INFORMATIONS CHRONOLOGIQUES DIVERSES SUR LE NUCLÉAIRE
2006
26 juillet, Suède: A quelques minutes de l'accident majeur nucléaire!


Plusieurs sources: France, Suède, Gde-Bretagne, Allemagne
Réseau Sortir du nucléaire – Fédération de 743 associations
www.sortirdunucleaire.fr - Tel. 04 78 28 29 22

Une étincelle suffit pour déclencher l'apocalypse nucléaire!

     L'Europe est passée à deux doigts de la catastrophe nucléaire le 25 juillet 2006 à cause d'un court-circuit qui a provoqué le black-out d'un réacteur à Forsmark en Suède. Selon l'ancien responsable de cette centrale, «C'est l'événement le plus dangereux depuis Harrisburg et Tchernobyl».
     Alors que la panne gravissime du réacteur suédois fait la UNE de la presse en Europe, on en a très peu entendu parler en France. Le Réseau «Sortir du nucléaire» apporte donc la lumière sur le plus grave événement lié à un réacteur nucléaire depuis l'explosion de Tchernobyl, il y a exactement 20 ans.
     Le 25 juillet dernier à la centrale nucléaire de Forsmark (Suède) un court-circuit dans le réseau électrique extérieur de la centrale a provoqué la perte d'alimentation électrique du réacteur n°1. Le réacteur a alors été stoppé d'un seul coup en raison de la coupure de courant. Tous les écrans de la salle de contrôle se sont éteints simultanément : les opérateurs se sont retrouvés sans les commandes face à un réacteur incontrôlé et incontrôlable. Une seule solution pour éviter la fusion du coeur : mettre en route les quatre générateurs pour alimenter en électricité les pompes de refroidissement du réacteur. Mais aucun n'a démarré spontanément comme il aurait dû le faire dès qu'une panne de l'alimentation extérieure survient. Il semblerait que les batteries des générateurs aient été affectées par le court-circuit. Le cœur ne pouvant plus désormais évacuer sa chaleur, s'est échauffé [1], le niveau de l'eau dans le circuit primaire a baissé de deux mètres et la pression a dégringolé à 12 bars alors qu'elle doit se maintenir à 70 bars. Dans ces conditions l'accident majeur n'est plus qu'une question de minutes. Or il faudra 23 minutes à l'équipe en place pour finalement arriver à démarrer manuellement deux générateurs de secours. 23 minutes pendant lesquelles les opérateurs n'ont pas su si le réacteur était vraiment à l'arrêt et si leurs actions avaient les conséquences voulues [2]. Pourquoi seulement deux générateurs sur quatre ont-ils finalement démarré alors que les quatre générateurs étaient de même conception? On l'ignore toujours.

Que se serait-il passé si aucun des générateurs de secours n'avait fonctionné à Forsmark le 25 juillet ?
     La première phase de la destruction du cœur, selon les Suédois, se serait produite 7 minutes plus tard et la fusion, dans l'heure qui aurait suivi, produisant un dégagement colossal de radioactivité qui se serait disséminée dans toute l'Europe. Une fois le processus de fusion du cœur entamé, l'explosion du réacteur risquait de se produire à n'importe quel moment [3]. Le réacteur de Forsmark est bien passé très très près de la catastrophe nucléaire.
     Un ancien responsable et constructeur du réacteur n°1 de Forsmark, Lars-Olov Höglund, confirme qu'il s'agissait bien d'un événement gravissime : «C'est un pur hasard si la fusion du cœur n'a pas eu lieu» a-t-il déclaré au journal suédois Svenska Dagablet [4].
     Faut-il rappeler que l'organisme de contrôle nucléaire américain, la NRC [5], estime que 50% des scénarios menant à la fusion du cœur ont une seule et même cause: la coupure de courant du réacteur [6]?

Comme un défaut générique est très vraisemblablement à l'origine de la panne gravissime, l'organisme de contrôle nucléaire suédois a fermé préventivement trois réacteurs.
     Si l'on tient compte des réacteurs fermés pour maintenance, la Suède a aujourd'hui la moitié de ses réacteurs en berne. L'Allemagne et la Finlande examinent de près chacun de leurs réacteurs nucléaires et la France, bien évidemment, ne fait rien, persuadée qu'elle est de son infaillibilité.

