INFORMATIONS CHRONOLOGIQUES DIVERSES SUR LE NUCLÉAIRE
Dites-le bien à vos jeunes: il y a de l'avenir à long terme dans les métiers du nucléaire.
    Le 21 mars, les membres du Pôle Nucléaire Bourgogne étaient réunis au Creusot pour faire le point sur les dossiers en cours et avaliser un certain nombre d'orientations, tant en matière de formation que d'actions de recherche-développement.

3 questions à Gérard Kottmann, Directeur général de Valinox Nucléaire, Président du Pôle Nucléaire Bourgogne

Le Creusot web: En juillet dernier, le Pôle Nucléaire Bourgogne était labellisé "pôle de compétitivité". Quel bilan d'étape faites-vous du travail accompli huit mois plus tard?
Gérard Kottmann: En 2005, c'est une poignée de "pirates" qui est partie à l'abordage de la labellisation. Une poignée de pirates menée par les membres fondateurs que sont Areva, le CEA, EDF, l'Ensam de Cluny, Sfarsteel, l'Université de Bourgogne avec les 2 IUT du Creusot et de Chalon et Valinox Nucléaire. Aujourd'hui, nous comptons 57 membres (dont 27 PME) avec un contingent particulièrement représentatif de la tradition nucléaire du Creusot (Sfarsteel, Industeel, l'IUT, SCGI, ECW, Inéo Enersys, JD Elec, Ascot…). Nous avons décidé d'arrêter là les adhésions, au moins pour un an, afin de travailler efficacement dans un périmètre fixe.
    Notre travail s'est focalisé depuis la labellisation essentiellement sur 3 axes:
   · la recherche-développement (R&D): il ne faut pas se leurrer, nous sommes en concurrence avec les autres pôles pour l'accès aux financements. Il était donc important de déposer très vite auprès des organismes publics une première salve de projets; nos adhérents ont bien travaillé depuis la dernière réunion plénière d'octobre 2005 puisqu'en janvier, nous avons remis au Comité des financeurs une liste de projets dont le budget cumulé atteint 13,6 M€.
   · la formation: c'est un autre élément fondateur du PNB. Toute une génération d'experts, celle du premier programme nucléaire français, part en retraite. La traversée du désert des années 90 a fait que nos industries ont peu recruté, donc peu préparé cette échéance. Pire: des formations dédiées au nucléaire ont été fermées faute de débouchés. Il faut aujourd'hui remettre la machine en route. C'est ce à quoi nous nous sommes attaqués avec le Rectorat, l'Université de Bourgogne, les IUT du Creusot et de Chalon ainsi que l'Ensam. Déjà, je peux vous dire qu'un bac pro' est programmé pour la rentrée 2006 au Creusot, qu'une licence "mesures et capteurs intelligents" est approuvée à l'IUT du Creusot, une autre concernant "l'ingénierie et contrôle des matériaux et des structures" à Chalon, qu'un projet de diplôme d'Université Bac +3 à l'IUT du Creusot est bien avancé ainsi que la création d'une plateforme métallurgie multi-sites en Bourgogne avec le soutien de toutes les collectivités locales. Enfin, une étude de faisabilité pour une école internationale de maintenance sécurité et déconstruction des centrales nucléaires sera lancée prochainement.
   · la promotion à l'international: comme l'écrivait un de vos collègues, le PNB a le savoir faire; il faut maintenant le faire savoir! Une première opération de promotion de l'expertise des membres du PNB est planifiée pour mi-2006. Notre pays cible: le Royaume-Uni, qui doit remplacer à horizon 2020 l'équivalent de 20.000 MW de puissance électrique obsolète, soit l'équivalent de 13 centrales nucléaires de 3e génération type EPR (technologie Areva). Nous bénéficions pour cette opération du soutien du Ministère de l'Industrie, de celui du Commerce Extérieur et d'UbiFrance.
     Alors au vu de tout ça, en rappelant que les membres du Bureau Directeur ont en parallèle une activité professionnelle également très prenante, je dirais que le bilan est satisfaisant, pour rester modestes…Ce bilan, nous le devons aussi à l'engagement et à l'enthousiasme de tous les membres. Dans la phase nécessaire de renforcement d'organisation du PNB, c'est une qualité qu'il faudra impérativement préserver.

LCw: Lors de votre réunion plénière du Creusot, plusieurs projets concernant la formation et la recherche-développement ont été annoncés. Quelle est la place des acteurs creusotins dans ces projets?
G.K.: J'ai déjà répondu à la question précédente sur la formation. En ce qui concerne la R&D, il y a une série de projets liés à la modélisation des procédés de métallurgie qui concernent directement la région du Creusot. Et parmi eux un projet phare, un de ceux d'ailleurs qui affichent le plus gros budget: c'est la réalisation des grosses viroles de l'EPR et, plus tard (vers 2015-2020), des pièces forgées de la génération 4, la prochaine génération de centrales nucléaires à haute température dont les études démarrent. Pour cela il faut être capable de produire des lingots de 500 tonnes alors que les moyens du Creusot, les plus importants en Europe, sont limités à 250 tonnes, et ensuite de les forger ce qui nécessite des presses de très grande puissance dont nous ne disposons pas à l'heure actuelle. Ce dossier est stratégique aussi par le montant des investissements qui seraient nécessaires : on parle de 100 M€. Mais il donnerait à la France un leadership mondial pour au moins 30 ans.

LCw: Quelles sont maintenant les échéances, notamment s'agissant des aides de l'Etat?
G.K.: Tous les projets tant R&D que de formation ont été orientés vers les "guichets", aussi en fonction de la taille des entreprises. Nous attendons en particulier le verdict du Fonds de Compétitivité des Entreprises, mais aussi de l'ANR (Agence nationale de la recherche), d'OSEO ANVAR pour les projets des PME, etc. Des conventions industrielles de formation par la recherche avec de jeunes doctorants (CIFRE) sont en phase de montage de financement, les collectivités sont sollicitées pour des opérations de valorisation de nos métiers : c'est ainsi que la Communauté Creusot-Monceau a soutenu notre participation au salon MED qui s'est tenu en janvier.

LCw: Un mot pour conclure?
G.K.: Le PNB, nous ne l'avons pas créé pour un an ou deux. Vu les perspectives du marché, la place de leader en "mécanique du nucléaire" que nous occupons dans le monde (le seul autre pôle concurrent est japonais, rappelons-le), nous avons des ambitions de développement sur le long terme, un développement qui repose sur l'excellence des talents et compétences disponibles en Bourgogne. Dites-le bien à vos jeunes internautes: il y a de l'avenir à long terme dans les métiers du nucléaire.



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