Une délégation de responsables
de líassociation humanitaire alsacienne «Les Enfants de Tchernobyl»
vient de rentrer díune mission de 2 semaines dans les régions de
líUkraine et du Bélarus fortement contaminées par les retombées
radioactives de Tchernobyl.
Les 9 participants avaient une triple mission
: humanitaire, scientifique et sociologique. Leur objectif était
díévaluer la situation sur le terrain plus de 18 années après
líexplosion du réacteur ukrainien le 26 avril 1986.
André Paris, scientifique, auteur de
líouvrage de référence «Contaminations radioactives:
atlas France et Europe» accompagnait líéquipe alsacienne
muni díun spectromètre gamma très performant pour évaluer
la contamination en césium 137 de la couche superficielle des sols.
Au Bélarus, des responsables de líInstitut
de radioprotection indépendant «Belrad» dirigé
par le professeur Nesterenko encadraient la délégation.
Les mesures des sols réalisées
par les bénévoles français mettent en évidence
un indiscutable et important risque sanitaire encouru par les populations
ukrainiennes et bélarusses qui continuent de vivre sur des territoires
contaminés par les retombées radioactives, en particulier
le césium 137 qui reste très présent.
Les autorités
internationales estiment quíen 2004 deux millions de personnes habitent
encore sur des territoires contaminés par Tchernobyl dans ces deux
républiques de líex-URSS. Parmi eux, 500.000 enfants restent exposés
de manière chronique à de faibles doses de rayonnements
toxiques. Líessentiel de la contamination se fait par les aliments. Quíelle
provienne du jardin, du marché ou díune nature généreuse,
la nourriture (légumes, lait, champignons, baies, gibier et poissons)
est contaminée par le césium 137 qui síest déposé
en surface dans les jardins, les bois et sur les pâturages.
Les Français sont restés durant
4 journées à Tchetchersk et dans ses environs. Tchetchersk
est une bourgade du Bélarus de 7.800 habitants (contre plus
de 10.000 avant 1986) située à environ 160 km au nord-est
de Tchernobyl. Depuis 1986, le sol est contaminé par du césium
radioactif mais les habitants níont pas été évacués
et 2.500 enfants y vivent. Líune des mesures réalisées au
centre du parc de jeux de la cité indiquait plus díun million de
bequerels de césium 137 par m2, soit plus de deux fois
la valeur définissant la «zone interdite de Tchernobyl».
Dans un bois, à quelques kilomètres du village habité
de Palessié (situé tout près de la frontière
russe, à 30 km au N-E de Tchetchersk), où les villageois
cueillent baies et champignons, le spectromètre gamma indiquait
plus de 11 millions de Bq/m2 de césium 137. Il est vrai
quíune pancarte placée à líentrée de líun des chemins
qui pénètre dans ce bois avertit du danger et interdit les
cueillettes.
La délégation a observé
la campagne de mesures de la radioactivité interne des organismes
de ces écoliers organisée par «Belrad»: les enfants
défilent sur un fauteuil moelleux derrière lequel est rattaché
un spectromètre relié à un ordinateur et en 3 minutes
la charge radioactive de chacun est mesurée. |
«A partir de 20 Bq/kg on doit
protéger les enfants, des chercheurs ont montré quíentre
20 et 50 Bq/kg on observait déjà des problèmes de
santé» explique le professeur Nesterenko. Malheureusement,
de nombreux enfants dépassaient ces valeurs, la petite Viktoria
Tchetakova possédant le triste record de la semaine avec 1940 Bq/kg
de césium radioactif dans son corps.
La délégation alsacienne síest
rendue dans une «zone interdite» non répertoriée
sur les cartes publiques où 38 villages furent évacués
il y a quelques années, à 150 km de Tchernobyl. Non loin
de là, cíest une vision surréaliste qui attendait les humanitaires
français: à líextérieur des zones interdites, 18 ans
après líexplosion de la centrale nucléaire, des chars soviétiques
T34 (modifiés pour la circonstance) munies de pinces broient les
datchas trop radioactives pour avoir le droit de survivre avant que díimpressionnants
bulldozers ne poussent les restes des maisons dans des trous creusés
pour líoccasion. 1986: Tchernobyl explose, 2004:
on continue díenterrer des villages !
Après avoir réitéré
le témoignage de leur plus vive sympathie et de leur soutien actif
à son épouse Galina, les responsables des «Enfants
de Tchernobyl» se sont rendus symboliquement devant la prison où
croupit depuis 3 ans le professeur Youri Bandajevsky. Le crime de ce médecin
anato-pathologiste: avoir découvert un lien entre les retombées
radioactives de Tchernobyl et les maladies des enfants qui vivent dans
les zones contaminées.
Les témoignages, les mesures scientifiques
et les documents rapportés de leur mission par les responsables
de líassociation «Les Enfants de Tchernobyl» prouvent que,
18 années après líexplosion du réacteur N°4 de
Tchernobyl, une mobilisation réelle, sincère et efficace
de la communauté internationale síavère urgente et indispensable
pour protéger et aider les victimes de Tchernobyl. Ce níest pas
un choix, mais une nécessité!
Pour sa part, comme les années précédentes,
líassociation française dont le siège se situe à Illzach
(Haut-Rhin) accueillera cet été 189 Ukrainiens (179 enfants
et 10 accompagnatrices) originaires des zones contaminées pour des
séjours dans des familles díaccueil bénévoles en juillet
et en août.
Líassociation lance un appel aux dons pour
financer ses nombreux projets, en particulier le financement de cures de
pectine et la participation à la construction des nouveaux locaux
de líinstitut de radioprotection indépendant Belrad:
Les quelques 600 membres et sympathisants
des
«Enfants de Tchernobyl» viennent en aide aux écoliers
de Tchetchersk sous la forme díun financement (budget 17 861 euros) de
cures de «Vitapect», un produit à base de pectine de
pomme additionné de vitamines et díoligo-éléments
qui permet díaccélérer líélimination du césium
137 de líorganisme humain. |