On pourra toujours nous raconter que cela ne peut pas arriver aux réacteurs français parce que leur conception est différente mais c'est un court-circuit hors du réacteur qui a mis à genoux le réacteur suédois. EDF et la DGSNR [7] doivent impérativement démontrer que ce risque n'existe pas en France. Jusqu'à preuve du contraire, l'accident majeur nucléaire est possible en France en raison d'un court-circuit sur le réseau électrique. En attendant, les 58 réacteurs nucléaires français doivent être arrêtés et inspectés minutieusement pour déterminer s'il y a ou non un tel défaut générique.
     Oui, on peut perdre le contrôle d'un réacteur occidental récent pendant plus de 20 minutes. Oui, on risque l'accident nucléaire à cause d'un simple court-circuit. Non, les tenants de l'atome n'ont pas tout prévu. Preuve en est la déclaration de l'AIEA [8] rapportée l'année dernière par l'exploitant du réacteur suédois : «La centrale nucléaire de Forsmark est une des plus sûres au monde et il devrait être possible de la faire fonctionner pendant encore 50 ans» [9].

Belle clairvoyance!
     La technologie nucléaire est extrêmement fragile par essence parce qu'elle met en œuvre une infinité de procédés plus complexes les uns que les autres, rendant les sources d'accidents multiples et imprévisibles. Le nucléaire est par nature périlleux et ingérable. Forsmarks Kraftgrupp, propriétaire de la centrale de Forsmark, l'avait probablement oublié en affirmant en 2005 qu'«un réacteur nucléaire n'est en réalité qu'une bouilloire géante» [10].
     La crise nucléaire de Forsmark montre clairement que les réacteurs russes RBMK ne sont pas les seuls à être dangereux mais que, bien au contraire, tous les réacteurs nucléaires sont menaçants même s'ils sont construits par une des nations les plus développées au monde, la Suède. Le nucléaire nous fait prendre des risques ahurissants sans pouvoir assurer notre sécurité. 

Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle?
     Pour qu'on arrête de jouer nos vies à la roulette russe, exprimons notre refus de l'énergie nucléaire à nos gouvernants en rejoignant le samedi 17 mars 2007 les manifestations du Réseau « Sortir du nucléaire » contre la relance du nucléaire à Lyon, Toulouse, Rennes, Strasbourg et Lille.
Martin Leers, chargé de campagne au Réseau « Sortir du nucléaire »
Mail : martin.leers (at) sortirdunucleaire.fr

Notes:
[1] Même lorsque un réacteur nucléaire ne produit pas d'électricité, il faut continuer à le refroidir car des fissions nucléaires se poursuivent. A titre d'exemple, un réacteur de 1300 MW un mois après son arrêt produit encore 6 MW de puissance résiduelle.
[2] Rapport préliminaire de l'organisme de sûreté nucléaire suédois concernant Forsmark 1: http://www.ski.se/dynamaster/
[3] Notamment due à l'émission d'hydrogène produit par l'oxydation du zirconium des gaines abritant le combustible quand le cœur fond (cf. rapport scientifique d'activité 2002 de l'IRSN p.28).
[4] http://www.svd.se/dynamiskt/inrikes/did_13348422.asp
[5] Nuclear Regulatory Commission
[6] HIRSCH, Helmut, Nuclear Reactor Hazards Report. p.121.
 <http://www.greenpeace.org/international/press/reports/nuclearreactorhazards
[7] Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection
[8] Agence Internationale de l'Energie Atomique
[9] http://www.forsmark.com/upload/277/eng_broschyr.pdf
[10] Id.

