L'Est Républicain – 21 juin
2006
Radioactivité: le doute persiste
Le pic de radioactivité
relevé à Nancy dimanche est toujours inexpliqué. L'alerte
n'a été prise en compte que 24 h après l'observation!
Faute de moyens...
NANCY. - Dimanche, entre 8 h 08 et 11 h 34, le
niveau de radioactivité est passé de 0,15 microGray par heure
à 0,53. La brièveté du phénomène exclut
tout danger pour la santé de la population. Aucune « prolongation
» n'a été constatée, ni sur Nancy, ni sur les
départements limitrophes, malgré la psychose messine. Le
pic a donc bien été totalement ponctuel. Il reste inexpliqué.
Mais il soulève quelques questions, notamment sur la rapidité
de l'alerte. En effet, l'Association lorraine pour la qualité de
l'air (ALQA) n'a repéré cette hausse de radioactivité
que lundi matin à l'ouverture de ses bureaux.
La préfecture
de Meurthe-et-Moselle n'a été informée qu'aux environs
de midi!
Le dépassement
du seuil normal de radioactivité n'est pas lié à un
nuage sinon il aurait été présent sur un autre capteur.
L'ALQA en possède 12 sur la Lorraine mais un seul en Meurthe-et-Moselle.
Quatre sont installés autour de la centrale de Cattenom. «C'est
justement avec Cattenom que nous sommes en interconnexion le week-end»,
explique Michel Marquez, chef de projet de l'ALQA. «Nous n'avons
pas de permanence à l'association le samedi ni le dimanche, nous
ne sommes que trois salariés. Ce sont les services de la centrale
nucléaire qui reçoivent les mesures durant cette période.
Mais si la situation est normale chez eux, ils ne dépouillent pas
les chiffres qui arrivent d'autres secteurs...»
L'ALQA est la seule
association française de surveillance à disposer d'une telle
interconnexion. Cependant, le principe n'est pas totalement rassurant.
«Il n'y a pas de PPI (plan particulier d'intervention) en dehors
de Cattenom. Pour la radioactivité s'entend, car il y en a évidemment
pour les risques industriels et chimiques.»
L'Association lorraine
pour la qualité de l'air a été mise en place il y
a douze ans. Elle est une émanation du conseil régional.
La fameuse loi sur l'air n'a pas intégré la radioactivité.
Il n'y a donc pas d'aides financières pour effectuer les mesures.
D'où le système très allégé du week-end.
Que se serait-il passé si l'alerte avait été plus
conséquente, si le taux de radioactivité avait été
dangereux pour la santé? «Il n'y a pas d'autre système
d'alerte que celui que j'ai expliqué», finit par admettre
Michel Marquez. «Donc même si la situation avait été
grave, il n'y aurait sans doute pas eu de mise en garde plus tôt...»
L'ALQA n'est pourtant
pas la seule structure à surveiller la radioactivité. L'Institut
de radioprotection et de sûreté nucléaire, service
dépendant des ministères de la Santé, de l'Industrie
et de la Défense, précise qu'il n'a rien remarqué
dimanche matin. Ce qui n'est pas très étonnant car il ne
dispose pas de capteur à Nancy! «Ses moyens sont concentrés
près des centrales nucléaires, des préfectures régionales,
des aéroports et dans quelques sites d'altitude», souligne
Michel Marquez. Cet organisme, tout ce qu'il y a d'officiel est le descendant,
après plusieurs étapes, du fameux «Service central
de protection contre les rayonnements ionisants» du professeur Pellerin
qui avait garanti l'absence de risque sur le territoire français
après Tchernobyl!
