le retour d’expérience a déjà montré des dégradations sur des zones de composants ou systèmes qui n’avaient pas été identifiées a priori comme sensibles et dont la découverte a été fortuite. Demande n°10: Au regard de l’extension de la durée de fonctionnement envisagée, l’ASN vous demande de renforcer le programme de contrôle: - des zones des EIP qui sont déjà surveillées; - par sondage des zones des EIP qui ne sont pas surveillées actuellement; - des matériels dont la défaillance due à des dégradations liées au vieillissement pourrait avoir un impact sur l’accomplissement de la fonction d’EIP. L’ASN vous demande de compléter votre plan d’action visant à vous prémunir contre les risques d’endommagement liés au vieillissement de ces matériels dans la perspective d’une durée de fonctionnement des réacteurs de vingt années supplémentaires après les quatrièmes visites décennales. B.4. Disponibilité et performance des procédés de contrôles La capacité à détecter les défauts préjudiciables à l’intégrité des équipements constitue un élément essentiel de la démarche de maîtrise du vieillissement. Il est donc nécessaire que vous disposiez de moyens d’examens non destructifs (END) dont l’objectif, la nature, la périodicité et la performance soient adaptés pour garantir la détection de ces défauts et pouvoir les caractériser. La performance des procédés d’END joue ainsi un rôle direct dans la démonstration, pendant toute la durée de fonctionnement des réacteurs, de la tenue en service des équipements, notamment de ceux qui ne sont pas remplaçables tels que la cuve du réacteur. L’ASN note également que certaines zones des EIP, pour lesquelles l’apparition de dégradations peut être jugée raisonnablement prévisible, sont contrôlées par sondage ou par zones considérées comme «précurseurs». L’ASN considère qu’il ne peut être exclu que la découverte de dégradations avérées sur certaines de ces zones nécessite la mise en œuvre rapide d’un programme de contrôles étendu nécessitant des moyens d’END importants. Elle souligne à ce titre l’exemple des pénétrations de fond de cuve. Demande n°11: Eu égard à l’importance des examens non destructifs dans la démarche de maîtrise du vieillissement, au regard de l’extension de la durée de fonctionnement envisagée, l’ASN considère que: * vos efforts en matière de R&D dans le domaine des examens non destructifs doivent être poursuivis afin de disposer des meilleures technologies disponibles en vue de conforter les marges nécessaires à la démonstration de tenue en service des EIP; l’ASN vous demande de lui transmettre vos orientations dans ce domaine sous un an; * vous devez vous assurer de la disponibilité d’outillages de contrôle en nombre suffisant pour permettre la mise en œuvre d’un programme de contrôles renforcé en cas de détection de dégradations dans les zones contrôlées par sondage. B.5. Tenue des câbles électriques aux conditions accidentelles EDF envisage de prélever des tronçons de câbles électriques sur site et d’apprécier l’évolution de leurs réserves en antioxydant et des propriétés mécaniques des câbles. La caractérisation physico-chimique des polymères et les mesures électriques réalisées ont pour objectif de permettre de mieux caractériser l’état de dégradation des câbles électriques et leur aptitude à la tenue en conditions accidentelles, ce que l’ASN considère comme acceptable du point de vue de la tenue mécanique. Demande n°12: Toutefois, dans la mesure où le critère de perte d'isolement de câbles représente un effet falaise, l’ASN vous demande de développer des lois de prévision du vieillissement et une méthode de surveillance des câbles électriques, qui font l’objet d’une qualification aux conditions accidentelles, prenant en compte cet aspect du vieillissement. ANNEXE
3 A LA LETTRE CODEP-DCN-2013-013464
OBSERVATION DE L’ASN A. Élargissement du domaine de couverture des EPS L’ASN prend note des engagements d’EDF visant à élargir le domaine de couverture des EPS (Etudes Probabilistes de Sûreté). L’ASN attache une grande importance à la réalisation de ces actions. En particulier, l’ASN note qu’EDF s’est engagée dans sa lettre en référence [6] (position 5, actions 22, 24, 25 et 26) à: * conforter le choix des initiateurs de référence (manque de tension externe et petite brèche primaire) sur la base d’une EPS «séisme» réalisée sur un réacteur de 900 MWe; * réaliser une analyse probabiliste du risque d’explosion interne qui se focalisera sur la fréquence de formation d’une atmosphère explosive afin d’identifier les zones sensibles et les améliorations possibles pour prévenir de telles atmosphères explosives; * réaliser une EPS «inondation interne» enveloppe par palier de réacteurs, qui prendra néanmoins en compte les spécificités de site lorsque le caractère enveloppe de l’EPS générique ne pourra pas être démontré; (suite)
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suite:
* effectuer une
analyse systématique de l’ensemble des agressions plausibles pour
chaque site afin de déterminer les sites et les agressions pour
lesquels une analyse probabiliste pourrait être nécessaire.