Source La Croix - 07 août 06: Un incident dans une centrale relance le débat en Suède

     Une panne de plusieurs systèmes de sécurité d'une centrale nucléaire de l'est de la Suède a suscité de nombreuses inquiétudes.
     «L'urgence est passée. Il n'y a plus aucun risque que quoi que ce soit arrive», assurait samedi Anders Bredfell, porte-parole de l'Autorité de l'énergie nucléaire suédoise. La procédure d'urgence déclenchée à la suite d'un incident qui s'est produit il y a dix jours dans une des centrales nucléaires du pays a donc été levée. Pourtant, les Suédois sont visiblement passés à un cheveu de la catastrophe. Le 27 juillet dernier, la Suède avait signalé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qu'un
problème était survenu deux jours plus tôt sur le site de Forsmark (est). À la suite d'un court-circuit, plusieurs systèmes de sécurité censés démarrer en cas de panne de courant ne se sont pas déclenchés.
     Heureusement, d'autres générateurs ont pris le relais, évitant ainsi une augmentation anormale de la température du réacteur. Une pièce défectueuse du système de secours pourrait être à l'origine du problème. Classé au niveau 2 sur l'échelle internationale d'événement nucléaire (Ines), graduée jusqu'à 7, l'incident se situe entre «anomalie» (niveau 1) et «incident grave» (niveau 3). Le niveau 7 correspondant à la catastrophe de Tchernobyl. Un des réacteurs de la centrale de Forsmark avait immédiatement été arrêté à la suite de l'incident.
     Puis progressivement, par mesure de sécurité, d'autres sites ont, à leur tour, été fermés. La centrale d'Oskarshamn (sudest) mercredi, puis un second réacteur de Forsmark ont également été arrêtés jeudi. Parallèlement, la centrale de Ringhals avait débranché un de ses réacteurs pour un entretien de routine. Cinq des dix réacteurs du pays étaient donc à l'arrêt depuis la nuit du 2 au 3 août. L'Autorité de l'énergie nucléaire suédoise (SKI) a d'ailleurs déclaré, jeudi dernier, qu'elle ouvrait une enquête et devait examiner le même jour les comptes rendus de sécurité établis par les différentes centrales, dans le but de mieux identifier la cause de la défaillance. Si désormais la sécurité semble être rétablie, les réactions ne se sont pas fait attendre.
     Vendredi, après avoir qualifié de «sérieux» le problème rencontré par la centrale de Forsmak, le ministère allemand de l'environnement a annoncé qu'il allait contrôler «le plus rapidement possible» l'intégralité de son parc nucléaire, afin de définir si l'incident suédois pouvait se produire dans les centrales allemandes. En vérifiant en particulier si les centrales allemandes étaient équipées de la même pièce défectueuse que celle qui est vraisemblablement à l'origine du problème suédois. La pièce en question, qui équipe un système de secours, a été fournie par la société allemande AEG, filiale du groupe suédois Electrolux.
     Si les principaux producteurs d'électricité, favorables au nucléaire, ont exclu toute éventualité qu'un incident similaire puisse se produire en Allemagne, les écologistes allemands se sont dits inquiets, à l'image de Bärbel Höhn, vice-présidente du groupe Vert au Bundestag, qui a déclaré «qu'à sept minutes près, on est passé tout près d'une énorme catastrophe qui aurait contaminé la majeure partie de la Scandinavie et qui aurait également fortement touché l'Allemagne». Du côté de l'Autriche, qui fait partie des pays de l'UE les plus opposés au nucléaire, l'incident en Suède et des dysfonctionnements réguliers dans la centrale tchèque de Temelin, frontalière du pays, ont entraîné des réactions virulentes. «Ces derniers jours nous ont clairement montré que l'énergie nucléaire ne pourrait jamais être rendue sûre et qu'elle représentait une source de danger permanent pour l'ensemble de la population européenne», a souligné un porte-parole de l'opposition sociale-démocrate (SPÖ), Jan Krainer. Vendredi, Greenpeace, l'organisation de défense de l'environnement, a, pour sa part, demandé qu'une série de tests soient effectués sur toutes les centrales nucléaires du monde.
     Aujourd'hui, près de la moitié de l'électricité suédoise est produite par le nucléaire. En 1980, un vaste programme de désengagement avait été décidé à la suite d'un référendum consultatif. L'abandon définitif du nucléaire avait alors été prévu pour 2010. Mais ce projet a été abandonné en 1997.  Depuis, l'opinion suédoise a évolué. Un sondage effectué en 2003 montrait que 55% des sondés se disaient favorables au maintien du nucléaire civil. Un revirement qui s'explique par l'augmentation progressive du prix du kilowatt et par l'incidence sur l'environnement de l'utilisation des énergies fossiles. En 2005, l'électricité suédoise était produite à hauteur de 47% par le nucléaire. L'incident de la centrale de Forsmark, survenu à six semaines des élections générales, a rouvert le débat politique dans le pays. Les Verts et le Parti de la gauche ont d'ores et déjà profité du contexte pour relancer le processus de sortie du nucléaire.

