CONTROVERSES NUCLEAIRES !
Bases de données Tchernobyl
Rénovation du sarcophage: suivi
EVITER UN DEUXIEME TCHERNOBYL

http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/man130605.html
     Les alarmistes parlent d’une seconde catastrophe imminente à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Le sarcophage qui recouvre le réacteur responsable de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire risque de s'effondrer et le second sarcophage, qui devrait en théorie être assemblé à partir de 2008, ne progresse qu'au compte-goutte.
     "Le sarcophage qui recouvre le réacteur no 4 accidenté est en piteux état. La toiture et le béton de l’enveloppe s’effritent à chaque jour. La neige et la pluie qui entrent par les fissures du toit provoquent des réactions nucléaires difficiles à évaluer", prévient l’atomiste Valentin Koupny, ancien directeur adjoint de la centrale nucléaire de Tchernobyl, lors d’une entrevue accordée au quotidien russe Troud.
     L’Agence internationale d’énergie atomique (AIEA) se veut rassurante. Mais seulement 70% de l’eau qui infiltre la centrale est pompée. Il est impossible de procéder à un nettoyage complet de l’intérieur, de sorte que le matériel contaminé continue d'interagir avec le carburant: et des scientifiques évaluent qu’il subsiste 200 tonnes de combustible contaminé au centre du réacteur no 4. "Les murs de l’enveloppe sont chauds et la nuit, des lueurs sont nettement visibles", ajoute Valentin Koupny.
     Dans la zone sud, la charpente du ventilateur qui contient une quantité considérable de débris et de poussières radioactives s’est abaissée de 1,5 mètre. Il faut consolider les 27 poutres qui supportent le toit. Les dalles situées à une hauteur de 38,2 mètres menacent de s’effondrer à cause de la forte radioactivité. Le mur ouest du sarcophage a bougé d’un mètre sous la pression de la structure interne.
     Dans ces conditions, un tremblement de terre de 4,3 sur l’échelle de Richter suffirait à provoquer un effondrement d’une partie du sarcophage. Si tel était le cas, "des tonnes de poussière radioactive s’élèveraient dans le ciel à une hauteur de deux kilomètres et se déposeraient ensuite sur les pays voisins" dit l’académicien Dmitri Grodzinski qui supervise l’entretien de la centrale nucléaire de Tchernobyl depuis 16 ans, avec l'aide de 4000 travailleurs (y compris des biologistes et gardes-forestiers qui font des suivis environnementaux).
     Le sarcophage, déplore-t-il, "a été construit à la va-vite". Certains croient comme lui que les travaux, réalisés en 1986, en 206 jours et avec l’aide de dizaines de milliers de travailleurs qu’il ne fallait pas exposer plus de 40 secondes à la fois, ont été bâclés. Et c'est sans compter les 800 sites d’enfouissement de déchets radioactifs qui se trouvent dans la région de Tchernobyl et qui ont atteint la nappe phréatique en plusieurs endroits.
     "Les pires moments pour nous les travailleurs, c’est lorsqu’une petite brise souffle par temps chaud. Les touristes apprécient la chaleur, nous, on ne pense qu’à se cacher", rigole Yuri Tatarchuk, le guide touristique qui fait visiter le site du réacteur nucléaire de Tchernobyl à un nombre de plus en plus grand de visiteurs.
15 ans pour en finir
     C'est dès 1992 que l’Ukraine, soutenue par les pays du G-7 et de la Communauté européenne, avait adopté un concept de consolidation de la centrale, afin d’en faire un endroit sécuritaire. Ce n'est toutefois qu'en décembre 1995 qu'est adopté un plan d'action. En 1997, le coût à court terme est évalué à 768 millions $ US, et à cause des retards, la facture est aujourd'hui passée à 1,1 milliard $ US. Quelque 28 pays sont invités à contribuer au Chernobyl Shelter Fund administré par la Banque européenne de reconstruction et de développement. Le Canada s’implique à raison de 33 millions $US. Il a également financé, pour 19,5 millions de dollars canadiens, les activités de protection du secteur avoisinant.
     En avril 1998, un consortium formé des compagnies américaines Bechtel et Battelle, et d’Électricité de France (EDF) établit un agenda des travaux en deux phases, visant à sécuriser le site au plus tard en 2008, en attendant l'hypothétique construction d'un nouveau sarcophage, plus durable.
     Des appels d’offre internationaux seront lancés au début de l’été pour trouver des entreprises capables de mener à terme la consolidation de la structure du sarcophage actuel.
     "C’est un travail très complexe car nous ignorons ce qui se passe à l’intérieur de la centrale", explique la porte-parole du consortium franco-américain.

Une enveloppe pour 100 ans
     Une fois cette consolidation menée à terme, commencera la construction du nouveau sarcophage, en forme d'arche, qui devrait en théorie isoler le réacteur pour un siècle. Ce 2e sarcophage sera le plus imposant du monde : 256 mètres de large, 108 mètres de haut et 150 mètres de profondeur. Il sera monté en 12 sections différentes qui seront ensuite assemblées à 200 mètres de la centrale.
     Les donateurs, auxquels s’est ajoutée la Russie, ont confirmé, le 12 mai à Londres, un ajout de 200 millions $ US, assurant ainsi une réserve de 800 millions pour débuter les travaux. En contrepartie, ils exigent que le gouvernement de l’Ukraine entreprenne les réparations avant le 20e anniversaire de la catastrophe, en avril 2006. "Ce qui pourrait accélérer les mises en chantier, c’est que les Nations Unies songent sérieusement à faire de Tchernobyl un site touristique pour les amateurs de sensations fortes, mentionne Yuri Tatarchuk, le guide touristique. Ce serait une bonne idée."