EDF précise que les EPS «agressions» ont pour objet principal de vérifier la robustesse des installations, dont la protection repose en premier lieu sur une démarche déterministe. EDF précise que les points faibles éventuellement identifiés seront traités au cas par cas, et de manière spécifique selon l’agression étudiée, soit par des évolutions de conception du réacteur, soit par des évolutions d’exploitation en cohérence avec la démarche de prise en compte des agressions dans les règles générales d’exploitation. EDF précise aussi que les EPS « agressions » porteront sur l’ensemble des états des réacteurs et des locaux comportant des matériels importants pour la sûreté (cibles «sûreté») pouvant être atteintes. Les EPS de niveau 2 porteront sur un périmètre cohérent avec celui retenu pour les EPS de niveau 1 (action 27 de la lettre en référence [6]). L’ASN considère qu’EDF doit poursuivre le développement des études probabilistes de sûreté en prenant en compte les agressions. EDF doit viser l’évaluation la plus exhaustive possible des risques de fusion du cœur et de rejets radioactifs, en fonction des spécificités des sites, et en envisageant les situations de perte de sources (froides et électriques) pénalisantes. En outre, dans le cadre de la maîtrise du vieillissement des installations, l’ASN considère qu’EDF doit améliorer ses approches en matière d’élaboration des données de fiabilité à partir de l’expérience d’exploitation, afin de permettre l’identification des éventuelles tendances liées au vieillissement. B. Amélioration des conditions
d’exploitation
C. Confinement du réacteur
D. Surveillance des tuyauteries enterrées
E. Qualification aux conditions accidentelles
des matériels
F. Augmentation de puissance
p.17
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Résumé (suite)En 1997, à l'occasion d'une faillite, on "découvre" dans une bourgade, en contrebas de l'église et le long de la Saulx, un endroit fortement contaminé par de la radioactivité. Elle est issue d'une activité industrielle qui n'a cessé que 30 ans auparavant. Les services d'État spécialisés passent et font clôturer l'endroit en attendant qu'un long cheminement administratif se fasse éventuellement. Le premier magistrat de la bourgade refuse d'ailleurs de croire qu'il y ait une contamination. Pourtant une étude géographique suite à la découverte met en évidence en une paire de mois un excès de mortalité par cancers du poumon, de la vessie et du pharynx chez les hommes, quand on se rapproche de Pargny-sur-Saulx. Après le passage de tous ces experts et cette petite étude, on met des grillages autour de l'usine, de la rive droite de la Saulx, puis on couvrira cette rive droite de la Saulx. Onze ans plus tard, en 2008, on "découvre" d'autres endroits très contaminés à 500 mètres de là, en bordure de la route et juste sur le passage d'un chemin de grande randonnée, en même temps autour d'une gravière particulièrement fréquentée par les pêcheurs. Les services d'État spécialisés reviennent donc. Cette fois ils se renseignent auprès des habitants locaux et feront finalement une cartographie héliportée de la zone potentiellement touchée. Ont été mesurés (à pied) des points en ces lieux de détente à 100 microsieverts par heure (petit calcul: 100 × 24 × 365 = 876 mSv/an). Le captage d'eau potable est dans la nappe phréatique tout près des pollutions, mais personne ne fait appel au BRGM ou à un laboratoire universitaire pour l'hydrogéologie. Seul l'Andra gère sous tutelle ASN. On annonce aux habitants qu'on crée une CLI car cette fois les services d'État du nucléaire "traitent" la situation (zéro initiative locale). "Traiter", c'est à dire que pour des raisons financières qui ne sont pas cachées, bien qu'ils aient fait déplacer la terre contaminée des bordures de la gravière car l'interdiction de pêcher n'avait pas plu, ces services ne font retirer qu'un petit peu de radioactivité, et retourne le gros sur place en des de tumulus "à la Morvilliers" avec argile et grillage anti-fouisseur et gazon. Cette manière de faire s'appelle maintenant plus globalement "SCR" et remplace l'ancien nom composé (TFA-RSB-radifères RRA-FAVL). Pargny-sur-Saulx a une CLI parce que c'est aujourd'hui un centre de stockage radioactif TFA/SCR. L'état cependant, le contribuable, a payé pour ces tumulus-gazon sans faire d'histoires. Il est vrai que l'industriel en question travaillait sur un minerai issu de notre colonie Madagascar qui lui était vendu par une alliance d'alors Pechiney-CEA, que probablement au départ le CEA se gardait le droit de récupérer le thorium séparé (Euratom 1958, p. 56; Overstreet 1967, p. 39) avant que plus personne n'en veuille. Il est vrai que les tonnages de monazite extraits de Madagascar par Pechiney-CEA sont donnés même dans les revues étrangères, que leur radioactivité était notoire, et qu'on aurait bien du savoir au CEA et à Pechiney à qui ce minerai radioactif a été vendu. Il est vrai qu'on savait bien avant 1997 que tous les lieux où l’on a traité la monazite étaient pollués. Le CEA et les services d'État