L'IRSN publie le rapport final synthétisant l'ensemble des études qu'il a menées pour caractériser et expliquer l'existence de niveaux de radioactivité élevés sur certaines plages du littoral camarguais et en évaluer les doses qui pourraient être reçues par les personnes qui fréquenteront ces lieux. | D'une part, ces études
confirment l'origine naturelle des concentrations de radioactivité
observées, d'autre part, l'évaluation de l'exposition qui
pourraient en résulter pour les personnes qui fréquentent
ces plages, pour des scénarios d'exposition raisonnablement pessimistes,
montre qu'aucune action de protection sanitaire particulière n'est
nécessaire.
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LE MONDE | 30.11.07 | 10h05
PRAGUE CORRESPONDANT La police slovaque a interpellé, mercredi, à Pribinik, au poste frontalier avec la Hongrie (sud-est de la Slovaquie), trois trafiquants en possession d'uranium 235 et 238 en poudre "hautement dangereux", a indiqué lors d'une conférence de presse jeudi 29 novembre à Bratislava le chef de la police slovaque, Michal Kopcik. "Avec les 481,4 g qu'ils détenaient dans deux poches dissimulées dans leur véhicule, il serait possible de produire une bombe sale et de l'utiliser pour des attaques terroristes", a-t-il indiqué. A trois semaines de l'élargissement de l'espace Schengen aux pays d'Europe centrale, cette opération tombe à pic pour convaincre les Autrichiens et Allemands de la capacité des nouveaux entrants à assurer leur part de la sécurité collective. A partir du 21 décembre, les contrôles frontaliers seront abolis avec ceux-ci comme il est de règle dans l'espace Schengen pour faciliter la libre circulation, ce qui a suscité des inquiétudes chez leurs voisins immédiats. M. Kopcik s'est félicité de la coopération avec ses homologues hongrois, bien que les relations politiques entre Bratislava et Budapest soient tendues en raison de la présence de nationalistes dans le gouvernement slovaque. Les trois suspects arrêtés sont un ressortissant ukrainien de 40 ans, un Hongrois d'origine ukrainienne de 49 ans et un autre Hongrois de 51 ans, selon la police. Deux ont été arrêtés du côté slovaque de la frontière, le troisième côté hongrois. Suivis par les polices slovaque et hongroise depuis septembre, ils cherchaient à vendre le matériel radioactif "en provenance d'ex-Union soviétique", selon M. Kopcik. A 3.500 dollars (2.375 €) le gramme, la valeur de la quantité saisie s'élève à 1,68 million de dollars (1,13 million €). |
C'est l'échec
d'une tentative de transaction en début de semaine qui a donné
l'impulsion à l'intervention des forces spéciales de la police
slovaque. "Les acheteurs ne sont pas venus chercher la marchandise",
a-t-il expliqué. "Nous n'avons pas voulu courir le risque de
voir cette poudre radioactive s'éparpiller parmi la population",
a-t-il déclaré pour commenter l'arrestation des trafiquants.
Il a reconnu qu'il ne disposait pas d'informations sur les acheteurs potentiels,
"mais l'enquête se poursuit", a ajouté le chef de la
police.
