CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2006
AVRIL
ANNIVERSAIRE TCHERNOBYL!...

· Il y a de l'avenir à long terme dans les métiers du nucléaire, Interview de Gérard Kottmann, président du Pôle Nucléaire Bourgogne! (Source Le Creusot Actualités N°99)
· Grande-Bretagne, Les moutons radioactifs de la campagne anglaise:
    "Vingt ans après, Tchernobyl empoisonne encore les moutons anglais", rapporte The Independent. "Le ministère de la Santé britannique a indiqué que plus de 200.000 moutons paissent sur des terres contaminées à la suite de l'accident qui s'est produit dans la centrale nucléaire ukrainienne en avril 1986: 375 fermes seraient touchées, dont 355 au pays de Galles, 11 en Ecosse et 9 en Angleterre", relate le quotidien britannique. "Aucun mouton ne peut sortir de son territoire sans une autorisation spéciale. Les moutons qui ont un taux de radioactivité plus élevé que la norme doivent être marqués par un tatouage spécifique et doivent passer des mois à paître sur des pâturages décontaminés avant d'être intégrés à la chaîne alimentaire", explique le journal.     Cette révélation survient alors que Tony Blair défend le recours à l'énergie nucléaire. Les centrales nucléaires britanniques sont toutes en cours d'amortissement, la dernière doit fermer en 2035. Le Premier ministre britannique estime que le Royaume-Uni dépend trop de régimes politiques instables pour ses ressources énergétiques et propose l'énergie nucléaire comme alternative. Mais, depuis Tchernobyl, l'opinion publique britannique n'est pas favorable à l'énergie nucléaire, ajoute The Independent.
· Sources ADIT:
· · Grande-Bretagne, Le débat sur l'énergie nucléaire continue:
    Le sort de l'énergie nucléaire est, pour le public et les spécialistes, la question principale abordée dans le cadre de la révision de la politique énergétique britannique. Si une partie des commentateurs britanniques estime que la décision de construire de nouvelles centrales a été déjà prise par le Premier Ministre, certaines publications montrent que le sort du nucléaire n'est pas encore complètement certain.
    Le rapport "The role of nuclear power in a low carbon economy" de la Sustainable Development Commission (SDC, Commission pour le Développement Durable, organisme de conseil financé par le gouvernement), publié le 6 mars dans le cadre de la consultation sur la révision de la politique énergétique, estime qu'il n'y a pas de justification pour la construction de nouvelles centrales.
    Si, de fait, l'énergie nucléaire permet de produire de larges quantités d'électricité et de stabiliser les émissions de CO2, doubler la capacité nucléaire actuelle permettrait seulement de réduire les émissions de CO2 de 8% en 2035, par rapport au niveau de 1990.
    Les principaux arguments avancés contre l'énergie nucléaire dans cette étude sont les suivants:
    - les impact intergénérationnels: les échelles de temps pour le stockage des déchêts sont extrêmement longues (plusieurs dizaines de milliers d'années);
    - le coût: l'économie des centrales nucléaire est très incertaine;
    - la sûreté et sécurité internationale: notamment à cause des risques de terrorisme et de prolifération;
    - un système de génération centralisé: cela empêcherait, pendant au moins 50 ans, le Royaume-Uni de développer des réseaux décentralisés avec une production d'énergie à petite échelle;
    - réduire l'impact des économies d'énergie: un système de réseau décentralisé à petite échelle devrait rendre les consommateurs plus conscients des dépenses énergétiques qu'un système centralisé à grande échelle.
    Ce rapport favorise les économies d'énergie, les énergies renouvelables, et les technologies de capture et de séquestration du carbone pour la mise en place d'une politique énergétique durable. Il est intéressant de noter que le président de la SDC, qui conseille le premier ministre, Sir Jonathan Porritt, est l'ancien directeur de l'ONG Friend of The Earth au Royaume-Uni.
    Par ailleurs, des scientifiques d'Imperial College déclarent, dans un commentaire publié dans le journal Nature Materials, que l'énergie solaire photovoltaïque (conversion directe de la lumière du soleil en électricité) peut remplacer l'énergie nucléaire.