spécialisés n'intervenaient-ils pas sur les pollutions des usines-soeurs de Pargny-sur-Saulx: Serquigny puis, aidé par la CriiRad à La Rochelle, depuis une dizaine d'années? Et même, le CEA a fait beaucoup plus de saletés avec le thorium de Madagascar (via l'urano-thorianite) à son usine du Bouchet qui fonctionnait au même moment à 185 km de là avec envoi des "résidus" (dizaines de milliers de fûts) à divers endroits de France dans les années 70. La première leçon de ce "fait divers" est que la mémoire est perdue extrêmement pour la radioactivité parce qu'elle est invisible, indétectable par aucun de nos sens. La deuxième leçon est que les déchets radioactifs sont avec nous pour toujours. On ne fait éventuellement que les déplacer, petit tour de manège pour quelques-uns. La troisième leçon est qu'un "traitement" standard est en train de s'établir. Vu qu'on fabrique en ce moment des millions de fois plus de déchets radioactifs de toutes sortes que ces malheureuses quelques centaines de tonnes de monazite de Pargny-sur-Saulx, et qu'il n'y aura pas d'argent puisque par définition des déchets sont ultimes et ne rapportent rien, on les entasse sur place en un tumulus avec dessus: argile, "grillage antifouisseur", gazon et au revoir: tondez et entretenez ce gazon plusieurs dizaines de milliers d'années, veuillez à ce qu'aucun arbre ni pousse, évidemment n'y creusez ni ne construisez jamais. C'est exactement comme là où Areva a mis les résidus de traitement de ses mines d'uranium et les met au Niger, mais à Pargny, c'est en miniature. En même temps, l'affaire elle même démontre, confirme, que en pas 20 ans la mémoire de ce qu'il y a sous ces "prairies" issues de nos décennies nucléaires sera perdue. Les habitants locaux se contamineront de nouveau, avec un taux anormalement élevé de cancers (patrimoine génétique?). |
suite:
IX. Conclusion: Pargny-sur-Saulx et les décharges "SCR" p.19L'activité industrielle au moulin de Pargny-sur-Saulx entre les années 30 et 60 correspond à la spécificité de la Société de produits chimiques des terres rares, avant, pendant et après la guerre. Il y a forcément eu des liens professionnels, techniques et économiques, entre l'Usine de Pargny-sur-Saulx et la Société des terres rares, STR. La période d'après guerre jusqu'à 1967 correspond d'assez prés à celle du premier CEA: usine du Bouchet (de 1948 à 1971 pour le thorium) pour l'exploitation des minerais de notre colonie la Madagascar (exploitation arrêtée en 1965 pour la monazite et en 1968 pour l'urano-thorianite). Le minerai pour Pargny était ramené en France (port de La Rochelle?) et fourni par une alliance Pechiney/CEA de cette époque. Mary Davis écrit (2001, p. 19): "Les rapports annuels du CEA n'indiquent pas la destination de la monazite en provenance de Madagascar...". Avec La Rochelle, les habitants du bassin de la Saulx-Ornain savent désormais répondre à la question. En 1959, l'usine pilote de séparation de monazite de Pechiney-CEA en Madagascar est mise en route ce qui permet d'un coup de tripler le tonnage de monazite extraite de la grande île (Andriambololona 1980). Ossena (2007, diap. 13) décrit que ce sont les scories les plus récentes qui sont à "très forte radioactivité" et des habitants locaux rapportent pour la peupleraie que, "Dans les années 65, le site servait de décharge..." (S. Gruss, l'Union 08/09/11). Une bonne partie de la pollution semble donc provenir de l'activité des années 60. Partout, à cette époque, on jetait les déchets radioactifs dans la nature. Le CEA devait bien le savoir qui l'a fait sur ses "entrepodéposantes" comme au Bouchet jusqu'en 1971, et qui entre 1971 et 1979 a entrepris un premier décommissionnement de cette usine à 185 km de Pargny, usine qui avait traité notamment le minerai au thorium malgache. En janvier 1987 le CEA est même appelé pour mesurer la contamination à l'usine-sœur (d'avant la guerre) de Pargny-sur-Saulx : Serquigny de la Société des terres rares, et continuera à faire des mesures de surveillance là-bas dans les années 90. À la fin des années 80, c'est la jeune CriiRad avec les associations locales qui lance l'alerte de la contamination de la baie de La Rochelle par l'autre usine-soeur des terres rares, celle de l'après-guerre, de la STR- Pechiney. Aux USA la pollution autour d'une usine thorium - terres rares à partir de monazite et de bastnaésite à West-Chicago fait aussi parler d'elle dans les années 80, jusqu'à l'UNSCEAR. En 1990 c'est l'affaire des "déposantes" CEA d'Itteville et St-Aubin qui éclate au grand jour... Qui savait qu'on avait traité des centaines de tonnes de monazite à Pargny-sur-Saul savait qu'on y trouverait dépôts et pollution comme ailleurs. Aucune de ces personnes du CEA n'a bougé. Il est vrai qu'elles savent aussi que la radioactivité ne se voit pas, la preuve, la mairesse de Pargny ne voulait pas le croire ! Pargny-sur-Saulx montre plusieurs choses: * Quelques décennies après la fin d'une activité, la mémoire collective sur un danger qui est invisible, qu'on ne peut pas deviner, est déjà inopérante; * Une fois "découverts", ce