Emeline Hénique
(avec AFP, AP)

Source Le Monde (2) - 08 août 06 : En Allemagne, les antinucléaires réclament le démantèlement des centrales, après la panne de Forsmark
BERLIN CORRESPONDANT

     Vingt ans après l'accident de la centrale de Tchernobyl (Ukraine), l'Allemagne, reste sensible à tout ce qui touche à l'énergie nucléaire.
     L'incident survenu le 25 juillet dans un réacteur suédois a ainsi fait autant de bruit en Allemagne que dans le royaume scandinave.
     Les antinucléaires ont aussitôt réclamé le démantèlement des centrales dans les délais prévus par l'accord conclu en 2000, entre le gouvernement et les industriels du nucléaire. Ces derniers, soutenus par la droite, voudraient prolonger leur durée de vie.
     Pour une raison encore mal expliquée, deux diesels électriques de secours de la centrale civile de Forsmark, au nord de Stockholm, n'ont pas fonctionné comme prévu pour suppléer la panne des générateurs normaux provoquée par un court-circuit. Les employés ont pu faire démarrer deux autres diesels. L'Inspection suédoise de contrôle de l'énergie nucléaire (SKI) a classé l'incident au niveau 2 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), qui en compte sept.

DIX-SEPT CENTRALES
     Avec quelques jours de décalage, les médias allemands ont couvert l'incident avec moult détails. Les propos alarmistes d'un expert suédois, selon lesquels c'était l'événement le plus grave depuis l'accident de Tchernobyl, ont été largement repris outre-Rhin, tandis que la SKI les estimait "très
exagérés".
     Les opposants allemands au nucléaire ont bondi sur l'occasion pour insister sur la nécessité de fermer dès que possible les dix-sept centrales encore en fonction en Allemagne et investir davantage dans les énergies renouvelables.
     D'après un porte-parole pour les questions environnementales du Parti social-démocrate (SPD), Marco Bülow, l'incident de Forsmark, survenu dans un pays dont les centrales sont pourtant réputées sûres, démontre que la technologie du nucléaire n'est pas "maîtrisable".
     Une défaillance semblable n'est pas à exclure en Allemagne, puisque le composant incriminé, fabriqué par la firme allemande AEG, équipe certaines centrales du pays, ont estimé les Verts. Le ministère fédéral de l'environnement a fait procéder à une vérification en ce sens.
     L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel a souhaité qu'on ne tire pas de conclusions hâtives. Et pour cause, ce parti prône une relance du programme nucléaire, qui fournit au pays près de 30% de son électricité.
     Certes, le contrat de coalition, conclu avec le SPD après les élections législatives de septembre 2005, ne remet pas en question la sortie de l'atome en 2020, décidée par le précédent gouvernement SPD-Verts.
    Mais la droite espère bien revenir dessus, en cas de victoire aux législatives de 2009. Selon elle, le pays ne pourra se passer du nucléaire avant longtemps, les énergies renouvelables tardant à s'imposer.