Trois membres du groupe de trafiquants auraient été interpellés au mois d'octobre en République tchèque, non loin de la frontière slovaque, lors d'un achat fictif orchestré par la police tchèque sur les informations de leurs collègues hongrois et slovaques. L'un des malfaiteurs, la tête de file du groupe, semble-t-il, avait été pris en possession de deux grammes de poudre radioactive, un échantillon à l'intention des acheteurs. Après l'éclatement de l'Union soviétique en 1991, la crainte s'est répandue dans tous les pays occidentaux de voir se développer des trafics de matières radioactives en provenance de l'ex-URSS susceptibles d'alimenter des groupes terroristes. Au cours des douze dernières années, l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a dénombré 275 incidents de possession non-autorisée et de trafic illégal de matière radioactive. En République tchèque, deux grosses affaires de trafic d'uranium ont défrayé la chronique. En 1994, un groupe de sept personnes emmené par un Russe, un ex-officier de l'armée tchécoslovaque et un ancien physicien nucléaire tchèque avait tenté de vendre près de trois kilos de matériel radioactif en provenance d'ex-Union soviétique. Ils ont été condamnés en 1998 à de lourdes peines allant de quinze à vingt-cinq ans d'emprisonnement. En 2003, deux officiers de la police slovaque avaient été arrêtés à Brno en possession de trois kilogrammes d'uranium naturel appauvri. Martin Plichta
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LE FIGARO:
Vilnius ne veut pas dépendre uniquement du gaz russe. Invisible, à huit mètres de profondeur, respire le cœur du réacteur nucléaire de la centrale d'Ignalina. Enfoui dans un énorme bloc de graphite, il libère des milliards de fissions de noyaux d'uranium et dégage ainsi la chaleur suffisante pour produire les 1.300 mégawatts de puissance électrique qui couvrent 70% de la consommation de la Lituanie, ainsi qu'une partie importante des besoins des voisins baltes et biélorusse. En se tenant au bord de la dalle circulaire quadrillée de caissons de couleur dans lesquels sont encastrés 1.661 tubes de force remplis d'uranium enrichi, on a du mal à réaliser qu'on a atteint le centre vital de la plus grande centrale atomique de conception soviétique d'Europe, dans le nord-est de la Lituanie. Pour arriver jusqu'à ce lieu ultrasécurisé, rare privilège accordé à un groupe de journalistes français et d'experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), il a fallu se harnacher de deux pantalons et blouses blanches superposés, de chaussettes, de bonnet et de casque; changer trois fois de pantoufles au fur et à mesure de la progression à travers les sas, puis cheminer dans de longs couloirs gris parcourus d'énormes tuyauteries. Le 26 avril 1986, une dalle semblable avait été projetée vers le ciel avant de retomber plantée à la verticale dans un fracas de flammes et de fureur, après l'explosion d'un réacteur de la centrale de Tchernobyl en Ukraine. «C'était un samedi dans la nuit. Un supérieur m'a réveillé pour me dire que quelque chose d'épouvantable s'était produit en Ukraine», se souvient Viktor Chevaldine, le directeur d'Ignalina. À l'époque, l'Union soviétique est drapée jusqu'à l'obsession dans la culture du secret. Mais Viktor Chevaldine et ses collègues ingénieurs vont désormais devoir apprivoiser une véritable culture de la transparence et de la sûreté, pour qu'Ignalina survive à la fin de l'URSS et à la tragédie qui a frappé la «cousine d'Ukraine». Dans la foulée de la catastrophe de Tchernobyl, qui marque les centrales de type RBMK d'un sceau de suspicion, le petit monde d'Ignalina fait face en 1991 à l'indépendance lituanienne. Ce n'est pas une mince affaire pour ces milliers de spécialistes russes du nucléaire débarqués en Lituanie pour y construire le dernier-né du complexe atomique soviétique. Chevaldine est arrivé en 1984 de Leningrad où il a participé à la construction du premier réacteur de type RBMK. Son directeur technique Guennadi Negryvoda, qui travaille depuis trente ans avec lui, est un enfant du Grand Nord russe. En 1991, lors de l'éclatement de