    La capacité actuelle des centrales nucléaires britanniques est de 12 GW d'électricité produite (et ~2 fois plus perdue...), soit la même capacité que l'énergie solaire photovoltaïque prévue par l'Allemagne en 2012, si son programme photovoltaïque continue de se développer au taux actuel.
    Les chercheurs notent que le Royaume-Uni, dont les ressources solairessont similaires à celles de l'Allemagne, pourrait générer 12 GW d'électricité en 2023 (soit remplacer le parc nucléaire existant) si la production d'électricité photovoltaïque augmente de 40% par an, sachant que la moyenne mondiale en 2004 est de 56%. Cependant le Royaume-Uni a récemment abandonné son programme d'installation de 3.500 toits à la moitié de son avancement, alors que l'Allemagne et le Japon ont complété respectivement leurs programmes de 100.000 et 70.000 installations.
    D'après les auteurs, le gouvernement et la communauté scientifique sont pro-nucléaires: en 2004-2005, les conseils de recherche britanniques auraient dépensé sept fois plus d'argent sur la fusion nucléaire que sur la recherche sur les cellules photovoltaïques. Les auteurs estiment que les nouvelles générations de cellules photovoltaïques, en particulier la 3e génération qui est utilisée actuellement pour les applications spatiales, devraient permettre de doubler l'électricité produite par unité de surface.
    Le débat sur l'énergie nucléaire s'annonce donc animé jusqu'à la fin de la consultation, le 14 avril 2006, et même après.
Sources: - SDC position paper, "The Role of nuclear power in a low carbon economy", 03/2006, - Nature Materials Vol 5, 03/2006, P.161-164 - Imperial College, press release, 01/03/06 Pour voir plus loin...
    · · Nucléaire civil, la relance générale:
LE MONDE | 14 avril
    Rêve de nucléocrates, cauchemar des écologistes, l'atome est de retour. Vingt ans après la catastrophe de Tchernobyl, dont l'anniversaire sera marqué par un grand rassemblement antinucléaire samedi 15 et dimanche 16 avril à Cherbourg, les pays développés et émergents s'interrogent sans états d'âme sur la relance de programmes civils.
    Sans l'hostilité persistante de l'opinion dans de nombreux pays, il y a sans doute longtemps que la construction de centrales aurait repris en Europe et aux Etats-Unis. Mais Washington juge qu'il convient d'abord de lever une hypothèque : le risque de la prolifération, illustré aujourd'hui par l'Iran.
    L'administration Bush a lancé, mi-mars, son projet de Global Nuclear Energy Partnership. Sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les pays en développement pourraient se procurer des matières fissiles auprès de nations ayant une technologie avancée, à condition de leur renvoyer le combustible usagé pour retraitement afin d'éviter leur transformation en plutonium.
    Un tel "accès sécurisé" au combustible fait aussi partie des projets russes, qui proposent la création de centres d'enrichissement et de retraitement où les pays en développement pourraient s'approvisionner.
    Washington voit aussi dans le développement du nucléaire civil un contre-feu à la politique "très agressive de la Chine dans ses achats énergétiques". Pékin cherche du pétrole et du gaz du Moyen-Orient à l'Asie centrale et de l'Afrique à l'Amérique du Sud. Plus de nucléaire, c'est moins de pression sur les approvisionnements en hydrocarbures, jugent les Américains.
    La voracité de la Chine et de l'Inde a incité le Japon à relancer le nucléaire. "Ils deviennent de véritables pompes à ressources dans le monde", s'inquiétait récemment le directeur de la politique nucléaire du ministère japonais de l'économie.
    La filière électronucléaire revient de loin. A l'exception de la France, le repli a commencé à la suite de l'accident dans la centrale américaine de Three Mile Island (1979) et s'est amplifié après Tchernobyl (1986). L'Allemagne, l'Espagne, la Grande-Bretagne, la Belgique et l'Italie ont arrêté ou programmé l'extinction progressive de la filière à l'horizon 2020. La perception a commencé à changer au début des années 2000.