Antoine Jacob

Source: quotidien allemand TAZ et dpa, 03.08
     Je viens de traduire deux textes des journaux allemands sur un incident grave en Suède. Je suis étonnée de ne rien lire la-dessus en France. J'ai choisi 2 textes, mais il en est paru bcp plus.
Traduction: Cécile Lecomte (GSIEN)

     Il y a une semaine, on est passé très près de la catastrophe nucléaire dans le réacteur de la centrale de Forsmark I en Suède. Suite à un court-circuit plusieurs systèmes de sécurité ont été défaillants. Un expert dans la construction de ce type de réacteur affirme que le hasard a évité la fusion du cœur.
     L'Europe est vraisemblablement passée à deux doigts d'un nouveau Tchernobyl. Le réacteur numéro 1 de la centrale suédoise de Forsmark, située au nord de Stockholm, est devenu pratiquement incontrôlable à la suite d'un court-circuit suivi d'une perte de réseau électrique. Dans le même temps, plusieurs systèmes de sécurité n'ont pas fonctionné comme prévu.

«Le hasard a évité qu'une fusion du cœur ne se produise».
     C'est ce qu'affirme à présent un homme qui doit savoir de quoi il parle. Lars-Olov Höglund a été responsable du département de construction dans l'entreprise Suédoise Wattenfall, il était responsable de la centrale nucléaire de Forsmark et connaît le réacteur par cœur. «C'est l'événement le plus dangereux depuis Harrisbourg et Tchernobyl» a-t-til dit mercredi au quotidien suédois Svenska Dagbladet.
     Cette quasi-catastrophe s'est produite le 25 juillet peu avant 14h lors de travaux de maintenance qui ont causé un court-circuit qui a coupé la centrale nucléaire du réseau électrique tout d'un coup. Le réacteur 1 s'est arrêté automatiquement. Dans une telle situation, il y a normalement 4 générateurs qui prennent le relais pour entre autre alimenter les pompes de refroidissement en électricité. Mais dans les faits, le court-circuit s'est propagé à l'ensemble du circuit d'alimentation si bien que les batteries des générateurs de secours ont elle aussi été victimes d'un court-circuit.
     Et ce n'est qu'au bout de 23 minutes que l'on a pu reprendre le contrôle du réacteur, lorsque enfin deux des quatre générateurs de même type de fabrication se sont mis à fonctionner et faire fonctionner le système de refroidissement d'urgence. Sept minutes plus tard, la destruction du réacteur n'aurait pu être empêchée, sit Höglund. Et la fusion du cœur qui s'en suit se serait produite une heure et demi plus tard.
     Problème supplémentaire à Forsmark : la coupure de courrant à entraîné l'arrêt des ordinateurs, si bien que l'équipe du centre de commandes a dû agir en partie «à l'aveugle»: beaucoup d'appareils de mesure n'ont pas fonctionné si bien que l'équipe n'avait pas d'informations fiables sur l'état du réacteur et les effets de ses agissements.

suite:
     L'autorité suédoise du nucléaire "Statens Kärnkraftinspektion" (SKI) prend la défaillance des systèmes de sécurité au sérieux, elle a demandé une enquête complète. Ingvar Berglund, le chef de la sécurité de Forsmark, ne trouve «pas acceptable» qu'il puisse y avoir des erreurs de conception des composants pouvant mener à des courts-circuits en chaîne, sans pouvoir les contrôler: «j'en avais entendu parler une fois dans le passé, mais c'était à propos d'un réacteur russe».
     Selon Berglund, on a appris après l'incident que la firme AEG qui a construit et livré ces générateurs défectueux au début des années 90 avait connaissances de ces faiblesses. AEG n'avait pas estimé nécessaire de transmettre ces informations. Au contraire, Upsala Nya Tidming a affirmé à notre journal que AEG avait informé la centrale nucléaire de Forsmark suite un incident dans une centrale nucléaire allemande.
     Plusieurs réacteurs suédois et finlandais sont équipés de ces mêmes générateurs. Berlund n'exclut pas qu'il s'agisse d'un problème  mondial». L'agence internationale de l'énergie atomique AIEA a été informée.
     Les exploitants de la centrales, tout comme l'autorité étatique SKI estiment que l‘appréciation de l'expert en construction de réacteurs est exagérée. La SKI a classé l'incident provoqué par la perte de courrant comme «incident sérieux», étape 2 de l'échelle Ines qui en compte 7. Aucune radioactivité n'a été libérée.
     Ole Reistad, directeur de l'institut norvégien de protection contre les rayonnements ionisants dans le pays voisin, prend cependant l'incident plus au sérieux que ses collègues suédois. A Forsmark on est «passé près de la catastrophe» et près de la défaillance de la dernière barrière de sécurité, a-t-il déclaré au TAZ. «une telle chose n'aurait jamais dû se produire

