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G@zette N°272, MAI 2014

LA VIGILANCE CITOYENNE BASE DE LA SÛRETÉ ET DE LA RADIOPROTECTION

À Propos DU «GRAND CARENAGE»: avis du GSIEN


     Ce fameux «grand carénage» suscite bien des émois. En effet il va entraîner beaucoup d’arrêts de réacteurs pour pouvoir garantir la sûreté.
     Tout d’abord disons qu ‘il faudra estimer les coûts pas seulement des travaux, mais en tenant compte de la disponibilité  des installations et le tout en respectant sûreté, radioprotection et environnement.

     ACTUEL
     Les composants non remplaçables
      - Cuve
      - enceinte
     Les composants vieillis et difficiles à changer
      - Contrôle commande: comment faire se côtoyer de l’électomécanique (magnétique) et du numérique.
      - Câbles
     Les «réparables»
     - Tubulures corrodées
     - les couvercles de cuve
     - les GV
     La fatigue (situations classées en pression et température)
     - Nombre de transitoires calculés et préconisés par le constructeur pour 40 ans de bons et loyaux services
     Avec l’expérience les situations sont redécoupées et recalculées, mais EDF ne peut pas vérifier l’état du composant souvent très radioactif.

     FUTUR
     - Cuve
     Le vieillissement des aciers va dépendre de
     * la fluence (nombre de neutrons arrivant sur la cuve)
     * de la transition ductile-fragile: la cuve doit travailler dans le domaine ductile or la température croît avec l’irradiation (de -30 à -20°C jusque 60, voire 80°C) => vérification avec des éprouvettes plus proches du cœur. Il reste:
     * représentativité des éprouvettes (format tout petit par rapport à la cuve),  estimation de la fluence
     * a connaissance est dans le domaine fragile et on doit extrapoler dans la zone ductile => d’où des formules semi-empiriques
     La cuve est prévue à la construction pour 40 ans (32 années d’Exploitation  à Pleine Puissance pour une disponibilité de 80%) donc tout dépend de ces 32 années qui peuvent bien sûr être entrecoupées d’années d’arrêt pour maintenance, changement de gros matériels. Et tout ceci peut faire plus que 40 ans (mais pas beaucoup plus et tout dépendra de ce qui devra être remplacé..)
     * Suivi des défauts: Défauts sous revêtement => Evolution => dimension d’un défaut de dimension max admissible, en particulier aux points chauds de la cuve (fluence max)?
     En Belgique on en a trouvé d’autres (forgeage?) et en France?
     D’autant plus que les défauts des cuves de Doël et de Tihange s’avèrent difficiles à caractériser.
     - Enceinte
     900 MWé
    * Bugey 5 présente un défaut (réexamen à 5 ans)
     * Problèmes avec la peau métallique (cloques…)
     * traversées d’enceinte
     1.300 MWé
     Ils sont à double enceinte: problème d’inétanchéité traité par des enduits de résines => tenue sous irradiation (en ambiance accident)?
     - Contrôle-commande
     Comment faire cohabiter analogique et numérique?
     Fessenheim a subi une mise à niveau partielle de son contrôle commande.
     Pour le moment cette mise aux normes est stoppée
     - Risque de fusion du cœur
     Ce risque est totalement reconnu et l’EPR est doté de moyens palliatifs (à tester?)
     Par contre aucun des 58 réacteurs existants ne pourra en être doté. On a simplement mené Fessenheim à un niveau plus sûr (gain d’environ 40h) => épaississement du radier pour retarder son attaque et pouvoir évacuer les populations.
     - Problèmes hydrogène
     * recombineurs : en phase accidentel, bof?
     * maintenance des recombineurs
     * positionnement : zones « casemates »
     * Transition Détonation/déflagration: utilisation du filtre à sable ou filtre U5
     - Pénétration fond de cuve
     Elles n’étaient pas systématiquement vérifiées: Gravelines1 en a bénéficié et il a été découvert un défaut quasi traversant à la soudure d’une pénétration fond de cuve: découverte en décembre 2011 => toujours avec une réparation provisoire en 2014.
     A surveiller car si non réparable que faire sinon arrêter?  Ce défaut peut devenir un défaut générique conduisant à l’arrêt de plusieurs réacteurs. C’est toute l’instrumentation de mesures et de contrôle du cœur du réacteur qui passe par ces pénétrations: l’EPR est doté d’une instrumentation passant par le couvercle, mais où en est le parc actuel?
     - Problème des combustibles
     Question de fabrication => à suivre
     - rentabilité économique => cycles plus longs en réacteur avec accroissement du taux de combustion=> cette voie est abandonnée par EDF pour cause de problèmes de tenue des gaines et de refroidissement avant retraitement
     - Problèmes pièces détachées
     Maintenances difficiles, voire remises . Ceci entraîne des arrêts réacteurs incontrôlés donc augmentent le nombre de transitoires.
     - Problème changement de  fournisseurs
     * Diesels
     * disjoncteurs 6,6 kV
     * robinetterie
     - Problèmes de la piscine de désactivation
     * Tubes de transfert
     * non bunkérisation du bâtiment
     - Problème de personnel
     * renouvellement des compétences, compagnonnage, encadrement, tenue des chantiers
     * choix des  prestataires, formation, suivi
(suite)
suite:

France: Poursuivre le nucléaire coûtera cher, très cher
Envoyé par Georges Caniac


     Un document interne à EDF, que le JDD s’est procuré, dresse les estimations des coûts futurs pour l’entretien et le renouvellement du parc nucléaire français.
     Les chiffres donnent le tournis.
coût du nucléaire en France
     Près de 300 milliards € devront être investis dans les cinquante prochaines années si les centrales actuelles sont reconstruites à l’identique.
     Une hypothèse toutefois difficile à tenir pour remplir l’objectif de réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique française.
     Depuis plusieurs mois, EDF chiffre à 55 milliards € le coût des travaux nécessaires pour prolonger la durée de vie de 58 réacteurs français de quarante à cinquante ans. Sauf que ce "grand carénage" est prévu pour une période comprise entre 2015 et 2025.
     Entre 2025 et 2047, EDF dépensera environ 35 milliards € pour entretenir les centrales jusqu’à leur fermeture, selon les estimations de Greenpeace. Un investissement lourd mais normal.
     Entre 2002 et 2012, "seulement" 10 milliards ont été dépensés pour la maintenance, un niveau jugé insuffisant pour assurer la sûreté.
     Au total, 100 milliards € seront donc destinés à la rénovation des 19 centrales françaises.
     Du grain à moudre aux écologistes
     Mais le plus vertigineux reste à venir.
     Une montagne d’investissements se dresse en cas de renouvellement du parc actuel.
     Le document d’EDF illustre pas moins de 200 milliards € nécessaires entre 2030 et 2067 pour reconstruire 58 réacteurs.
     Auditionné jeudi par les députés, le numéro 2 d’EDF, Hervé Machenaud, reconnaissait que ce coût pourrait atteindre 240 milliards €d’euros en choisissant des réacteurs EPR. "C’est une image pour donner un ordre de grandeur, précisait-il. Cela montre l’intérêt de prolonger les centrales pour reporter cet investissement."
     Ces chiffres donnent du grain à moudre aux écologistes. Et EDF le sait.
     "Cent milliards pour prolonger les centrales de seulement dix ans, c’est le même prix que ce qu’avait coûté la construction de l’ensemble du parc", explique Denis Baupin, chef de file des Verts à l’Assemblée.
     Le coût total de 300 milliards équivaut surtout à celui de la sortie du nucléaire remplacé par des énergies renouvelables. "Les montants sont les mêmes, ce qui permet de sortir du mythe que le nucléaire est gratuit", poursuit le député Vert.
     Avec ou sans nucléaire, la facture énergétique sera lourde.

Nucléaire: la prolongation des centrales n'est pas acquise, insiste l'ASN
AFP 19 Mars 2014

     PARIS - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a répété mercredi que l'autorisation de fonctionnement des réacteurs nucléaires français au-delà de 40 ans n'était pas acquise, et qu'elle rendrait son avis final vers 2018 ou 2019.
     L'extension au-delà de 40 ans n'est pas acquise, a rappelé le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet, au cours de la convention annuelle de la Société française d'énergie nucléaire (SFEN) à Paris.
     Le premier avis sur la possibilité d'aller ou non au-delà de 40 ans, nous pourrons peut-être le formuler en 2015, a poursuivi M. Chevet. L'avis final, définitif, générique sur l'ensemble du parc nucléaire français (pourrait intervenir) aux alentours de 2018, 2019, avant un examen réacteur par réacteur. M. Chevet a toutefois souligné qu'il ne fallait pas prendre la notion de 40 ans au pied de la lettre.
     Ce n'est pas une date anniversaire. C'est l'hypothèse de dimensionnement qui a été prise à l'origine. On vérifie ce qu'on vraiment vécu les réacteurs nucléaires, et en réalité il y a une marge, a-t-il expliqué.
     La prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de la limite initialement fixée lors de leur conception sera évaluée à l'aune des critères de sûreté, plus stricts, applicables à la troisième génération de réacteurs, comme l'EPR en cours de construction à Flamanville (Manche), a rappelé le président de l'ASN.
     Car l'alternative à cette extension, ce serait de construire une nouvelle centrale. À l’évidence, une nouvelle centrale devrait être construite suivant les règles de la troisième génération.
     La sûreté des piscines de stockage des combustibles usés, une vulnérabilité mise en évidence par la catastrophe de Fukushima (Japon) en mars 2011, et la capacité à refroidir l'enceinte en cas d'accident grave seront surveillées très attentivement, a précisé Pierre-Franck Chevet.
     Les discussions sur cette prolongation au-delà de 40 ans ont déjà débuté avec l'exploitant des centrales nucléaires françaises, EDF, qui doit remettre ses propositions à l'ASN.
     Avec EDF, nous sommes d'accord sur le sommaire du dossier. Nous allons avoir, en anticipation de l'examen formel de ce futur dossier, un cycle de trois séminaires (...) qui doivent se dérouler d'ici la fin de ce semestre pour examiner les principaux sujets de sûreté qui se posent, a dit M. Chevet.
p.15

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