    "Le nucléaire retrouve du crédit", notamment parce qu'il ne génère pas d'émissions de CO2 (lors de la production éléctrique peut-être, mais il est impossible d'"oublier" toute la filière, en commençcant par les innombrables constructions, routes, les transports, ainsi que la filière du retraitement!) et que la sûreté des centrales s'est accrue depuis vingt ans, affirme Mohamed ElBaradei, le directeur général de l'AIEA. Malgré l'incertitude pesant sur le stockage et le traitement des déchets, il reste plus propre que les énergies fossiles. Depuis 2004, la menace d'un épuisement plus rapide que prévu de ces dernières et la flambée des cours des hydrocarbures ont renforcé l'intérêt pour l'atome.
    Ce mouvement s'inscrit dans un contexte de forte hausse de la demande d'électricité. Celle-ci progresse à un rythme voisin de la croissance mondiale et doublera d'ici à 2030, augmentant la dépendance énergétique. L'Union européenne importe aujourd'hui 50% de son énergie. Ce taux passera à 70% en 2030 (100% pour le charbon, et 90% pour le pétrole).
    Au grand dam des industriels du secteur, la reprise reste timide. Quelque 445 réacteurs en service dans 31 pays produisent actuellement 16% de l'électricité mondiale. Seulement 24 sont en construction et environ 60 en projet, dont 45 en Asie. C'est peu comparé au nombre de réacteurs en fin de vie... Suivant les sources, les prévisions de puissance installée ou renouvelée dans les vingt-cinq prochaines années oscillent entre 90 et 300 réacteurs de 1.600 MW, dit-on chez Areva.
    La plupart des gouvernements y réfléchissent, tout en s'efforçant de rassurer les populations. En Grande-Bretagne, Tony Blair a lancé une consultation sur l'énergie avant de décider une éventuelle relance de l'atome civil. L'Italie, via Enel, veut retrouver une compétence perdue depuis sa sortie du nucléaire en 1987: c'est le sens de son intérêt pour les sept réacteurs d'Electrabel (Suez) en Belgique et sa participation de 12,5% dans l'EPR d'EDF. Le débat n'est pas clos en Allemagne ou aux Etats-Unis, où la loi sur l'énergie de 2005 prévoit de fortes incitations pour les opérateurs souhaitant construire des centrales.
    Les Russes ont, eux, un vaste programme de construction, même si la part du nucléaire restera modeste en 2030 (6% de la consommation, contre 4 % en 2006). La Chine a trente réacteurs en projet pour les quinze années à venir. Quant à l'Inde, qui refuse le traité de non-prolifération, elle vient de signer avec Washington un accord lui donnant accès aux équipements et aux combustibles pour son programme civil.
    Aux Etats-Unis, malgré les exhortations régulières de George Bush, aucun projet ne s'est concrétisé. En Europe, seules la Finlande et la France doivent mettre un EPR en service, le premier en 2009 et le second en 2012. Sans aucun débat public, tempêtent les Verts français et les associations écologistes, qui assurent que l'opinion est très hostile à une telle relance.
    Il n'y a cependant aucun miracle à attendre de l'atome qui ne pourra pas se substituer aux énergies fossiles. "Pour remplacer un quart de la production mondiale de pétrole par des réacteurs de la puissance moyenne actuelle, il faudrait en construire plus de 2 000" pour un coût de 3.000 milliards €, a calculé le député Yves Cochet (Verts). En 2020, selon le CEA, 87% de la production mondiale d'énergie primaire restera d'origine fossile et le nucléaire ne représentera que 4% du total. Un peu moins qu'aujourd'hui, mais la demande d'énergie aura progressé de 60%.
Jean-Michel Bezat
    · · France, Brûlure radioactive traitée par greffe de cellules adultes:
    Un ouvrier chilien a été traité en France à l'hôpital Percy pour une brûlure radioactive de la main (cf revue de presse du 28/03/06). 
    Contrairement à une brûlure thermique, les brûlures par irradiation peuvent évoluer en largeur et en profondeur sur des mois, voire des années en impliquant les tissus cutanés, sous-cutanés, les muscles... Seule une amputation large de la zone brûlée peut se révéler efficace.
    Pour sauver la main de cet ouvrier, il aurait fallu au moins lui amputer les doigts. C'est pourquoi les équipes médicales de l'hôpital militaire de Percy à Clamart, épaulés par les experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ont tenté une nouvelle thérapie. Après une greffe de peau, ils ont prélevé des cellules souches dans la moelle osseuse de l'ouvrier, les ont mises en culture et les ont injectées au niveau de la brûlure.