Source Le Monde (1), 06 mai
http://www.lemonde.fr

Incident "sérieux" dans une centrale nucléaire suédoise

     Un incident, qualifié de "sérieux" par l'autorité suédoise de contrôle de l'énergie nucléaire, est survenu dans un des dix réacteurs civils en fonction dans le royaume, relançant timidement le débat sur le futur de l'énergie atomique dans ce pays à un peu plus d'un mois d'élections législatives. Provoqué par un court-circuit électrique, l'incident, qui s'est produit le 25 juillet, a mis au jour des dysfonctionnements à plusieurs niveaux, en particulier dans le système de secours du réacteur no 1 de la centrale de Forsmark, située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, Stockholm. Cette défaillance a conduit la Suède à arrêter par précaution trois autres réacteurs du même type - dit à eau bouillante (BWR) -, un à Forsmark et deux à Oskarshamn.
     Selon les explications fournies à l'Autorité publique d'inspection nucléaire (SKI) par Forsmarks Kraftgrupp AB, l'exploitant de la centrale, deux diesels électriques, censés démarrer en cas de panne de courant, n'ont pas pu se mettre automatiquement en route comme prévu, et ce pour une raison encore peu claire. Deux autres générateurs du même type ont pu les suppléer, évitant de mettre le réacteur dans une situation telle que cela aurait pu conduire à une montée anormale de température de l'installation.
     "C'est toujours sérieux lorsque quelque chose ne fonctionne pas dans le système de secours", a commenté Maria Svensson, chef adjointe du service d'information de la SKI, contactée à Stockholm. Selon une enquête préliminaire effectuée par cette autorité deux jours après la panne, l'équipe de la centrale a suivi les instructions prévues pour un tel scénario. Mais, à en croire des témoignages d'employés recueillis par les médias, l'ambiance était tendue dans la salle de contrôle. En raison du court-circuit, écrans d'ordinateurs et haut-parleurs étaient hors service, note la SKI dans son rapport.
EN PLEINE CAMPAGNE ÉLECTORALE
     D'un commun accord, l'exploitant privé de la centrale et la SKI ont classé l'incident au niveau 2 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) reconnue par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Un tel niveau correspond à un "incident", le niveau 1 désignant une "anomalie" et le niveau 7 étant réservé à un "accident majeur", comme celui qui a conduit en 1986 à l'explosion de Tchernobyl. Selon Mme Svensson, les commentaires d'un expert suédois affirmant que l'incident de Forsmark était le plus grave survenu depuis Tchernobyl et qu'on était passé tout près d'un accident majeur sont "grandement exagérés".
     La SKI a toutefois préconisé, au-delà des mesures ponctuelles pour s'assurer de la sécurité de Forsmark 1, que les autres réacteurs suédois construits sur le même modèle soient vérifiés de près. La deuxième unité de Forsmark, ainsi que deux réacteurs de la centrale d'Oskarshamn (sud), ont donc été fermés entre-temps, par mesure de précaution. En fonction depuis le début des années 1980, la centrale de Forsmark, qui comprend trois réacteurs mis en service entre juin 1980 et mars 1985, est l'une des plus récentes du pays. En temps normal, les dix réacteurs du pays fournissent près de la moitié de l'électricité produite sur place.
     Alors que Greenpeace a réclamé que soient contrôlés après cette défaillance les 443 réacteurs en service dans le monde, l'incident de Forsmark a provoqué des remous dans la campagne électorale suédoise. Le 17 septembre, un nouveau Parlement sera élu. Allié traditionnel du gouvernement social-démocrate sortant, le Parti de gauche (ex-communiste) a réclamé une accélération de la sortie de l'atome - décidée après un référendum en ce sens organisé en 1980 - et la fermeture, d'ici à 2010, d'un des dix réacteurs aujourd'hui en service. Jusqu'à présent, seuls les deux réacteurs de la centrale de Barsebäck ont fait l'objet d'une telle mesure. La droite, qui pourrait revenir au pouvoir, a paru embarrassée par l'incident de Forsmark, alors qu'elle est favorable au maintien du nucléaire.

