LaG@zette Nucléaire sur le Net!
N°277, septembre 2015

DÉCHETS, POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE: PEUT-ON CONTINUER LA POLITIQUE DU "CHOIX IRRÉVERSIBLE"?
La fin du nucléaire au Québec.
A noter que la video sur ENRON indiquée en fin de texte "Thesmartest guys in the room" n'est plus accessible suite à plaintes pour droits d'auteurs...

 
Début du message réexpédié:
De: Gordon Edwards <ccnr@web.ca>
Date: 31 mai 2015
Gentilly 2: Un gâchis prévisible
par Daniel Breton, Journal de Montreal, 31 mai 2015 http://tinyurl.com/pcwz6dk

    Pour ceux et celles qui ont entendu parler de la fameuse turbine achetée récemment $79 millions par Hydro-Québec et revendue 75000$, sachez que ceci n’est qu’un élément de plus qui s’ajoute à une histoire du nucléaire au Québec qui n’a vraiment pas été des plus heureuses.

    Gentilly 1
    Commençons par la centrale nucléaire Gentilly-1. Gentilly-1, qui a été autorisée sous le gouvernement de Jean Lesage en 1966, n’a été en opération que pendant 182 jours dans les années 70. Et 40 ans plus tard, nous avons appris qu’on pourrait se retrouver à attendre jusqu’à 120 ans pour s’occuper de son déclassement, le tout devant être payé par le gouvernement fédéral selon l’accord passé à l’époque. Or, lorsque j’ai parlé de ce dossier au ministre de l’environnement fédéral Peter Kent, il était supposé nous revenir là-dessus... ce qu’il n’a jamais fait.$

    Gentilly 2
    Parlons de Gentilly-2 maintenant. La centrale nucléaire de Gentilly-2 a été autorisée sous le gouvernement de Robert Bourassa en 1973. L’entente au départ était très simple : on parlait d’un investissement de 50% du gouvernement canadien, qui avait persuadé le gouvernement du Québec d’aller de l’avant avec l’autre 50% du coût de la centrale. Ceci était supposé représenter un investissement de $175 millions du fédéral et $175 millions du Québec. Qu’est-il arrivé dans les faits? Ce qui est VRAIMENT arrivé, c’est que lorsque le gouvernement de René Lévesque est arrivé au pouvoir, la facture n’était plus de $350 millions, mais de $1,4 milliard. Un dépassement de coût de 300%, rien de moins. N’oubliez pas qu’il s’agit de $1,4 milliards... il y a 40 ans. C’est énormément d’argent.
    Mais le pire, c’est que l’entente signée par le gouvernement de Robert Bourassa était un contrat où le Québec seul se retrouvait à assumer les dépassements de coûts!
    Donc, le fédéral a payé $175 millions et le Québec s’est retrouvé à payer $ 1 milliard 225 millions. C’est pourquoi le gouvernement Lévesque a imposé un moratoire sur le développement du nucléaire.