l'URSS, 90% des employés de la centrale «décident de rester». «Nous ne pouvions pas tout laisser en plan, il n'y avait pas de spécialistes ici», note sobrement Chevaldine. Guillotine européenne Après les heures héroïques de l'indépendance, au cours desquelles certains nationalistes dénoncent l'héritage «colonial» dangereux d'Ignalina, les autorités lituaniennes sont finalement contentes de s'approprier cette «bénédiction» nucléaire, qui assure l'indépendance énergétique de la petite Lituanie. Nommé directeur, Chevaldine, un grand monsieur posé et solide au visage barré d'épais sourcils, ne déçoit pas ses nouveaux maîtres. Face à l'inquiétude de l'Occident, qui redoute les risques des centrales de type Tchernobyl, il ouvre les portes de son «domaine» à un audit international qui, après quatre ans d'enquête, conclut qu'Ignalina ne pose «pas plus de risque d'accident du cœur du réacteur» que les centrales occidentales. Chevaldine n'en modernise pas moins les systèmes de sécurisation du réacteur, investissant près de 300 millions €. Mais les inquiétudes resurgissent quand l'UE, traumatisée par Tchernobyl, fait de la fermeture d'Ignalina à l'horizon 2009 la condition de l'adhésion de la Lituanie. La pilule est amère mais Vilnius l'avale, effectuant même la mise à l'arrêt de la première tranche de la centrale, fin 2004, comme prévu. Ce n'est que ces tout derniers mois qu'elle décide de se rebeller contre la guillotine européenne, en réclamant à hauts cris un délai de deux à trois ans après 2009 pour la mise à l'arrêt de son deuxième réacteur, toujours en pleine activité. «La fermeture est inévitable, plaide Chevaldine, nous demandons juste un peu de mou afin de ne pas nous retrouver dans la situation de l'Arménie, qui ayant fermé sa centrale, a passé plusieurs hivers à la bougie, faute de sources d'énergie alternatives.» |
LE MONDE | 17.12
Aux confins de l'Union européenne, aux frontières de la Biélorussie et de la Lettonie, subsiste une centrale nucléaire de type Tchernobyl. Dans cette région reculée de Lituanie a été lancée, il y a trente ans, la construction des deux plus puissants réacteurs dits RBMK jamais mis en service dans l'Union soviétique. Deux monstres de 1.500 mégawatts (MW) chacun. Un seul fonctionne toujours, plus de vingt ans après l'explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl. Mais il est en sursis. L'une des conditions de l'adhésion de la Lituanie à l'Union européenne (UE), en mai 2004, était précisément la fermeture de sa centrale d'Ignalina. Le réacteur n°1 a été mis à l'arrêt le 31 décembre 2004. L'acte d'adhésion donne jusqu'au 31 décembre 2009 à la Lituanie pour faire de même avec le réacteur n°2. A l'approche de cette échéance, inquiet pour son avenir énergétique, le pays est tenté de demander un délai supplémentaire. La Commission européenne a déjà fait savoir qu'une telle remise en cause du traité d'adhésion n'était pas envisageable. Mais les autorités lituaniennes étudient des voies de recours. La centrale d'Ignalina est en effet le poumon énergétique de ce petit pays de 3,4 millions d'habitants. "Elle fournit l'essentiel de notre électricité et permet encore de consacrer 300 MW à l'exportation vers les pays voisins", indique Viktor Shevaldin. Directeur de la centrale depuis 1991, ce Russe, qui a pris la "citoyenneté" lituanienne, a supervisé tous les travaux de mise en conformité qu'a connus Ignalina. Ceux qui ont été entrepris avant l'écroulement de l'Union soviétique pour répondre, dans l'urgence, aux faiblesses des RBMK, mises cruellement en lumière à Tchernobyl. Et ceux, achevés pour l'essentiel, découlant d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doublé d'une expertise internationale. Ces derniers, qui ont coûté plus de 300 millions €, ont été financés pour moitié par la Lituanie, pour un tiers par la Suède et pour le reste par l'UE. Pour M. Shevaldin, Ignalina n'a plus rien à voir avec Tchernobyl, où l'explosion avait été engendrée par un test de fonctionnement conduit au mépris des règles de sûreté. "Il ne reste qu'un seul défaut, concède-t-il. La réglementation internationale demande une enceinte de