Antoine Jacob
Dépêche de la DPA du 03 août 2006:
Source: Schweden: Nur wenige Minuten vor dem GAU
Traduction: Cécile Lecomte

4 des 10 réacteurs suédois à l'arrêt après l'incident de juillet
     En Suède, 4 des 10 réacteurs nucléaires sont à l'arrêt après un incident survenu le 26 juillet à la centrale nucléaire de Formark 1. L'autorité responsable a annoncé jeudi que c'était l'occasion de vérifier les systèmes de sécurité.

     Vor einer Woche kam es zu einer Beinahe-Katastrophe im schwedischem Atomreaktor Forsmark I. Nach einem Kurzschluss fielen dort mehrere Sicherheitssysteme aus. Ein Reaktorkonstrukteur hält es für Zufall, dass keine Kernschmelze erfolgte.
Quelle: taz, 03.08.2006

     Europa ist womöglich haarscharf an einem neuen Tschernobyl vorbeigeschlittert. Der Reaktor 1 des schwedischen AKW Forsmark nördlich von Stockholm war wegen eines Kurzschlusses mit anschließendem Stromausfall beinahe unkontrollierbar geworden. Gleich verschiedene Sicherheitssysteme funktionierten nicht wie vorgesehen.
     "Es war ein reiner Zufall, dass es zu keiner Kernschmelze kam." Das behauptet jetzt ein Mann, der es wissen sollte. Lars-Olov Höglund, der als langjähriger Chef der Konstruktionsabteilung des schwedischen Vattenfall-Konzerns für deren Atomkraftwerk in Forsmark zuständig war und den in Frage stehenden Reaktor in- und auswendig kennt. "Das ist die gefährlichste Geschichte seit Harrisburg und Tschernobyl", erklärte er am Mittwoch im Stockholmer Svenska Dagbladet.
     Begonnen hatte die Beinahe-Katastrophe am 25. Juli kurz vor 14 Uhr mit einem durch Wartungsarbeiten an einem Stellwerk verursachten Kurzschluss, der das Atomkraftwerk auf einen Schlag vom übrigen Stromnetz trennte. Automatisch erfolgte daraufhin eine Schnellabschaltung des Reaktors 1. In einer solchen Situation sollen normalerweise vier Notgeneratoren automatisch anspringen und vor allem die Kühlpumpen mit Strom versorgen.Tatsächlich setze sich aber der Kurzschluss über die gesamte Versorgungskette fort, sodass sich auch die Batterien der Hilfsgeneratoren kurzschlossen.
     Nur weil zwei der vier baugleichen Generatoren nach einiger Zeit gestartet und damit ein Teil der Notkühlung in Betrieb genommen werden konnte, gelang es, den Reaktor nach 23 Minuten wieder unter Kontrolle zu bekommen. Sieben Minuten später wäre die Zerstörung des Reaktors nicht mehr aufzuhalten gewesen, sagt Höglund. Mit der Folge einer nicht mehr aufzuhaltenden Kernschmelze eineinhalb Stunden später.
     Das zusätzliche Problem in Forsmark: Der Stromausfall hatte zu einem Computerblackout geführt, sodass die Bedienungsmannschaft teilweise "blind" agieren musste: Viele Messgeräte funktionierten, und so bekam das Team über den Zustand des Reaktors und die Auswirkungen seiner Eingriffe selbst keine sicheren Informationen.
     Die Tatsache, dass die Sicherheitssysteme nicht funktionierten, nimmt auch die staatliche Atomkraftbehörde "Statens Kärnkraftinspektion" (SKI) sehr ernst und hat eine umfassende Untersuchung angeordnet. Ingvar Berglund, Forsmark-Sicherheitschef, findet den Konstruktionsfehler von Komponenten, über die sich ungehindert eine Kurzschlusskette fortsetzt, "nicht akzeptabel": "Ich hatte davon vorher erst einmal gehört, das war bei einem russischen Reaktor."
     Laut Berglund stellte sich nach dem Vorfall heraus, dass der Herstellerfirma AEG, die die fraglichen Generatoren Anfang der Neunzigerjahre geliefert hatte, diese Konstruktionsschwäche durchaus bekannt war. AEG habe es aber nicht für notwendig gehalten, dieses Wissen weiterzugeben. Im Widerspruch dazu meldete am Mittwoch die Tageszeitung Upsala Nya Tidning, AEG habe das Forsmark-AKW informiert, nachdem es einen Zwischenfall in einem deutschen AKW gegeben hatte.
     Verschiedene schwedische und finnische Reaktoren arbeiten mit den gleichen Generatoren. Berglund will nicht ausschließen, dass dies ein "weltweites" Problem sein könne. Darüber habe man mittlerweile auch die Internationale Atomenergieagentur IAEA informiert.
     Sowohl der AKW-Betreiber als auch die staatliche SKI weisen die Einschätzung des Forsmark-Konstrukteurs, der Reaktor habe vor einer Kernschmelze gestanden, als "übertrieben" zurück. Bei SKI hat man den Stromausfall und seine Folgen als "ernsten Vorfall" auf Stufe 2 der siebenstufigen Ines-Skala eingestuft. Begründung hierfür: Es sei keine Radioaktivität freigesetzt worden.
     Ole Reistad, Abteilungsleiter der Strahlenschutzbehörde im Nachbarand Norwegen, nimmt den Vorfall allerdings deutlich ernster als seine schwedischen Amtskollegen. Im Forsmark habe man "nahe vor einer Katastrophe" und vor dem Wegfall der letzten Sicherheitsbarriere gestanden, sagte Reistad der taz. "So etwas hätte nie passieren dürfen."