Jean-Charles VERGUET
L'Est Républicain – 21 juin 2006
Alerte aussi à Fresnes-en-Woëvre
BAR-LE-DUC. - Hier, à
12 h 10, les enseignants du collège de Fresnes-en-Woëvre (Meuse)
ont été avertis qu'un nuage radioactif venant de la centrale
nucléaire de Cattenom était sur le point de passer au-dessus
de la commune et que de toute évidence, il était prudent
de confiner les élèves à l'intérieur des salles
de classe. Cette nouvelle leur était venue par l'intermédiaire
de leurs collègues du primaire qui eux la tenait d'un parent d'élève
travaillant en Moselle ayant entendu parler de ce nuage. Il est vrai que
dans ce département, plusieurs alertes identiques avaient été
déjà déclenchées. Après avoir mis les
340 élèves encore présents à l'abri, à
l'intérieur des salles de classe ou encore dans les locaux abritant
la cantine, calfeutrant toutes les issues, les enseignants du collège
Louis-Pergaud ont pris contact avec les services de gendarmerie qui eux-mêmes
se sont renseignés auprès des préfectures de Meuse
et de Moselle. Il s'avère qu'en fait, il ne s'agissait que d'un
canular lancé depuis la Moselle. Cette fausse alerte qui a été
levée une demi-heure plus tard, a pu servir d'exercice, mais a néanmoins
pu traumatiser les élèves comme les enseignants.
Radioactivité: le doute persiste
Le pic de radioactivité relevé
à Nancy dimanche est toujours inexpliqué. L'alerte n'a été
prise en compte que 24 h après l'observation ! Faute de moyens...
L'Est Républicain – 21 juin 2006
Et soudain, la peur...
A Metz, Cattenom, mais
aussi au-delà des frontières voisines, la peur s'est répandue
comme une traînée de poudre. Retour sur un début de
psychose incontrôlé.
METZ. - A quelques centaines
de mètres à peine à vol d'oiseau, des tours réfrigérantes
de la centrale nucléaire, les fenêtres du secrétariat
de mairie de Cattenom, sont restées ouvertes, toute la matinée
d'hier. Drôle d'ambiance. « Les gens ont peur », affirme
l'employée. «Tchernobyl revient dans toutes les discussions.
On a été assailli d'appels. La peur est perceptible dans
toutes les voix».
De Metz, de Thionville,
du Luxembourg, d'Allemagne ou de Belgique, l'inquiétude a fait son
nid dans l'incertitude d'une rumeur folle. Une angoisse surmontée
d'une volonté de maintenir le quotidien. «Je n'ai rien
entendu», assure ainsi le patron de la pizzeria «La
Belle Epoque». Les clients n'en ont jamais parlé. Ils
doivent être discrets». Même à la pharmacie
Auloge, non loin de l'église, on ne s'est «rendu
compte de rien», sourit une employée.
«La tension a seulement commencé à monter après
avoir entendu les informations entre midi et deux». D'ailleurs,
si à la même heure une vague de panique avait commencé
à se répandre à travers les vallées de l'Orne,
de la Fensch, et dans l'est mosellan, les parents sont venus chercher leurs
enfants à l'école primaire Georges-Pompidou de Cattenom sans
exprimer la moindre inquiétude. «Ce n'est qu'en début
d'après-midi qu'on en a entendu plaisanter», rapporte
Mme Gaillard, la directrice.
« Un cas d'école »
Contraste saisissant:
un décor de routine au pied des tours, mais une psychose naissante
à Metz, quarante kilomètres au sud. Avec des dizaines d'écoles
refermées sur elles-mêmes, des parents d'élèves
inquiets, des rues du centre-ville anormalement calmes.
A travers les magasins,
les rumeurs les plus diverses se propageaient sans le moindre frein: un
nuage de radioactivité «arrivant de Nancy», un camion
rempli de déchets accidenté près de Thionville, pour
finir par des exercices effectués à l'hôpital militaire
Legouest (lire par ailleurs). Sans oublier cette information selon laquelle
un individu se serait présenté aux portes des écoles
demandant aux enseignants de confiner les enfants dans les classes!
Les standards téléphoniques
des pompiers, de la préfecture et des mairies seront vite submergés.
Ce n'est qu'après l'accumulation de communiqués rassurants,
repris sur les ondes, que la vie reprendra son cours. Ce n'était
apparemment qu'une rumeur et une journée particulière, fruit
d'une « addition d'initiatives individuelles de gens de bonne foi
», dira un peu plus tard le préfet de région Pierre-René
Lemas, parlant, au sujet de sa diffusion, d'un « cas d'école
».
Antoine PETRY
L'Est Républicain – 21 juin
2006
Une rumeur provoque une psychose en Moselle
Une fausse alerte à la radioactivité
a semé la panique à Metz et bien au-delà.