genre de déchets ne peut être que "traités" par des services en lien avec l'industrie du nucléaire. Ce sont leurs matières et elles sont quasiment les seules à être équipées pour le faire. En France elles sont intimement liées à, si ce n'est partie de, l'État d'où le total conflit d'intérêt des hauts fonctionnaires (corps des mines, le promoteur du nucléaire en tout premier lieu). Il est impossible de vérifier le contenu en alpha (mesures longues complexes et coûteuses). Même les mesures gamma demandent des appareils sophistiqués si on veut identifier les familles radioactives, c’est tout de même plus facile. Pour les gamma/béta et les thoron/radon nous avons encore la chance de pouvoir appeler la CriiRad qui s'est créée précisément sur une indignation citoyenne face au mensonge de ces mêmes fonctionnaires d'État et qui a agi à Itteville et St Aubin, (et elle a fait faire une analyse alpha par un laboratoire allemand) un domaine où elle est particulièrement experte. Mais il faut payer son personnel et son matériel, avec quels fonds ? (les fonctionnaires d'État en plein conflit d'intérêt sont de droit branchés sur la caisse commune). On a vu qu'à Itteville les Amis de la terre, à force de pugnacité, avaient réussi à ce que la CriiRad soit parmi les laboratoires contre-experts. L'arrêté préfectoral du 20 avril 1994, art. 4 pour la décharge radifère de Gueugnon (Saône et Loire) inclut le principe d'analyse contradictoire par un laboratoire extérieur (Gazette Nucléaire N°137/138, p. 19-20). |
Contrairement aux usines-soeurs (Serquigny, La
Rochelle), aucun des documents consultés, Andra incluse, ne donne de
bilan radioactif pour Pargny-sur-Saulx (on a seulement des paquets de
GBq donnés pour tel ou tel endroit particulier). La carte des mesures
héliportées ne figure dans aucun non plus. Aux usines-soeurs,
l'inventaire est impressionnant. Les classifications de ce genre de
déchets sont "chewing-gum" et il n'est pas rare de voir des tonnes de
déchets passer "sur papier" d'une catégorie à l'autre suivant l'époque
ou le service, quand ce n'est pas un changement de concept. On a même
l'impression que les noms donnés dépendent des conditions d'acceptation
de centres d'accumulation qui eux-mêmes, s'ils ne sont pas INB, sont
définis par simple arrêté préfectoral (eux-mêmes rédigés par les dits
fonctionnaires spécialisés). Par ailleurs la forme chimique est
d'importance qui détermine la solubilité des éléments. Les nitrates
sont très mauvais de ce point de vue et "théoriquement" il faudrait les
transformer en autre chose, "insolubiliser" les sels de radionucléides.
Mais pour cela il faut déjà les extraire et les trier (Andra 2012b p.
31). Pour Pargny, silence radio sur cette hydrochimie mais une
certitude, on n’a rien transformé du tout. Autre question légitime: les
sédiments de la Saulx et de la Marne (dans laquelle se jette La Saulx à
19 km, à côté de Vitry-le-François) en aval sont-ils "marqués", voir
certains champs qui sont régulièrement inondés en hivers? En
effet : "La crue exceptionnelle de la
Saulx en 1999 érodant une partie des berges et découvrant ainsi un
point chaud de l'ordre de 200 microSv/h à son contact" (Cendre et al.
- 2012, p. 50); "un fût vide contaminé a été retrouvé dans la Saulx."
(IRSN, Bilan état radiologique 2010-2011, p. 56), etc., donc des
sédiments et de la radioactivité partent au fil de l'eau. (suite)* Un constat est dramatique: on ne peut rien faire des déchets radioactifs, seulement les déplacer, leur faire faire un petit tour de manège. On a fait voyager une toute petite partie de ceux de Pargny à plusieurs centaines de kilomètres dans le Sud de la France. Ils vont commencer par revenir au point de départ : "Les déchets issus des opérations d'assainissement de sites pollués au radium ou au thorium seront entreposés par l'Andra dans son nouveau bâtiment d'entreposage (mis en service à l'automne 2012) situé sur le Centre Industriel de Regroupement, d'Entreposage et de Stockage (Cires, Aube)." (Andra 2012b, p. 5; il s'agit de Morvilliers contre "Soulaines" coiffé d'un nouveau nom). Ils devront repartir ailleurs dans un site "définitif"... Une petite partie a fait un saut de puce directement à ce Morvilliers à 47 km de Pargny. Cela ne fait que déplacer le problème. À ces nouveaux endroits, il ne faudra surtout jamais plus creuser, idem pour les lapins, empêcher les arbres de pousser, habiter le plus loin possible que les enfants n'aillent pas jouer par là. C'est un mini aperçu du problème d'une tout autre ampleur que sont les résidus de concentration de l'uranium près des mines, où qu'ils soient dans le monde. * Il n'y aura jamais assez d'argent pour "s'occuper" des déchets radioactifs. Jusqu'à 2006 ce genre de travaux étaient financés par un fond radium géré par l'ADEME, une contribution versée par les industriels de la filière électronucléaire (Instantanés techniques, n° 46, p. 9). On a vu dans I -Déroulé chronologique- à la date de juin 2003, que ceux-ci refusaient de payer au-delà d'un arrangement minimum tout à fait provisoire (à peine 10 ans en attendant un acquéreur qui devra se débrouiller avec son achat), et qui n'en laissait pas moins une dose de 0,5 mSv aux pêcheurs selon leur scénario officiel. La loi Birraux-Bataille du 28 juin 2006 qui a imposé Bure comme site unique pour l'enfouissement, a donc fait passer l'ensemble de ces frais d'arrangement/déplacement de déchets radioactifs, dont les responsables sont donnés non solvables, à la charge du contribuable (art. 15: "subvention de l'État" pour "missions d'intérêt général"). |