4 von 10 schwedischen Atomreaktoren nach Juli-Störfall abgeschaltet
     In Schweden sind nach einem Störfall vom 26. Juli im Kernkraftwerk Forsmark-1 vier der zehn Atomreaktoren abgeschaltet worden. Wie am Donnerstag von den zuständigen Behörden mitgeteilt wurde, soll die Gelegenheit genutzt werden, die Sicherheitssysteme zu überprüfen.

Swedish nuclear reactors stopped
http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/5241780.stm?ls
Four of Sweden's 10 nuclear reactors have been shut down, following an electricity failure.

     The Swedish Nuclear Power Inspectorate, SKI, has been holding an emergency meeting, following the incidents at the Oskarshamn and Forsmark plants.
     The firm operating Oskarshamn, in southern Sweden, stopped two of its three reactors late on Wednesday, citing safety concerns.
     Last week, two reactors were also shut down at Forsmark, north of Stockholm.
Safety checks
     The two reactors in Oskarshamn - about 250km (150 miles) south of Stockholm - were shut down after the operator said their safety could not be guaranteed.
     Last week's shutdown in Forsmark - some 75km (46 miles) north of Stockholm - came after a short-circuit in a unit supplying power to the reactors.
     SKI spokesman Anders Bredfell told the BBC News website that the Forsmark incident ranked as a number two on the 0-7 scale used by the International Atomic Energy Agency (IAEA) to classify nuclear incidents.

     "We can't say how long the reactors will remain shut down," he said.
     He stressed there was "no danger of a meltdown" at Forsmark. He said two of the four backup generators had failed to start there, but two were sufficient to run the plant's cooling system. In addition, the plant has gas turbines that can be used to supply power in an emergency, he said.
     On Friday SKI asked all of Sweden's other nuclear plants to prove that the same failure could not happen to them, Mr Bredfell explained.
     "The Oskarshamn reactors were shut down because they couldn't prove that the same thing couldn't happen there," he said.
     The IAEA was automatically informed about the Forsmark incident, and Sweden's response showed that the procedures for such incidents were working, he added.
     The environmental group Greenpeace in Sweden has urged the government to stop all nuclear reactors in the country.
     Sweden plans to phase out all of its reactors in the next few years.