confinement." Celle qui a manqué à Tchernobyl pour emprisonner le nuage toxique. Mais le réacteur est si volumineux que cette mesure n'a pas été jugée économiquement réaliste. D'où le couperet de 2010. "C'est un compromis politique: la Lituanie ferme avant terme, l'Union européenne finance cette fermeture", résume M. Shevaldin. Un fonds international, géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et alimenté par l'Union, a été constitué à cet effet. La centrale compte actuellement 3.100 employés. Après l'arrêt définitif, "nous licencierons 1.000 personnes", évalue M. Shevaldin. Les habitants de Visaginas, la cité-dortoir de 29.000 habitants qui jouxte l'usine électrique, ne cachent pas leur anxiété. Au-delà du sort de sa ville, le maire, Vytautas Rachkauskas, s'inquiète d'une prochaine "famine énergétique" pour son pays. A Vilnius, la capitale, les officiels sont moins pessimistes. "Je ne m'attends pas à des black-out", assure Arturas Dainius, le vice-ministre de l'économie : la Lituanie dispose de vieilles centrales au gaz, en cours de rénovation, capables de répondre à la demande. Mais la facture risque d'être d'autant plus élevée que la Russie, le fournisseur, peine à assurer ses propres besoins en hiver et pourrait être tentée de faire pression sur ses anciens vassaux. Comme récemment vis-à-vis de l'Ukraine. Le principe de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires à Ignalina semble acquis - Areva est sur les rangs. Mais la décision achoppe sur le partage entre public et privé et les parts respectives des autres pays baltes (Lettonie et Estonie) et de la Pologne dans le futur consortium. Si bien que le démarrage en 2015 de la future unité paraît hypothétique. Certains préféreraient prolonger Ignalina jusqu'à la réalisation de lignes électriques vers la Suède et la Pologne, qui connecteraient les pays baltes, reliés essentiellement à la Russie, au réseau occidental. Mais cette interconnexion n'est plus espérée avant le milieu de la prochaine décennie. En cas de prolongation de la vie de la centrale, il faudrait, selon son directeur, passer commande de combustible à la Russie "avant septembre 2008", pour éviter la rupture de stock. "Le gouvernement prendra position au milieu de l'été 2008", promet le vice-ministre de l'économie. Hervé Morin
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Radioactive tritium, commonly
discharged in large amounts by civil and military nuclear plants around
the world, may be more dangerous than previously thought.
The cancer risk for people exposed to tritium could be twice as high as previously assumed, an expert report for the UK government's Health Protection Agency (HPA) concludes. The report suggests that international safety standards need to be tightened up, which will put pressure on nuclear plants to cut their emissions. Mark Little, one of the report's authors from Imperial College in London stresses that the risks are still low, even amongst nuclear workers with the highest exposures. But evidence that tritium causes more biological damage than assumed is "solid enough" to justify a change, he says. Tritium – a radioactive isotope of hydrogen with a half-life of 12.3 years – is an essential component of the H-bomb and a waste product of the nuclear power industry. It is also widely used in medicine, and would help fuel future nuclear fusion reactors, if they ever become viable. Vast quantities Since the 1950s, vast quantities of tritium have been released into the environment from numerous nuclear plants, including Savannah River in the US, Sellafield in the UK, Marcoule in France, and Ontario Power Generation in Canada. Workers are known to have been exposed at other facilities, including Aldermaston in England and Mayak in Russia. |
But the 100-page report from the HPA's Advisory
Group on Ionising Radiation, argues that the weighting factor used
by the International Commission on Radiological
Protection (ICRP) in Stockholm, Sweden, to assess risks should be increased
from one to two. This means that the maximum acceptable radiation doses
worldwide would have to be recalculated.