    2008
    En août 2008, le PDG d’Hydro-Québec, Thierry Vandal et la ministre des ressources naturelles, Julie Boulet, ont annoncé qu’ils iraient de l’avant avec la réfection de la centrale nucléaire Gentilly 2 qui approchait de sa fin de vie utile. Or, dans son argumentaire, le PDG d’HQ affirmait que cette réfection coûterait $1,9 milliard et prolongerait la vie de la centrale de 25 ans. Quelques jours plus tard, j’étais de ceux qui avaient écrit une lettre qui fut publiée dans les médias où je rappelais que:
    8 réfections de divers niveaux de réacteurs Candu (du type de celui de Gentilly 2) ont été faites.
    Voici six exemples bien documentés:
    Pickering-A-1(P-A-1): La première réfection a prolongé la vie du réacteur de 10 ans. Une deuxième réfection a été faite et depuis, ce réacteur n'a fonctionné que 50% du temps.
    P-A-2: La réfection a prolongé sa vie de neuf ans. Fermé en 1997
    P-A-3: La réfection a prolongé sa vie de six ans. Fermé en 1997.
    P-A-4: La première réfection n'a prolongé sa vie que de 3 ans! Après une deuxième réfection où on l'a réouvert en 2003, il n'a fonctionné depuis que 50% du temps.
    (désolé, le lien http://www.cns-snc.ca/history/
Canadian_nuclear_history.html ne semble pas fontionner; recherche en cours...)
(suite)
suite:
    De plus, à cette époque la firme Moody's avait averti toutes les entreprises qui se lançaient ou se relançaient dans l'énergie nucléaire qu'elles pourraient voir leur cote de crédit dépréciée, augmentant les taux de leurs prêts. Peu après, le milliardaire Warren Buffet retirait ses investissements dans le nucléaire... pour investir dans l’entreprise chinoise BYD qui fabrique des voitures électriques.
    Bref, il était de notoriété publique que l’histoire des centrales nucléaires en était une de dépassements de coûts faramineux et que cela n’était pas près de changer.
    Le gâchis de Gentilly 2 était donc FACILEMENT PRÉVISIBLE.
    Pendant ce temps, à Pointe Lepreau...
    Au moment où HQ annonçait qu’il irait de l’avant avec la réfection de Gentilly 2, le Nouveau-Brunswick avait déjà amorcé le processus de réfection de sa propre centrale nucléaire à Pointe Lepreau. Et ce qui devait arriver arriva. Plutôt que de coûter $1,4 milliard, la réfection de la centrale en coûta $2,4 milliards, un dépassement de coût de plus de 70%. Et comme dans le cas de toutes les autres réfections que nous avions évoqué en 2008, cette centrale est régulièrement à l’arrêt. D’ailleurs, il y a 2 mois à peine, la centrale a été mise au repos forcé à cause de problèmes mécaniques. Et le mois dernier, le gouvernement annonçait que cet arrêt serait prolongé.
    Prévisible, disais-je?

    Retour sur la réfection de Gentilly 2
    Au moment même où nous étions témoins des problèmes de Pointe Lepreau, Hydro-Québec se lançait tête première dans la réfection de Gentilly 2 et dépensait tout près $1 milliard dans cette réfection... jusqu’à ce que les dirigeants réalisent qu’ils s’en allaient eux aussi dans le mur. Une étude publiée dans Le Devoir révélait d’ailleurs en septembre 2012 que cette réfection, plutôt que de coûter $1,9 milliard, coûterait plutôt $4,3 milliards, ce qui représentait un dépassement de coût de 130%. C’est ainsi qu’Hydro-Québec a stoppé la réfection de Gentilly-2 en mai 2012 en avisant Énergie atomique du Canada Limitée (EACL).
    Ainsi, lorsque la première ministre Pauline Marois a annoncé en septembre 2012 que son gouvernement fermerait la centrale de Gentilly 2, elle ignorait que cette fermeture était déjà chose faite. Pourquoi l’ignorait-elle? Parce que le gouvernement de Jean Charest était au courant de la décision, mais avait sciemment caché la vérité sur l’arrêt de la réfection de la centrale par Hydro-Québec aux gens de la Mauricie.
    Et maintenant...
    Nous découvrons grâce aux analyses de la vérificatrice générale Guylaine Leclerc que la société d’état a cédé pour des pinottes ($75 millions). Or, selon des informations qui m’ont été envoyées par des gens d’Hydro-Québec, il semble que cette turbine aurait pu être utilisée ailleurs dans le réseau.
    Vrai? Faux? Une telle affirmation demande à être validée.
    À la lumière de tout ceci, que devons-nous conclure?
    1- Que l’aventure nucléaire a été très coûteuse pour le Québec,
    2- Que la gestion du dossier de Gentilly 2 dans son entièreté par Hydro-Québec a été plutôt douteuse et que ce gâchis était PRÉVISIBLE.
    En résumé, il est plus que temps que nous, québécois, reprenions le contrôle de NOTRE société d’état. Elle est beaucoup trop précieuse pour que nous la laissions être privatisée, mais elle doit être absolument gérée de façon rigoureuse ET intègre. Je constate que certaines personnes se servent de ces exemples pour exiger la privatisation d’Hydro-Québec, comme si l’entreprise privée était nécessairement rigoureuse et intègre.
    Enron, ça ne vous rappelle rien?
    Si vous voulez voir comment une entreprise privée qui oeuvre dans le domaine de l'énergie a pu tuer des gens en plus de gâcher les vies de millions d'autres tout en contribuant à mettre l'état de la Californie en faillite EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE, je vous invite à regarder le documentaire intitulé "Thesmartest guys in the room"! MAIS même remarque...
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Feu rouge pour les mines d’uranium au Québec
La Coalition Québec meilleure mine se réjouit de la conclusion du
BAPE (Bureau d’Audiences Publiques sur l’Environnement)