suite:
Sur cette nouvelle base financière, l'État qui a fourni la
monazite (via le prestigieux CEA) s'est présenté comme généreux. Il
laisse à la commune de Pargny-sur-Saulx, en contre partie des emplois
et des taxes de l'usine qu'elle a eu pendant une vingtaine d'années,
des grandes "pelouses" un peu
surélevées en contrebas de l'église, le long des berges de la Saulx en
bas de la bourgade, et à 600 mètres de là contre la route, où l'on peut
désormais se promener mais qu'il faudra tondre à jamais (ne pas les
laisser retourner à l'état sauvage), où il ne devra jamais pousser
d'arbre, où lapins, renards et blaireaux ont interdiction de creuser
(vaut mieux pas car dans les "scénarios" c'est considéré comme impossible pendant 500 ans, sur décision du "gendarme"
ASN; Andra 2012b p. 30, 32). La nappe phréatique de la plaine alluviale
dans laquelle 4 communes prennent leur eau draine ces "résidus". p.20Des contaminations aux alphas ont déjà été détectées, mais il n'y a pas eu d'étude hydrogéologique précise, personne n'a demandé au BRGM ou à un laboratoire universitaire de venir voir. L'Andra seule gère sous contrôle ASN. Certains détails de la communication Andra (voir I. "Déroulé chronologique" à "15 juin 2006") montrent que l'Agence, si elle sait parler de la "friche" de Pargny-sur-Saulx pour se valoriser sur ses sites lointains, se garde d'en parler à Bure. Bien sûr, même en surface tout le monde sait que cela sera oublié avant une paire de décennies et que reviendra donc une situation proche de celle antérieure à 1997. Déjà maintenant ne constate-t-on pas pour l'ancienne peupleraie particulièrement contaminée dessous: "la végétation [pelouse] a repris ses droits. Sur place, plus rien n'indique qu'une partie du site était radioactif." (l'Union 23/04/13). Quant à l'inscription administrative supposée garder la mémoire, d'entrée de jeu, elle manque pour les déchets enfouis le long de la rive gauche de la Saulx (annexe 2). * {TFA-RSB -radifères RRA-FAVL} → "SCR" On a à faire à Pargny au reliquat de l'extraction de quelques centaines de tonnes de monazite naturelle. C'est un grain de poussière au regard des déchets qui s'accumulent à tous les niveaux de la filière pour permettre le fonctionnement un temps de 58 réacteurs de puissance. Il semble comme le montre Pargny, que le lobby nucléaire ait trouvé "La" solution au problème qui se profile à l'horizon. On enfouit sur place, on recouvre d'argile, on sème du gazon et on part en disant aux locaux du moment de le garder bien comme ça pour plusieurs dizaines de millénaires. L'Andra devient spécialiste de cette procédure. Pargny-sur-Saulx est probablement un précurseur de ce que nos finances nous autoriseront de faire. Cette solution, on vient de lui donner un nom: si son plancher est de l'argile, on l'appelle SCR, Stockage sous Couverture Remaniée (Andra 2012b, p. 4). Cet acronyme ne représente pas autre chose que les caractéristiques techniques d'une décharge de déchets banals qu'on peut arranger en quelques coups de bulldozer (on peut toujours chipoter sur le chouïa d'argile en plus, un "géotextile" pour que les roues des engins ne remélangent pas tout, et le "grillage antifouisseur"). Comme dans une décharge classique il faudra retirer le jus qu'il y aura au fond tant qu'on y a accès (on met une tente quand on remplit pour qu'il y en ait moins). On dit donc maintenant FAVL SCR (Andra 2012b, p. 10). Au moment de l'épisode FAVL en 2008-2009, il était dit que vu que les FAVL émettent pas mal de radon et autre radium et radionucléides solubles, qu'il faut les écarter des humains, aussi les préserver de l'érosion, etc. il fallait les mettre 100 à 200 mètres sous terre dans de l'argile en creusant des galeries. Un mini-Bure en sorte. Pas simple dans une roche qui ne tient pas debout. Et donc c'est un peu plus cher chaque jour qu'on s'y essaye à coup de m3 et de m3 de béton, Bure à l'appui (tellement de béton même, et cela des déchets sans interruption possible jusqu'à la surface que c'est par là que les fuites auront lieu en lien indissociable avec la EDZ, Excavated Dammadged Zone). D'où l'apparition de la solution "FAVL SCR". Du coup tout s'évacue de la même manière (TFA-RSB-radifèresRRA-FAVL; reste plus que les graphites et leurs 36Cl, 14C, 41Ca, 90Sr, etc. pour lesquels ils hésitent : moitié Cigéo et moitié SCR?). |
À titre d'exemple, il est déjà acquis
qu'Areva/Comurhex à Malvesi au-dessus de Narbonne laissera ses bassins