Wide dispersal "Tritium is not highly radioactive, but it can become widely dispersed in the environment, and we felt a special review of the evidence was necessary," says the advisory group's chairman, Bryn Bridges. The health risks of tritium were investigated in response to a recommendation in 2004 from the UK government's former Committee Examining Radiation Risks of Internal Emitters (CERRIE). According to one of the committee's members, nuclear consultant, Pete Roche, the weighting factor for tritium was lowered in 1969 because of pressure from the US military. "There have been calls for it to be increased ever since," he says. "In the meantime the industry can no longer assume it will be allowed to release large quantities of tritium." The Nuclear Decommissioning Authority, which is responsible for many of the tritium-emitting plants in the UK, promises to "consider carefully the impact of any agreed increase in radiation weighting." The ICRP's scientific secretary, Jack Valentin, says: "We will look at this, and we will be considering it." |
Selon les
révélations de l'hebdomadaire Der Spiegel à
paraître ce lundi, l'Allemagne a arrêté ce mardi 27
novembre un Iranien soupçonné d'exporter vers l'Iran du matériel
pouvant être utilisé pour des projets nucléaires militaires.
Selon l'hebdomadaire, les autorités allemandes enquêtent sur
une série de ventes suspectes vers l'Iran.
L'homme d'affaires Mohsen V., 48 ans, a été arrêté mardi à Francfort (ouest) en vertu d'un mandat délivré par la Cour fédérale de justice, la plus haute instance judiciaire allemande. Il aurait «livré illégalement» à son pays «des pompes américaines et des caméras spéciales russes» employées dans la recherche nucléaire et il négociait «depuis déjà un certain temps» avec un fabricant de Mannheim (ouest) pour une livraison «d'instruments de mesure utilisés dans la technique nucléaire». «Ses partenaires [commerciaux] ont été arrêtés peu après lui», précise Der Spiegel. Selon le magazine, cette affaire fait partie d'«une série de procédures dans lesquelles le parquet général fédéral et plusieurs parquets généraux enquêtent sur des fournisseurs et des pourvoyeurs de l'Iran (…), soupçonnés d'avoir exporté du matériel de haute technologie pour le programme nucléaire du président Mahmoud Ahmadinejad.» |
L'arrestation de Mohsen
V. a eu lieu «le jour où l'Iran a annoncé officiellement
la construction de son nouveau missile balistique d'une portée de
2.000 km Achoura», note le Spiegel. Mais les enquêteurs
allemands espéraient ce jour-là prendre dans leurs filets
un poisson beaucoup plus gros, «un super-agent des Iraniens, qui
devait arriver directement de Téhéran» à
l'aéroport de Francfort, ajoute le magazine: «L'homme qui,
selon les cercles d'experts en sécurité, est chargé
d'organiser l'acquisition par les Iraniens de tous les appareils qu'ils
ne sont pas censés acquérir en vertu des résolutions
de l'ONU. (…) Les enquêteurs allemands le traquent depuis des mois»,
en vain: «il serait derrière chacun des cas sur lesquels
les enquêteurs travaillent actuellement», ajoute le Spiegel.
Nouvelle démission ministérielle
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La centrale EPR de Flamanville
3, dotée d'une puissance de 1.650 MW est prévue pour alimenter,
dès 2012, 1,5 million d'habitants.