METZ. Les directions
de plusieurs dizaines d'écoles de Metz et du département
de la Moselle ont pris hier matin des mesures de confinement des élèves
à la suite d'une fausse alerte à la radioactivité.
«Tout laisse
à penser que la rumeur prend sa source d'un exercice militaire actuellement
en cours à l'hôpital militaire Legouest à Metz portant
sur une contamination radioactive», a indiqué le préfet
de région Pierre-René Lemas, qui a demandé l'ouverture
d'une enquête administrative pour déterminer avec précision
l'origine de la rumeur et son processus de propagation.
Des inquiétudes
concernant cet exercice se seraient, semble-t-il, combinées avec
des informations sur un taux de radioactivité anormalement élevé,
mais inoffensif, relevé dimanche dernier à Nancy. Ce taux
élevé de radioactivité serait d'origine naturelle,
sans doute due à du radon, suite à un orage, a ajouté
le préfet. De son côté, le réseau «Sortir
du nucléaire», qui regroupe plus de 700 associations, affirme
que «le nuage radioactif qui a touché dimanche la ville
de Nancy pourrait provenir d'un accident sur un transport de matières
nucléaires entre Metz et Thionville, et peut-être en direction
(ou en provenance) de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle)».
«Si l'accident de transport est confirmé, il est évident
qu'il est connu des autorités qui, une nouvelle fois, auraient oublié
d'avertir la population», ajoute le mouvement antinucléaire,
qui ne précise pas la source de ses informations.
Selon le préfet
de région, «il s'agit d'un cas d'école de diffusion
de la rumeur», résultat de «l'addition d'initiatives
individuelles de gens de bonne foi», plus probablement qu'un
acte de malveillance ou un canular.
Ecoliers confinés
Une personne se présentant
comme travaillant à l'hôpital militaire Legouest a téléphoné
à plusieurs écoles de Metz en affirmant qu'à la suite
de forts niveaux de radioactivité, il fallait prendre des mesures
de confinement des élèves, a indiqué le directeur
de cabinet du rectorat. «C'est d'une irresponsabilité absolue»,
a dénoncé M. Vergès en rapportant que la rumeur s'est
répandue très vite. «Des cas d'écoles
ayant fermé ainsi leurs portes ont
été rapportés jusqu'à Saint-Avold, à
une cinquantaine de kilomètres de Metz», a-t-il indiqué.
Un père de famille
de Metz a indiqué que la directrice de l'établissement de
son enfant avait refoulé les parents d'élèves venus
chercher leurs enfants pour la pause de midi, les élèves
restant confinés dans l'école.
«Il est trop
tôt pour savoir s'il s'agit d'une maladresse, d'une malveillance
ou d'un canular», a indiqué le directeur de cabinet du
rectorat.
Les rumeurs les plus folles se sont propagées
dans les rues à Metz mais aussi bien au-delà. Les standards
téléphoniques des pompiers, de la préfecture, de la
centrale de Cattenom et des mairies ont été submergés
par des appels d'habitants inquiets. Ce n'est qu'après l'accumulation
de communiqués rassurants repris sur les ondes que le calme est
peu à peu revenu.
L'Est Républicain – 21 juin
2006
Juste un exercice...
Un exercice de l'hôpital militaire Legouest
de Metz sur un événement nucléaire a suffi à
déclencher un vent de panique.
METZ. - «Il n'y
a pas eu de taux de radioactivité sur la Lorraine qui soit différent
de la normale.» Rassurant, le Préfet de la Lorraine Pierre-René
Lemas a surtout voulu dès hier après-midi mettre définitivement
un terme à «cette rumeur infondée» selon laquelle
un nuage radiactif survolait la Lorraine. «Il y a eu une addition
de contextes et d'une source», a-t-il affirmé.
Le scénario retenu
hier semblait, en effet, le suivant: des personnels de l'hôpital
Legouest entendent le matin même un flash sur France Info les informant
d'un pic de radioactivité sur Nancy. En milieu de matinée,
ils voient défiler sur l'écran de leur ordinateur à
l'hôpital, une information leur demandant de «fermer les fenêtres».