à la postérité sous la forme "SCR" (Andra 2012b p. 52). (suite)Aujourd'hui le "SCR" devient la solution (aussi parce qu'enfouis en profondeur ils seraient toujours encadrés d'aquifères "ce qui rend complexe la localisation des exutoires" comme l'a écrit l'ASN?). Pendant un temps l'ASN nous disait être vigilante aux "risques d'inondation (présence de nappes alluviales)", aux "instabilités gravitaires (solifluxion)" (Gazette Nucléaire n°253 p. 10). La théorie du moment est à l'inverse que "la partie confinante de la couverture [soit] sous la limite séculaire entre zone saturée et zone non saturée." (Andra 2012b, p. 32; c'est à dire inondée en permanence). Autre changement, aux dernières nouvelles, on ajoute au tas {TFA - RSB - radifèresRRA - FAVL}, appelons le maintenant "SCR": "les bitumes les moins radioactifs de Marcoule" (avec 129I, 36Cl, etc. et les inévitables m3 et m3 d'hydrogène qu'ils dégageront toujours). Le CEA "de par leur inventaire radiologique établi au travers de l'histoire des combustibles traités" (apparemment, puisqu'il semble avoir retrouvé la mémoire, il va bientôt nous dire combien de centaines de tonnes de monazite, il a livré à Pargny-sur-Saulx, avec les années de livraison), par "des scénarios de tri", "a évalué le nombre de fûts concernés à 40.000". Du strict point de vue du chef comptable, ça fait des économies par rapport à un enfouissement à Bure dans lequel le "Dossier 2005 Argile" avait réservé 39.000 m3 à - 500 m pour ces 40.000 là. Mais il est parfaitement vrai que le professeur Castaing avait insisté dans les auditions du rapport Bataille 1990 (p. 246) qu'il ne fallait surtout pas enfouir les bitumes (et pas quelques uns mais tous). Cependant il avait ajouté "Il est apparu que même pour l'entreposage, ce n'était pas cela" (nota : ils gonflent et se déforment par séries de centaines, en Belgique aussi...): "... selon la CFDT de Marcoule... il faut les reprendre, séparer le bitume et les boues, réduire la radioactivité dans ces dernières et les reconditionner. (...) Selon le rapport de Daniel Rouet, il est possible de séparer le bitume des boues : la récupération des déchets est possible par extraction des sels avec certains solvants organiques... La CFDT de Marcoule considère la reprise et le reconditionnement des boues comme le travail le plus important à faire sur le centre." (Barillot et Davis 1994, p. 176). "Cause toujours et je fais ce que je veux", le critère du CEA pour ces bitumes, suite à discussion avec son comptable (après tout c'est l'argent du contribuable), est qu’il garde la forme bitumes, avec "une activité alpha par fût inférieure à 10,72 GBq à 300 ans et un débit de dose au contact du fût inférieur à 60 mGy/h." (Andra 2012b p. 48). Dans la théorie "sur papiers CEA" donc, un peu moins que 10,72 milliards de Bq par fût pétrolier, ça c'est la radioactivité alpha qu'il est impossible de mesurer de l'extérieur du fût, et pas plus de 60 mSv/h (pour les photons gamma 1 Gray donne 1 Sievert), soit 1 mSv par minute, par les rayons qui eux sortent du fût (est-ce qu'il a été tenu compte du "surfût" sans lequel ils sont « imbougeables » vu qu'ils sont rouillés, déformés et souillés –ce qui n'est pas dit mais c'est probable). C'est inflammable et les actinides "réputés" immobiles ont la propriété de s'accrocher aux colloïdes organiques et de voyager avec (c'est même comme ça qu'on les extrait dans les usines). Ainsi mis dans une décharge de type déchets banals pour laquelle il reste au service de COM de trouver un plus joli nom que "SCR", la France passe la vitesse du réalisme. L'État croule sous la dette (le CEA c'est l'Etat), Areva maintenant aussi (c'est encore l'Etat) et les provisions d'EDF (c'est toujours l'Etat) sont fictives. Et quant en plus il y a aura l'inévitable "pépin"... (une fois les réacteurs détruits et la radioactivité dans la nature, les contribuables japonais n'ont eu d'autre choix que de racheter TEPCO). Autre gage d'efficacité pas du tout négligeable du nouveau concept "SCR", ça peut se mettre (presque) n'importe où et il va être, ou il a déjà été, beaucoup plus facile de trouver la petite mairie du moment qui aimerait avoir plus de sous qu'elle n'en a. Pour tous ces "projets" inévitables, c'est l'ASN (du quasi 100% corps des mines, le socle technique des ministères de l'industrie/environnement) appelé aussi "le gendarme", et autre "Haut Comité de la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire" (créé par la loi Revol-Sido du 13/06/06) qui comme le rappelle l'Andra par écrit (2012b, p. 34, p. 3), donnent les ordres. |