17 juillet 2015
 
     Québec 17 juillet 2015. La Coalition pour que le Québec ait meilleure mine se réjouit de la conclusion du rapport du Bureau d’Audiences Publiques sur l’Environnement (BAPE) qui conclut que les risques et les incertitudes reliés à l’exploitation des mines d’uranium pour la santé et l’environnement sont encore trop nombreux pour autoriser leur exploitation. Le BAPE conclut «En conséquence, il serait contre-indiqué de donner le feu vert à l’exploitation de l’uranium sur le territoire du Québec dans le contexte actuel.»

    Québec appelé à interdire l’exploitation de l’uranium
    «Nous sommes très heureux des conclusions du rapport du BAPE qui, après plus d’un an d’analyses et des douzaines de consultations publiques dans les quatre coins du Québec, constatent ce que nous constatons depuis des années: les risques et les incertitudes des mines d’uranium pour la santé et l’environnement sont encore trop nombreux pour autoriser leur exploitation», affirme Dominique Bernier, coordonnatrice de la Coalition Québec meilleure mine.
    «Nous demandons maintenant au Québec de mettre en œuvre les conclusions du BAPE et de suivre les exemples de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse en légiférant contre l’exploitation de ce type de mines au Québec», affirme Ugo Lapointe de Mining Wacht Canada et coporte-parole de la coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

    La radioactivité du minerai au cœur de l’enjeu
    Dans le rapport exhaustif de 626 pages, le BAPE conclut que la radioactivité du minerai et des déchets miniers laissés derrière est au cœur de l’enjeu face à l’acceptabilité de cette industrie. Chaque mine produit généralement des milliers de tonnes de déchets miniers contenant un cocktail d’éléments toxiques, dont plusieurs demeurent radioactifs à très long terme (millier d’années). Le BAPE n’est pas satisfait des méthodes et des technologies actuelles pour maintenir la sécurité à long terme des sites uranifères. Le BAPE craint également les coûts élevés que ces sites pourraient engendrer incombent aux générations futures, à la fois sur le plan environnemental et économique.

    Une filière socialement inacceptable
    Face aux risques et aux incertitudes des mines d’uranium, le BAPE constate également qu’il n’y pas d’acceptabilité sociale de cette filière au Québec. Une vaste majorité des intervenants se sont prononcés contre cette filière lors des audiences, en plus de très nombreux organismes au cours des dernières années, dont des centaines de municipalités et l’ensemble des Premières nations du Québec.
    La Coalition réagira de façon détaillée à l’ensemble du rapport dans une prochaine communication.

    Informations
    La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! a vu le jour au printemps 2008 et est aujourd’hui constituée d’une trentaine d’organismes représentant collectivement plus de 250.000 membres partout au Québec. La coalition s’est donnée pour mission de revoir la façon dont on encadre et développe le secteur minier au Québec, dans le but de promouvoir de meilleures pratiques aux plans social, environnemental et économique.

    Les membres actuels de la coalition: Action boréale Abitibi-Témiscamingue (ABAT), «Alternatives», Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME), Association de protection de l’environnement des Hautes-Laurentides (APEHL, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyennete, Coalition de l’ouest du Québec contre l’exploitation de l’uranium (COQEU), Coalition Stop Uranium de Baie-des-Chaleurs, Comité de vigilance Malartic, Écojustice▪Eco-vigilance Baie-des-Chaleurs ▪Environnement Vert Plus Baie-des-Chaleurs  ▪Fondation Rivières▪ Forum de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM▪Groupe solidarité justice▪ Les AmiEs de la Terre de Québec▪Justice transnationale extractive (JUSTE)▪ MiningWatch Canada▪Minganie sans uranium▪ Mouvement Vert Mauricie▪ Nature Québec▪ Professionnels de la santé pour la survie mondiale, Regroupement citoyen pour la sauvegarde de la grande baie de Sept-Îles, Regroupement pour la surveillance du nucléaire, Réseau œcuménique justice et paix (ROJeP), Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Sept-Îles sans uranium, Société pour la nature et les parcs (SNAP-Québec), Société pour vaincre la pollution (SVP), Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).Tous nouveaux membres bienvenus.
Fléau pire que l’amiante, l’uranium doit rester en terre
Le président de la CCSN est hors d’ordre
Par Jacques Dagenais, le Devoir, 4 août 2015 - Montréal

