PARIS (AFP) - EDF devrait prendre jeudi la décision de construire
le futur réacteur nucléaire de troisième génération
EPR sur le site de Flamanville (Manche), lançant ainsi le programme
de renouvellement du parc des centrales françaises.
Avec trois mois de retard sur le calendrier fixé
par le ministre de l'Economie Nicolas Sarkozy, le président du groupe
public Pierre Gadonneix réunit jeudi un conseil d'administration
devant déterminer le choix de l'emplacement de l'EPR, a indiqué
une source proche du dossier.
Le conseil général de la Manche tiendra
une conférence de presse jeudi à 11h30 à Saint-Lô
afin de "commenter à chaud" le choix d'EDF du lieu d'implantation
de l'EPR, a indiqué mercredi soir à l'AFP son président
Jean-François Le Grand (UMP).
De sources concordantes, EDF devrait décider
jeudi de construire le futur réacteur nucléaire à
eau sous pression sur le site de Flamanville. Les deux autres sites candidats
étaient ceux de Tricastin (Drôme) et Penly (Seine-maritime).
Les Echos et Ouest-France, citant
des élus locaux, indiquaient mercredi que l'Etat actionnaire et
EDF penchaient largement pour le site de Flamanville.
Interrogé par l'AFP, le député
UMP de Valognes Claude Gatignol s'est déclaré "optimiste".
"J'espère que la valeur de notre projet confortée par un
énorme consensus local sera demain couronné de succès",
a-t-il dit.
Selon Les Echos, Matignon et Bercy privilégient,
"pour des raisons politiques", le site de la Manche. Située en Basse-Normandie,
la centrale de Flamanville bénéficie d'un consensus de ses
élus, tous bords confondus, ce qui n'est pas le cas de Penly où
Laurent Fabius, élu de Seine-Maritime, et les Verts font campagne
contre l'EPR.
Selon une source syndicale interrogée par
l'AFP, la centrale de Tricastin est de toute façon exclue, en raison
des leçons tirées de la canicule de 2003, qui a montré
que les débits d'un fleuve s'avéraient insuffisants pour
le refroidissement des centrales. Les deux autres sites sont au bord de
la mer.
Le choix de Flamanville exigerait pourtant la construction
de quelque 120 km de lignes à haute tension supplémentaires,
argumente le réseau Sortir du nucléaire, qui rejette le projet
EPR.
Une fois le choix du site établi, EDF devra
saisir la Commission nationale du débat public.
L'EPR est destiné à prendre le relais
des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales
nucléaires françaises.
Si le prototype, dont la construction devrait débuter
en 2007 pour une mise en service à l'horizon 2011, est conforme
aux attentes, EDF devrait lancer d'ici 2015 la construction d'une dizaine
de réacteurs EPR pour qu'ils soient opérationnels en 2020,
au moment où les centrales actuelles devront être démantelées.
EDF sera maître d'oeuvre de la construction
entière de la centrale, tandis qu'Areva fournira la chaudière
nucléaire.
L'Autorité de sûreté du nucléaire
a validé le 5 octobre le projet EPR en considérant qu'il
présentait des avancées significatives par rapport aux réacteurs
actuels en terme de sécurité, de compétitivité,
de diminution des déchets et d'optimisation de la radioprotection
des employés.