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DU NOUVEAU A PARGNY (l’Union –l’Ardennais) 24 juin 2013) 1 - PARGNY-SUR-SAULX (51). Les services de l'État avaient envoyé une importante délégation, la secrétaire générale de la sous-préfecture accompagnée de quatre techniciens, pour éclairer le conseil municipal de Pargny-sur-Saulx sur la nécessité de reprendre la propriété du site Orflam. Ont-ils été convaincants? Le conseil municipal ne s'est pas prononcé et a préféré laisser le temps aux conseillers municipaux de prendre sereinement une décision. Les techniciens ont rappelé les différentes phases de la réhabilitation: les bâtiments seront détruits (opération en cours), les gravats seront recouverts de matériaux imperméables et les berges de la Saulx pourront bénéficier d'un enrochement. Sur la partie haute des places de parking sont prévues, il y aura un accès piéton et une promenade sera accessible jusqu'au déversoir. La mairie aura en charge l'entretien des différentes zones, le contrôle visuel des ouvrages hydrauliques qui resteront à charge de l'État. Les modalités de transfert ont provoqué quelques échanges. Pour Denise Guérin: «Pourquoi est-il primordial que la commune redevienne propriétaire?» Réponse: «L'État ne peut pas être partout, il est loin, mais il s'engage sur les ouvrages hydrauliques.» - (D.G.) «C'est pour des siècles! Or dans cinq siècles.. » Pour Jacques Ango: «S'il y a des problèmes lourds, la mairie va solliciter qui?» Réponse: «La sous-préfecture et la préfecture ne sont pas loin!» et «L'État cherche un avis favorable de principe avant début juillet, avant le lancement des travaux. S'il y a un refus, il faudra revoir les travaux.» Le conseil municipal se réunira jeudi 27 juin à 21 heures. Il donnera son positionnement quant au transfert sollicité par l'État de la propriété du site Orflam à la commune de Pargny-sur-Saulx. 2 - PUBLIÉ LE 02/08/2013 Pargny-sur-Saulx / Ce samedi Les antinucléaires reviennent à Orflam Par L'union-L'Ardennais Le groupe de musique engagé contre le nucléaire les «Bures Haleurs» organise «Pargny Sursaut», une journée d'informations et d'échanges à proximité du site d'Orflam-Plast, l'usine de briquet contaminé au thorium (une substance radioactive) dont l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) gère actuellement la dépollution. Le groupe était déjà passé par Pargny-sur-Saulx alors qu'ils procédaient à une « randonnée militante » à vélo entre Saint-Dizier, et Bure (Meuse), où un site d'enfouissement de déchets nucléaires est en projet. Un pique-nique est prévu à midi derrière l'église, suivi d'une rencontre avec les habitants, et d'une soirée parole ouverte et musique, place de la mairie. D'autres membres d'associations militantes ainsi que le géologue Antoine Godinot seront présents. «Nous invitons les habitants du secteur, pro, comme antinucléaires, les élus, et même l'Andra, à participer» lance Xavier Aubriot, membre des Bure Haleurs. |
Annexe à l’avis n°2013-AV-0180 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 16 mai 2013 Contribution de l’Autorité de sûreté nucléaire au débat national sur la transition énergétique Les choix énergétiques comportent des enjeux de sûreté nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire considère nécessaire que ces enjeux soient explicités et pris en compte dans le débat. 1/ Le système électrique français doit disposer de marges de manœuvre Le parc électronucléaire français est largement standardisé et les centrales françaises sont très similaires. Cette situation présente l’avantage de permettre à chaque centrale nucléaire de bénéficier de l’expérience acquise au niveau national et favorise ainsi l’efficacité du retour d’expérience. En revanche, l’expérience a montré que la standardisation comporte aussi le risque qu’un défaut grave, que l’on ne peut exclure a priori, soit générique et affecte plusieurs réacteurs. Dans une telle situation, l’ASN pourrait juger nécessaire, au regard des exigences de sûreté, de suspendre sans délai le fonctionnement de ces réacteurs. L’arrêt rapide d’une part significative des moyens de production électrique provoquerait, en l’absence de marges, une pénurie d’électricité avec des conséquences sociales et économiques considérables. Il convient donc que le système électrique ait des marges de manœuvre suffisantes sur la production, quelle qu’en soit l’origine, et sur la consommation. L’ASN rappelle l’importance de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à la nécessité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. 2/ Il faut anticiper dès maintenant l’arrêt définitif, pour des raisons de sûreté, des réacteurs nucléaires actuels La majeure partie du parc nucléaire français de production d’électricité a été mise en service dans les années 1980. Chaque réacteur nucléaire devra être arrêté un jour du fait de son vieillissement, lié à la dégradation physique des matériels, en particulier ceux qui ne sont pas remplaçables, et à l’obsolescence de sa base de conception au regard du niveau de sûreté exigé pour des installations plus récentes. |
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C’est pourquoi la sûreté des réacteurs est vérifiée lors des réexamens
décennaux prévus par la loi et au terme desquels l’ASN se prononce sur