    Michael Binder a multiplié les interventions depuis sa nomination en remplacement de l’ancienne présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
    Certains peuvent être surpris de voir le président d’un quasi-tribunal qui se dit indépendant se jeter dans une bataille médiatique contre le BAPE, conjointement avec les entrepreneurs et lobbyistes de l’industrie de l’uranium.
    En effet, par sa lettre de la semaine dernière au ministre Heurtel attaquant la crédibilité du très solide rapport du BAPE sur la filière uranifère, le président de la CCSN, Michael Binder, est complètement hors d’ordre. Non seulement il vient de discréditer sa fonction, mais il confirme encore une fois que cet organisme, la Commission canadienne de sûreté nucléaire, défend avant tout l’industrie et non pas la sécurité des citoyens.
    Les moins surpris sont sûrement les commissaires ayant mené cette étude sur l’uranium, puisque, lors de la présentation de mon mémoire en audience, je les avais prévenus qu’ils avaient affaire au plus puissant lobby qui existe. Ce lobby est puissant puisqu’il réunit, en plus de grandes entreprises multinationales, de puissantes entreprises d’État, d’influents syndicats d’ingénieurs nucléaires, le tout chapeauté par un organisme de contrôle plus actif à promouvoir l’industrie qu’à protéger le public, comme cela est supposé être sa mission. J’ai même fourni aux commissaires des exemples récents des interventions intempestives du président Binder en faveur de l’industrie, incompatibles avec le rôle d’un président d’un tribunal tenu à la neutralité et qui a une obligation de réserve.
(suite)
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    Interventions inacceptables
    Il a multiplié ses interventions inacceptables depuis sa nomination en remplacement de l’ancienne présidente, congédiée après avoir pris une seule décision défavorable à l’industrie, alors qu’elle allait mettre en avant l’adoption de normes de sécurité reconnues partout, mais auxquelles ne peuvent satisfaire les vieux rafiots canadiens, les réacteurs CANDU. Soulevant le manque d’indépendance de la CCSN, j’avais prévenu cette présidente, lors d’une audience tenue dans les mois ayant précédé son renvoi, qu’elle ne pouvait prendre de décisions à l’encontre de l’industrie, au risque d’être congédiée.
    Tout juge agissant comme le fait le président Binder aurait depuis longtemps été ramené à l’ordre par son conseil de la magistrature.
    J’espère donc que le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, ne sera pas ébranlé par cette intervention supposément basée sur des connaissances scientifiques que les commissaires n’auraient, semble-t-il, pas comprises et qui leur avaient pourtant bien été expliquées par les éminents et infaillibles intervenants de la CCSN.
    Il faut rappeler que ces scientifiques de la CCSN sont régulièrement intervenus en 2012 pour faire la leçon à l’Allemagne et contester les études scientifiques solides sur lesquelles ce pays s’était basé pour décider de sortir du nucléaire. Ils interviennent continuellement pour attaquer tout expert qui ose mettre en doute la validité des normes canadiennes, souvent contraires aux pratiques internationales et curieusement ajustées pour permettre aux vieux réacteurs CANDU de continuer à fonctionner. On mentionnera entre autres les niveaux de tritium, avec une norme 100 fois plus élevée qu’en Californie, parce que les CANDU canadiens fonctionnant à l’eau lourde en produisent plus que tout autre type de réacteur. Quant au coefficient positif au vide des CANDU, c’est une caractéristique des réacteurs canadiens qui est inacceptable chez nos voisins du Sud, en France et dans la plupart des pays de l’OCDE.

