C'EST un soulagement pour les
populations proches de Tchernobyl. Le contrat de construction d'une enceinte
de confinement autour de l'un des réacteurs de la centrale nucléaire
serait sur le point d'être signé. Si les autorités
ukrainiennes ont annoncé mercredi soir la victoire du consortium
Novarka - composé de Bouygues Travaux Publics et de Vinci Grands
Projets - les entreprises concernées préféraient hier
rester prudentes. «À ce jour, nous n'avons toujours pas
reçu la lettre de commande», déclarent à
l'unisson les deux groupes français de BTP, qui étaient en
concurrence avec un groupement américano-ukrainien. Selon nos informations,
l'annonce officielle pourrait intervenir début septembre. «La
signature du contrat est attendue dans les prochaines semaines»,
a indiqué hier la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement (Berd), qui doit désigner le lauréat.
La Berd s'est vu assigner un rôle de coordinateur du projet il y
a dix ans par les pays du G7.
Une tâche extrêmement délicate en raison d'abord du mode de financement choisi. C'est un fonds international auquel contribuent l'Union européenne et vingt-neuf pays et géré par la Berd, qui finance le projet. «Il a fallu du temps pour mettre d'accord tout le monde, explique un porte-parole de la Berd, car l'ensemble de la communauté internationale était impliqué, dont des pays qui n'ont pas toujours été amis dans le passé.» Une première allocation de 330 millions €, dont 150 millions financés par la Russie, a été avalisée en juillet par les donateurs. Au total, le contrat de conception-construction est estimé à 430 millions d'euros€ par Vinci. Une prouesse technique La sensibilité du site a également compliqué le montage de l'opération. Vingt ans après l'explosion du réacteur numéro 4 de la centrale, fermée en décembre 2000, il fallait contenir le risque de dissémination de 200 tonnes de magma radioactif, au-delà de la seule ville de Tchernobyl. |
Après l'accident, les Ukrainiens avaient
réagi dans l'urgence. Dans un premier temps, des sacs de sable avaient
servi à confiner le réacteur. Un sarcophage de béton,
aujourd'hui fissuré, avait ensuite été construit à
la hâte.
Des experts internationaux ont été consultés. Deux scénarios avaient été retenus. Exit la première option, qui consistait à recouvrir la centrale nucléaire de plusieurs couches de béton et à enterrer les déchets radioactifs. «C'est une solution plus pointue, meilleure pour l'environnement mais plus longue à mettre en place que nous avons choisie», raconte Pierre Berger, président de Vinci Construction Grands Projets. Une arche métallique de 20.000 tonnes sera conçue pour s'élever au-dessus du sarcophage existant et l'envelopper. Dans un premier temps, elle permettra de confiner le réacteur. Ensuite, sous l'arche, à l'aide de robots, le sarcophage ainsi que les ruines du réacteur seront dépollués et progressivement détruits. «Ce sera du jamais vu!», s'enthousiasme Pierre Berger. L'enceinte métallique, dont l'ampleur (105 mètres de haut, 150 mètres de long) permettrait de recouvrir la Grande Arche de la Défense, sera construite à quelques centaines de mètres du réacteur. Elle sera ensuite déplacée sur le site en empruntant un système de rails. Ce qui permettra d'éviter toute intervention humaine dans un environnement radioactif. «À l'endroit le plus proche de la centrale, nuance le dirigeant de Vinci, un être humain peut travailler environ une heure et demi par jour sans protection.» Quelque cinq cents personnes, dont 20% environ d'expatriés, travailleront sur le site. Parmi elles, des ingénieurs, des ouvriers ainsi que des personnels assurant la protection contre la radioactivité. Le chantier pourrait être terminé dès la mi-2012. |
LE
MONDE | 17.09.07
Voir aussi: http://www.lefigaro.fr/ Plus de vingt ans après l'explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986 en Ukraine, une solution pérenne de confinement de la radioactivité encore présente dans le bâtiment détruit est en vue. Lundi 17 septembre, le consortium Novarka, conduit par les sociétés françaises Vinci et Bouygues, devait signer avec les autorités ukrainiennes un contrat de 430 millions €, prévoyant la construction d'une arche englobant le réacteur et le sarcophage assemblé en urgence après l'accident. Les dimensions de l'ouvrage seront impressionnantes: 260 mètres de large, 150 mètres de long et 105 mètres de haut, 18.000 tonnes de charpente métallique – contre 7 300 tonnes pour la Tour Eiffel. "Cette arche aura deux fonctions, décrit Pierre Berger, président de Vinci Construction Grands Projets. Elle assurera le confinement du réacteur. Et elle soutiendra un pont roulant et des outils robotisés qui permettront aux Ukrainiens de lancer la déconstruction du sarcophage." Ce dernier avait été édifié en sept mois par des milliers de "liquidateurs", afin de protéger la région déjà contaminée par les 190 tonnes estimées de combustible nucléaire restant dans l'enceinte éventrée. Il n'est pas étanche aux intempéries et on estime à 100 m2 la surface des interstices ouverts dans sa structure de béton et d'acier. Il a en outre rapidement montré des signes de fragilité, une menace inacceptable compte tenu des quelque quatre tonnes de poussières radioactives susceptibles d'être propulsées dans l'environnement. |
RAILS DE BÉTON
