INFORMATIONS CHRONOLOGIQUES DIVERSES SUR LE NUCLÉAIRE
2006
L'entreprise française AREVA mise en cause à TCHERNOBYL
(Traduit par Jean-Marie Trautmann)

   Article publié dans le numéro de septembre 2006 (N°39)
    de la revue "Le Dniepr" de l'association humanitaire "Les enfants de Tchernobyl"
    Les.enfants.de.tchernobyl@wanadoo.fr
    www.lesenfantsdetchernobyl.fr
    Selon la presse ukrainienne, une entreprise française se trouverait actuellement au centre d'une polémique concernant la construction d'une unité de stockage de combustible radioactif à TCHERNOBYL. Voici à ce propos un article récent d'un média kievien.
    «Le projet du combustible de Tchernobyl  toujours en suspens».
    (article publié dans le journal ukrainien KYIV POST le 3 août 2006)
         Framatome, un concepteur et constructeur français de centrales nucléaires (à présent appelé Areva NP) a signé un contrat en 1999 pour construire une unité de stockage de combustible usagé sur le site de la centrale de Tchernobyl. Mais les travaux sont à l'arrêt depuis 2003 en raison de plaintes émises par la direction de l'usine quant à des défauts présumés du projet.
     Le dernier réacteur du site de Tchernobyl où s'est produit en 1986 le pire accident nucléaire a été officiellement arrêté en décembre 2000, avec un grand tapage international. Mais la fermeture complète de l'installation a été reportée depuis trois ans en raison d'un différend entre le site industriel et la société d'ingénierie française qui devait le rendre plus sûr.
     Framatome qui coiffe un consortium de compagnies d'ingénierie engagées dans la construction du stockage nucléaire devait initialement avoir achevé les travaux en 2003 mais des responsables de Tchernobyl on arrêté le projet faisant état de craintes quant à la sécurité.
     Il existe déjà à Tchernobyl une cuve de stockage de combustible usagé, ISF-1, dont la mise à l'arrêt est prévue en 2016. Ainsi, au milieu des années 1990, de l'argent pour un fonds de 2,5 milliards de dollars, géré par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et comprenant des promesses de dons de pays du G8 était prévu pour la construction d'une deuxième cuve, ISF-2.
     A présent, Framatome, qui a achevé plus de 50% de ISF-2 risque de perdre son contrat au profit de la société d'ingénierie nucléaire américaine, Holtec International.  Le Service Communication de l'Unité de Tchernobyl a fait savoir le 7 juillet que l'Ukraine avait l'intention d'annuler le contrat avec Framatome et avait appelé à un audit indépendant des travaux réalisés jusqu'ici. Selon ce communiqué, cet audit avait été approuvé lors d'une récente réunion de l'Assemblée des Donateurs du Fonds de Sécurité Nucléaire, à Londres.
     D'ici octobre de l'année en cours, l'Assemblée décidera si le projet, estimé à l'origine à environ 121 millions de dollars sera achevé par Framatome et Holtec International ou ce dernier seul. Mykola Konontsev, responsable du bureau ukrainien de Holtec a déclaré que Holtec International avait été associé au projet au début de l'année pour aider à en résoudre l'aspect technique.«Le projet de Holtec a été accepté pour l'essentiel ce qui signifie que la société va utiliser cette technologie» a déclaré Kononstsev. «Mais on ne sait pas encore si c'est notre compagnie qui achèvera le projet» a-t-il ajouté.
     Le projet Framatome n'est pas le premier des travaux réalisés par Holtec en Ukraine. En décembre 2005, la compagnie américaine avait signé un contrat de 150 millions de dollars avec l'entreprise d'énergie nucléaire d'Etat ukrainienne, Energoatom, pour la construction d'une unité de stockage de combustible nucléaire épuisé, à un endroit non divulgué. Mais elle attend toujours l'approbation de ce marché par les députés, à la veille des élections parlementaires du 26 mars.
     Selon le Service communication du site de Tchernobyl, le projet ISF-2 ne devrait pas être achevé avant 2008-2009. Quelque 96 millions de dollars ont d'ores et déjà été dépensés pour ce projet et à présent son budget pourrait grimper jusqu'à 250 millions de dollars, selon le vice-ministre aux situations d'urgence, Volodymyr Kholosha.
     Les erreurs sur le délai et le budget ont pour cause la programmation des travaux. Au début, pour activer le projet, il avait été décidé d'approuver les phases du projet une à une au fur et à mesure de l'avancement des travaux, a dit Kholosha. On considérait que ce serait une opération «clés en main» ce qui veut dire que Framatome était responsable de tous les détails, a-t-il ajouté.
     Le site de Tchernobyl n'a pris conscience du défaut du projet que lorsque la moitié du travail avait été effectuée, selon Kholosha.Le défaut invoqué concerne le séchage du combustible nucléaire usagé qui est d'abord stocké sous eau avant d'être transféré vers des containers hermétiquement clos.
     Les Officiels de Tchernobyl ont accusé Framatome de ne pas avoir tenu compte du processus de séchage pour la construction du container de combustible usagé. «Dans le contrat, il était écrit que la teneur en eau ne dépasserait pas 1% mais il s'est avéré être de 5 à 10%, voire davantage» a dit Joel Pijselman, premier vice-président d'Areva NP (le nouveau nom de Framatome).«Peu importe la teneur en eau du combustible épuisé. Framatome n'avait de toute façon prévu aucun séchage» a déclaré Kholosha. «La présence d'eau lors du stockage peut provoquer une corrosion de pression complémentaire et un dégagement d'hydrogène qui ne sont pas les bienvenus», complète Pijselman, «cela pourrait conduire à des rejets radioactifs dans l'environnement». Pijselman a dit que sa société avait proposé de rectifier ce point mais que l'Ukraine avait bloqué les travaux en 2003.
     «La nouvelle solution proposée par Framatome n'avait pas satisfait l'Assemblée Générale (des Donateurs du Fonds de Sécurité Nucléaire), principalement en raison de son coût élevé – 100 millions € (125 millions de dollars)» a dit Pijselman.«Framatome demandait également de l'argent et un délai complémentaires pour effectuer des recherches sur la technologie de séchage, mais les Donateurs n'ont pas pu les donner.» a dit Kholosha.
     Holtec a dit que le 7 juillet de cette année ils avaient présenté leur technologie de séchage aux Officiels de Tchernobyl et à la BERD.«Holtec dispose à présent de trois mois pour soumettre des estimations détaillées et satisfaire à toutes les demandes pour emporter le contrat» a dit Kholosha.
     En attendant, le combustible résiduaire de la centrale de sinistre mémoire présente un danger.
     «Les opérateurs et les techniciens s'efforcent de maintenir les conditions de sécurité requises mais l'unité est toujours dangereuse et coûte à l'Ukraine 15 millions € chaque année (près de 20 millions de dollars)» dit Kholosha.
     L'Ukraine n'a toujours pas de site pour enterrer ses déchets nucléaires, ce qui la rend plus dépendante de la Russie pour des solutions à court terme. Trois des quatre centrales nucléaires d'Ukraine, celles des régions de Rivne, Khmelnytskiy et Mykolayiv, stockent leurs résidus de combustible dans des «piscines» remplies d'eau.Mais ceci est la solution du plus court terme qui implique que ces résidus soient ensuite transférés en Russie pour stockage temporaire et traitement. L'Ukraine paye chaque année 100 millions de dollars pour ces services et ce prix augmente sans cesse. De plus, la législation russe lui interdit d'enterrer les déchets nucléaires d'autres pays; en définitive, l'Ukraine devra reprendre son combustible épuisé.