L'amalgame a lieu. Ces
personnes, qu'il reste à identifier, appellent de toute urgence
les écoles du Département pour recommander le confinement
des enfants... alors qu'il s'agit d'un simple exercice «en situation»
sur les chaînes de décontamination.
«Nous sommes
missionnés pour mesurer la radioactivité sur des personnes
qui auraient été contaminées», explique
le médécin-général Claude Pierre. «Une
information avait été diffusée en interne auprès
des 850 salariés de l'hôpital pour prévenir de cet
exercice mais vous savez comment l'information circule.. »
Ecartant totalement
l'hypothèse d'un acte de malveillance, le Préfet privilégiait
hier «un acte émanant de personnels de bonne foi qui sont
aussi des parents». «Cette expérience grandeur
nature m'a confirmé la nécessité d'avoir un exercice
d'alerte et de gestion de la communication à la centrale de Cattenom
avant la fin de l'année», a-t-il reconnu; un incident
à la Centrale ayant été, à tort, maintes fois
évoqué hier. Une enquête administrative sur les sources
de la rumeur a été engagée.
Gaël CALVEZ
L'Est Républicain – 21 juin
2006
«Aucune hypothèse écartée»
NANCY. - La réglementation
européenne en matière de radioactivité place la norme
à un « milliSievert » par an. Le Sievert est une unité
de mesure du rayonnement absorbé par un organisme vivant. Ramené
à une heure, c'est-à-dire en divisant par 365 puis par 24,
on arrive à un maximum de 0,114.
«Il s'agit
là d'un chiffre concernant la radioactivité artificielle»,
précise Michel Marquez. «C'est-à-dire celle qui
viendrait s'ajouter à la radioactivité naturelle. Nous sommes
en permanence exposés à une radioactivité naturelle
dont le taux est lié à la composition du sous-sol, voire
à l'altitude. A Nancy, le taux habituel est de 0,15 microGray par
heure. Il est de 0,09 à Stenay dans la Meuse et de 0,16 à
Plainfaing dans les Vosges. En Inde, la barre est fréquemment à
0,90.» |
L'enquête sur
l'origine du pic n'en est qu'à ses balbutiements. «Nos
agents ne se sont pas encore rendus sur place pour récupérer
les données», explique Jérôme Goellner, le
Directeur régional de la recherche, de l'industrie et de l'environnement.
«Il faudra voir ce qu'il y a autour du capteur de le fac de Sciences
et aussi en dessous, dans les labos. Il existe des portiques de détection,
dans les usines d'incinération ou chez les ferrailleurs, qui pourront
également nous donner des indications. Ces augmentations de radioactivité
sont liées souvent à des phénomènes météo.
Les soudures industrielles, les produits à usage médical,
d'autres utilisés en biologie moléculaire, peuvent aussi
générer des fluctuations. Nous n'écartons aucune hypothèse.
Même celle d'un éventuel acte de malveillance.»
J. -C. V.
Communiqué de presse du Réseau
Sortir du nucléaire du 20 juin 2006
http://www.sortirdunucleaire.fr
Pic de radioactivité dans
l'Est de la France
Transports nucléaires et secret défense:
le risque nucléaire en question
Suite à l'élévation
de la radioactivité dans l'Est de la France, le Réseau "Sortir
du nucléaire" rappelle que la France est en permanence traversée
par des transports de matières nucléaires par train et par
camion qui, tout comme les centrales nucléaires, font courir un
risque majeur à l'ensemble de la population.
Ainsi, le 5 octobre
2004, un accident a eu lieu dans le Loiret entre un camion d'uranium enrichi
- allant de Lingen (Allemagne) à la centrale nucléaire du
Blayais (Gironde) - et un autre camion qui, heureusement, ne transportait
que des téléphones. Le camion d'uranium avait été
rapidement caché par les autorités dans la centrale nucléaire
de Saint-Laurent (Loir-et-Cher), voisine du lieu de l'accident.
Par ailleurs, le Réseau
"Sortir du nucléaire" rappelle que:
- la majorité
des informations concernant le nucléaire en France sont classées
"secret défense", les citoyens devant se contenter de ce que veulent
bien leur dire les autorités, c'est-à-dire rien la plupart
du temps.