    Sarcophages de béton
    N’étant pas un scientifique, mais un retraité du monde de la finance et de la haute technologie, j’ai fait une intervention qui a surtout consisté à rappeler aux commissaires que l’uranium ne sert essentiellement qu’à produire des bombes atomiques et à faire fonctionner des réacteurs nucléaires capables de causer des désastres inégalés dans aucune autre industrie, comme à Tchernobyl et à Fukushima, et surtout qui produisent chacun, chaque semaine, des tonnes de déchets hautement radioactifs qui, faute de solution pour encore au moins un siècle, s’accumulent dangereusement partout sur la planète. Seulement ici au Québec, malgré la fermeture de Gentilly-2 en décembre 2012, on a encore à gérer 3.000 tonnes de ce pire poison de la planète jusqu’à l’an 2151, selon le rapport annuel d’Hydro-Québec. Ces 142.000 grappes sont entreposées sur le bord du fleuve, dans sa partie la plus étroite, dans des sarcophages de béton sensés à l’origine durer 50 ans.
    Vu que la solution permanente pour disposer de ce combustible irradié, dangereux pour des dizaines de milliers d’années, est toujours recherchée et ne sera pas prête avant la fin du siècle au mieux, on prédit maintenant, avec l’assentiment de la CCSN, leur vie à 100 ans. On a raison de mettre en doute une telle survie du béton dans notre climat, en se basant sur plusieurs exemples comme le pont Champlain ou Turcot, surtout quand on sait que les grappes de combustible sont encore à une température de plusieurs centaines de degrés lorsqu’elles sont entreposées dans ces sarcophages de béton non testés. En Ontario, la majorité des grappes s’accumulent dans des piscines non protégées et dangereusement surchargées, ce qui, selon le rapport de l’expert Alvarez, en augmente beaucoup le risque.

    Moratoire
    Que dit à ce sujet la CCSN? Informe-t-elle les citoyens canadiens de l’ampleur de ce problème, jusqu’à maintenant non résolu, et des risques énormes que ce combustible irradié nous fait courir? Absolument pas, cela risquerait de nuire à l’industrie. Elle affirme plutôt que «le combustible sera évacué vers un centre canadien d’enfouissement en zone géologique profonde qui va être développé par la SGDN. Entre-temps, le combustible est entreposé de façon sécuritaire sur les sites des réacteurs
    Donc, l’argument voulant que les conclusions du BAPE sont erronées parce que contraires aux décisions basées sur les infaillibles connaissances scientifiques de la CCSN depuis 30 ans concernant les mines d’uranium en Saskatchewan ne devrait pas influencer le ministre Heurtel. La Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse n’ont pas hésité à décréter un moratoire sur l’exploitation de l’uranium.
    Encore plus néfaste que l’amiante, autant pour les travailleurs, les communautés environnantes que pour les dommages créés par son utilisation, l’uranium au Québec doit rester en terre. Le Québec a les moyens et suffisamment d’autres ressources pour se permettre de maintenir ce moratoire de façon permanente.
    Les risques juridiques et financiers d’une telle décision, quelles que soient les menaces des lobbyistes, devraient être de peu d’importance.
    Les investisseurs dans ce domaine sont généralement bien indemnisés par les crédits d’impôt pour exploration et des pertes transférées par le financement d’actions accréditives de petites compagnies coquilles, dont ils ne garantissent d’aucune façon les dommages immenses qu’elles peuvent causer, le gouvernement devant généralement ramasser la facture de tout désastre ou abandon.
    Si on se fie aux milliards de dollars de poursuites liées à l’exploitation de l’amiante toujours en cours partout dans le monde, le ministre exposerait les Québécois pour des générations à venir à de bien plus grands risques juridiques et financiers en permettant l’exploitation de l’uranium plutôt qu’en décrétant un moratoire permanent.

    Commentaire

    Rien n’est simple quand on parle mines d’uranium et l’argent trop  facile est un attrait certain.
Il est vrai que le Canada exploite toujours l’amiante, bien que l’on en connaisse les effets sur les travailleurs donc pourquoi  pas uranium et amiante.
p.17-18

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