Il a déjà fallu consolider la cheminée d'aération commune aux réacteurs 3 et 4, et renforcer les poutres couvrant le toit. Ces opérations, tout comme l'arrêt des autres réacteurs (en 2000), ont mobilisé la communauté internationale. Celle-ci, à l'instigation de l'Ukraine, du G7 et de l'Union européenne, a adopté, en 1997, un plan plus ambitieux pour la couverture de Tchernobyl. Aujourd'hui doté de quelque 800 millions €, le fonds destiné à le mettre en œuvre est géré par la Banque européenne de reconstruction et de développement. Mais ces financements ont été longs à assembler et l'instabilité politique en Ukraine n'a pas facilité la conclusion du marché. Novarka l'a emporté face à la firme américaine CH2M Hill. "Cela va permettre de démontrer le savoir-faire français, se félicite Pierre Berger, dans un secteur – la déconstruction nucléaire – qui offrira d'énormes débouchés au cours des cinquante prochaines années." Les travaux, qui devraient durer trois ans, ne débuteront pas avant 2009, le temps d'affiner le projet. Pour limiter l'exposition des ouvriers aux rayonnements, l'arche, faite de poutres d'acier boulonnées, sera assemblée à proximité du réacteur, puis glissée au-dessus de celui-ci sur des rails de béton. Le chantier devrait mobiliser un millier d'ouvriers, essentiellement ukrainiens, et une centaine d'expatriés pour le compte de Novarka. Si l'arche est censée offrir une protection pour une centaine d'années, elle ne répond que partiellement à la menace posée par le réacteur n°4. "La récupération du cœur radioactif, sa prise en charge et son conditionnement posent encore des problèmes techniques et de financement", note ainsi Jean-Bernard Chérié, secrétaire général de l'Institut pour la radioprotection et la sûreté nucléaire. Hervé Morin
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L'Ukraine
et le groupe français Novarka signeront un contrat sur la construction
d'un site de confinement couvrant l'ancien sarcophage de la centrale nucléaire
Tchernobyl les 17-24 septembre prochain, a annoncé mardi le ministre
ukrainien des Situations d'urgence Nestor Choufritch.
Novarka a remporté un appel d'offres pour la création, la construction et la mise en exploitation d'un second sarcophage lancé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), selon le ministre. Fin septembre, l'Ukraine signera également des contrats avec la société américaine Holtec sur la construction d'un site de stockage des déchets nucléaires pour trois réacteurs intacts de la centrale de Tchernobyl et l'achèvement des travaux de construction d'une usine de retraitement des déchets radioactifs solides, selon M.Choufritch. |
En mai 2005, le Fonds
international du sarcophage de Tchernobyl géré par la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)
avait promis de débloquer quelque 200 millions de dollars pour la
construction d'un nouveau site de confinement couvrant le 4e réacteur
accidenté de la centrale de Tchernobyl.
Les membres du fonds qui réunit les pays du G8, l'Ukraine et l'UE avaient donné leur feu vert à la signature d'un contrat de 490 millions € avec Novarka le 17 juillet dernier à Londres. Le plus grave accident nucléaire de l'Histoire s'est produit dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, non loin de la frontière biélorusse. La radiation a pollué un territoire de 160.000 km2 répartis dans le nord de l'Ukraine, l'ouest de la Russie et le sud-est de la Biélorussie. Selon un rapport de l'ONU de 1995, le nombre de victimes directes et indirectes de cet accident a atteint 9 millions. |
Holtec International,
a US energy consultancy and contractor, has commenced work on a project
to complete construction of a second nuclear waste storage facility near
the Chernobyl Nuclear Power Plant, officials said this month.
Analysts say that completion of the construction of the second nuclear waste storage facility would eventually help decommission the whole plant and eliminate risks and hazards related to the storage of spent nuclear fuel from Chernobyl. Experts say the facility is a first step toward building additional storage facilities and possibly processing facilities. Such projects can help Ukraine reduce dependency on its northern neighbor, Russia, to which it currently pays more than $100 million annually for accepting, processing and storing spent nuclear fuel. The contract also marks growing cooperation between the power industries of the US and Ukraine, whose energy sector remains tightly integrated with Russia. Officials from Holtec, Ukraine's Energy Ministry and the Chernobyl plant agreed that Holtec would start preparation works on the project prior to signing an official agreement. "In the interim, we will finish contractual negotiations, and around the end of August or middle of September, we will sign the contract [with Holtec]," said Andriy Shatsman, head of the group for managing projects on decommissioning the Chernobyl plant. The value of the contract with Holtec was not disclosed. The Chernobyl plant was decommissioned in December 2000, however, a storage facility needs to be built to hold spent nuclear fuel from the plant's other three reactors. The plant already has one nuclear waste storage facility in place, but it is due to be decommissioned in 2016. The Chernobyl plant, the site of the worst nuclear disaster in history, continues to be a real, yet unresolved problem worrying Ukraine itself, its neighbors and the EU. The problems of the plant fall under projects funded through the Chernobyl Shelter Fund and the Nuclear Safety Account (a multilateral fund set up at the European Bank for Reconstruction and Development in 1993 to finance nuclear safety projects in Central and Eastern Europe). Both projects were created on initiatives from the EU and the G7. France's Framatome, recently renamed to Areva NP, was originally chosen as the contractor for the construction of the second nuclear waste storage facility, but was replaced with Holtec. |
The contract with the
French company was signed in 1999, but work was suspended in 2003 over
alleged project defects raised by the Chernobyl plant's management.