EDF aborde une étape décisive du plus important chantier lancé depuis vingt ans. À Flamanville, sur les bords de la Manche, le premier «béton nucléaire» selon l'expression employée par les ingénieurs d'EDF est imminent. Concrètement, la construction du bâtiment qui abrite le réacteur de l'EPR commence. Quelque 4 500 mètres cubes de béton vont être coulés en 36 heures non-stop, après qu'une structure métallique est été assemblée pendant des semaines. Les travaux de terrassement et d'aménagement du site qui ont démarré il y a plus d'un an sont presque achevés. Le temps est loin où seuls les engins de travaux publics s'affairaient dans un gigantesque trou. Après les mouvements de terrain (pas moins de 700.000 m³ déblayés et concassés), des galeries et des conduites, enterrées, ont été réalisées, avant qu'un puits de rejets à terre soit creusé. Le timing est donc respecté à la lettre, puisque, à l'automne 2006, EDF annonçait fin 2007 pour le démarrage de la construction de l'EPR. Le décret d'autorisation du gouvernement est tombé au printemps dernier, synonyme de feu vert officiel pour le prototype. Tenir le calendrier – administratif puis industriel maintenant – est l'une des obsessions constantes des ingénieurs d'EDF. Toute la difficulté est de savoir anticiper, car les obstacles inhérents à tout chantier de cette ampleur imposent à l'entreprise d'avoir sans arrêt un temps d'avance. «La construction de l'EPR est prévue sur cinquante-quatre mois, un planning ambitieux mais que nous considérons comme réaliste et soutenable», expose Bernard Salha, directeur de la division ingénierie nucléaire d'EDF. À titre de comparaison, la centrale de Ling Ao, en Chine, dont EDF a été l'architecte-ensemblier, a exigé soixante mois. «D'ores et déjà, 40% des études ont été réalisées. Il faut savoir qu'un tel chantier représente 100.000 documents de produits», ajoute Philippe Leigné, directeur de l'Aménagement de Flamanville 3 (le nom de la future centrale EPR). Le site abrite déjà les centrales Flamanville 1 et 2, achevées il y a tout juste vingt ans. Elles produisent près de 4% de l'électricité du parc nucléaire d'EDF. |
Une année complète d'essais
L'EPR de Flamanville, doté d'une puissance de 1.650 MW, est prévu pour être opérationnel en 2012, après une année complète d'essais. Le montant total de l'investissement est évalué à 3,3 milliards €. «Il n'y a pas ou peu de risque de dépassement budgétaire car tous les grands contrats ont déjà été finalisés», souligne Bernard Salha. Ils ont été attribués voici plus d'un an. Bouygues conduit les travaux de génie civil qui s'élèvent à plus de 300 millions €. Alstom fournira le groupe turbo-alternateur et Areva la partie nucléaire du futur réacteur. Les deux tiers des contrats concernent la partie proprement nucléaire de l'installation. Les vingt plus gros représentent plus de 80% du budget. «L'ensemble des équipements a donné lieu à une mise en concurrence, à l'exception de la chaudière confiée à Areva NP», précise Philippe Leigné. Avec l'EPR, c'est la première fois depuis plus de vingt ans qu'EDF lance un chantier industriel aussi important. Ce défi suscite une certaine excitation dans l'entreprise tout en mettant le personnel sous pression. Flamanville 3 est prévu pour alimenter 1,5 million d'habitants. Du moins en théorie car l'électricité produite par Flamanville 3 (la centrale EPR) sera acheminée dans toute la France. Quatre pays cibles La vocation de l'EPR n'est pas seulement d'augmenter significativement la production d'EDF. Flamanville 3 est aussi et surtout destinée à être la tête de série de la nouvelle génération de réacteurs qui prendra le relais des centrales actuelles. À titre indicatif, la première d'entre elles, Fessenheim, aura 40 ans en 2019. Quarante ans, c'est l'espérance de vie assignée, pour le moment, aux centrales d'EDF. L'EPR doit également permettre d'étayer les solides ambitions d'EDF à l'international. C'est un atout décisif alors que plusieurs États ont annoncé leur volonté de lancer – ou de relancer – un programme nucléaire civil. Désireux de jouer les premiers rôles, le groupe français a sélectionné quatre pays cibles: la Chine, les États-Unis, l'Afrique du Sud et la Grande-Bretagne. En Chine, EDF a signé au début de la semaine dernière un accord lui permettant de devenir pour la première fois investisseur dans le nucléaire. Il y exploitera les EPR livrés par Areva. En Grande-Bretagne, EDF a déposé conjointement avec Areva une procédure de certification de l'EPR. L'avenir du réacteur de troisième génération pourrait donc être prometteur. |