- 20 ans après
Tchernobyl, les responsables politiques du mensonge d'Etat n'ont toujours
pas été inquiétés. Comment croire que le mensonge
ne serait pas à nouveau de mise aujourd'hui en cas d'accident?
- l'affaire de cette
semaine dans l'Est montre que, en cas d'accident nucléaire, de nombreux
parents vont chercher leurs enfants à l'école, ce qui est
bien humain, mais qui remet en cause toutes les prévisions des "spécialistes"…
Il est clair qu'en cas
d'accident nucléaire, rien ne se passera comme prévu. Comment
- et où - évacuer des centaines de milliers de personnes?
Par ailleurs, les pastilles d'iode constituent une protection dérisoire
qui ne sauvera personne dans la zone la plus touchée.
Le Réseau "Sortir
du nucléaire" estime :
- qu'il ne faut pas
attendre qu'une catastrophe nucléaire se produise pour interdire
les transports de matières radioactives et fermer les installations
nucléaires
- que, a fortiori, il
ne faut pas construire de nouveaux réacteurs nucléaires comme
l'EPR et ITER prévus respectivement à Flamanville (Manche)
et Cadarache (Bouches-du-Rhône)
Le Réseau "Sortir
du nucléaire" exige de la part des autorités que toute la
lumière soit immédiatement faite sur l'affaire du pic de
radioactivité dans l'Est : il n'est pas possible que la radioactivité
soit apparue "spontanément", il y a forcément une source,
une cause.
Avis préliminaire de la CRIIRAD (Commission
de la recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité)
http://www.criirad.com/
1/ Détection d'un niveau de radioactivité
anormalement élevé à Nancy par l'ALQA le Dimanche
18 juin 2006
2/ Alerte à Metz ce 20 juin
Les faits
La CRIIRAD a été
informée ce jour à 10h30, par une journaliste d'Europe 1,
qu'une des balises de contrôle de la radioactivité atmosphérique
que gère l'ALQA (Association Lorraine pour la Qualité de
l'Air) avait détecté un niveau de rayonnement gamma anormalement
élevé au niveau du capteur situé à Nancy sur
le toit de la Faculté des Sciences Nancy 2, laboratoire de physique
des milieux ionisés. Le niveau de rayonnement gamma maximal enregistré
dimanche 18 juin au matin aurait été d'environ 4 fois le
niveau naturel enregistré habituellement par le capteur.
La CRIIRAD a joint aussitôt
l'ALQA pour obtenir des précisions techniques. En l'attente de ces
précisions il est possible de faire quelques remarques préliminaires
à partir des informations disponibles sur le site de l'ALQA:
<http://www.atmolor.org/>
.
Les graphiques établis
par l'ALQA indiquent la présence, le dimanche 18 juin 2006, d'un
premier pic à 0,29 µGy/h à 11 heures et de 0,18 µGy/h
à 14 heures. (pour un niveau normal typique de 0,15 µGy/h).
Les niveaux sont redevenus normaux depuis.
Il manque cependant
sur le site de l'ALQA un certain nombre d'informations scientifiques qui
permettraient de déterminer l'origine de l'anomalie (position du
détecteur gamma par rapport au sol, pas de temps entre chaque mesure
gamma, caractéristiques des prélèvements sur filtre,
résultats des mesures alpha-beta sur l'air ambiant, suivi des niveaux
de radon, comptage différé des filtres à aérosol,
etc.).
En l'état des
données disponibles, on en est réduit à émettre
un certain nombre d'hypothèses.
Remarques préliminaires de la CRIIRAD
/ causes possibles de l'anomalie
L'augmentation du
niveau de rayonnement gamma ambiant pourrait:
1. provenir d'une contamination
de l'air ambiant (présence de particules radioactives). L'ALQA dispose
à Nancy d'une balise de contrôle de la radioactivité
alpha et bêta des poussières atmosphériques. Ces résultats
ne sont pas disponibles sur son site. Sur les balises de contrôle
que gère la CRIIRAD, cette information est disponible en temps réel,
mais les caractéristiques techniques des balises gérées
par l'ALQA ne sont pas précisées. Par ailleurs, le
site de l'ALQA ne donne aucune indication sur d'éventuelles analyses
par spectrométrie gamma des filtres. Conduites en urgence, elles
auraient permis de déterminer si l'excès de rayonnement gamma
enregistré par le capteur était ou non lié à
la présence de radionucléides émetteur gamma dans
l'air ambiant.
