CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2004
"Chasse
au tritium à la centrale nucléaire"
Communiqué CRIIRAD du Mardi 9 mars 2004 :
Contamination à la centrale nucléaire de CRUAS-MEYSSE
Les niveaux de tritium sont relativement faibles
(de 50 à 150 Bq/l) mais cÌest la nappe phréatique qui est
touchée et on ignore lÌétendue du problème
La CRIIRAD a été informée,
le 24 février dernier, par un article du Dauphiné Libéré,
dÌun problème de contami- nation par le tritium (forme radioactive
de lÌhydrogène) dans les réseaux dÌeaux sanitaires et dÌeaux
usées du CPEN de Cruas-Meysse. Un premier niveau dÌenquête
la conduit à présenter les observations et conclusions suivantes
:
La contamination des eaux usées provient
en fait du réseau dÌeau sanitaire Ò qui alimente le personnel et
le restaurant de la centrale en eau de boisson. Cette eau provient dÌun
puits de captage foré sur le site même, à - 28 mètres
de profondeur (cÌest-à-dire dans la nappe profonde implantée
dans les failles du substratum calcaire).
On ignore à ce jour si la nappe profonde
est effectivement contaminée ou si la contamination provient de
la nappe superficielle (nappe alluviale logée dans les 5 premiers
mètres de sol). La circulation sÌeffectue généralement
de bas en haut car la nappe profonde est en « surpression »
par rapport à la nappe superficielle, mais il est possible que le
point de captage induise une dépression (phénomène
dÌaspiration) favorisant le transfert de lÌeau superficielle vers lÌeau
profonde.
Il ne sÌagit pas dÌun événement banal
: tout rejet de polluants radioactifs ou chimiques dans les nappes phréatiques
est strictement interdit : la ressource en eau potable doit être
préservée de toute dispersion de produits radioactifs. Les
rejets ne sont autorisés que dans le Rhône et sous certaines
conditions de quantité et de dilution. On se trouve donc dans une
situation dÌinfraction aux dispositions réglementaires. La pollution
traduit en outre un défaut de maîtrise inquiétant puisque
lÌorigine de la pollution reste à ce jour indéterminée.
LÌexploitant soutient que la contamination ne concerne
pas lÌenvironnement et quÌelle est même très localisée
à lÌintérieur du site. Il en donne pour preuve le fait que
les contrôles effectués sur ses 6 piézomètres
sont pour lÌinstant négatifs (inférieurs à 50 Bq/l).
Or, ces mesures ne sont pas assez précises. Dans ce dossier, une
valeur de 5 Bq/l signerait en effet une pollution (cf. littérature
spécialisée et études CRIIRAD). Notons par ailleurs
que les réserves en eau potable situées au droit du site
font partie de lÌenvironnement, EDF nÌétant propriétaire
que du terrain et des constructions.
Aucune mesure pour restreindre la consommation de
cette eau nÌa été donnée au motif que les niveaux
de tritium sont très inférieurs aux limites réglementaires.
La CRIIRAD tient à rappeler que les recommandations internationales
(CIPR 60) et la réglementation française (décret 2002-460)
impose le respect des principes de justification et dÌoptimisation (diminuer
les expositions autant quÌil est raisonnablement possible). Il nÌest pas
justifié de consommer une eau polluée par le tritium quand
il est possible (et même facile) dÌaccéder à une eau
qui en est exempte. Compte tenu des incertitudes du dossier et des interrogations
sur la radiotoxicité du tritium, des mesures de protection seraient
utiles, en particulier à lÌégard des employées qui
pourraient être enceintes ou allaiter leur enfant. Il faut savoir
par ailleurs que le captage incriminé nÌest toujours pas en conformité
avec le code de la santé publique, et quÌil échappe notamment
aux contrôles réglementaires de la DDASS.
Mise en ™uvre de contrôles indépendants
par la CRIIRAD (seule ou en partenariat avec les collectivités)
Grâce à lÌétude effectuée
en 1997 sur financement de la région Rhône-Alpes et de la
communauté dÌagglomération de Grenoble, la CRIIRAD dispose
dÌune base de donnée de référence sur lÌétat
radiologique des eaux de nappe de la région. De plus, en 2002, son
laboratoire a effectué un contrôle de la teneur en tritium
des eaux de pluie en différents secteurs de la vallée du
Rhône.
En sÌappuyant sur ces données, et sur la
base dÌanalyses plus précises que celles dÌEDF, il est possible
de déterminer lÌétendue réelle de la pollution. La
CRIIRAD va tout dÌabord se mettre en rapport avec le président du
conseil général de lÌArdèche, par ailleurs président
de la Commission Locale dÌInformation de Cruas-Meysse, afin dÌobtenir son
appui pour la réalisation de contrôles indépendants,
en particulier au niveau des piézomètres implantés
à lÌintérieur du site EDF (la CRIIRAD sÌengageant évidemment
à respecter les consignes de sécurité en vigueur sur
le site).