    Depuis, les mains du malade ont retrouvé quasiment leur aspect antérieur et des fonctions normales. Toutefois, le professeur Patrick Gourmelon (directeur de la radio-protection de l'homme, IRSN) reste prudent : "c'est une première, certes. Mais il faut plus de recul, du fait de l'imprévisibilité de l'évolution des brûlures radioactives, avant de dire si cette greffe va révolutionner le traitement des irradiations locales". 
    Ces accidents par irradiation sont rares. 500 ont été répertoriés entre 1945 et 2001 avec 2 000 victimes et 130 décès. Le 11 mars dernier, un ouvrier belge a lui aussi été contaminé dans sa société, spécialisée dans la stérilisation par irradiation de matériels médicaux et de denrées alimentaires. Il a été pris en charge également à l'hôpital Percy, où il bénéficie actuellement de traitement de stimulation de la moelle osseuse par des facteurs de croissance.
    Jean-Jacques Lataillade, chef du laboratoire de recherche du centre des transfusions sanguines des Armées, a présenté les résultats positifs d'une greffe de cellules souches sur une main dont la peau avait été irradiée.
    Suite à de mauvaises manipulations, un jeune ouvrier s'était irradié les doigts de la main droite. Ces brûlures conduisent généralement à l'amputation.  "Pour éviter cela, explique J.J. Lataillade, nous avons prélevé de la moelle osseuse chez le patient et avons isolé les cellules souches mésenchymateuses qu'elle contient". Ces cellules ont été cultivées puis greffées sur la main du patient.
J.J. Lataillade précise "il ne s'agit pas d'un essai clinique, mais d'un traitement compassionnel, autorisé par l'Afssaps devant une irradiation".

http://www.genethique.org/revues/revues/2006/mars/20060328.2.asp

    · · Allemagne, Filtrer et analyser l'uranium présent dans l'eau:
    Sebastian Schimmelpfennig, scientifique de l'Institut de la protection de l'environnement à la TU de Berlin, a présenté un procédé d'élimination de l'uranium contenu dans l'eau potable.
    La base du traitement est la technique de filtrage en lit fixe, par laquelle l'uranium est adsorbé par de l'hydroxyde de fer. Celui-ci possède une surface intérieure suffisamment grande pour accueillir les ions d'uranium qui s'y déposent.
    La difficulté, aussi bien pour l'élimination que pour l'analyse de l'uranium, est le comportement complexe des ions métalliques dans les solutions aqueuses. En fonction du pH, de la teneur en sel et de la présence d'autres composants aqueux, différentes formes d'uranium se forment (ions d'uranium IV, ions d'uranium VI, carbonate, oxyde, phosphate, etc.), et elles adsorbent différemment les oxydes métalliques. Par exemple, si l'eau est très chargée en carbonates, le complexe uranium-carbonate se forme. Mais celui-ci est particulièrement stable et n'adsorbe presque pas.
    Sebastian Schimmelpfennig a ainsi étudié le comportement de tous les types d'uranium soluble, en fonction des différents paramètres.
A l'aide d'une méthode de mesure photométrique, il a pu déterminer la concentration d'uranium avant et après l'adsorption, avec une limite de détection de 3 microgrammes par litre.
    L'uranium contenu dans l'eau potable a longtemps été considéré comme radioactivement inoffensif. Les proportions dans lesquelles les ions métalliques sont présents dans l'eau sont tellement faibles que la radioactivite est minime. Toutefois, la toxicité chimique du métal lourd n'est en aucun cas négligeable. Les Etats n'ont toujours pas fixé de limite légale pour les concentrations d'uranium acceptées, mais l'Organisation Mondiale de la Santé a déterminé en 2004 un seuil limite de 15 microgrammes par litre.
    Cependant, dans certaines parties de l'Allemagne, des valeurs significativement plus élevées ont été mesurées (jusqu'à 100 microgrammes par litre).
Pour en savoir plus, contacts:
TU de Berlin - tel : +49 30 314 25058 - email : wrh@tu-berlin.de
http://www.tu-berlin.de/presse/pi/2006/pi81.htm
Sources : Wissenschaft - Wirtschaft - Politik, avril 2006

nouvelles précédentesINFONUCnouvelles suivantes