Nota : Le réseau
de balises que gère la CRIIRAD dans la Drôme au niveau des
villes de Romans, Montélimar et Valence et dans le Vaucluse à
Avignon, n'a détecté aucune présence de particules
radioactives d'origine artificielle ce dimanche 18 juin 2006 (cf. site
http://balisescriirad.free.fr).
2. être liée
à un dysfonctionnement du capteur. Dans le passé l'ALQA a
déjà enregistré des niveaux plus élevés,
par exemple, 0,25 µGy/h, le 5 septembre 2005 à Plainfaing.
L'ALQA attribuait ces anomalies ponctuelles (moins de 3 heures) à
des « orages violents ». Le site de l'ALQA ne précise
pas si ce dimanche 18 juin 2006, la situation était orageuse à
Nancy.
3. être due au
passage d'un objet irradiant à proximité du capteur. Il faut
savoir en effet qu'un certain nombre de sources radioactives circulent
dans notre environnement.
Par exemple:
· Certains
patients ayant subi un traitement du cancer de la thyroïde par IRATHérapie
sont autorisés à sortir de chambre plombée alors que
le niveau de rayonnement gamma qu'ils émettent est très élevé
(25 µGy/h à 1 mètre du patient). Le passage d'un patient
à proximité du capteur ce dimanche matin pourrait induire
les augmentations enregistrées.
· La
réglementation sur le transport de matières radioactives
autorise des débit de dose très élevés au voisinage
des véhicules (100 µGy/h à 2 mètres). Le passage
d'un véhicule à proximité du bâtiment où
est situé le capteur aurait pu expliquer cette anomalie.
Interrogations sur l'impact sanitaire
Au niveau du capteur,
la dose ajoutée au bruit de fond habituel et cumulée sur
la durée de l'anomalie (moins de 4 heures) est de l'ordre de 2 microgray
(µGy). Rappelons qu'au sens de la Directive Euratom de mai 96 qui
sert de base à la réglementation française, le seuil
du risque négligeable est de 10 µGy par an.
Si ces valeurs sont
dues à un dysfonctionnement technique, il n'y a eu aucune exposition
réelle et le risque est donc nul.
Si l'augmentation du
débit de rayonnement gamma est effective, on ne pourra évaluer
précisément les risques qu'une fois déterminée
l'origine de cette augmentation. S'il s'agit du passage d'une source radioactive
irradiante (objet ou personne) à proximité du détecteur,
il faudra rechercher les expositions en amont et en aval, sur tout le parcours
de la source, et non pas seulement dans le secteur de la balise : s'il
s'agit d'un patient ayant subi un traitement médical comportant
l'administration de substances radioactives, il faudra rechercher la date
de l'administration, la date de sortie, les itinéraires... les personnes
les plus exposées font généralement partie de l'entourage
familial ; s'il s'agit d'un transport de matières radioactives dans
le bâtiment ou à proximité, il faudra vérifier
le trajet, les conditions de transport et de manutention, l'information
et la formation du conducteur, etc.).
Les doses de rayonnement
reçues par un personne dépendent du temps d'exposition, de
la distance à la source, de la présence éventuelle
d'écrans susceptibles d'atténuer le flux de rayonnement.
L'activité de la source décroît dans le temps, à
des rythmes très variables selon les radionucléides (division
par 2 tous les 8 jours pour l'iode 131 par exemple).
Situation d'alerte à Metz
Ce matin, une procédure
d'alerte a été lancée par l'hôpital militaire
de Metz dans les conditions suivantes[1]. Un message diffusé
sur France Info ce matin alertait l'hôpital sur la présence
d'une radioactivité anormalement élevée en Lorraine.