Framatome, a designer and builder of nuclear power plants, was originally supposed to have completed works in 2003. A contract with the French company was terminated in April 2007. Talks with Holtec regarding modification and completion of the project were started in January this year. More than $96 million has already been spent on the project. Currently, more than 50% of the second storage facility is completed. The contract with Holtec, a diversified technology company headquartered in New Jersey, envisions that the nuclear waste storage facility would be ready in about five years, according to Shatsman. At first, 25 months will be spent on preparation work, including design development and attaining approval from Ukraine's authorities. Construction is expected to last an additional 40 months. The completion of construction of the storage facility does not resolve the issue of processing nuclear fuel spent by the Chernobyl plant for later reuse, since currently spent fuel used at RBMK nuclear reactors deployed at the plant is not processed either in Ukraine or Russia. The Chernobyl plant's storage facilities will store only spent fuel from the plant itself and not from Ukraine's other nuclear power plants. But plans exist to expand storage facilities and launch other facilities that would help Ukraine, one of the largest nuclear power generators, to reprocess and reuse some of its spent nuclear fuel rather than paying Russian companies for such services. Ukraine's state nuclear power company currently operates 14 nuclear power blocks at four power plants. Six of the blocks are located at the Zaporizhya Nuclear Power Plant, home to the only spent nuclear fuel facility in Ukraine. The rest of the power plants are dependent on Russian services for storage and processing of their nuclear waste. Nuclear power plants produce about half of the power needs of Ukraine, a country that also boasts massive thermal generators and exports electricity for hard currency. |
Novembre 1986: Un «sarcophage» en béton
de 50 mètres de haut est édifié autour des restes
du réacteur «avarié». Même si la la construction
n'est pas hermétique, la haute radioactivité qui y règne
empêche toute surveillance. On sait seulement qu'à l'intérieur
reste en fusion un magma de 40 à 150 tonnes de combustible nucléaire
mêlé aux matériaux que d'héroïques pilotes
d'hélicoptères avaient largués sur le réacteur
quelques jours après l'accident. (L'état du sarcophage inquiète
aujourd'hui au plus au haut les responsables ukraine et européens:
le projet d'un second sarcophage autour du premier fait toujours long feu).
Mai 1988: «Nous pouvons affirmer aujourd'hui avec certitude que l'accident de Tchernobyl n'a aucun effet sur la santé humaine» déclare Lugène Chazoy ministre soviétique de la santé, lors de la première conférence internationale sur les conséquences médicales de la santé à Kiev. Cette déclaration est symptomatique de la première phase de gestion de la catastrophe sous administration soviétique. Avril 1991: Le Soviet suprême de la RSS d'Ukraine adopte une complexe loi récapitulative sur «le statut et la protection sociale des citoyens ayant souffert de la catastrophe de Tchernobyl». Cette loi définit quatre territoires, selon un ordre de contamination décroissant, sauf pour le premier qui est arbitrairement la zone interdite des 30 kilomètres autour de la centrale. La zone 2 (750 Km2) est celle dite du relogement inconditonnel (il y reste actuellement plus de 10.000 personnes, résolues à partir et très inquiètes quant à leur santé). La zone 3 est celle du relogement volontaire, référence au tait que des facilités devaient être proposées à ceux qui voulaient déménager. |
(De fait, il reste 630.000 personnes sur ce territoire qui, en Ukraine,
mesure 4.700 km2). Enfin la zone 4, dite de contrôle
radiologique strict, englobe 360.000 km2 et est peuplée
d'environ 1.700.000 personnes.
Avril 1995: Le président ukrainien Léonid Koutchma prend l'engagement de fermer la centrale nucléaire de Tchernobyl avant l'an 2000, c'est-à-dire de désaffecter les deux tranches encore en activité et ne pas remettre en marche le réacteur numéro 2, dont la salle de contrôle a subi un incendie en 1991. Un accord est trouvé sur l'implantation d'une centrale à gaz, pour se substituer aux deux réacteurs, qui assurent encore 5% des besoins de l'Ukraine en électricité. Sources par ordre chronologique:
* Sociologue, assistant au Centre universitaire d'écologie humaine et des sciences de l'environnement |