l’aptitude des installations à rester en fonctionnement. p.22Les réacteurs ont été conçus, à l’origine, pour une durée de fonctionnement minimale de 40 ans. Leur exploitation éventuelle au-delà de leur quatrième réexamen de sûreté nécessite, du point de vue de la sûreté, un examen d’une ampleur particulière, prenant en compte les hypothèses et les marges prises dans le dimensionnement, le retour d’expérience, l’amélioration des connaissances et l’évolution prévisible des exigences de sûreté sur la période considérée. Si les considérations de sûreté n’ont jusque-là pas conduit à prescrire d’échéance pour l’arrêt définitif des réacteurs nucléaires actuellement en exploitation, la possibilité de les maintenir en fonctionnement au-delà de 40 ans n’est pas aujourd’hui acquise. En tout état de cause, la date à laquelle chaque réacteur devra être arrêté n’est pas prévisible avec précision et variera d’un réacteur à l’autre. Il est toutefois plausible, du fait du calendrier resserré des mises en service initiales, que les arrêts définitifs des différents réacteurs soient relativement concentrés dans le temps. S’ils ne sont pas convenablement anticipés, ces arrêts pourraient dégrader l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité. Par ailleurs, le délai entre la décision de construire une nouvelle installation de production d’électricité, quelle qu’en soit la nature, et sa connexion au réseau est important et peut aller jusqu’à une dizaine d’années. De même, les politiques d’économie d’énergie ne produisent pleinement leurs effets qu’après de nombreuses années. Ainsi, en ordre de grandeur, le délai d’ici à l’arrêt définitif des premiers réacteurs pourrait être comparable au délai nécessaire au déploiement des mesures de compensation associées. Des décisions appropriées de politique énergétique doivent donc être prises à court terme. L’ASN souligne la nécessité de décisions à court terme relatives aux capacités de production d’électricité, quelle qu’en soit la nature, et aux économies d’énergie, pour faire face aux futures mises à l’arrêt définitif de réacteurs pour des raisons de sûreté. |
en
cours...
EDF réorganise sa façon de faire des bénéfices,
s’inclinant devant la loi d’un marché transformé par le faible coût des
gaz de schiste. Plusieurs réacteurs américains sont fermés ou
vont l’être parce que les exploitants hésitent face aux énormes
investissements nécessaires pour allonger leur durée de fonctionnement,
maintenant que l’électricité générée avec le gaz de schiste se vend
définitivement moins cher que l’électricité d’origine nucléaire. (suite)«La spectaculaire baisse du prix du gaz aux USA, inconcevable quelque années avant, a rendu cette source d’énergie ultra compétitive face aux autres sources», a déclaré Henri Proglio Directeur d’EDF au cours d’une conférence de presse. EDF s’est entendu avec son partenaire Exelon sur sa sortie de leur entreprise (à risques partagés) «Constellation Energy Nucleare Group (CENG)». CENG exploitait aux HSA cinq centrales pour un total de 3,9 gigawatts. La firme française a expliqué qu’il a été négocié une option de vente qui permet à EDF de vendre CENG à Exelon à un prix raisonnable entre janvier 2016 et juin 2022. EDF recevra aussi un dividende exceptionnel de 400 millions de dollars. «Les conditions pour un développement du nucléaire aux USA ne sont pas favorable en ce moment», a dit Proglio. L’analyste de l'Agence Internationale de l’Energie Dennis Volk a expliqué que les centrales de la compagnie CENG sont situées dans l’une des régions où il va y avoir de l’éolien et les gaz de schistes d’où une des problèmes de compétitivité. «Il est tout simplement difficile d’investir dans le nucléaire et d’y récupérer son argent.» a déclaré Volk. |
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Un point sur les énergies renouvelables aux USA p.23Proglio a annoncé que EDF voulait maintenant se focaliser sur les énergies renouvelables aux USA. EDF y emploie 850 personnes dans le solaire et le vent. Depuis 2010 sa capacité de production a doublée et s’établit à 2,3 Gigawatts. EDF g ère de plus 7 gigawatts pour d’autres firmes. Le producteur d’électricité le plus important d’Europe emploie aussi 320 personnes pour ses opérations d’exportation d’énergie ce qui en fait le n°un des exportateur de charbon US vers l’Europe. L’analyste Emmanuel Turpin se félicite de ce départ du nucléaire américain. La direction avait hérité de cette situation. Je suis content de cette décision; elle montre ce que peut coûter un projet mal ficelé. L’aventure nucléaire américaine de l’entreprise publique française a commencé en 2008, quand le prédécesseur de Proglio, Pierre Gadonneix a investi 49% dans l’entreprise nucléaire Constellation pour 4,7 milliards de dollars et accepté une option de vente de 2 milliards de dollars donnant à Constellation la possibilité de à EDF vendre plus de réacteurs. Gadonneix a envisagé la construction de 4 EPR aux USA, mais AREVA n’a pas accepté cet accord et comme la perspective nucléaire s’assombrit, l’option devient le boulet d’EDF. En 2011, la prise de contrôle de Constellation par Exelon a encore compliqué les choses. Thomas Piquemal, expert financier d’EDF, a précisé que l’aventure nucléaire américaine a coûté entre 2009-2012 2 milliards €. L’investissement EDF global aux USA s’élève à 6,4 milliards € qui seront en partie récupérés par la vente d’Exelon. «Il s’agit du dernier chapitre de notre investissement dans le nucléaire américain» a confirmé Piquemal. |