La direction de l'hôpital décidait de profiter de la réalisation
ce jour d'un exercice de gestion de crise NBC (Nucléaire Bactériologique
Chimique) pour réaliser quelques mesures de radioactivité
au moyen de 2 contaminamètres X de type MIP 10. Le niveau enregistré
habituellement par ces appareils était de 2 c/s (coups par seconde)
alors que les valeurs enregistrées ce matin du 20 juin à
l'extérieur de l'hôpital était de 4 à 5 c/s.
Par précaution, la direction décidait de recommander à
son personnel de fermer les fenêtres de l'Etablissement, le temps
que la situation soit analysée. Les mesures réalisées
au moyen des mêmes appareils 1 heure et demie après auraient
donné des résultats normaux. Par ailleurs une mission de
contrôle radiamétrique effectuée par les pompiers de
Metz ce matin aurait confirmé l'absence de contamination.
Il convient de souligner
par ailleurs que les capteurs qui enregistrent le niveau de rayonnement
gamma ambiant au niveau de la centrale nucléaire de Cattenom (réseau
Téléray géré par l'IRSN) n'ont pas enregistré
d'anomalie (les niveaux de rayonnement 128 nGy/H en moyenne et 135 nGy/h
ce jour à Cattenom, réseau Téléray
Rédacteurs: Bruno Chareyron et Julien
SYREN / Laboratoire CRIIRAD
[1] Conversation téléphonique
du 20 juin 2006 avant 14 heures entre le directeur de l'Hôpital,
monsieur Pierre, et M Chareyron, ingénieur en physique nucléaire,
responsable du laboratoire de la CRIIRAD.
Communiqué de presse
Les Amis de la Terre
Metz, le 20 juin 2006
Panique Radioactive sur la Lorraine
Suite à une élévation
significative de la radioactivité sur la Lorraine, une folle rumeur
d'accident nucléaire à la centrale nucléaire Cattenom
a provoqué un affolement et une panique générale sur
les agglomérations de Metz et de Nancy. Ces faits ont démontré
l'inquiétude des populations face une industrie considérée
comme dangereuse et la crainte d'une désinformation comme celle
que nous avons connue en 1986 lors de l'accident nucléaire de Tchernobyl.
Contrairement aux affirmations
des préfectures de Moselle et de Meurthe-et-Moselle, cette rumeur
était fondée. Il y a bien depuis plusieurs jours une augmentation
de la radioactivité dans l'air ambiant lorrain. Ce phénomène
est très certainement naturel et lié aux conditions météorologiques
de ces derniers jours. Après de fortes chaleurs et des pressions
atmosphériques très lourds, l'arrivée d'orages crée
une dépression et libère du sol un gaz radioactif naturel
: le radon. Cette augmentation de radioactivité doit être
néanmoins vérifiée. Est-elle d'origine naturelle comme
supposée où d'origine artificielle?
Certaines sources bien
informées ont provoqué une rumeur qui a soufflé un
vent de panique sur l'agglomération messine : des ordres et des
contre-ordres de confinement ont été dictés auprès
des établissements scolaires et des entreprises de l'agglomération
messine. Nuage radioactif? Accident à la centrale nucléaire
de Cattenom? Certaines affirmations laissent même supposer que la
préfecture de Lorraine ait voulu réaliser un exercice d'alerte
nucléaire.
Au-delà des responsabilités
de cette panique il est intéressant de s'interroger sur la panique
des populations face au risque d'accident nucléaire. L'industrie
nucléaire représente pour les citoyens un risque extrème.
Le syndrome sur l'information subi par nos populations après l'accident
de Tchernobyl en mai 1986 a laissé des traces. Les citoyens ont
la plus grande méfiance à l'égard des informations
fournies par les pouvoirs publics en matière de radioactivité.
D'autre part il est inquiétant de constater que face à une
alerte radioactive, même fausse, les citoyens soient dans l'incapacité
d'être informés en temps réel: seule la rumeur a fonctionnée!
A notre époque où la communication est exponentielle les
populations se sont retrouvées seules face à la rumeur!
Ceci ne peut que nous
inquiéter. Si malheureusement demain un grave accident survenait
à la centrale nucléaire de Cattenom quelle serait la capacité
des pouvoirs publics à alerter et à protéger les populations?
Contact presse Gérard Botella 06 83 12
78 24
gerard botella <gebo.botella@wanadoo.fr> |